Tensions dans le monde du travail 2
Claude Grandjean
Un chrétien est prié par la direction de son entreprise de dire à ses clients que le produit vendu a telle qualité alors que cela est manifestement faux.
C’est tellement loin de mes conceptions managériales que mon premier réflexe est de m’interroger sur le manager lui-même : si je commence par lui faire crédit en ne mettant pas en doute son honnêteté en pensant qu’il croit à ce qu’il dit, je m’interroge sur sa compétence. Si c’est en pleine connaissance, il est soit stupide pour imaginer que personne ne verra rien, soit malhonnête et éventuellement c’est un escroc potentiel, soit, et c’est plus subtil, il sait et veut tester les réactions et la fiabilité de son équipe.
Mes suggestions :
• Vérifiez par vous-mêmes que la ou les qualités annoncées sont réelles. Si c’est un argument de vente, le client voudra lui aussi le vérifier. C’est une démarche logique et professionnelle. Ce n’est pas toujours possible – je pense à la mise sur le marché de certains médicaments –, dans notre cas nous considérons que c’est vérifiable.
• Si vous avez un doute, avant d’en parler avec votre hiérarchie, vérifiez auprès de vos collègues pour voir s’ils partagent vos interrogations. Vous pouvez en effet avoir mal compris l’argument qui vous est avancé. Ne pas vouloir commettre d’erreur est tout à votre honneur et démontre votre souci de bien posséder votre sujet.
• Si vos doutes sont confirmés, il faudra vous en ouvrir à votre hiérarchie pour vérifier que celle-ci en est bien consciente. Commencez par faire part de vos vérifications et des réserves que vous formulez :
– Rappelez qu’il s’agit en premier lieu de la crédibilité de l’entreprise.
– Que dans ces conditions la mise sur le marché risque d’être un échec commercial – le client se rendra rapidement compte de la supercherie.
– Que vous avez une certaine conception de votre fonction, notamment éthique, et que vous ne pourrez pas vanter une qualité qui n’est pas réelle, mais que vous allez vous efforcer de valoriser le produit sur d’autres aspects. – Vous ne refusez pas de vendre, mais vous vous proposez de le faire autrement.
En fonction de votre tempérament, vous l’aborderez plus ou moins frontalement. Votre démarche aura des conséquences : positives ou négatives. C’est aussi un choix, mais en tant que chrétiens, notre atout, c’est que nous pouvons nous en ouvrir à Dieu qui saura nous donner la bonne attitude. Un verset : Néhémie 1.11.
Interview réalisée par Reynald KOZYCKI