Décider en assemblée
Ébauche d’une boîte à outils
Par Thierry Seewald
Prendre des décisions en réunion de membres se termine souvent par un vote, ce qui a parfois pour inconvénient de créer deux « clans », dont un « perdant ». Il existe beaucoup de manières de prendre des décisions, qu’on trouvera dans des ouvrages sur la recherche du consensus ou l’animation de groupes. En voici deux, expérimentées par l’auteur.
LE VOTE EN ARC-EN-CIEL
J’ai utilisé le vote en arc-en-ciel lors d’une discussion autour de la louange au culte : certains souhaitaient que soit utilisé le recueil Les ailes de la foi. Les autres préféraient les chants de JEM sur transparents. Pour ce vote, les personnes se placent debout en demi-cercle dans un lieu dégagé, une extrémité du demicercle exprimant le 100 % recueil Les ailes de la foi, l’autre 100 % JEM sur transparents. Les positions entre ces deux extrémités permettaient tout type de panachage : 25 % de l’un, 75 % de l’autre, moitiémoitié, un tout petit peu plus des Ailes de la foi que de JEM… Cette méthode a plusieurs avantages :
• voter en se plaçant permet de ne pas proclamer de résultat, et donc l’impression d’un « gagnant » et d’un « perdant »,
• l’Église se regarde et voit ce qu’elle exprime en tant que corps,
• cela permet une variété de nuances, au-delà du « oui/non » ou du « l’un ou l’autre ». Ce mode d’expression a permis de constater que la majorité souhaitait conserver les deux recueils, plutôt à parts égales, mais aussi qu’une minorité notable mettait un peu plus l’accent sur l’un des recueils.
S’EXPRIMER SUR DIVERS ASPECTS D’UNE QUESTION
Les motivations qui sous-tendent une position sont variées et parfois surprenantes. Tous ne soutiennent pas une position pour les mêmes raisons. Ainsi, lors d’une discussion sur l’animation de la louange par des femmes, une partie de l’Église était contre. Mais, pour certains, ce qui posait problème était que, en montant à la chaire, les femmes donnaient l’impression de dominer/ prendre autorité. Pour ces personnes, il était possible que les femmes animent la louange si cela se faisait depuis le bas de l’estrade. Alors que, pour d’autres, les réticences étaient plus globales.
De même, lors du vote en arc-en-ciel, j’ai eu la surprise de voir une personne âgée, qui appréciait les cantiques traditionnels, se retrouver du côté 100 % JEM. Je lui ai demandé si elle avait bien compris ce que j’appelais la droite et la gauche (puisque, étant face à eux, ma droite était leur gauche). La personne m’a répondu qu’elle s’était placée là, parce que sur transparents les paroles étaient lisibles, alors qu’à son âge elle ne voyait plus les paroles des recueils. Le type de chant n’était donc pas le seul élément à prendre en compte.
Photo par Anne Landois-Favret
Lors d’une discussion sur la disposition de la salle, plutôt que de voter pour l’une ou l’autre disposition, les personnes se sont exprimées sur une vingtaine d’affirmations : avec la nouvelle disposition j’entends mieux, avec l’ancienne nous nous voyons les uns les autres, avec l’ancienne disposition nous sommes trop éloignés les uns des autres, dans la nouvelle disposition je ne trouve plus mes repères, dans la nouvelle disposition le prédicateur est plus proche des gens… Et pour ne pas avoir un vote qui fige – et un dépouillement sans fin –, les personnes se sont exprimées en signifiant le choix par leur position :
– debout : je suis d’accord avec l’affirmation assis : je ne suis pas d’accord avec l’affirmation
– main levée (ou assis par terre si c’est un groupe de jeunes) : je m’abstiens.
À nouveau, après chaque affirmation on se regarde pour voir ce que dit l’Église, et de l’ensemble des affirmations se dégage une position. Et parfois, devoir m’exprimer sur une série d’affirmations m’amène à prendre conscience de certaines choses et à changer d’avis.