Bible et homosexualité

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par Reynald KOZYCKI

 

Voici une recension des textes bibliques en rapport avec l’homosexualité, accompagnée de quelques commentaires. La mention directe d’homosexualité n’apparaît guère plus de six fois, mais d’autres expressions englobent cette notion.

 

 

A l’origine

Pour comprendre la sexualité selon la Bible, il faut retourner à l’origine de l’humanité.

 

Le premier mariage en pose les bases : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair » (Gn 2.24). La sexualité, dans le plan originel de Dieu, se conçoit uniquement dans le cadre du mariage d’un homme avec une femme. La rupture qui s’est opérée entre ce couple et Dieu suite à leur désobéissance engendre un dérèglement profond.

De nombreuses perversions apparaissent (violence, meurtre, polygamie, inceste…). Le récit de Sodome et Gomorrhe mentionne pour la première fois l’homosexualité.

 

 

Au temps des patriarches

meme sexe« Et l’Eternel dit : Le cri contre Sodome et Gomorrhe s’est accru, et leur péché est énorme, » (Gn 18.20). En arrivant dans ces villes, les hôtes de Lot sont l’objet de la convoitise perverse de ses habitants : « Ils appelèrent Lot, et lui dirent : Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? Fais-les sortir vers nous, pour que nous les connaissions » (Gn 19.4-5).

 

Le verbe « connaître » (yada), a le sens évident, dans ce contexte, de relations sexuelles (de même pour Adam et Eve en Genèse 4.1). Le jugement de Dieu sur Sodome et Gomorrhe provient de la gravité de ses péchés, en particulier dans le  domaine sexuel. La tentative de viol homosexuel en fait partie. Relevons, en passant, que le mot « sodomie », utilisé encore aujourd’hui, tire son origine de ce récit biblique.1

 

 

 

Dans la Loi de Moïse

Lévitique 18 explique les raisons pour lesquelles Dieu donne le pays de Canaan aux Israélites. Les occupants précédents étaient coupables de péchés graves comme la zoophilie (rapports sexuels avec un animal) ou l’homosexualité, d’où cette mise en garde redoutable : « Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination » (18.22) ou encore : « Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable : ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux » (20.13).

 

Ce dernier passage est le plus radical de la Bible. En fait, l’homosexualité est placée au même niveau que le meurtre, l’adultère, l’occultisme, l’idolâtrie, une insolence exagérée d’un enfant vis-à-vis de ses parents… qui méritaient la peine de mort. Néanmoins la grâce était déjà, en partie, présente dans la première Alliance. Par exemple le roi David, après son adultère avec Bath-Shéba et le meurtre qu’il a accompli pour camoufler sa faute, n’a pas subi la mort (très probablement à cause de son attitude de profonde repentance).

 

 

Le Nouveau Testament

La condamnation du péché est différente dans la Nouvelle Alliance. D’une part, elle est plus radicale et en même temps plus empreinte de grâce.

 

meme-sexe-2Son radicalisme vient de ce que Jésus voit ce qui précède l’acte. Par exemple, à propos de l’adultère, Jésus dit dans le Sermon sur la Montagne : « Vous avez entendu qu’il a été dit: Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien, moi je vous déclare: tout homme qui regarde la femme d’un autre en la désirant a déjà commis l’adultère avec elle en lui-même. Si donc c’est à cause de ton oeil droit que tu tombes dans le péché, arrache-le et jette-le loin de toi » (Mt 5.27-29).

 

D’autre part, le Nouveau Testament est aussi l’Alliance de la grâce. Jean écrit : « La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » (1.17). Par exemple, lorsque la femme adultère est prise en flagrant délit, Jésus dit à ceux qui voulaient la lapider : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre… » puis il dit à cette femme : « Je ne te condamne pas non plus. Tu peux t’en aller, mais désormais ne pèche plus » (Jn 8.7-11)

 

Notons l’équilibre étonnant de ces paroles entre la grâce et la vérité. Jésus met en avant d’abord le pardon – le Nouveau Testament insiste d’ailleurs lourdement sur la vie du Christ offerte à la croix pour nos fautes afin de nous accorder son pardon, Jean-Baptiste disait, dès la première fois qu’il le voit : « Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jn 1.29). Mais en même temps, Jésus fait comprendre à la femme adultère qu’elle ne doit plus recommencer.

 

 

Les Epîtres de Paul

a) A l’Église de Corinthe

« Ne vous y trompez pas : ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les homosexuels, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu » (1 Co 6.9-10).

 

La ville de Corinthe était réputée dans l’empire Romain pour la démesure de son immoralité. Un certain nombre de nouveaux chrétiens n’avaient pas réellement coupé avec leur vie de débauche.

