La question de l’autorité
La question de l’autorité dans les C.A.E.F.1
INTRODUCTION
La véritable autorité de l’Église est Jésus- Christ ainsi que la Parole de Dieu. Mais la Bible nous montre aussi que, pour le bon fonctionnement de l’Église locale, le Seigneur met en place des « conducteurs ». Nos Églises CAEF reconnaissent généralement l’autorité spirituelle déléguée par Dieu au groupe des anciens. D’après notre compréhension de la Bible, ce sont eux les conducteurs à qui l’Église doit se soumettre, veillant au bien des âmes et devant en rendre compte devant Dieu (Hé 13.17).
Même si la plupart de nos Églises ont un conseil d’administration comme la loi française nous y oblige depuis 1905, le modèle biblique des anciens et des diacres comme véritables responsables de l’Église nous paraît tout à fait actuel. Il faut une certaine sagesse et souplesse pour concilier le rôle décisionnel d’un conseil d’administration et le rôle d’autorité des anciens. Certaines Églises, par exemple, réduisent volontairement le rôle du CA, d’autres nomment les anciens dans le CA… Ainsi le rôle des anciens est particulièrement mis en avant dans notre union d’Églises. La collégialité à l’intérieur de ce groupe est fondamentale. Mais la collégialité peut se heurter aux tempéraments de chacun des anciens ainsi qu’au rôle accordé au plein-temps, le cas échéant.
Voici quelques considérations à prendre en compte pour faciliter le fonctionnement de nos groupes d’anciens et pour la rédaction d’un cahier des charges pastoral dans la soumission à l’Écriture Sainte, notre autorité en matière de foi et de vie.
Le plus grand défi est probablement la mise en oeuvre de la mission de vrais conducteurs selon le coeur de Dieu, au service de son peuple, vivant les principes mentionnés par exemple en Actes 20.18- 36 ; Marc 10.42-45 ; 1 Timothée 3 ; Tite 1, etc.
LA NÉCESSITÉ D’UN MINISTÈRE PASTORAL DANS NOS ASSEMBLÉES
Dans nos Assemblées, nous aimons rappeler la collégialité et la soumission mutuelle… Nous insistons sur le fait que le serviteur à plein temps n’a pas une position prédominante dans le groupe des anciens, et que le Nouveau Testament n’utilise pas le titre de « pasteur » pour les responsables d’Église.
Rappelons toutefois, que le « pastorat » (= ministère de berger) est mentionné comme un ministère capital lié à celui d’enseignant (Ép 4.11) et que de nombreuses fois, il est dit que le rôle des anciens est d’être « bergers du troupeau » qu’ils doivent « paître » avec soin (Ac 20.28 ; 1 P 5.2 ; Jn 21.16 ; 1 Co 9.7). La façon dont Dieu conçoit la responsabilité du berger est bien décrite en Éz 34.11-16. Le ministère pastoral est donc biblique dans le sens où il décrit la fonction qui consiste à prendre soin des membres de l’Église (= les consoler, les visiter), à les nourrir (= les enseigner), à choisir de bons pâturages (= les conduire dans le domaine théologique en particulier). Ce ministère est vital pour l’Église, il doit être exercé par les anciens, ou tout au moins par l’un ou plusieurs d’entre eux, en fonction des dons qui sont les leurs.
LA COMPLÉMENTARITÉ DES ANCIENS
N’oublions pas la réalité de la complémentarité dans l’Église (cf. 1 Co 12). Nous insistons beaucoup dans nos Assemblées sur la collégialité en oubliant que la complémentarité implique le fait que le serviteur à plein temps ou les anciens ne sont pas interchangeables. Certains accompliront des tâches pour lesquelles d’autres ne sont pas qualifiés. Celui qui a un don d’enseignement et une formation théologique ou biblique le fera mieux, avec plus d’autorité, de compétences et pour le plus grand bien de l’Église, que celui qui n’a pas reçu ce don et cette formation, fût-il à plein temps ou astreint à une activité profane.
LA VOIX D’AUTORITÉ
Celui qui a un don de gestionnaire ou de comptable, qui le développe et se tient à jour dans ses connaissances, sera le plus avisé parmi les anciens dans le domaine financier, et c’est sa voix qui doit y faire autorité. Celui qui a une grande habileté manuelle et un bon sens pratique de l’organisation saura préparer un projet judicieux pour la construction, la modification ou l’entretien du bâtiment cultuel. Le conseil sera avisé de tenir compte de ses propositions.
De même, s’il se pose une question d’ordre théologique dans le groupe des anciens ou dans l’Église, il est juste de reconnaître l’autorité d’un frère qui possède une connaissance biblique ou théologique systématique, tout en faisant preuve de maturité spirituelle et de fidélité à l’Écriture Sainte.
Ni les anciens ni le plein-temps ne font autorité dans tous les domaines de la vie de l’Église.
Parmi les dons et les ministères spirituels, il y a ceux de président et de directeur (deux mots différents en grec) qui sont clairement de la responsabilité des anciens. Le serviteur à plein temps peut aussi être amené à diriger l’Église s’il en a reçu le don.
