Considérez-vous comme morts

 

au péché !1

 

Par Brad Dickson2

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Comme le gland détient l’ADN qui pilote la croissance du chêne, ce simple commandement biblique renferme la vérité qui vous fera croître dans la sainteté.

 

 

 

 

 

Méthode Coué ou réalité spirituelle ?

 

        Une question de fond s’impose. Parlons-nous ici de la pratique de la prophétie autoréalisatrice, cette autosuggestion censée entraîner un mieux-être spirituel ?

       Nullement ! Ce verset nous incite à construire notre image de nous-mêmes solidement sur deux vérités martelées au long des six premiers chapitres de l’épître aux Romains. La première est que l’homme sans Christ est incapable de faire le bien, car il est prisonnier du péché (1.18 à 3.20)

        La deuxième est que Dieu, dans sa grâce, unit le croyant au Christ, lui conférant du coup toute la justice de Jésus-Christ ainsi que toute sa puissance pour se dépêtrer du péché (3.21 à 6.23).

        L’attitude à adopter, « Je suis mort au péché », est basée sur une déclaration divine : vous êtes morts au péché. Nous n’avons donc pas à nous convaincre de voeux pieux irréalisables, mais plutôt à nous aligner sur la vérité. Dieu nous dit morts au péché ; regardons-nous comme morts au péché !

        Explorons trois facettes de notre mort au péché. Elles sont riches d’applications pour la sanctification.

 

 

Morts à la condamnation de notre péché

 

        Quand Jésus est mort sur la croix, on peut l’imaginer, portant un grand sac à dos dans lequel Dieu avait introduit tous les croyants. Quand il est mort, nous sommes morts ; quand il est ressuscité, nous sommes ressuscités.

        Un des premiers fruits de cette union mystique mais réelle est le fait qu’il n’y a plus aucune condamnation possible pour notre péché. Pourquoi ? Parce que nous sommes tout simplement morts en ce qui concerne la justice de Dieu.

        En voici une illustration dramatique. Le 27 mars 2002 à la mairie de Nanterre, un déséquilibré, Richard Durne, assiste au conseil municipal, une arme dissimulée sous sa veste. Il fait feu, tuant 8 membres du conseil municipal et en blessant 19 autres. Maitrisé par un geste héroïque d’un des élus et d’un agent municipal, il est amené au 36 quai des Orfèvres à Paris. Mais il ne sera jamais jugé ! Savez-vous pourquoi ? Pendant l’interrogatoire, il se suicide en se défenestrant du 4e étage. La justice ne poursuit pas les morts.

        Inutile de se suicider pour éviter le jugement divin. C’est Jésus-Christ qui, à notre place, se sacrifie, subissant de plein fouet la sainte justice de Dieu contre le péché. Notre peine est définitivement expiée. Il n’y a donc plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ (Rm 8.1).

 

 

Morts à la logique du péché

 

        Cette absence de condamnation, loin de nous pousser vers le laisser-aller, nous attire dans le sens d’une obéissance reconnaissante (6.1-3).

        Avons-nous besoin d’une illustration ? Un jeune homme se fait emprisonner à vie pour trafic de drogue dans un pays où les conditions carcérales sont dramatiques. Le père se bat depuis la France pour sa libération. Pendant trois ans, il investit toutes ses énergies et les économies d’une vie dans la bataille légale qui, enfin, aboutit à la libération de son fils. Imaginez la réaction du père quand le fils lui annonce que grâce à cette libération il va pouvoir recommencer son trafic ! Le père, abasourdi, attristé, offensé, rétorquerait sûrement qu’il n’a pas dépensé tout cet argent et toute cette énergie seulement pour libérer son fils de prison, mais aussi pour qu’il rentre dans sa famille, sans recommencer.

         De la même manière, le chrétien qui abuse de la grâce n’a rien compris au sens de son baptême et donc de son salut (Rm 6.1-3). C’est au prix du sang de son Fils, que le Père s’est engagé, non seulement pour nous pardonner notre péché, mais aussi pour nous en délivrer !

          Il n’est pas cohérent pour le chrétien de vouloir continuer dans le péché.

 

 

Morts à la domination du péché

 

          Les premiers chapitres de Romains dépeignent l’homme sans Christ comme étant « sous le péché » (traduction littérale de 3.9). L’image est celle du lutteur. Celui qui se trouve dessous est dominé.

          Mais Christ, par sa résurrection, a montré sa maîtrise du péché. Pour prolonger l’image évoquée plus haut, nous sommes « dans le sac à dos » du Christ ressuscité. Nous avons le dessus sur le péché.

         Il est temps de compléter la citation qui fait fonction de titre à cet article. « Considérez-vous comme morts au péché et comme vivants pour Dieu en Christ Jésus » (6.11). Il ne s’agit toujours pas de la méthode Coué. Le Christ vivant en nous nous donne une autorité réelle pour dire non au péché.

         À la fin de la guerre de Sécession, Abraham Lincoln signa une loi décrétant la libération de tous les esclaves des États- Unis. Pour autant, certains maîtres faisant fi de l’autorité présidentielle tentaient de garder illégalement leurs esclaves, les menaçant et comptant sur leur docilité. Ils sont l’image de Satan, dont le Christ a dépouillé l’autorité. Il essaie néanmoins de nous faire obéir à ses ordres. La docilité de certains esclaves jadis rappelle l’impuissance de certains chrétiens, qui semblent ignorer qu’ils peuvent dire non au péché, grâce à leur statut de fils de Dieu libres en Christ.

 

 

Regardons-nous dans un miroir

 

         Chers chrétiens, chérissons notre baptême et tout ce qu’il représente. Dieu nous a fait mourir à toute condamnation, ouvrant la voie à une obéissance joyeuse et reconnaissante ! Dieu nous a introduits dans une nouvelle logique où il devient incohérent de pécher. Dieu nous a donné toute l’autorité de son Fils pour dire non au péché.

         Regardons-nous dans un miroir. Par la foi, il faut y voir quelqu’un qui est mort au péché et vivant pour Dieu en Christ Jésus.

 


NOTES

 

1. Rm 6.11

 

2. Brad Dickson est l’auteur de Romains : Commentaire biblique, Éditions CLE, série Institut Biblique de Genève. Extrait de la préface écrite par Alfred Kuen : « Ce commentaire contient des illustrations originales et des exhortations facilitant la mise en pratique de la Parole de Dieu. Les responsables d’études bibliques apprécieront, à la fin de chaque section principale, les brefs récapitulatifs et les questions permettant d’approfondir la réflexion personnelle et de lancer la discussion. »