Servir le Dieu vivant et vrai et attendre son Fils1
Par PHILIPPE TRAENKLÉ
Dans la société, notre entreprise, notre quartier, notre ville, notre Église même, tout rassemblement d’hommes ou de femmes est traversé par des bruits, des nouvelles qui circulent des uns aux autres.
Nous trouvons une de ces informations dans la première épître aux Thessaloniciens chapitre 1 aux versets 9 et 10 : « On raconte, en effet, à notre sujet, quel accueil vous nous avez réservé et comment vous vous êtes tournés vers Dieu en vous détournant des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre que revienne du ciel son Fils qu’il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient. »
En Grèce, dans la province de l’Achaïe et en Macédoine, on parle des Thessaloniciens. Et, comme la ville de Thessalonique est aussi un port, la nouvelle s’est répandue en tout lieu. Cette nouvelle est tellement évidente maintenant, tellement connue et reconnue que Paul dit, au verset 8, « ce n’est pas la peine d’en parler ». La publicité est monstre, partout on raconte ce que ces hommes et ces femmes de Thessalonique ont vécu, partout on raconte ce qu’ils font chaque jour, et partout on raconte ce qu’ils espèrent.
Que font-ils ces Thessaloniciens pour mériter une telle publicité ?
« Ils servent Dieu » et cela se voit, car on en parle. Notre verset 9 le souligne et le verset 3 précise que Paul est admiratif du degré d’implication de ces hommes et de ces femmes. « Nous nous rappelons devant Dieu à quel point vous avez mis votre foi en pratique, à quel point votre amour vous a rendu actifs, à quel point votre espérance en notre Seigneur est ferme. »
Une foi véritable est indissociable d’une éthique véritable. Il existe un rapport étroit, contraignant même, entre la foi en Dieu et un comportement qui l’honore. La vie nouvelle en Jésus est placée sous le signe du service qui est une reconnaissance pratique, concrète de la seigneurie de Dieu. C’est Dieu qui a droit sur eux, c’est Lui que l’on regarde et que l’on sert, dans tous les domaines de la vie, car il est Vivant et Véritable.
Pourquoi cette Eglise de Thessalonique a-t-elle eu un tel impact ?
THESSALONIQUE DE NOS JOURS
A-t-elle de beaux bâtiments ? Sans doute pas, parce que nous sommes au tout début de l’Histoire de l’Eglise. Estelle riche, peuplée de notables ? Actes 17.4 nous parle de grecs et de femmes, pas de quoi faire un lobby !
Voyez-vous, si cette Eglise a eu un tel impact c’est parce que l’Eglise, dans son essence, c’est bien plus qu’un lieu ou bien un rassemblement de croyants. On est en présence d’une Eglise qui n’est pas qu’une Eglise du dimanche matin. L’Eglise à Thessalonique est une Eglise 24 h sur 24, tous les jours de la semaine parce qu’elle est faite de ses membres qui sont l’Eglise. L’Eglise est dispersée, éparpillée, dans la société, et témoigne constamment par chacun des individus qui la composent. Chacun, là où il est, médecin, ouvrier, professeur, retraité, étudiant, ingénieur, commerçant, sans profession à la maison est conscient de faire partie de l’Eglise et, en tant que tel, doit servir le Dieu vivant et vrai.
Cette remarque a une implication toute concrète : quels sont la place et le rôle de notre Eglise dans la ville où Dieu nous a placés ? Cela passe par une réflexion individuelle sur ma place et mon rôle dans la ville.
Remarquez que ce service des Thessaloniciens, on en parle certes, mais il est aussi l’objet d’oppositions, voire de persécutions.
Verset 6 « vous avez eu beaucoup à souffrir » et au chapitre 3 verset 3 Paul encourage l’Eglise en disant « qu’aucun de vous ne se laisse abattre par les persécutions que nous vivons ». Servir Jésus c’est choisir, et c’est souvent rentrer en opposition à l’égard de la société. Cette opposition n’est pas un but en soi, mais parce que nous avons en nous la vie nouvelle de Dieu, nos orientations heurtent concrètement certaines valeurs de ce monde.
Quelle que soit notre volonté de nous intégrer davantage, de participer davantage à la vie de nos cités, notre volonté de proclamer l’Evangile de Jésus-Christ, la foi, la repentance, le jugement, va nous marginaliser. Faire une collecte de sang dans nos locaux, organiser une fête de rue, n’éviteront pas les difficultés et l’opposition.
Ceux qui se détournent des idoles de ce monde ne plaisent pas à ce monde. Le monde aime ceux qui lui ressemblent et il hait, profondément, radicalement, ceux dont la conduite le démasque.
Alors frères et soeurs, n’acceptons pas la place que ce monde veut laisser à la foi chrétienne : une place qui se réduit à la piété individuelle, cachée, secrète, confidentielle. Nous avons un rôle critique, polémique à jouer à cause de notre vocation. L’Eglise est faite pour vivre toute la vie dans tous les domaines de la vie, et c’est parce que les Thessaloniciens l’ont compris que l’on en parle tellement.
Avez-vous enfin remarqué, dans ces versets, l’insistance de Paul pour qualifier Dieu ? Il aurait pu leur écrire « qu’ils se sont tournés vers Dieu pour le servir et attendre la venue de son Fils ». Non. Paul insiste lourdement sur le sens de leur service. Ils servent le Dieu vivant, un Dieu qui est actif dans l’histoire avec un h ou un H, alors que les idoles sont mortes, ils servent le Dieu réel, vrai, alors que les idoles ne sont que des images. L’Eglise est la propriété de Dieu, et c’est en cela qu’elle est l’Eglise.
La référence de l’Eglise, c’est Dieu et sa volonté. Le but ultime de l’Eglise, c’est Dieu et sa volonté.
Quelles implications pour nous ?
L’Evangile ne se réduit pas à une invitation à la réalisation de soi, à l’accomplissement de nos propres besoins. Quels que soient les besoins de l’homme, quelle que soit sa situation, quoi qu’il ressente, l’homme devra rendre compte devant Dieu de la manière dont il a répondu aux commandements de Dieu.
Alors il nous faudra être attentifs à ne pas dériver vers une « Eglise CHU » ou vers une « Eglise base de commandos » ou vers une « Eglise showbizz ». Bien sûr, notre Dieu veut combler nos besoins, veut nous utiliser chacun pour les uns et les autres, mais ce qui est fondamental, c’est de Lui plaire à Lui.
« Cela me fait-il du bien ? » n’est pas le critère ; mais « Cela L’honore-t- il ? » voilà ce qui doit nous guider.
En conclusion :
• être chrétien, c’est renoncer à toute allégeance aux faux dieux de ce monde,
• être chrétien, c’est être sensible à l’enjeu infini de Dieu en toute situation finie que nous voyons ou que nous vivons,
• être chrétien, c’est témoigner de sa présence aux heures où il se cache, car Dieu est Vivant et réel,
• être chrétien, c’est se rappeler que notre monde est peuplé d’hommes et de femmes qui doivent être sauvés,
• être chrétien, c’est vouloir s’engager dans le service de Dieu, là où nous sommes jusqu’à ce qu’Il vienne.
P.T
NOTE
1. Extrait d’un message donné à « La Bonne Nouvelle » de Strasbourg. Le style parlé a été volontairement conservé