La Bible à l’ère du numérique

 

 

bible-pdaPar Reynald Kozycki

Reynald Kozycki

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Bible est, par excellence, le patrimoine de l’humanité1. Pour le chrétien, c’est aussi le trésor donné par Dieu à l’humanité, c’est l’unique source de certitudes concernant les questions fondamentales de la vie. Blaise Pascal résume bien son apport : « Sans l’Écriture, qui n’a que Jésus-Christ pour objet, nous ne connaissons rien, et ne voyons qu’obscurité et confusion dans la nature de Dieu et dans notre propre nature. »2

À cause de son énorme diffusion, la Bible a suivi en direct les différents supports à chaque époque.

 

 

 

Du papyrus à Gutenberg

 

Les plus anciens textes bibliques avérés dont nous disposons remontent au 3e siècle av. J.-C. Ils proviennent de jarres disposées dans des grottes tout autour du site de Qumrân. Quelques-uns sont des fragments de papyrus, plante qui pousse dans les marais du delta du Nil. La plupart des textes de Qumrân sont des parchemins fabriqués à partir de peaux de mouton ou de chèvre. Le parchemin permet l’écriture sur deux faces et sa structure souple favorise l’assemblage en cahiers. Les premiers livres étaient en parchemin. Cette présentation des textes a constitué une véritable révolution au début de l’ère chrétienne, car, à l’inverse du rouleau qui impose une lecture continue, le codex permet d’accéder aux différentes parties de manière directe.

 

Le papier a été découvert en Chine au 2e siècle avant notre ère, il sera repris par les musulmans 10 siècles plus tard avant d’être fabriqué en France au 14e siècle. Il présente l’avantage de se conserver mieux que le parchemin.

 

L’invention de l’imprimerie par Gutenberg au milieu du 15e siècle marque un virage important dans l’histoire des supports de l’écrit. La nouveauté se situe surtout dans les coûts de production. La Bible fut le premier livre à en bénéficier. Six siècles après, nous profitons encore de cette invention ; une grande partie des Bibles actuelles est imprimée. Le résultat final présente une grande diversité dans le grammage du papier, les polices de caractères, le format du papier, le nombre de colonnes…

 

Au 20e siècle apparaissent aussi des Bibles audio permettant l’écoute du texte.

 

 

L’ère du numérique

 

Avec les ordinateurs personnels, dès la fin des années 80, il devient possible de lire la Bible sur écran et surtout de lancer des recherches beaucoup plus performantes que les concordances papier habituelles. Les ordinateurs portables, PDA, smartphones, tablettes numériques, liseuses électroniques… donnent accès au texte biblique sous un format légèrement différent des versions papier.

 

Ce serait un faux problème d’opposer les Bibles papier aux Bibles numériques. Le texte ne change pas. D’ailleurs, certains formats numériques, comme les liseuses, ressemblent à s’y méprendre au papier.

 

Même s’il est encore trop tôt pour l’affirmer, il est possible que, dans les années à venir, la majorité des livres soient lus en format numérique. Dès 1995, la vente des encyclopédies papier s’est effondrée au profit des cédéroms. La France résiste pourtant au format numérique, mais probablement pas pour longtemps3. Aux États-Unis, « Amazon » vend déjà plus de livres numériques qu’en version papier. Le développement des liseuses, l’explosion des tablettes numériques en France laissent prédire ce changement.

 

 

Qu’est-ce que cela change ?

 

Concrètement, lire en format numérique signifie avoir un support différent du livre habituel, un peu moins pratique pour annoter, toucher, feuilleter. En revanche, le numérique permet de gérer de très nombreuses données sur un volume réduit, parfois une bibliothèque entière. Avant l’ère des PDA ou smartphones, j’avais toujours sur moi un Nouveau Testament de poche, depuis, avec mon téléphone, je dispose de très nombreuses versions de la Bible en français, anglais et langues originales, des outils d’étude comme les dictionnaires et commentaires presque à volonté (un nombre assez important, surtout en anglais, sont même gratuits).

 

Un danger serait de « zapper » plus facilement d’une version à l’autre ou de se perdre dans toutes sortes de commentaires, mais probablement pas plus que si nous sommes dans une bonne bibliothèque.

 

Pour ma part, je continue de suivre un programme de lectures sur Bible papier avec crayons de couleur, mais toutes les lectures à l’extérieur, notamment dans les transports, se font en format numérique.

 

En conclusion, les développements de la technologie affectent nécessairement les supports de lecture. La Bible reste un livre toujours plus facilement accessible. Celui qui cherche à s’approprier ce texte dans son quotidien ne peut que se réjouir de la diversité des formats proposés, numériques ou papier.

 

R.K.


NOTES

 

1. Comme le rappelait l’exposition de l’Alliance Biblique Française inaugurée à l’Unesco en février 2010, voir notre dossier dans Servir, 2010, n°6.

 

2. Pensées de Pascal, Section VII, 549 

 

3. Jacques DRILLON, « Livre numérique, Pourquoi la France résiste ? », Nouvel Observateur du 20 octobre 2011 (version en ligne)