Le Tabernacle
Par ERIC PREUD’HOMME1
RECONSTITUTION DU TABERNACLE À TIMNA, ISRAËL (WIKIPÉDIA)
Le récit biblique de la création du monde occupe un seul chapitre de nos bibles. Beaucoup aimeraient plus de détails, mais le Seigneur a estimé que ce seul chapitre était suffisant pour notre instruction ! Par contre, il existe d’autres notions, qui occupent de nombreux chapitres de l’Écriture, et que nous laissons souvent de côté. Le Tabernacle est de celles-ci. Une cinquantaine de chapitres dans les livres de l’Exode, du Lévitique et des Nombres sont consacrés à sa description, à la collecte de ses matériaux de construction et au service des prêtres. Le Nouveau Testament y fait également allusion à plusieurs reprises. Ainsi, l’épître aux Hébreux (chapitres 8 et 9) revient sur ce sujet essentiel et donne la signification spirituelle du tabernacle : image et ombre des choses célestes (8.5). L’apôtre Jean commence son évangile en présentant Jésus comme la Parole qui a été faite chair et a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité (Jn 1.14). Le mot « habiter », en grec, signifie littéralement « dresser une tente, un tabernacle ». Nous allons donc lever en partie le voile, non d’une simple tente construite par Moïse, mais du sanctuaire céleste et de l’oeuvre de salut accomplie par Jésus-Christ, « Tabernacle de Dieu » du Nouveau Testament.
L’enceinte extérieure
Le but du Tabernacle était de permettre à Dieu d’habiter au milieu de son peuple pécheur et rebelle : Ils me feront un sanctuaire, et j’habiterai au milieu d’eux (Ex 25.8). Seulement voilà, Dieu n’est pas n’importe qui. Pour matérialiser cette « séparation », une tenture de plus de 2 m de haut, d’un blanc éclatant, faisant le tour de l’édifice, était le premier obstacle rencontré par le croyant voulant s’approcher.
Une seule porte
PLAN DU TABERNACLE. SOURCE : WIKIMEDIA COMMONS.
Pour entrer sur le parvis du Tabernacle, il n’y avait qu’une seule entrée. Comme aujourd’hui, il n’existe qu’un seul moyen pour parvenir jusqu’à Dieu. À Thomas, qui le cherchait, Jésus répondra : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi (Jn 14.6). Cette unique entrée du Tabernacle préfigure donc notre Seigneur Jésus-Christ qui est la porte (Jn 10.9).
L’autel des holocaustes
Une fois le rideau d’entrée franchi, on tombait nez à nez avec l’autel de taille impressionnante sur lequel on brûlait les holocaustes. Impossible d’entrer dans la présence de Dieu sans sacrifice pour le péché. Cet autel préfigure de manière remarquable la croix de Golgotha. Étape incontournable pour le croyant : une rencontre avec Dieu ne peut contourner la croix, car sans effusion de sang il n’y a pas de pardon. Cela va même plus loin. L’Israélite devait mettre sa main sur la victime en signe d’identification (Lv 4.27-31). Nous aussi sommes invités à nous identifier à Christ en sa mort (Rm 6.4-7). Comme l’écrit E. Egberts : « L’entrée de l’Église n’est pas soumise à un certificat de bonne conduite, mais à un certificat de décès ». Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi (Ga 2.20).
La cuve
Les lévites devaient systématiquement se laver les mains et les pieds à la cuve avant d’entrer dans le Lieu saint du Tabernacle pour effectuer un travail (Ex 30.18-21). Nous aussi avons besoin d’être purifiés pour entrer ! Cette purification nous est acquise par Christ dans la Nouvelle Alliance. Toutefois, le Tabernacle rappelle ici, me semble-t-il, une autre vérité. Si, dans la journée, le lévite entrait plusieurs fois dans le Lieu saint, il devait se pencher autant de fois au-dessus de la cuve pour se purifier. Ce faisant, il voyait à chaque fois le reflet de son visage (Ex 38.8). Nous avons là une belle image de la Parole de Dieu dans laquelle nous plongeons nos regards pour y découvrir notre vrai visage (Jc 1.2-25). Avant d’effectuer tout service pour Dieu, il est bon de nous laisser examiner par la Parole et L par le Saint-Esprit aussi souvent que nécessaire.
Le Lieu saint
INTÉRIEUR DU LIEU SAINT AVEC LE CHANDELIER, L’AUTEL AUX PARFUMS ET LA TABLE DES PAINS. BIBLE ONLINE
Dans cet endroit magnifiquement décoré, il y avait trois objets : la table des pains qui nous rappelle que Dieu nourrit ; le chandelier qui nous montre que Dieu éclaire ; l’autel aux parfums qui matérialise notre adoration. En effet, c’est en se laissant nourrir et éclairer par Dieu que nous pouvons l’adorer loin des bruits et des fausses lumières du monde.
Le Lieu très saint
L’ARCHE DE L’ALLIANCE. BIBLE ONLINE
Dans le Lieu très saint, la partie la plus importante du Tabernacle, on ne trouvait que l’arche de l’alliance. Elle est décrite en premier dans la Bible, car elle est essentielle. Il y avait plusieurs objets à l’intérieur. Les Tables de la loi et le vase de manne qui rappelaient que Dieu est juste, qu’il enseigne son peuple et pourvoit à ses besoins (Ex 16.33, Dt 10.5). Enfin, le bâton d’Aaron qui était « ressuscité » confirmait qu’Aaron, le souverain sacrificateur, était bien le médiateur choisi par Dieu (Nb 16-17). Nous voyons l’analogie avec notre Seigneur dont le ministère de médiateur a été confirmé par la résurrection.
Au-dessus de l’arche se trouvait le propitiatoire, sorte de couvercle, où le souverain sacrificateur déposait, une seule fois par an (le grand jour des expiations, Lv 16), le sang du sacrifice. C’est là qu’il rencontrait Dieu (Ex 25.22). Ces éléments préfiguraient l’oeuvre de Jésus-Christ qui a traversé le tabernacle plus grand et plus parfait […] et est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle (Hé 9.11-12).
Le souverain sacrificateur
Son rôle essentiel était de porter le peuple. Porter le peuple sur ses épaules (Ex 28.12), et sur son coeur (Ex 28.29). Enfin, il portait les péchés du peuple : Aaron sera chargé des iniquités commises par les enfants d’Israël (Ex 28.36-39). Quelle belle image de notre Sauveur qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la justice (1 P 2.24), et sur lequel nous pouvons nous décharger de tous nos soucis (1 P 5.7).
Avant de terminer, notons que, grâce à l’oeuvre de Christ, une chose extraordinaire est maintenant possible. Le Lieu très saint, autrefois accessible au seul souverain sacrificateur, une seule fois par an, est maintenant grand ouvert ! En effet, nous ne sommes plus des étrangers, mais des citoyens du Lieu très saint (Ép 2.19), nous avons un accès permanent, par la foi, au lieu de la présence de Dieu. Formidable n’est-ce pas ?
Pour en savoir plus, voici deux (excellents) livres : J.H. Alexander, Le Tabernacle ou l’Évangile selon Moïse (La Maison de La Bible) ; E. Egberts, La tente de Dieu dans le désert des hommes (Excelsis).
E.P.
NOTES
1. L’auteur est ancien dans une Église CAEF au Havre, professeur de mathématique en école d’ingénieur.