Parcours de vie
Par Marie-Christine Fave
Ils ont accepté de nous faire part en quelques mots de leur itinéraire (version recherche et exercice des dons). Priscille et Micaël DUFOUR (Marseille), Éva et Mayeul (Marseille), Gilles PILLOUD (Grenoble) et Paul (Cavaillon) viennent de terminer la formation du R.E.F.1 Philippe MONNERY, David et Hanna SOMMER, Bruno et Dominique LICCIARDI sont engagés respectivement dans des assemblées CAEF à Saint-Étienne, Barr et Moulins. Ils pensent avoir identifié, au moins en grande partie, les dons et capacités reçus de la part de Dieu.
Parcours découverte
Comment ont-ils trouvé ces dons que Dieu leur a confiés ?
La pratique
« Je me suis converti à l’âge de 17 ans et j’ai passé mon BAFA2 l’année suivante, explique Mayeul. J’ai appris à servir le Seigneur au travers de la jeunesse, puis plus tard dans l’Église. Dieu m’a mis en situation d’utiliser mes dons. »
« C’est en forgeant qu’on devient forgeron, rappelle Paul, qui reconnaît surtout ses dons en relation avec le ministère de la Parole. Pendant mes études universitaires, les responsables d’Agape Campus ont demandé à trois étudiants (dont moi) de préparer un message. J’ai eu, par la suite, l’occasion d’apporter d’autres prédications à Agape et je me sentais à l’aise. Puis je suis arrivé à Lyon dans une Église qui laissait de la place aux jeunes et on m’a fait confiance. » David a lui aussi découvert ses dons en se mettant en route, au travail : « J’ai alors relevé des domaines où je me sentais à l’aise et où il y avait une certaine efficacité. » Éva, de son côté, s’est investie dans plusieurs services, tout en étant prête à revenir en arrière si l’essai ne s’avérait pas concluant. Elle s’est récemment engagée dans la décoration de la salle pour divers évènements : « Je me suis rendu compte qu’il y avait un besoin et je m’y suis mise. La découverte de ce don artistique est arrivée sur le terrain, notamment avec les retours entendus. » Pour Philippe, sa recherche s’est basée essentiellement sur la pratique en répondant aux divers besoins et sur le retour d’autres personnes.
Les retours
Éva et Philippe les ont mentionnés. Ce sont ces réflexions des uns ou des autres en nous observant qui nous ont encouragés à continuer ou à nous orienter vers d’autres activités. Pour Mayeul, c’était « le retour des personnes avec qui je travaillais ». Pour Hanna, c’est plutôt David qui l’a tantôt poussée en avant, tantôt freinée. « Un conjoint attentif est vraiment une aide pour découvrir ses dons », constate Hanna. Pour Micaël, c’est entre autres le retour d’un ancien et des personnes de l’assemblée : « J’avais eu l’occasion de conduire des temps d’enseignement au groupe de jeunes. Je ne savais pas si c’était mon don, mais cette question me travaillait. Je suis allé voir un ancien en lui expliquant : j’ai le désir de me former et de servir le Seigneur dans les temps d’enseignement ou de présidence. Il m’a lancé. »
Quant à Paul, il a reçu des retours au début dans le cadre de la formation d’Agape. Cependant, « très rapidement, je n’ai plus eu assez de retours, confie-t- il. Dans l’église, j’en ai cherché aussi. On ressent ce besoin quand on est débutant. C’est une sorte de validation. Ces réflexions sont utiles pour s’améliorer. Même si j’ai eu quelques discussions informelles et rapides sur le parking, je me demandais : suis-je à la hauteur ? Ce manque de retour était un peu déstabilisant. »
Regards intérieurs
Dominique s’est elle aussi posé une question, mais d’un autre genre : « Si je n’avais aucune contrainte, aucun obstacle, qu’est-ce que j’aurais à coeur de faire ? » Sa réponse fut : « Aider les chrétiens à grandir, accompagner ceux qui sont blessés, ceux qui n’avancent pas. Je me suis rendu compte que j’avais un coeur de berger. Et comme le travail pastoral ne peut pas se faire sans la prière, l’intercession a pris plus de place dans ma vie. »
Quand Bruno pense au don d’enseignement qu’il exerce depuis plusieurs années, il se souvient de ses années universitaires et de sa curiosité dans la recherche : « Elle s’est en fait déplacée du domaine scientifique à celui de l’étude de la Bible. J’aime me poser des questions, chercher des réponses et les exposer. Et surtout, j’ai un amour pour la Parole de Dieu et maintenant aussi une certaine connaissance des Écritures. Dans un sens, enseigner la Bible est venu assez naturellement – et, en plus, je suis professeur de métier ! » De son côté, Mayeul note comme facteur pour découvrir ses dons « le goût et la motivation ». Priscille exprime également son goût pour l’enseignement des petits enfants. « Quand on exerce ses dons, conclut Micaël, on prend plaisir à ce qu’on fait. »
Le questionnaire du livre de SCHWARZ3
« Il a balisé ma découverte des dons, affirme Mayeul. Je l’ai rempli 3 fois en 10 ans ». Éva, quant à elle, a fait ce questionnaire alors qu’elle était encore au lycée. « C’est une démarche pertinente, assure-t-elle. Cela m’a beaucoup encouragée. Les résultats montraient 2 dons potentiels, dont un au niveau du chant que j’ai pu rapidement exercer. On attend souvent d’être mûr pour servir et rechercher ses dons ; c’est une erreur. La pratique des dons n’est pas synonyme de maturité. »
Gilles jouait depuis longtemps de la musique : « Je ne l’avais pas référencé en tant que don. Le questionnaire m’a permis de mettre des noms sur mes capacités ». Pour Priscille, Micaël et Philippe, le questionnaire a en fait apporté une confirmation par rapport à ce qu’ils faisaient déjà.
