La solution de Dieu
Par Geoff Cawston
« Le christianisme est une religion de sauvetage. Il déclare que Dieu a pris l’initiative en Jésus-Christ pour nous délivrer de nos péchés. C’est le thème principal de la Bible. »1 Les cris les plus poignants de la Bible sont ceux des pécheurs désespérés : Du fond du gouffre, je fais appel à toi, Éternel (Ps 130.1). Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui m’entraîne à la mort ? (Rm 7.24) C’est surtout pour donner de l’espoir au pécheur que Jésus a déclaré : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés (Mt 5.4). Mais d’où peut venir une telle consolation ?
La consolation du pécheur : l’amour de Dieu
Dès l’apparition du péché, Dieu démontre son amour pour les coupables ; il les habille ! C’est cette compassion qui a permis à David, dans une grande détresse après une chute spectaculaire, de chercher le pardon de Dieu : Dans ta grande compassion, efface mes péchés (Ps 51). Et c’est cette même certitude de l’amour de Dieu pour le pécheur qui est déversée par le Saint-Esprit dans notre coeur (Rm 5.5-6). Dieu prouve son amour envers nous en ce que lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. Jésus a incarné cet amour et ses adversaires l’ont reconnu : il est l’ami des pécheurs (Mt 11.19).
L’espoir du pécheur : un homme sans péché
Ce qui attirait les pécheurs vers lui n’était pas une tolérance de leur péché, mais sa vie irréprochable et l’accueil qu’il leur réservait. Il ne ressemblait en rien aux pharisiens dont le jugement et l’incohérence les repoussaient. Pierre, Paul, Jean et l’auteur de la lettre aux Hébreux soulignent tous sa perfection morale et Paul nous fait comprendre que sa justice est imputée à celui qui croit : Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu (2 Co 5.21). Un auteur du deuxième siècle s’en est émerveillé : « Oh quel doux échange ! Que les péchés de beaucoup soient cachés par Celui qui était juste, et que la justice d’un seul les justifie ! »2 C’est la perfection du Christ qui le qualifie pour se charger de notre péché. C’est par le sang précieux du Christ, comme par celui d’un agneau sans défaut et sans tache que le pécheur est racheté (1 P 2.19).
La solution de Dieu : l’expiation du péché
La réponse de Dieu au péché est en effet la croix où Jésus-Christ a subi la peine que nos fautes méritent. Il a expié nos péchés. La croix n’était pas une improvisation. Dès avant la fondation du monde, Dieu avait choisi le Christ comme un agneau pur et sans défaut pour apporter le remède (1 P 1.20). Les prophètes de l’AT l’avaient annoncé : Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui (Es 53.5). Jean-Baptiste aussi : Voici l’Agneau de Dieu (le sacrifice expiatoire) qui ôte le péché du monde. Certains prétendent que Dieu pouvait pardonner sans ce sacrifice. Ils citent la parabole du fils prodigue. Cependant la parabole n’est pas une analyse exhaustive de la grâce de Dieu. Le fondement de notre pardon est la mort expiatoire de Jésus. Il en a parlé en offrant la coupe aux disciples : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est versé pour le pardon des péchés. Ainsi la mort du Christ est le prix de la libération du péché. Comme une rançon payée pour libérer un esclave, sa mort libère de la culpabilité et de la domination du péché. Nous avons été rachetés à un grand prix (1 Co 6.20) ! Mais le salut de Dieu dépasse le pardon.
