Rapprocher les hommes du coeur de Dieu

 

 

Par Serge Hub1

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Longtemps les chrétiens ont influencé le monde par l’Art. Aujourd’hui, quand il n’est pas complètement rejeté dans l’Église, il est craint et parfois mis de côté parce qu’il suscite de la méfiance. On redoute qu’il fasse entrer dans l’Église des pratiques ou des pensées du monde. Alors, la tentation est grande de jeter l’eau du bain et le bébé avec ! Pourtant, la créativité se trouve dans l’ADN de l’homme… puisque nous avons été créés à l’image du Créateur.

 

 

En tant que compositeur de musique et conducteur de louange, j’aime puiser mon inspiration dans les psaumes. Ils sont pour l’artiste une matière première extraordinaire. Ils offrent la garantie de rejoindre chaque personne sur le terrain de ses craintes et de ses aspirations les plus profondes. Des siècles nous séparent de ces auteurs, et, pourtant, on y retrouve une façon si moderne d’évoquer les déchirures de l’âme. Chaque psaume est comme un livre ouvert sur le coeur de l’homme dans tout ce qu’il a de plus inconstant, sombre, faillible et en même temps, prompt à l’élévation vers Dieu. Nous y entrevoyons aussi le caractère miséricordieux d’un Dieu qui demeure inchangé et toujours prêt à venir au secours de celui qui l’implore.

 

 

Les Psaumes, un livre ouvert sur le coeur de l’homme

 

Tout d’abord, se plonger dans les psaumes, c’est comme se retrouver face à un miroir qui nous renvoie notre propre image. Les psalmistes ont exprimé avec force et vérité la corruptibilité de leur coeur, leur vulnérabilité devant l’ennemi. Il est certain qu’en lisant ou chantant un psaume durant nos réunions, nous y trouverons le chemin des coeurs !

 

Ô Dieu ! prête l’oreille à ma prière, et ne te dérobe pas à mes supplications ! Écoute-moi, et réponds-moi ! J’erre çà et là dans mon chagrin et je m’agite, à cause de la voix de l’ennemi et de l’oppression du méchant ; car ils font tomber sur moi le malheur, et me poursuivent avec colère. Mon coeur tremble au dedans de moi, et les terreurs de la mort me surprennent ; la crainte et l’épouvante m’assaillent, et le frisson m’enveloppe. Je dis : Oh ! Si j’avais les ailes de la colombe, je m’envolerais, et je trouverais le repos. (Ps 55.2-7)

 

David décrit bien dans ce psaume les angoisses provoquées par l’ennemi, mais, parfois, ces angoisses proviennent de notre coeur tortueux, qui se laisse si facilement gagner par le péché : Ô Dieu ! Aie pitié de moi dans ta bonté ; selon ta grande miséricorde, efface mes transgressions ; lave-moi complètement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché. Car je reconnais mes transgressions, et mon péché est constamment devant moi. J’ai péché contre toi seul… (Ps 51.3-6)

 

On assiste à la repentance du roi David, suite à son adultère avec Bath-Schéba. Le Psaume 51 se trouve au carrefour des désirs de la chair avec ceux de l’esprit. On peut se reconnaitre dans ce tiraillement que suscitent nos actes mauvais face à notre désir de pureté : Ô Dieu, crée en moi un coeur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé (v.12). L’homme est chancelant et le psaume 37 rappelle que c’est l’Éternel (qui) affermit les pas de l’homme (v.23). Cest lui qui nous arrête dans notre marche parfois aveuglée afin de la replacer dans une perspective divine :

Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur ! Éprouve-moi, et connais mes pensées ! Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis-moi sur la voie de l’éternité ! (Ps 139.23-24) Les psaumes nous invitent à ouvrir notre coeur pour le répandre devant Dieu, et découvrir les sources intarissables de sa grâce…

 

 

Les Psaumes, reflet du coeur de Dieu

 

Ces mêmes hommes qui ont poussé vers Dieu des soupirs et des cris de désespoir ont aussi pu expérimenter son secours et ainsi décrire quelques-uns des traits de son caractère :

Mais toi, Seigneur, tu es un Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité (Ps 86.15).

 

C’est ce coeur débordant d’amour et de compassion qui nous ramène à lui lorsque survient la tempête. Dieu déploie ses ailes et nous propose de nous y réfugier, de nous y cacher :

Car tu es un refuge, une tour forte, en face de l’ennemi. Je voudrais séjourner éternellement dans ta tente, me réfugier à l’abri de tes ailes (Ps 61.4-5).

 

Il est un refuge, une forteresse au jour de la détresse. Il n’est jamais indifférent à la situation de ses enfants et il accorde en son temps la délivrance. David pouvait dire : J’ai cherché l’Éternel et il m’a répondu (Ps 34.5). Car, en Père attentionné et bienveillant, Dieu ne reste pas sourd à nos appels : Quand un malheureux crie, l’Éternel entend et le sauve de toutes ses détresses (v.6).

 

L’épreuve qu’il nous est parfois donné de traverser est une excellente occasion de replacer les curseurs au bon endroit. Le réconfort, la justice, la délivrance ne sont pas du côté des hommes et de tout ce que le monde peut offrir, mais ils se trouvent en Dieu seul !

        L’Éternel est juste dans toutes ses voies, et miséricordieux dans toutes ses oeuvres. L’Éternel est près de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent avec sincérité. (Ps 145.17-18)

 

Par leur variété et leur richesse, les psaumes offrent la possibilité d’interpeller chacun dans sa marche. Les uns, dans leur désert, les autres, en route vers la possession de leur terre promise. Il me semble donc intéressant de les utiliser comme outils d’évangélisation. Mis en musique ou slamés, avec illustrations visuelles (peinture/graffiti/chorégraphie…), ce sont autant d’expressions qui multiplient les possibilités de toucher nos contemporains dans une de leurs sensibilités. Les psaumes sont autant de ponts entre les aspirations de l’homme et le coeur de l’Évangile.

 


NOTES

 

1. Auteur, compositeur et interprète à Rennes. Évangéliste associé avec France Évangélisation www.france-evangelisation.com/associes/serge-hub