Le don de prophétie

 

Par Henry Bryant

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Les mots grecs traduits par prophétie, prophétiser et prophète se trouvent 196 fois dans le Nouveau Testament, ce qui montre l’importance de ce ministère. Contrairement à la signification du mot de nos jours, la prophétie biblique n’est pas seulement une prédiction, mais l’annonce de tout le conseil de Dieu.

 

 

Le prophète est avant tout, ou devrait être, le porte-parole de Dieu, et la prophétie, tout son message. Les grands prophètes de l’Ancien Testament donnaient certes quelques prédictions, mais ils communiquaient surtout les avertissements de Dieu, ses conseils, la révélation de sa pensée et de sa volonté. Les écrivains du Nouveau Testament semblent faire une distinction entre le don des prophètes et celui de la prophétie. Dieu a donné des apôtres et des prophètes pour être le fondement de l’Église (Ép 4.11 ; 2.20), don nécessairement limité à certains individus (1 Co 12.28-29).

 

Par contre, Paul écrit aux Corinthiens que tous peuvent aspirer à prophétiser (1 Co 14.12, 31 et 39). Il est peut-être important de noter que, dans le texte original du chapitre 14, Paul n’emploie jamais le mot « don », mais utilise toujours le verbe « prophétiser » (par exemple, 14.1, 12, 39 : aspirez à prophétiser). Dans ce chapitre, le contexte suggère fortement que prophétiser est la capacité que Dieu donne à un individu de prêcher et de faire appliquer la Parole de Dieu, tout le conseil de Dieu (Ac 20.27).

 

Comment s’opère ce ministère ? Il s’agit de « la manifestation de l’Esprit » donnée à un individu pour édifier, exhorter, consoler et instruire l’Église (1 Co 12.7, 14.3 et 31). Ainsi nous lisons dans les Actes que Jude et Silas qui étaient eux-mêmes prophètes… exhortèrent (les croyants) et les fortifièrent par plusieurs discours (Ac 15.32). Prophétiser, c’est annoncer le message que le Saint-Esprit met sur le coeur d’une personne, soit par révélation directe soit par des pensées que le Seigneur évoque à travers l’étude de sa Parole ou une expérience. Pour l’Église du premier siècle qui n’avait pas encore le Nouveau Testament, la prophétie jouait peut-être un rôle plus important de révélation qu’aujourd’hui. Une réalité importante nous différencie de l’Église du temps des apôtres. Nous possédons la Parole de Dieu dans sa totalité. Il n’est donc pas question d’ajouter quoi que ce soit, par une prophétie quelconque, à cette Parole qui nous donne tout ce dont nous avons besoin.

 

Les conseils de Paul aux Corinthiens font penser que le terme prophétiser renvoie à une forme « d’exhortation inspirée » – dans une prise de parole publique ou lors d’un moment de prière – sans avoir la prétention d’être sans erreur. Pour cette raison, l’apôtre exhorte les Corinthiens à vérifier le contenu du message : Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent (1 Co 14.29). Le chrétien a la responsabilité importante, face aux tromperies subtiles de l’ennemi, d’éprouver les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde (1 Jn 4.1).

 

Le besoin de l’Église n’a pas changé. Elle a toujours besoin de prophètes/prédicateurs qui, sous la conduite de l’Esprit de Dieu, annoncent la Parole de Dieu pour édifier, exhorter et instruire afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre (2 Tm 3.17).

 

Deux injonctions bibliques concernant ce don de prophétie et son emploi sont d’actualité aujourd’hui :

 

1. Que celui qui a ce don l’exerce conformément à notre foi commune (Rm 12.5). C’est une grave erreur de faire passer nos propres idées pour une révélation divine, avec des déclarations telles que « Voilà une parole du Seigneur… » Mieux vaut dire, en suivant l’exemple de Paul : j’irai… si c’est la volonté du Seigneur et j’espère… si le Seigneur le permet… (1 Co 4.19 et 16.7)

 

2. Pour ceux qui écoutent, nous lisons : Ne méprisez pas les prophéties. Mais examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon ; abstenez-vous de toute espèce de mal (1 Th 5.20-22).

 

H.B.

 

■ « La prophétie n’est pas un phénomène uniforme ayant toujours les mêmes caractéristiques. Par prophétie, le N.T. peut désigner toute une palette d’activités, en dégradé, avec des passerelles entre elles ».

 

■ « La prophétie à la manière d’Agabus concerne des personnes particulières et des circonstances particulières. Il s’agit d’apporter une révélation qui n’intéresse qu’un groupe de personnes restreint dans leurs circonstances particulières à un moment donné. Contrairement à la prophétie apostolique, elle n’est pas à inclure dans le canon biblique (les prophéties d’Agabus ne sont reprises par Luc qu’à titre d’éléments informatifs dans son récit) ».

 

■ « On peut donc penser que la prophétie ecclésiale consiste avant tout en l’apport d’une parole qui applique l’enseignement apostolique ou scripturaire à la situation particulière des auditeurs avec un à-propos et une pertinence accrue. Le prophète est alors quelqu’un qui a une sagesse particulière, une compréhension de l’Écriture, une intelligence des situations concrètes, et une bonne part d’intuition qui lui permettent de discerner comment appliquer l’Écriture aux situations concrètes de l’existence, quelle ligne de conduite adopter pour faire la volonté de Dieu dans telle situation, quel chemin emprunter pour dépasser des situations bloquées, ou encore qui lui permettent de trouver la parole qui va aider au bon moment, qui va encourager, relever la personne abattue, ou motiver les gens à l’obéissance à Dieu ».

 

Extraits de l’article Prophétisme, par Sylvain ROMEROWSKI (Grand Dictionnaire de la Bible)