Le péché dans les religions1
Par Françoise Lombet
Dans son dernier film « Human », Yann Arthus Bertrand se dit fasciné par la foi des hommes, 6 milliards de croyants, soit 85 % des habitants de la planète, pour des milliers de religions. Par ailleurs, il relève que la corruption, telle une maladie, ronge la vie de l’humanité. Ainsi 1 000 milliards de dollars dans le monde se perdent chaque année en pots-de-vin !
Dans les religions primitives, le péché est avant tout la non-observance d’un rite magique, mais aussi la désobéissance à une prescription d’ordre éthique visant l’organisation sociale (par exemple, l’interdit de l’inceste).
Ce n’est qu’avec les religions fondées sur la croyance en des êtres supérieurs que le péché a pris un contenu religieux comme une infraction à l’ordre des choses voulues par la divinité.
Avec la révélation biblique, on voit apparaître une conception plus évoluée du péché, la notion de conscience dans le contexte d’une relation personnelle avec Dieu. Le péché est alors refus volontaire du dessein de Dieu réalisé en Jésus-Christ.
L’athéisme refuse la notion du péché. En revanche, il peut se montrer attaché à une morale et au respect de la loi.
Dans l’islam, la notion de mal est entièrement liée au respect ou non du Coran et le salut, sans garantie, dépend de l’observation de la charia (loi de l’islam) et de la décision finale d’Allah.
Le judaïsme reconnaît l’existence du péché. L’homme créé à l’image de Dieu, étant entièrement bon, le mal est extérieur à lui et pour l’éviter, il doit obéir en tout point aux préceptes de la loi de Moïse.
Dans les religions orientales, le bouddhisme pur ne reconnaît aucune divinité suprême. L’hindouisme compte une multitude de divinités dont Brahman est la Réalité ultime, sans attribut moral. La condition qui emprisonne l’Homme est la souffrance. Il faut qu’il s’affranchisse de ses désirs pour trouver la paix intérieure.
La religion sikhe, mélange d’hindouisme et d’islam, cherche la rédemption finale du péché et de la souffrance dans le cycle répété des réincarnations pour atteindre le Nirvana où l’âme purifiée trouve le repos dans l’extinction de tout désir.
Le péché pour l’animiste, qui attribue une âme, une conscience à chaque objet ou être, est une transgression des coutumes culturelles ou des exigences du monde des esprits. Pas de normes morales ni d’opposition entre bien et mal, mais entre ce qui est permis ou défendu. Une remarque finale : en droit, on ne parle pas de péché, mais de délit ou de crime, qui sont alors des transgressions de la loi humaine. Alors que l’approche psychologique définit le sens du péché comme une notion qui appartient fondamentalement à une religion, notamment chrétienne, c’est-à-dire à ce qui relie l’homme à Dieu. Le péché est un acte contre la vie qui vient de Dieu.
NOTES
1. Pour en savoir plus, deux petits livres pratiques :
– 60’ pour connaître – Les religions du monde, J. O’Brien & S. Palmer, Empreinte temps présent, 2015.
– L’abc des croyances, U. Neuenhausen, Ourania, 2009.