 

Paul hausse le ton et fait comprendre qu’un disciple de Jésus ne doit pas jouer avec ces dérèglements mentionnés sous peine de ne pas avoir part au Royaume. Deux mots ont un rapport avec les troubles homosexuels. Le premier « efféminés » (« malakoi » en grec) signifie : « doux, précieux au toucher », et par extension « efféminé » ou, dans un sens négatif, ce mot désignait « la prostitution masculine » ou « le fait de se soumettre à des obscénités contre nature ». Le deuxième mot traduit par « homosexuels » ou « infâmes » est « arsenokoites » (« arsèn » : mâle ; « koitès » : lit) et il signifie : « un homme qui couche avec un autre homme » et par extension, aussi tout comportement homosexuel.2

 

Le Nouveau Testament n’a pas réellement modifié son appréciation de l’homosexualité par rapport à l’Ancien Testament. Il s’agit d’un comportement désapprouvé catégoriquement dans l’ensemble de la Bible. Ce texte de Paul le met au même niveau que l’ivrognerie, l’adultère, le vol, l’idolâtrie…

 

Dans ses lettres, Paul décrit la « grâce » et le pardon comme personne ne l’a fait, néanmoins, cette grâce n’encourage pas à poursuivre dans le désordre, mais au contraire à changer de comportement : « Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, s’est manifestée, nous enseignant à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, pour vivre en ce siècle présent dans la réserve, la justice et la piété » (Tt 2.11-12)

 

b) A Timothée

« Nous n’ignorons pas que la loi est bonne, pourvu qu’on en fasse un usage légitime, sachant bien que la loi n’est pas faite pour le juste, mais pour les méchants et les rebelles, les impies et les pécheurs, les irréligieux et les profanes, les parricides, les meurtriers, les impudiques, les homosexuels, les voleurs d’hommes, les menteurs, les parjures, et tout ce qui est contraire à la saine doctrine » (1 Tm 1.9-10)

 

 

Dans ses conseils à Timothée, son fils spirituel, Paul présente la Loi de Dieu comme un repère pour le croyant. Dans l’idéal, Paul explique que ce repère serait inutile pour celui qui vit en relation étroite avec le Christ et qui accomplit sa volonté. Mais dans la pratique, la Loi est un moyen de se situer dans l’accomplissement élémentaire de la volonté de Dieu. A nouveau, l’homosexualité (« arsenokoïtes ») est mise au même niveau que les autres déviations. Nous lisons une nouvelle exhortation à renoncer catégoriquement à ces pratiques.

 

c) A l’Église de Rome

Paul donne certains éléments sur l’énigme du mal et sur l’origine des comportements pervers. Il décrit la colère de Dieu dirigée contre ceux qui refusent d’honorer leur Créateur en Lui substituant de faux-dieux. Paul souligne ensuite les conséquences : « C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes : « car leurs femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre nature et de même les hommes, abandonnant l’usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement » (Ro 1.24-27). Dans ce chapitre, trois fois, nous lisons l’expression « Dieu les a livrés » (v. 24, 26,28). Quand les personnes choisissent de rejeter Dieu, une spirale infernale commence. Elle aboutit à un dérèglement progressif, passant par une immoralité hétérosexuelle pour certaines personnes, telle que l’adultère ou la sexualité hors mariage, pour d’autres, c’est le chemin de l’homosexualité. Cet engrenage conduit à récolter en son propre corps les conséquences du rejet de Dieu. Il faudrait être naïf pour ne pas voir dans certaines maladies sexuellement transmissibles un rapport avec ce verset.

 

 

Conclusion

La Bible ne condamne pas nécessairement les « tendances » homosexuelles, dont la personne n’est pas maîtresse. Mais elle s’oppose à l’accomplissement de ces tendances en pensée ou en oeuvre.

La Bible ne s’arrête pas sur une seule déviation, mais elle dévoile la corruption profonde de l’être humain. Elle nous invite à découvrir une vie nouvelle dans une relation vivante avec Dieu, relation rendue possible par la « grâce manifestée en Jésus-Christ » et par notre décision à renoncer à une vie non conforme à la volonté de Dieu. Elle encourage à trouver dans le Christ et dans la puissance de l’Esprit une force pour lutter contre nos penchants mauvais : « Laissez le Saint-Esprit diriger votre vie et vous n’obéirez plus aux désirs de votre propre nature… Mais ce que l’Esprit-Saint produit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi » (Ga 5.16-22).

R.K.


 

NOTES

 

1. Notons qu’une situation similaire à l’attitude des habitants de Sodome se retrouve à l’époque des Juges (19.22).

 

2. Pour le sens des mots, voir par exemple, Colin Brown, Dictionary of New Testament Theology, Zondervan, 1980, Vol 2, p. 570 ; Geoffrey Browiley, The International Standart Bible Encyclopedia, Eerdmans, 1991, Vol 4, p. 437. Voir aussi le dictionnaire grec-français Bailly.