Étude biblique : Romains 5.1-11
Par Niarintsoa Andrianandrasana1
Selon la Bible du Semeur2, Paul a écrit l’épître aux Romains dans le but de régler des problèmes relationnels entre les croyants Juifs et non-Juifs de Rome.
Les chapitres un à quatre exposent la doctrine de la justification par la foi afin de prouver que tous, Juifs et non-Juifs, sont pécheurs et ont besoin du salut en Jésus- Christ. Les chapitres cinq à huit décrivent les privilèges, mais aussi les responsabilités de celui qui a été justifié par la grâce seule, au moyen de la foi, à savoir la paix avec Dieu (ch. 4), la vie éternelle (ch. 5), la mort pour le péché (ch. 6), la mort à la loi (ch. 7) et la vie par l’Esprit (ch. 8)3.
Au chapitre cinq, alors qu’il décrit les conséquences de notre justification, Paul souligne que la vie d’un enfant de Dieu n’est pas exempte de souffrances. Mais il peut se réjouir et espérer au sein même de la tribulation, car celle-ci le prépare à la gloire.
Le chemin de la gloire passe par la souffrance (5.1-4)
Si pour le monde la souffrance est cause de tristesse et de désespoir, pour le chrétien il en est autrement, car elle devient un sujet de fierté. Cela ne signifie pas que la souffrance est vue comme quelque chose d’agréable ou de désirable et ne le dispense pas des larmes et des lamentations. Néanmoins, il peut se réjouir et se glorifier en dépit de ses afflictions, car il a la certitude qu’elles le préparent à la gloire. Il y discerne un moyen que son Père céleste utilise pour réaliser son dessein. Car, si Jésus lui-même a dû souffrir pour entrer dans la gloire4, il ne peut en être autrement pour ses disciples5.
Paul parle de trois étapes qui permettent de passer de la détresse à l’espérance de la gloire :
– En premier lieu, la détresse produit la persévérance dans la mesure où c’est seulement dans la souffrance que nous apprenons à persévérer. Si la détresse est une réalité négative à l’origine de souffrances pour le croyant, le fait de l’accepter par la foi comme faisant partie intégrante du plan de Dieu aidera le croyant à ne pas s’y soustraire ni à se révolter, mais à y voir un moyen par lequel son Père céleste l’éduque6. Ainsi, « la persévérance même qui nous est nécessaire dans la souffrance est produite par celle-ci »7.
– Puis, la persévérance conduit à la victoire dans l’épreuve. Le terme grec utilisé désigne la qualité de ce qui a été testé et qui est sorti victorieux de l’épreuve. Par conséquent, les afflictions supportées avec persévérance manifestent la qualité de la foi du croyant8, c’est-à-dire une foi réelle et solide qui a été purifiée de ses scories comme l’or ou l’argent sortant du creuset9.
– Enfin, la victoire dans l’épreuve nourrit l’espérance, c’est-à-dire la certitude de la gloire à venir. Ainsi, la foi éprouvée, résultat de la persévérance dans l’épreuve, ranime l’espérance dans le coeur de l’enfant de Dieu. En effet, le fait que le chrétien tienne ferme dans l’épreuve prouve que Dieu est à l’oeuvre dans sa vie. Il peut avoir l’assurance que le Seigneur le soutiendra jusqu’à la fin10. De ce fait, loin d’être une cause d’abattement et de désespoir, l’épreuve favorise au contraire notre espérance d’avoir part à la gloire de Dieu11. C’est la raison pour laquelle, nous pouvons être fiers dans l’affliction.
L’assurance de notre victoire est fondée sur l’amour de Dieu (5.6-11)
L’apôtre Paul affirme que notre espérance ne risque pas d’être déçue en ce sens qu’elle s’accomplira de manière sûre. Elle ne peut pas nous tromper, car elle a comme fondement l’amour de Dieu pour nous. Paul parle ici de l’amour que Dieu éprouve pour nous et qui a été démontré par la mort de Christ à la croix et non de notre amour pour Dieu comme le pensent certains commentateurs12. En effet, c’est le thème de l’amour dont Dieu nous aime que l’apôtre développe par la suite13. Cet amour n’est ni subjectif ni mystique, mais se manifeste de manière objective par un fait historique, la croix. La réalité de cet amour a été démontrée en ce que Christ est mort, non pour des hommes justes ou pour des hommes de bien, mais pour des pécheurs, des ennemis de Dieu, « des êtres sans attrait, sans valeur, sans mérites »14.
