Grandes lignes

 

de l’histoire d’Israël

 

Par DANIEL MATTIOLI

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pyramides

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Patriarches

 

Après son corps à corps avec Jacob, Dieu lui donne le nom d’Israël (lutter avec Dieu)1. Si l’histoire du peuple d’Israël commence formellement ici, sa source, cependant, remonte à Abram2. Alors idolâtre, vers 2 000 av. J.- C., Abram est subitement appelé par YHWH. Avant de devenir une grande nation, il passera par la circoncision, la naissance et la survie miraculeuses de sa descendance. Abram (Père éminent) reçoit également un nouveau nom, Abraham (Père d’une multitude d’hommes)3. Son fils Isaac est héritier de la promesse. Isaac maintient la bénédiction à son fils cadet Jacob (celui qui supplante) malgré la roublardise de ce dernier. De Jacob et de ses douze fils sont issues les douze tribus d’Israël.

 

 

De l’Égypte à la royauté

 

iconePDFL’histoire d’Israël passe ensuite par l’Égypte, où, consécutivement à l’exil forcé de Joseph et à un changement de régime, le peuple sera contraint à l’esclavage. Ce ne sera qu’après 430 ans4 que cette sombre période prendra fin. Moïse, l’homme providentiel élevé à la cour de Pharaon, embrasse bientôt la cause de ses frères hébreux. Obligé à la fuite, il trouve asile en terre de Madian où YHWH se manifeste à lui ; au travers du buisson incandescent, le Dieu de ses pères l’appelle à délivrer son peuple. Sous la conduite de son libérateur, le peuple marque ses portes du signe du salut et, pendant que l’Égypte panse ses plaies, il s’affranchit. Quarante années dans le désert vont l’amener à connaître la dépendance et la Loi de Dieu. Après ses révoltes répétées, le peuple arrive enfin en Terre Promise, où, sous le commandement de Josué, la seconde génération peut entreprendre son installation. Jéricho tombe miraculeusement, puis, en deux ou trois siècles5 de guerre et de mixité raciale, une quinzaine de juges (celui qui protège avec justice) se succèdent pour achever l’établissement en Canaan. Israël, envieux des traditions environnantes, ambitionne d’évoluer et de s’organiser en État. Il lui faut un roi. En 1040, Saül semble être l’homme de la situation, il est beau et son allure n’est égalée par aucun Israélite. Sa dernière erreur, en consultant la pythonisse, lui est fatale, il mourra ainsi que la plupart de ses fils.

 

MAQUETTE DU TEMPLE DE JÉRUSALEM

templeL’ascension de son successeur David est inaugurée par sa victoire sur Goliath. Il est estimé de tout le peuple, des ministres, des femmes, de Juda. Ses bonnes années, comme roi, le voient remporter des victoires, transporter l’arche dans la capitale et recevoir la promesse d’une descendance. Ses mauvaises années, en revanche, sont la conséquence de sa faute à l’endroit d’Urie ; il verra le désordre dans sa maison jusqu’à la révolte d’Absalom, la révolte de Chéba et la fragilisation du royaume d’Israël. Salomon succède à David ; malgré un début de règne fait d’humilité et de sagesse, il se laissera subrepticement séduire par les fastes alentour. Négligent quant aux avertissements divins, Salomon établit une importante armée de cavaliers et de chars de guerre, dépasse tous les rois de la terre en richesses et constitue un harem immodéré (1000 femmes) à des fins politiques. En ayant également aimé ses épouses, il permet malheureusement aux coutumes de leurs nations d’influencer les siennes6.

