L’influence de notre vécu sur notre vision de Dieu

 

 

 

Par Jonathan HANLEY

J-Hanley

 

 

Même si le Saint-Esprit intervient miraculeusement dans la révélation divine, notre compréhension humaine de Dieu sera toujours incomplète, quoique suffisante pour le connaître.

 

 

 

 

Les limitations de l’esprit humain

 

Dieu est infini ; nous sommes soumis à la finitude. Dieu est saint ; nous subissons les conséquences du péché. Dieu est omniscient ; nous ne connaissons que ce que nous apprenons et expérimentons.

 

Nous sommes donc soumis aux influences de notre vécu lorsque nous cherchons à comprendre Dieu. Même si nous ne dépendons pas de notre intelligence pour le connaître, mais de la révélation qu’il nous donne de lui-même, quand nous nous tournons vers lui, notre vécu est sollicité dans ses différentes dimensions : les expériences de notre passé, l’éducation que nous avons reçue et la culture dans laquelle nous baignons.

 

 

Le «filtre» de notre vécu

 

Quand nous appelons Dieu « Père », comme Jésus nous encourage à le faire dans sa leçon sur la prière dans Matthieu 6, nous nous adressons à lui à travers le « filtre » de notre vécu de la paternité. Ce filtre est composé de notre expérience de notre père humain (et de notre parentalité, si nous sommes papas ou mamans), mais aussi de ce que nous avons appris concernant le rôle du père par notre éducation, ainsi que des attentes culturelles des pères dans notre société. D’ailleurs, ce filtre concerne toutes les images de Dieu que nous lisons dans la Bible : celles de la mère, du guide, du roi (ou gouvernant), du juge, du berger, etc.

 

Cette interaction entre notre vécu humain et notre vision de Dieu comporte, d’une part, des conséquences positives, car Dieu utilise notre expérience humaine pour construire sa relation avec nous. Mais d’autre part, certaines conséquences peuvent être négatives, car le péché a altéré le bien et le bon des relations entre personnes, et de mauvaises expériences relationnelles peuvent nuire à notre vision de Dieu.

 

 

Les conséquences chez l’individu

 

Quand Dieu est décrit comme « père », notre vécu de notre père terrestre aura une influence sur notre compréhension de cette description. Une femme dont le père la violait dans son adolescence ne pourra pas penser à « Dieu le Père » de la même manière qu’une femme qui a grandi avec un père qui l’aimait, la respectait et passait du temps avec elle. Quand l’alliance entre époux est utilisée pour décrire la manière dont Jésus aime l’Église, le vécu conjugal d’une personne va altérer sa compréhension de cette relation entre Christ et les siens.

 

 

Le risque pour notre foi

 

Si nous privilégions trop un aspect spécifique de Dieu, nous nous privons d’une partie de la révélation et nous nuisons à notre adoration. Ainsi le chrétien qui a été élevé dans l’idée que Dieu est un juge féroce, qui guette ses « bêtises » pour le punir, risque de pervertir le message de la grâce. Celui ou celle pour qui Dieu est avant tout un ami « copain » pourrait négliger, dans sa vision, la sainteté divine.

 

 

Le risque pour notre témoignage

 

De plus, une accentuation trop forte sur un aspect relationnel de Dieu peut nuire à l’évangélisation et à l’enseignement de l’Église. Si une femme n’a connu que violence et mépris de la part de son père (ce qui est fréquent), les prédications et les chants qui évoquent la paternité de Dieu seront un obstacle à surmonter plutôt qu’une forme d’édification. D’où la valeur d’une diversité d’images de Dieu, qui permettra à une telle personne, il faut l’espérer, de guérir avec le temps dans sa vision de Dieu comme le seul père parfait.

 

 

La nature de Dieu et ses caractéristiques

 

Sans aborder la question de la théologie de la nature de Dieu, il n’est pas difficile de comprendre la nécessité de différencier entre « Dieu est » et « Dieu est comme », entre sa nature et les images utilisées pour décrire son caractère.

 

Dieu est le parent originel. Toute parentalité saine et bienfaisante chez les humains est dérivée de la parentalité divine. Mais dans sa parentalité, il est comme les bons pères et les mères aimantes que nous avons connus. Dieu est amour, et tout amour sur terre est un reflet de l’amour dans le Ciel. Mais nous devons nous garder de faire une équivalence trop rapide entre notre compréhension de l’amour et la façon dont Dieu nous aime, car notre compréhension de la question est bien imparfaite.

 

 

La clé, c’est l’équilibre

 

Il peut être tentant d’accentuer un aspect de Dieu que nous apprécions particulièrement. Mais il est essentiel de maintenir l’équilibre biblique, dans notre spiritualité et notre enseignement, entre ses différentes facettes. Ce n’est que dans la riche diversité des caractéristiques divines que nous pouvons d’une part trouver ce qui comble les manques humains et d’autre part éviter de placer des obstacles sur le chemin des personnes blessées dans un domaine ou un autre de leurs relations et de leurs affections.

 

Et bien sûr, cet équilibre passe aussi par la compréhension du fait que Dieu agit à sa guise dans notre monde, que son Esprit souffle où il veut et que, même s’il nous utilise pour le montrer aux autres, il ne nous attend pas pour agir dans leur vie.

 

J.H.