Animer l’étude d’un texte biblique
Par Marie-Christine Fave
On ne conduit pas une étude biblique en groupe comme on prêche ou comme on apporte une méditation voire un message participatif. Selon des statistiques, il paraît qu’on retient 20 % de ce qu’on entend. Mais on se rappelle mieux de ce qu’on a cherché, découvert et expliqué soi-même. Trouver les points essentiels d’un passage prend plus de temps que de les écouter, mais on les assimile davantage.
Le rôle de l’animateur
L’animateur, par ses questions, stimule la recherche dans le texte biblique et le partage. Il essaie de faire découvrir au groupe ce que lui-même a déjà compris dans le passage et plus encore … Les interrogations qu’il soulève vont permettre aux autres d’apporter leur contribution. L’animateur limite son temps de parole. Ce n’est pas lui qui « fait » l’étude, mais c’est le groupe.
Un objectif, un plan
Le travail de préparation consiste à : observer, essayer d’interpréter et d’appliquer le texte avec commentaires à l’appui si besoin. L’animateur vise un objectif, souvent lié à l’interprétation du passage. Il choisit une façon d’aborder le texte. Il progresse selon un plan d’étude qu’il propose au groupe. Il laisse ainsi une bonne latitude d’expression sans craindre que « cela parte dans tous les sens ».
S’adapter
Qui dit participatif, dit souplesse. L’animateur est amené à ne pas être rigide sur ses questions et sa préparation. Il y parviendra plus aisément s’il a déterminé son objectif. Etre sensible au groupe L’étude en groupe comporte une dimension relationnelle. L’animateur observe qui voudrait parler, qui paraît perplexe, qui semble affecté, voire troublé par une phrase. Cela sous-entend qu’il ne reste pas le nez plongé dans ses notes et qu’il opte pour une disposition où chacun puisse voir tout le monde. On communique en effet par la parole, mais aussi par le ton de la voix et par le langage non verbal comme les gestes, le regard, l’expression du visage.
Dans un groupe, on se côtoie, mais on ne connaît pas toujours le vécu et l’arrière-plan de chacun. Soyons donc vigilants quant aux paroles maladroites ou qui manquent de respect vis-à-vis d’une catégorie sociale, ethnique ou religieuse.
L’introduction
Succincte, l’introduction n’est pas un mini-message. En quelques mots, l’animateur donne un contexte non immédiat que les participants ne connaissent pas ou peu. Il énonce la manière dont le passage va être abordé : par exemple par personnages (fils cadet, père, fils aîné) pour la parabole dite du fils prodigue. Cela fournit des repères aux participants et les aide à ne pas s’éparpiller.
L’introduction peut aussi faire ressortir un élément de surprise ou soulever la curiosité. Dans le canevas en page 17, l’animateur commence avec une interrogation tout en relevant l’importance de celle-ci : « que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » Après quelques échanges, il invite les personnes à regarder comment Jésus a réagi à cette même question dans Luc 10.25-28. En général, on constate une grande différence entre les réponses de Jésus et du groupe. L’introduction aura produit trois effets : amener un contexte ; susciter une envie de comprendre et de (re)découvrir certains aspects du texte ; éviter le je connais déjà.
L’introduction peut se faire avant ou après la lecture du passage biblique. En ce qui concerne l’écoute du texte, on sera plus attentif si celui-ci est lu par une seule personne. En effet, lorsque chacun parcourt 2 ou 3 versets, la lecture devient décousue : changement fréquent de version, temps d’attente entre deux lecteurs…
Les questions posées par l’animateur
Formuler des questions pertinentes, claires, variées, adaptées au groupe : c’est à la fois un art et un travail. Les participations des uns et des autres en dépendent grandement.
Posons une question à la fois. Si 2 ou 3 interrogations se succèdent, le groupe se trouve dans la confusion et ne sait pas par où commencer.