C’est le Saint-Esprit qui répand l’amour de Dieu dans notre coeur afin que nous puissions en être conscients. Dans la pensée hébraïque, le coeur est non seulement le siège des émotions, mais aussi de la pensée et de l’intelligence. Il ne s’agit donc pas d’une illusion subjective. Ce que Paul veut dire, c’est que, sous l’action du Saint-Esprit, nous croyons le fait historique et y voyons une preuve de l’amour de Dieu pour nous. Ainsi, comme l’affirme S. Romerowski, le Saint-Esprit fait vibrer notre coeur en réponse à l’amour de Dieu.
Nous puisons dans cet amour la certitude que Dieu nous conduira à la gloire malgré les tribulations qui nous frappent. De la certitude de cet amour découle la certitude de notre espérance. Elle nous donne une conviction ferme et inébranlable de notre salut. La raison pour laquelle notre espérance ne peut ni nous décevoir ni nous tromper, c’est qu’elle a un fondement solide. Car « si Dieu a accompli pour ses ennemis ce qui lui en coûtait le plus, la mort de son Fils, il accomplira sans nul doute ce qui lui en coûte le moins [les sauver de sa colère au jour du jugement], maintenant que ses ennemis d’autrefois sont devenus ses amis »15.
Nous en concluons que la vraie motivation de notre persévérance au sein de la détresse, c’est l’assurance de l’amour de Dieu à notre égard, un amour inébranlable qui ne nous abandonnera jamais. « Cet amour est la source de toute certitude et de toute espérance chez le croyant »16
NOTES
1. Avec son époux Mamy, Niarintsoa est en année probatoire à l’Église protestante évangélique de Palaiseau après avoir suivi une formation à l’IBN.
2. La Bible du Semeur 2000, Introduction à la lettre aux Romains, p. 1696-1697.
3. Sylvain ROMEROWSKI, Épître aux Romains, Les Manuels de l’Institut Biblique, Nogent-sur- Marne, Institut Biblique de Nogent, 2009, p. 14.
4. cf. Luc 24.26 : « Le Christ ne devait-il pas souffrir toutes ces choses avant d’entrer dans sa gloire ? »
5. John STOTT, Des hommes nouveaux, Lausanne, Presses bibliques universitaires, 1976, p. 16.
6. Simon LÉGASSE, L’épître de Paul aux Romains, coll. Commentaires 10, Paris, Éditions du Cerf, 2002, p. 341.
7. STOTT, op. cit., p. 16.
8. L. BONNET et A. SCHROEDER, Bible annotée NT 3, Saint-Légier, Librairie-Éditions Emmaüs, 1806, p. 85.
9. LÉGASSE, op. cit., p. 342.
10. cf. 1 Pierre 5.10 : Mais quand vous aurez souffert un peu de temps, Dieu, l’auteur de toute grâce, qui vous a appelés à connaître sa gloire éternelle dans l’union à Jésus-Christ, vous rétablira lui-même ; il vous affermira, vous fortifiera et vous rendra inébranlables.
11. LÉGASSE, op. cit., p. 341.
12. Ibid., p. 342.
13. cf. Romains 5.6-8 : En effet, au moment fixé par Dieu, alors que nous étions sans force, le Christ est mort pour des pécheurs. À peine accepterait-on de mourir pour un juste ; peut-être quelqu’un aurait-il le courage de mourir pour le bien. Mais voici comment Dieu nous montre l’amour qu’il a pour nous : alors que nous étions encore des pécheurs, le Christ est mort pour nous.
14. STOTT, op. cit., p. 22.
15. Ibid., p. 23.
16. LÉGASSE, op. cit., p. 548.