 

 

Exil et diaspora

 

nebuccanedzarLes excès répétés de Salomon conduisent au mécontentement généralisé qui se cristallisera, en 931, en un schisme entre le Nord et le Sud. Jéroboam 1er prend le pouvoir sur les tribus d’Israël, et Roboam sur la tribu de Juda. De 931 à 722, vingt rois7 se succèdent au Nord jusqu’à la chute de Samarie ; au Sud, vingt rois se suivent jusqu’à la prise de Jérusalem par Neboukadnetsar en 606. Tant d’un côté que de l’autre, certains rois restent fidèles à Dieu et conduisent des réformes, suppriment les hauts lieux, assainissent les dirigeants, restaurent le Temple et la Pâque, retournent à la Parole de Dieu ; d’autres au contraire désobéissent à Dieu, volent le trésor du Temple, édifient des hauts lieux, promeuvent la prostitution sacrée, sacrifient des humains et s’adonnent à la divination. Neboukadnetsar procède à deux autres raids sur Jérusalem (597, 587), achève sa destruction et emmène bon nombre de ses habitants en exil. Après soixante-dix ans, Babylone tombe sous Cyrus le Perse, qui, soucieux d’étendre ses frontières, édite en 538 un manifeste (Cylindre de Cyrus) permettant à ceux qui le souhaitent de rentrer chez eux. Plusieurs déportés – mais pas tous – retrouveront leur patrie par vagues successives. Sous la conduite de Zorobabel et de Josué, de 537 à 516, on rebâtit le Temple ; en 458, Esdras rentre et s’occupe du problème des mariages mixtes ; en 445, Néhémie rentre également et reconstruit la muraille.

 

La déportation en Chaldée a subrepticement engagé le processus de Diaspora juive. Beaucoup parmi les exilés, parvenus à des positions sociales avantageuses, choisissent de rester dans leur nouveau pays. Cette fracture fera passer de la notion d’« Israël » à la notion de « judaïsme ». La dispersion s’accentue encore sous le règne d’Alexandre, des Juifs jadis restés en Mésopotamie s’enrôlent dans son armée. D’autres sont attirés par l’essor économique égyptien, ils émigrent à Alexandrie et adoptent la langue grecque (la traduction de la Septante voit le jour). Quant à Jérusalem, interdite de culte par le Séleucide Antiochus IV, entre 167 et 165, elle est forcée à l’hellénisation (le Temple est dédié à Zeus et un cochon est sacrifié sur l’autel). Une famille se révolte pourtant, Judas Maccabée prend le dessus sur l’armée ennemie et purifie le Temple. Le peuple juif reste pourtant passablement désuni. Les sadducéens mettent l’accent sur le pouvoir politique et ne conservent du religieux que le minimum. Les pharisiens prônent la rigueur morale, ils codifient la Torah en d’innombrables règles faites de préceptes et d’interdictions. Les esséniens refusent de reconnaître les autorités religieuses qui sont indignes à leurs yeux, ils s’organisent en communauté et rédigent de nombreux écrits à teneur apocalyptique. Sous le pouvoir romain, de 63 à 4 av. J.-C., la Judée devient un État de l’empire. César permet à la religion juive d’être exercée librement.

 

 

L’irruption du Messie

 

L’oeuvre de Jésus et l’avènement de la Pentecôte, environ de 0 à 33, inaugurent l’économie nouvelle de l’Église. Depuis, tout en conservant un déroulement qui lui est propre, l’histoire du peuple juif sera toutefois inextricablement liée à l’histoire des païens convertis au christianisme qui est son couronnement.

 

D.M.

 


 

NOTES

 

1. Ce nouveau nom désigne désormais à la fois les descendants de Jacob et les tribus autres que Juda.

 

2. Étant du fait du Dieu de l’alliance, l’histoire d’Israël remonte plus exactement à Adam.

 

3. Dans toutes les races primitives, en Orient en particulier, le nom désigne, crée et suscite. L’étymologie d’« Abram » se référait à un dieu sumérien ; par son nouveau nom, le patriarche doit dorénavant évoquer le destin béni d’une multitude d’hommes ; voir Daniel ROPS, Histoire sainte, Paris, Fayard, 1943, p. 28.

 

4. Selon la LXX qui situe l’Exode vers 1225. Une autre chronologie admissible fait remonter le départ du pays d’Égypte vers 1440, ce qui réduit de moitié la période d’esclavage (ROPS, 96-103).

 

5. Selon les chronologies courtes ou longues.

 

6. Simon J. DEVRIES, 1 Kings, Word Biblical Commentary, vol. 12, Word Books Publisher, Waco, 1985, p. 142.

 

7. Selon le compte de Brian TIDIMAN ; voir Cours d’Histoire sainte, 3e part., Institut Biblique de Nogent, p. 4.