Favorisons les questions dites ouvertes qui débouchent sur un échange. Elles n’ont pas toujours une réponse unique, d’où la possibilité d’un mini-débat. Les interrogations du style : Pourquoi… ? Comment comprenez- vous … ? Comment auriez-vous agi ? Qu’est-ce qui vous étonne dans ce texte, dans cette attitude ? … stimulent la réflexion.
Les questions dites fermées (réponse par oui/non, points de connaissance) n’engagent pas beaucoup la conversation. Réservons- leur un usage rare, notamment pour des explications sur le vocabulaire. Préciser brièvement en préliminaire : « Qu’est-ce qu’un pharisien, un samaritain ? », peut aider celui qui découvre la Bible à saisir l’enjeu de certains propos.
Evitons les questions :
• Trop simples (du style : Qui sont les personnages dans ce récit ? Avec quoi David tue-t-il Goliath ?…) C’est le silence assuré. Chacun connaît la réponse mais personne ne veut la dire.
• Trop compliquées ou trop vagues dans leur formulation ; trop larges.
• Trop personnelles. Un silence pesant risque de s’installer. Le groupe est un lieu privilégié pour le partage, mais ce dernier ne se programme pas facilement et rarement avec des questions très directes. Tendons la perche pour des illustrations personnelles mais n’insistons pas si elles ne viennent pas. Le partage arrive plus naturellement quand on a discuté d’un sujet et qu’au travers des diverses participations, quelqu’un pense qu’il peut s’ouvrir. Se sentir compris et en confiance est décisif pour s’exprimer. La confidentialité se pose évidemment en principe de base : ce qui est partagé reste dans le groupe.
Les réponses
Tout d’abord, essayons de ne pas répondre à nos propres questions ! Veillons aussi à vraiment écouter les autres. Nous serons en effet amenés à nous souvenir de ce qui a été dit, éventuellement à rebondir sur un aspect ou demander l’avis du groupe sur un autre aspect. Du prévisible au hors sujet, du déroutant à l’édifiant, de la phrase toute faite à la réflexion très personnelle, la gamme des réponses est large :
• Certaines correspondent à notre préparation, à nos attentes. Demandons aux autres personnes de compléter. Ne nous arrêtons pas à la première réponse.
• D’autres relèvent des éléments que nous n’avons pas vus. C’est la richesse de l’étude en groupe.
• D’autres apportent des idées que nous avions prévues pour les questions suivantes. Adapter son déroulement ou garder ces réflexions pour la suite : c’est au choix de l’animateur.
• D’autres encore se transforment en interminables discours. Le groupe n’ose souvent rien dire mais il attend une réaction de l’animateur. Le défi réside alors à reprendre la parole avec tact.
Pas toujours d’accord ?
Avec le peu de temps dont il dispose, l’animateur tâchera de discerner si l’intervention concerne :
• Un point secondaire où les avis divergent dans le milieu évangélique. C’est l’occasion de lancer le débat dans le respect et l’explication des différentes positions, tout en gérant le timing.
• Une affirmation doctrinalement erronée. Il faut clairement viser la vérité, tout en faisant attention à la façon dont on s’exprime. N’installons pas une relation conflictuelle. Renvoyer la problématique au groupe (avec un : qu’en pensez-vous ?) montrera probablement que la personne se trouve seule à raisonner ainsi. Cela peut l’aider à se remettre en question.
Les questions posées par un participant
Certains groupes se montrent plus réactifs que d’autres. Si les membres sentent une ambiance détendue et une liberté d’expression, ils apporteront naturellement leurs interrogations au groupe.
La question est en général posée à l’animateur. Quand une question nous est adressée, la tendance naturelle est de répondre soi-même. Cependant, il est presque toujours préférable de retourner la question au groupe.
Comment réagir quand la question est hors sujet ?
L’animateur se trouve à nouveau devant un choix : traiter la question maintenant, plus tard (par exemple au cours d’une autre soirée avec l’accord du groupe), ou presque pas du tout. Dans cette prise de décision, l’animateur tient compte de la longueur d’une réponse possible (est-ce rapide ?), de l’auteur de la question (est-ce un invité qui ne reviendra peut-être pas ?)
