Puis viens et suis-moi – Luc 18.22

 Jesus-gens

 

Par Robert Souza

Robert-Souza

 

Le jeune homme riche n’a sans doute jamais songé que sa rencontre avec Jésus de Nazareth serait encore méditée et commentée deux mille ans plus tard. Pourtant, elle n’a pas fini de nous interpeller

 

 

L’homme qui se trouve face à Jésus dans ce récit est un chef – le mot n’est pas très précis : il n’était pas un chef religieux, mais il faisait partie des classes dirigeantes. Matthieu nous dit qu’il était un jeune homme1.

La rencontre de cet homme avec le Seigneur Jésus soulève la question des freins au discipulat : qu’est-ce qui fait que des personnes ressentent le désir de suivre Jésus, mais n’arrivent pas à « décoller », à faire le pas, à s’engager durablement ? Le cas du jeune chef est d’autant plus intéressant que, au départ, il ne semble pas savoir ce qu’il lui faut vraiment. Il paraît d’abord soucieux de vérifier qu’il a fait ce qu’il fallait pour aller au paradis. Mais Jésus va l’aider à mieux se connaître, à prendre conscience de ses vraies loyautés, de sa véritable priorité dans la vie. Le Seigneur va mettre en évidence la question fondamentale que cet homme doit régler pour, ensuite, s’engager sur le chemin de la vie éternelle.

Jésus veut qu’on le suive, mais qu’on le fasse les yeux grand ouverts. En d’autres circonstances, il a parlé de calculer la dépense2, affirmant même ceci :

Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie luimême, qu’il se charge chaque jour de sa croix et qu’il me suive3.

 

Suivre Jésus, vivre une vie de disciple, ce n’est jamais un « petit plus » qu’on peut ajouter à tout le reste. C’est une réorientation radicale dans le domaine de nos motivations profondes. C’est une marche par la foi qui nous demande de renoncer à toutes les fausses assurances et sécurités qui nous semblent si naturelles… et, souvent, si anodines.

Celui qu’on appelle le jeune homme riche est un cas particulier et c’est ainsi que le Seigneur Jésus accueille chaque être humain qui s’approche de lui. Mais de ce cas nous pouvons retenir des principes qui s’appliquent à notre cas. Au fond, pour vivre en disciple, il faut accepter que le Maître mette son doigt sur ce qui nous freine. Il faut l’entendre dire : « Voici où je veux faire la révolution dans ton coeur. Regarde en face ce qui te tient et te retient. Laisse-moi te montrer comment t’en dégager. Puis viens et suis-moi. »

 

 

Questionnaire pour une étude en groupe du texte de Luc 18.18-30

 

1. Qui entame la conversation ? Que pensez-vous de son entrée en matière ?

L’homme prend l’initiative. Il est attiré par le Seigneur. Il a envie d’engager le dialogue. Jésus lui répond en deux temps, d’abord en réagissant au titre que l’homme lui a donné, ensuite en répondant à la question posée. Il faut savoir que la salutation, bon maître, n’était pas utilisée parmi les rabbins, justement pour éviter d’attribuer à un homme une qualité que Dieu seul possède.

 

2. Comment comprenez-vous la réaction de Jésus par rapport à l’appellation bon maître ?

Il invite l’homme à réfléchir à ses propres paroles. Au-delà de la flatterie facile, Jésus est effectivement bon (car il est Dieu), mais son interlocuteur n’y croit pas. On peut comprendre les premières paroles du Seigneur comme un appel à la sincérité.

 

3. Que penser de la réponse que Jésus propose à la question sur la vie éternelle ? Quelle réaction espère-t-il susciter chez le jeune homme ?

Le Seigneur répond à la question de ce qu’il faut faire par un rappel de la deuxième Table de la Loi (les devoirs envers le prochain). La loi est un pédagogue pour amener à Christ : elle nous persuade de notre incapacité à vivre comme Dieu le veut, à être bons.

 

4. En quoi la réponse du jeune homme est-elle décevante ? Quelle attitude révèle-t-elle ?

 

5. Comment Jésus réussit-il à prouver au jeune chef que son coeur n’est pas droit devant Dieu ? Quel est son véritable problème ?

Le Seigneur montre au jeune homme ce qui a vraiment la première place dans son coeur. Il est en porte-à-faux avec la première Table de la Loi : Tu n’auras point d’autre dieu devant ma face.

 

6. Qu’est-ce qui suggère que l’homme a préféré ses biens matériels à la vie éternelle ?

Sa tristesse (Matthieu ajoute qu’il s’en alla).

L’enseignement que Jésus tire de l’incident (versets 24-25).

 

7. Êtes-vous d’accord que ce qu’on possède (richesses matérielles, intellectuelles, sociales, familiales, professionnelles…) est souvent le plus grand rival qui dispute à Dieu la première place dans notre coeur ? Commentez votre réponse ou partagez un témoignage.

Lorsqu’on a tout ce qu’il faut, il est difficile de se confier entièrement en la miséricorde de Dieu. Tant qu’on a les moyens de s’en sortir, on se confie facilement en ses propres forces. Corrie Ten Boom a écrit : « On n’expérimente réellement le fait que Christ est tout ce qu’il nous faut que dans les situations où Christ est tout ce qui nous reste. »

 

8. Comment comprenez-vous la réponse de Jésus à Pierre ? (Est-ce une promesse de prospérité matérielle ? Expliquez votre réponse.)

À ceux qui ont tout laissé pour le suivre, Jésus rappelle qu’ils ne manquent de rien d’essentiel. Ils sont accueillis et hébergés dans de nombreuses maisons. Ils ont une nouvelle famille dans la communauté des disciples. Selon l’expression de Paul, ils ont la nourriture et la couverture – et l’apôtre ajoute : cela nous suffira.4

 

9. Comment éviter que des loyautés auxquelles nous avons renoncé pour suivre Jésus reprennent leur emprise sur notre coeur, sur nos pensées ?

 

 

Moi, disciple

 

Qu’il est difficile de ne pas nous laisser posséder par ce que nous possédons !

Nous nous confions en Jésus pour la vie éternelle, mais notre coeur est souvent partagé. Que notre bon maître nous aide à nous reposer vraiment sur la grâce de celui pour qui tout est possible !

Il est important de retenir qu’il n’y a pas de place dans la pensée de Jésus pour une catégorie intermédiaire de « simples chrétiens », sauvés, mais sans être disciples ! Il nous sauve pour être ses disciples. Beaucoup se rappelleront sans doute les réorientations radicales induites par leur première découverte de l’Évangile. Il serait bien de faire le point, à présent, et de repérer ce qui aujourd’hui entre en concurrence avec notre engagement à suivre Jésus.

Parfois, nous devons nous rendre compte que des chaînes que le Christ a brisées autrefois sont en train de se reconstituer. Des choses qui n’avaient plus aucune emprise sur nous commencent à grignoter de nouveau du terrain. Chaque étape de la vie oblige à revoir nos motivations : fin des études, mariage, mutation professionnelle, naissance d’enfants, retraite… Dans chaque nouvelle phase de ma vie, la question se posera de comment donner à Christ la prééminence, comment vivre en disciple.

 

De Luc 9.23, déjà cité, retenons ceci : chaque jour… qu’il me suive. Chaque matin, le Seigneur peut vouloir attirer notre attention sur quelque chose, une attitude, une réaction, une orientation. Il te manque encoreOccupe-toi de ceci, puis viens et suis-moi !

 

R.S.


NOTES

 

1. Mt 19.20

 

2. Lc 14.28

 

3. Lc 9.23

 

4. Voir 1 Tm 6.3-10