Dieu a-t-il besoin de nous ?

 

 

Par Robert SOUZA

Souza

 

 

Parmi les fausses images qui peuvent polluer notre relation avec le Seigneur, on trouve en bonne place celle du « Dieu qui a besoin de moi ». Un désir compréhensible de se sentir utile se transforme si facilement en prétention à être indispensable. L’une des grandes différences entre le Dieu vivant et les dieux que les hommes se sont donnés est qu’il n’a pas besoin d’adorateurs, mais qu’il en cherche !

 

 

Relents d’idolâtrie1

 

L’apôtre Paul se trouvait seul à Athènes et la vue de cette ville vouée aux idoles l’exaspérait. Son indignation l’a poussé à parler : Hommes d’Athènes, je vois que vous êtes à tous égards extrêmement religieux (ou superstitieux). Et, en quelques phrases bien ciselées, il leur a présenté le Dieu qu’ils ne connaissaient pas. C’est pour s’opposer à l’idolâtrie foncière des Athéniens qu’il a déclaré ceci : Le Dieu qui a fait le monde… n’est pas servi par des mains humaines comme s’il avait besoin de quoi que ce soit. L’idolâtre veut un dieu qui lui ressemble – et, surtout, un dieu avec lequel il peut négocier, sur lequel il a prise : « Si tu me donnes ce que je veux, je ferai ceci en retour. Donnant donnant ! »

 

Ne nous est-il jamais arrivé de penser : « Après tout ce que j’ai fait pour le Seigneur, il pourrait au moins m’accorder telle chose » ? Comme si nous croyions avoir enrichi Dieu, ce qui ferait de lui notre obligé ! Qui lui a donné le premier, pour devoir être payé de retour ? (Rm 11.35) La Parole veut nous libérer des restes d’idolâtrie qui s’accrochent à notre pensée.

 

 

Une nouvelle révélation ?2

 L’ACROPOLE D’ATHÈNES

acropole athenesPaul, à Athènes, dévoile-t-il un aspect jusque-là inconnu du Dieu créateur ? Pas du tout, mais il formule de façon plus directe ce que tout lecteur attentif des Écritures n’avait pas manqué de saisir. Dans le psaume 50, par exemple, Dieu dit à Israël : Si j’avais faim, je ne te le dirais pas, car le monde m’appartient avec tout ce qui s’y trouve. En sacrifice à Dieu, offre la reconnaissance ; acquitte-toi de tes voeux envers le Très-Haut. Le Seigneur réfute l’idée qu’on peut le nourrir par des sacrifices et ainsi s’attirer ses bonnes grâces. La bénédiction et la délivrance sont pour celui qui a un coeur reconnaissant et obéissant. Elles sont donc à la portée de chacun – et non réservées à ceux qui ont les moyens de les « payer ».

 

On peut aussi évoquer les paroles de Mardochée lorsqu’Esther – qui semblait être la bonne personne au bon endroit, au bon moment, pour accomplir la volonté de Dieu – hésitait à intervenir. Son message : Si tu ne dis rien…, le soulagement et la libération des Juifs surgiront d’un autre côtéNotre Dieu n’est jamais à court de moyens, jamais pris au dépourvu par nos défaillances ni même par nos désobéissances. Notre orgueil en prend un coup – et c’est tant mieux. Vivre conscient de servir un Dieu qui n’a besoin de rien est une des clés de l’humilité.

 

 

Dieu tel qu’il est3

 

Pourquoi Dieu n’a-t-il besoin de rien ? Le fait est établi, mais quel en est le fondement ? On le trouve dans la révélation donnée à Moïse devant le buisson ardent lorsque le Seigneur affirme : Je suis. Il EST, absolument. Il est sans commencement et sans fin. Il est, il ne peut pas ne pas être ou cesser d’être. L’être, c’est lui !

 

De ce « je suis » découle l’autonomie absolue de Dieu. Il n’a besoin de personne pour être ce qu’il est, ni du soutien de personne pour rester ce qu’il est, ni du conseil de personne pour bien être. Tout ce qui n’est pas Dieu dépend totalement de lui, est venu à l’existence par lui et subsiste grâce à lui. « Je suis » exprime une constance, c’est-à-dire que rien ne peut l’améliorer ou l’enrichir. Il fait ce qu’il veut, et ce qu’il fait est beau et bien. Il est hors de portée de la flatterie et de la manipulation. Et, du haut de son indépendance absolue, ce Dieu donne : c’est lui qui donne à tous la vie, le souffle et toutes choses (Ac 17.25).

 

 

Le service, une grâce

 

Contrairement aux humains, Dieu n’est ni tenaillé ni motivé par le besoin. Il se suffit, une notion que la vision trinitaire de Dieu nous aide à comprendre un peu. Il se suffit, et pourtant il crée, aime ses créatures et communique avec elles. Mais il va encore plus loin… Il nous invite à collaborer avec lui au service de son Église et de son monde. Il nous donne un service qui nous enrichit et il en enrichit d’autres. Il désire travailler avec des collaborateurs humains et nous invite à en être, par grâce. Que ce désir de Dieu réchauffe nos coeurs et nous motive !

 

R.S.


NOTES

 

1. Ac 17.16-31

 

2. Ps 50.7-15 ; Est 4.13-15 3 Ex 3.13-15