Polyvalence ?
« Encore maintenant, j’ai un peu de mal à identifier tous mes dons avec certitude, reconnaît Mayeul. En effet, c’est un peu dur de trouver ses dons quand on en a potentiellement plusieurs. Je pense toutefois que c’est en train de se préciser. »
Parcours prioritaire
Découvrir ses dons : qu’est-ce que cela change ?
« Cela m’a permis d’une part d’être attentif à mes capacités pour ne pas les négliger, et d’autre part de travailler pour les améliorer, et aussi de ne pas avoir peur quand une activité se rapprochait de mes dons », explique Gilles. Dominique connaît ses dons depuis 2 ans environ et cela a changé ses priorités : « Quand je n’ai pas le temps de tout faire, je sais ce que je dois privilégier. Quand quelqu’un appelle à l’aide, je sais que c’est ma place. Avant, j’aurais peut-être raisonné ainsi : j’ai d’autres choses à faire. Identifier ses dons permet de remettre les choses dans l’ordre et d’être disponible pour les priorités. »
Parcours progression
Comment développent-ils leurs dons ?
Certains suivent (ou ont suivi) une formation appropriée à un don particulier : Dominique avec FJA4 dans le domaine de la relation d’aide ; Bruno avec des cours par correspondance de la Faculté de Vaux-sur-Seine ; Priscille avec une missionnaire de l’AEE5 et sa mère : « Quand je me suis convertie, j’ai appris en voyant faire ma mère à l’école du dimanche. Certaines formations m’ont ensuite bien aidé : ce sont des clés ». Micaël a repris des cours de guitare : « C’est en pratiquant qu’on développe ses dons, affirme-t-il. Et comme on n’atteint jamais le top niveau, il faut se former en permanence ».
Paul se situe aussi dans une démarche de formation continue. Il a eu l’occasion de relire les notes de sa première prédication. « J’ai progressé, constate-t-il, mais j’ai passé du temps pour cela ». Bruno, de son côté, n’hésite pas à s’équiper pour ses préparations d’étude en achetant des commentaires et des livres de théologie.
Parcours modifié ?
Observent-ils une évolution de leurs dons au cours de leur vie ?
Des nouveaux dons ?
« J’ai d’abord vu le don d’évangéliste, confie Philippe. Je suis maintenant en train de développer d’autres dons. Comme on est peu nombreux dans l’Église, je me retrouve souvent en position de nouveauté. En faisant, je me dis : j’ai peut-être aussi ce don. »
« Il y a quelques mois, je n’aurais jamais mentionné l’évangélisation dans mes dons, ajoute Mayeul, et pourtant, Dieu m’a mis à coeur l’annonce de l’Évangile. Je n’oublie pas non plus une prière que j’ai adressée à Dieu il y a 3 ans. Je lui ai dit : j’aimerais être utilisé par Toi pour mener quelqu’un au Seigneur. Et j’ai eu l’occasion de conduire plusieurs jeunes au Seigneur ainsi qu’un adulte récemment. J’ai été surpris par le Seigneur. »
Une nouvelle utilisation ?
« J’ai été amené à me servir des mêmes dons différemment selon les contextes, reconnaît David. En ce qui concerne la coordination, j’ai utilisé ce don dans un cadre assez technique quand je dirigeais un orphelinat au Tchad. Maintenant dans un ministère pastoral, il s’applique de manière moins formelle et dans un domaine relationnel. » Quant à Hanna, elle expérimente une nouvelle approche dans l’exercice de l’un de ses dons : « Autrefois, j’ai travaillé parmi les enfants avec ce que j’ai appris dans ma profession. Maintenant, c’est comme si le Saint-Esprit me formait pour avoir un contact plus profond avec les enfants et me demandait de me laisser guider par Dieu. »
Servir avec ses dons : oui, mais pas uniquement
Nous nous sentons plus à l’aise et nous accomplissons mieux notre service quand il correspond à nos dons. Toutefois, dans les domaines où il n’a pas beaucoup de facilités, David fait ce constat : « Dieu m’utilise quand je m’investis. Je suis alors témoin de ce que Dieu est en train d’accomplir. Et j’éprouve plus de surprise et d’émerveillement que lorsque je fonctionne avec mes capacités. Mais cela demande de la dépendance par rapport à Dieu et de la persévérance ».
Enfin, ne restons pas dans la passivité si nous n’avons pas encore découvert nos dons, comme le soulignent Gilles et Dominique : « Si je ne m’étais pas jeté à l’eau, je n’aurais pas développé mes dons. Il y a une action volontaire à un moment. » « Pendant 20 ans, je me suis engagée dans beaucoup d’activités où j’étais à l’aise sans pour autant connaître mes dons. Je n’ai pas attendu de découvrir mes dons pour servir ».
Propos recueillis par Marie Christine FAVE
NOTES
1. REF : « Responsables en formation » ; programme de formation des CAEF.
2. BAFA : Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur
3. « Découvrez vos dons », Christian A. Schwarz, Éditions Empreinte, 142 pages
4. FJA : Famille, je t’aime
5. AEE : Association Evangile et Enfance