Ce n’est pas le seul fait d’être ancien depuis deux décennies ou plus, ni celui d’être titulaire d’un diplôme universitaire ou non, ni d’être un notable dans la cité, qui sont des facteurs déterminants pour accorder une prééminence spirituelle, intellectuelle ou morale dans le groupe des anciens.
LA PLACE PARTICULIÈRE DU SERVITEUR À PLEIN TEMPS
Le serviteur engagé à plein temps a un ministère particulier ; c’est pour cela qu’on l’engage d’ailleurs ! On lui donne un soutien financier afin qu’il ait une plus grande disponibilité pour divers ministères dans l’Église. Le temps dont il dispose lui permet de faire davantage de visites, d’être plus présent auprès de ceux qui souffrent ou ont besoin d’un suivi pastoral, conjugal. Cela lui permet d’assister à des rencontres de responsables régionaux, des pastorales, des conférences, etc., de recueillir davantage d’informations que les autres anciens. Il a plus de facilités pour prendre du temps pour réfléchir, pour préparer et ensuite proposer des initiatives, suggérer de mettre en oeuvre de nouveaux projets. Il serait paradoxal de le lui reprocher et de ne pas envisager avec sérieux ses propositions. Il serait faux de nier cette évidence et d’y voir une entorse à l’enseignement du Nouveau Testament.
Le serviteur à plein temps ne doit pas être perçu comme l’homme-orchestre de l’Église ; mais, sous prétexte qu’il a plus de temps à consacrer au ministère, il ne doit pas non plus être considéré comme l’homme à tout faire sur lequel on se décharge de toutes sortes de tâches que d’autres membres de l’Église pourraient accomplir.
Un cahier des charges clair éliminera des sources de tension qui pourraient surgir au fil des ans. Il est nécessaire de définir clairement le ministère attendu de la part du serviteur engagé par l’Église et sa part de responsabilité, qu’il soit soutenu partiellement ou entièrement par elle.
LA NOMINATION DES ANCIENS
Ni l’ancien ni le serviteur à plein temps ne sont engagés à vie dans une Église.
L’ancien, comme le plein-temps, accumule au fil des ans fatigue, lassitude, et perd son énergie. Le poids de cette charge est évident d’autant plus qu’il s’ajoute à celui d’un emploi séculier. Au cours des ans, il peut s’installer de petits différends qui deviennent un handicap pour un ministère heureux.
Parfois le groupe des anciens pratique la cooptation sans approbation de l’Église, il choisit lui-même les nouveaux anciens (comme Paul choisissait ses collaborateurs : Timothée, Silas…). Mais la CSR estime utile que le nouvel ancien soit aussi approuvé par l’ensemble de l’Église, ce qui confirme son autorité. Dans le NT, on a deux exemples de vote approbatif à main levée par toute l’assemblée en vue de confier un ministère à un serviteur : Ac 14.23 et 2 Co 8.19.
VEILLER ET PRIER
Ni le serviteur à plein temps ni l’ancien ne sont à l’abri de toute chute. Le Nouveau Testament donne plusieurs avertissements à ce sujet et montre aussi comment ceux à qui une charge a été confiée doivent en rendre compte devant l’Église et devant Dieu (Jc 3.1). Ils doivent être protégés de ceux qui les critiquent abusivement (1 Tm 5.19), mais peuvent aussi être repris et mis sous discipline en cas de faute (v.20).
Le rôle d’ancien, à plein temps ou non, n’est pas facile. Au-delà des critiques dont ils pourraient souffrir, les anciens sont aussi l’objet de tentations ou d’épreuves particulières ; c’est pourquoi il est plusieurs fois recommandé de les soutenir dans la prière (Ac 14.23 ; Ép 6.19).
Églises indépendantes ?
Nos Églises sont de type « congrégationaliste » (par opposition au modèle synodal ou épiscopal), c’est-à-dire que nous estimons que chacune des Églises locales est « autonome » et « souveraine ». Néanmoins, il est évident que, poussé à l’extrême, le congrégationalisme est dangereux et sectaire. Le Nouveau Testament reconnaît des liens entre les Églises et des ministères inter-Églises. Notre union a fait le choix de mettre en place des structures associatives nationales permettant l’organisation de nos Assemblées. Nos congrès annuels peuvent prendre des décisions qui concernent l’ensemble de nos Églises. Ce congrès élit aussi une Commission de Service et de Référence. Même si cette commission n’a pas un rôle d’autorité à proprement parler, elle se veut disponible pour le service et la coordination de nos Assemblées, en particulier pour la question du recrutement, accompagnement ou mutations de serviteurs, pour des médiations quand une Église fait appel, ou pour une représentation auprès de différentes instances… |
NOTE
1. Sur la base d’un document rédigé par la CSR en 2007 et qui n’aborde que quelques facettes de l’autorité. Un document plus complet sur cette question sera produit par la Commission théologique.