La puissance de Dieu : la résurrection du pécheur
Rien de moins ! Vous étiez morts, écrit Paul. L’humanité est un vaste cimetière ! Mais Dieu communique au pécheur une nouvelle vie et lui donne les moyens d’échapper au pouvoir du péché. Il le régénère. Grâce à cette action de Dieu, le pécheur se détourne du péché et se tourne vers le Sauveur. Lorsqu’il renaît sous l’action de l’Esprit de Dieu (Jn 3.5-6) et de la parole de Dieu (1 P 1.25), il expérimente le règne de Dieu. Jérémie avait annoncé que, sous la Nouvelle Alliance, le pardon du pécheur serait accompagné de sa régénération spirituelle. Dieu met sa loi à l’intérieur de lui et écrit sa loi sur son coeur. « Nous ne comprenons pas comment cette nouvelle naissance s’opère ni ce que Dieu fait précisément pour nous donner cette nouvelle vie spirituelle », reconnaît Wayne Grudem3. L’apôtre Paul a prié que les chrétiens soient illuminés pour comprendre l’immense puissance que Dieu a déployée en ressuscitant le Christ et le chrétien (Ép 1.19) ! Y a-t-il une plus grande joie que celle de voir cette nouvelle vie se manifester chez un jeune chrétien ? La puissance de Dieu ressemble au vent qui est invisible, mais dont les effets se voient, parfois de manière dramatique et visible (Jn 3.8) ! Dieu donne son Esprit à son nouvel enfant et l’Esprit de Dieu entre aussitôt en conflit avec le péché qui habite en lui (Rm 7.23). Un ancien prisonnier l’a exprimé ainsi : « Dieu a fait pour moi ce qu’aucune incarcération ne pouvait accomplir. Il m’a pardonné à cause de Jésus-Christ. Il m’a aussi transformé. »
La patience de Dieu : la transformation du pécheur
Si le langage dramatique d’une renaissance et d’une résurrection s’applique surtout à la transformation initiale qui s’opère dans la vie du pécheur, Dieu poursuit cette action de délivrance par une transformation progressive qui dure toute la vie ! Justifié, régénéré et adopté, bénéficiaire d’un nouveau statut et d’une nouvelle nature, le chrétien sera métamorphosé « à l’image de Jésus-Christ ». Dieu est patient comme un potier. Paul a souligné le caractère progressif de ce processus en disant que nous sommes transformés de gloire en gloire (2 Co 3.18). Le processus sera achevé lorsque nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est (1 Jn 3.2). Cette perspective nous motive pour lui ressembler dès maintenant ! Elle nous aide aussi à gérer les frustrations dont nous souffrons en constatant nos luttes et la lenteur de notre progrès. Le sentier des justes ressemble à la lumière de l’aube : son éclat grandit jusqu’au milieu du jour.
Le plan de Dieu et le combat du chrétien
La victoire sur le péché est-elle notre responsabilité ou l’oeuvre de Dieu en nous ? Le chrétien doit-il faire des efforts pour remporter le combat ? Sur ce sujet comme sur tant d’autres, les chrétiens ont mis l’accent tantôt sur la part de l’homme et tantôt sur la part de Dieu. Il en a résulté des polémiques surprenantes ! Dans la Bible, la responsabilité humaine et l’oeuvre de Dieu en nous se côtoient. Ainsi, lorsque Paul nous exhorte à mettre en oeuvre notre salut (Ph 2.12), il ajoute : C’est Dieu lui-même qui agit en nous pour produire à la fois le vouloir et le faire conformément à son projet plein d’amour. Et lorsque Pierre nous incite à faire tous nos efforts pour développer notre vie spirituelle, il nous rappelle que sa divine puissance nous a donné tout ce qui est nécessaire à la vie et à la piété (2 P 1.3). La victoire sur le péché passe par notre obéissance, mais aussi par le secours permanent de Dieu.
De tous les moyens que notre Père céleste déploie pour nous libérer de nos péchés, nous oublions parfois sa correction (Hé 12). L’auteur de la lettre aux Hébreux ne veut pas que ses lecteurs sombrent dans le découragement dans leur « combat contre le péché » lorsque la vie devient difficile. Certes, la correction du Père céleste n’est pas facile, mais il nous corrige parce qu’il nous aime. S’il permet que ses enfants subissent persécutions, échecs, maladies et épreuves, c’est pour produire en eux un fruit porteur de paix : la justice.
La délivrance du péché : un salut en trois temps
Le chrétien qui se focalise sur les combats et les échecs du présent sera facilement tenté de douter de son salut. Dieu l’a-t-il vraiment sauvé du péché ? Il est important de se rappeler que le salut se conjugue au passé, au présent et au futur. Nous avons été sauvés puisque le sacrifice pour nos péchés a été offert une fois pour toutes et nous y avons cru. En même temps, nous sommes en train d’être sauvés de la puissance du péché dans le présent. Et nous serons sauvés de la présence même du péché lorsque Jésus reviendra. En saisissant ce qui est acquis, ce que nous vivons et ce qui est promis, nous ne pouvons que louer Dieu pour un si grand salut.
NOTES
1. John Stott, L’Essentiel du Christianisme, ch. 7
2. Lettre à Diognète
3. Wayne Grudem, Théologie systématique, p. 772