À la recherche de Dieu ou d’un bonus dans ma vie ?

 

 

 

Par Marie-Christine FAVE

M.C.Fave

 

 

« On est tous des chasseurs d’intérêts », me confiait un jour un étudiant suite à des difficultés et des déceptions pendant ses études. « Nous devons reconnaître la présence de cette horrible énergie égocentrique dans chacune de nos conversations », admet de son côté l’auteur Larry CRABB1. Que penser de ces affirmations ? Et en quoi notre tendance à nous centrer sur nous-mêmes affecte-t-elle notre recherche de Dieu ?

 

 

 

Des chasseurs d’intérêts ?

 

Les dix lépreux2

 

En situation difficile, ils s’adressent à Jésus : Maître, aie pitié de nous ! Après leur guérison, un seul revient vers Jésus. Mais les neuf autres, où sont-ils ? demande Jésus. Délivrés de la lèpre, c’est plus qu’un bonus ! Ils retrouvent la santé, une vie sociale dans le village et au sein de leur famille. On a l’impression qu’ils ont eu la foi pour être guéris, mais après… que devient leur vie, leur relation avec Jésus ?

 

Les « si » de Jacob Circonstances délicates pour Jacob : il fuit son frère Ésaü. En route, il passe la nuit dehors. Pendant son sommeil, Dieu se révèle à lui au cours d’un songe. Malgré la crainte de Dieu que Jacob éprouve à son réveil, il met ses conditions avant de s’engager avec Dieu : Si Dieu est avec moi et me garde sur la route où je vais, s’il me donne du pain à manger et des habits pour me vêtir, et si je retourne en paix à la maison de mon père, alors l’Éternel sera mon Dieu. Pourtant, Dieu lui avait dit dans son rêve : je suis moi-même avec toi, je te garderai partout où tu iras et je te ramènerai dans ce territoire3Pour Jacob, la recherche de Dieu se mêle avec d’autres éléments concernant sa vie : il voulait la bénédiction de Dieu, il pose des exigences de sécurité, de réussite.

 

Comme le souligne Larry CRABB, « nous sommes égoïstes au-delà de toute mesure. Nous mettons notre personne et notre bien-être au premier plan de nos préoccupations… Il faut dire que la culture ambiante encourage ce travers ». À un moment de son parcours, Larry CRABB reconnaît le mobile qui inspirait sa quête de Dieu : « Je cherchais davantage à me servir de lui pour obtenir ce à quoi j’accordais de la valeur qu’à faire de lui mes délices. »1

 

 

Dieu et notre bien

 

Nous savons, du reste, que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu (ou dans une autre traduction : pour ceux qui aiment Dieu, Dieu agit en tout pour leur bien). Cet extrait de Romains 8.28 est parfois cité pour encourager et tourner les regards vers l’avenir : la difficulté présente débouchera sur du « bien » pour la personne, sous-entendons quelquefois. C’est une vision un peu étriquée. Ce qui nous arrive peut apporter du « bien » à d’autres aussi, comme l’explique Joseph à ses frères : Vous aviez formé le projet de me faire du mal, Dieu l’a transformé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui et pour sauver la vie d’un peuple nombreux4. Joseph a vécu des années où les « choses », y compris les épreuves, ont concouru à la situation confortable dont il a pu jouir ensuite. Mais il n’a pas été le seul bénéficiaire de ce « bien ». On ne s’en rend pas toujours compte que le « bien » mentionné dans Romains 8.28 peut dépasser le cadre de notre petite vie. Ainsi, même notre compréhension de certains versets est imprégnée de cette capacité naturelle à nous focaliser sur nous-mêmes et sur ce qui nous concerne directement.

 

Il ne s’agit évidemment pas de s’abstenir d’adresser à Dieu des requêtes personnelles. L’apôtre Pierre nous exhorte à nous décharger sur Dieu de tous nos soucis, car il prend soin de nous (voir 1 P 5.7). Dépendre de Dieu fait, à mon avis, partie de la maturité chrétienne. La question consiste davantage à chercher Dieu pour lui-même.

 

 

Dieu en priorité

 

Manger, boire, se vêtir…, cela ressemble plus à du basique qu’à un bonus dans nos sociétés de consommation. Et même pour ces aspects assez nécessaires, Jésus invite à ne pas s’inquiéter : votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus5.

 

Il s’agit d’une part de priorité, chercher Dieu pour lui-même et l’aimer de tout son coeur, et d’autre part de confiance : Dieu veille sur nous, même si on ne comprend pas toujours ce qui se passe. « Trouver Dieu dans cette vie ne veut pas dire construire une maison dans un pays qui ne connaît jamais de tempêtes ; c’est plutôt construire une maison qu’aucune tempête ne peut détruire », affirme Larry CRABB. Et il poursuit avec cette interrogation : « Luttons-nous dans nos difficultés d’une manière qui nous amène à découvrir Dieu ? »

 

M.C.F.


NOTES

 

1. Larry Crabb : « À la découverte de Dieu »

 

2. Lc 17.11-19

 

3. Gn 28.20-21 ; Gn 28.15

 

4. Gn 50.20

 

5. Voir Mt 6.32-33