Et si personne ne peut apporter un éclairage ?
Il suffit alors de reconnaître en toute simplicité qu’on ne sait pas et proposer de creuser le sujet pour en toucher quelques mots lors d’une prochaine rencontre.
Les silences
En général, ils stressent plus l’animateur que les participants. Ces derniers sont souvent occupés à relire le passage pour chercher des éléments de réponse. Le temps de silence ne signifie pas nécessairement que le groupe n’a rien à dire, mais qu’il observe le texte, réfléchit, hésite… Pendant ces quelques secondes, si courtes pour les participants, si longues pour l’animateur, celui-ci peut reformuler la question avec d’autres mots, sans y répondre bien sûr. Si le silence se prolonge, il peut donner des pistes, demander si la question est claire ou éventuellement encourager l’un ou l’autre participant à s’exprimer, mais sans faire pression ou mettre mal à l’aise. Adresser des questions directement à une personne devrait rester exceptionnel.
La conclusion
La conclusion, comme l’introduction et le passage d’une partie à la suivante relève de l’animateur. C’est le moment de reprendre brièvement les points importants en relation avec l’objectif visé. La conclusion peut ensuite être dirigée vers les conséquences pratiques et la prière.
MC.F.
La parabole du bon samaritain
(Luc 10.25-37)
Questions pour une étude en groupe
(participants chrétiens et/ou non chrétiens)
Une question importante – (Introduction + contexte)
Introduction :
« Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » Si quelqu’un vous posait cette question, que lui diriez-vous ?
1) Un religieux (docteur de la loi) a posé cette question à Jésus. Lire Luc 10.25- 28.
a) La réponse de Jésus est-elle différente de la vôtre ?
b) A votre avis, pourquoi Jésus se réfère-t- il à la loi ?
Aimer son prochain
2) « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »1
a) Comment comprenez-vous ce commandement ?
b) Lire Luc 10 : 29 à 37
c) Décrivez comment le samaritain a aimé l’homme blessé.
d) (précision éventuelle : au niveau du « faire », du temps, de la prise de risque…)
3) Voir et… après ?
a) Le sacrificateur vit (v.31), le lévite vit (v.32), le samaritain vit (v.33) la même situation.
b) A votre avis, pourquoi des réactions différentes ?
c) Vous souvenez-vous d’une circonstance où vous avez vu un besoin et vous avez décidé d’agir (ou pas) ?
d) Question à emporter avec soi : qu’est-ce que je fais de ce que je vois ?
4) Mon prochain
a) Quelle différence constatez-vous entre la question du docteur de la loi et celle de Jésus ? (v.29 et 36)
a) « Et qui est mon prochain ? » Que pensez-vous de l’attitude sous entendue par cette question au v.29 ?
a) L’amour du prochain décrit dans cette parabole Quelles qualités ? Quelle étendue ? Quels critères ?
Retour sur la question importante
5) La conclusion de Jésus.
a) A priori, le comportement du samaritain vous apparaît-il comme : – L’attitude d’un individu exceptionnel – Une bonne action un jour dans sa vie – La norme de Dieu pour chaque jour.
b) Reprendre la même question après avoir lu la conclusion de Jésus.
c) Dans ses réponses (v.28 et 37), Jésus reprend le verbe « faire » de la question du docteur de la loi (v.25). Quelle est la pédagogie de Jésus ?2
d) A votre avis, à quelle conclusion Jésus veut-il amener le docteur de la loi ?
Notes pour l’animateur :
1. Lév 19.18 cité Mt 19.19 ; 22.39 ; Mc12.31 ; Rm 13.9 ; Ga 5.14 ; Jc 2.8
2. Une question similaire apparaît dans le dialogue entre Jésus et le jeune homme riche (Mt 19.16-17)