Histoire des C.A.E.F.
Histoire des C.A.E.F.
(7ème volet)
Dans la précédente livraison de SERVIR (nov.-déc. 1996) il a été évoqué les débuts des assemblées de la région lyonnaise. C’est dans les assemblées de cette région qu’ont été créées un certain nombre d’activités et de structures qui allaient intéresser l’ensemble des assemblées de France.
En 1920, on dénombrait 9 villes où se réunissait une assemblée dite « de frères larges » : Die, Paris, Cannes, Marseille, Nice, Nantes, Toulouse, Apt, Thizy1. En 1947, elles étaient au nombre de 262. C’est principalement sous des tentes que se faisait l’évangélisation, et ce fut une première activité commune : les assemblées se sentaient toujours concernées lorsqu’une tente se dressait dans une ville voisine ; des déplacements en petits groupes s’organisaient, et c’était un fort encouragement pour les prédicateurs de n’être pas seuls à lutter ! Ces tentes venaient souvent des surplus de l’armée, et permettaient d’accueillir 60 à 100 personnes.
LES TENTES FRANÇAISES
C’est en 1929 que les membres des assemblées françaises, suivant l’exemple des Suisses qui parcouraient les campagnes avec la Tente Romande, acquièrent (avec leur aide) une première tente destinée à l’évangélisation ; on l’appelle alors La Tente Française (appelée ainsi tant qu’elle était seule !). Les campagnes se succèdent chaque année dans la région lyonnaise et la vallée du Rhône jusqu’à ce que la guerre les rende impossibles.
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Mais dès 1946, la Tente Française (que l’on tente de rebaptiser plus tard Tente Alpine) reprend son activité sous la responsabilité de William Richard3.
En 1946, la campagne de Grenoble est marquée par de nombreuses décisions pour Christ. Plusieurs assemblées naissent à la suite d’une « série » sous la Tente (comme on disait alors) : Annecy, Grenoble, Chambéry, Aix-les-Bains, La Tour-du-Pin, Villefranche-sur-Saône, Louhans, Chalon-sur-Saône et d’autres4.
Les nombreux auditoires réguliers, les conversions fréquentes finissent par émouvoir la hiérarchie catholique, et certains bulletins paroissiaux avertissent leurs fidèles : « Des prédicants du protestantisme parcourent en ce moment les principaux centres du diocèse. Ils se sont arrêtés dans notre paroisse pour y faire du prosélytisme… Ces semeurs d’hérésies se disent « chrétiens »… inoculant leurs fausses doctrines par des prêches, des chants et des bibles, ils troublent la foi des catholiques, recueillent des adhérents, les font participer à leur cène et consomment ainsi
l’apostasie des imprudents5… »
Bien des fois, les pierres pleuvent sur la toile, la déchirant parfois, et que de piquets arrachés et de cordes coupées… Un beau matin, Pierre Bory retrouve sa « 4 CV » tout en haut d’une longue volée d’escaliers, droit devant la porte de l’église : une bande de plaisantins musclés l’avaient portée jusque-là pendant la nuit.
Il arrive plus d’une fois à l’orateur de prêcher dans la tente à un seul auditeur visible (son épouse…), tous les autres, nombreux, écoutant de l’extérieur pour ne pas être compromis ! Mais le message passe !
En 1948, les assemblées anglaises offrent La Tente Parisienne, qu’Herbert Beattie, alors responsable dans l’assemblée de Paris ne tarde pas à utiliser à Montrouge, Arcueil, Cachan, Bagneux, etc.
En 1949, « la Petite Tente » (celle du Pays de Gex) est achetée et sitôt utilisée par l’assemblée d’Ornex6. En 1949 toujours, les assemblées anglaises fournissent les fonds pour acheter la Tente Marseillaise, les bancs et le matériel nécessaire.
En 1950, on acquiert une nouvelle Tente Lyonnaise
7 .
Dans les deux décennies suivantes, des dizaines de villes et de villages du Dauphiné, de la Bresse, du Lyonnais, du Beaujolais sont visités ; Servir énumère des visites de Dijon et Gray (en Haute-Saône), Morez, Les Rousses dans le Jura, jusqu’à Valence, et de Montluçon à Thonon.
Dès 1951, la Tente Bretonne8, basée à Nantes, parcourt bien des villages en Vendée et en Bretagne (par exemple en I960 : Guingamp, Tréguier, Lannion, St.-Brieuc).
Et enfin la Tente d’Auvergne est aussi opérationnelle dès l’été 1951.
En 1959, un rapport mentionne qu’elles ont fonctionné dans le Rhône, en Isère, en Savoie et en Haute-Savoie, à Paris et dans plusieurs de ses banlieues, en Bretagne pour un camp volant et ailleurs pour des camps d’évangélisation. La tente marseillaise n’est pas mentionnée cette année-là, mais toutes les années précédentes.
Il serait fastidieux d’énumérer toutes les villes et tous les villages où une tente d’évangélisation a été montée et l’évangile clairement et publiquement annoncé, et nous en oublierions certainement. Il est certain que ce fut un bon moyen d’évangélisation pour toute une époque et que Dieu le bénit. Nous devons remercier Dieu pour les hommes qui avaient une vision claire de l’évangélisation de la France, avec une stratégie. Et s’ils n’ont pas fait plus, c’est que le temps et les forces leur ont manqué. Il leur fallait du courage et du renoncement pour vivre ces périodes de combat, sans confort, loin des leurs, ayant laissé derrière eux un ministère et des tâches qui s’amoncelaient en leur absence.
Il faut aussi rappeler les premières campagnes d’Opération Mobilisation en 1962 et 1963 qui permettent de toucher des dizaines de villages dans le Dauphiné.
Mais le premier lien concret entre les assemblées est :
LA REVUE « SERVIR en L’attendant » Déjà avant la guerre, Marc Ernst émet l’idée d’un petit journal permettant de diffuser des nouvelles des assemblées. Certains n’en voient pas la nécessité, d’autres craignent que cela ne fasse concurrence à la revue Semailles et Moisson diffusée par les assemblées de Suisse Romande (qui donne déjà quelques nouvelles de celles de France et y est lue aussi). La guerre ne permet pas de développer ce projet. Mais en avril 1946, Marc Ernst rédige et publie une première « Circulaire provisoire de quelques Assemblées Evangéliques de France9 ». Dès juin 1946, elle prend le nom de « SERVIR en L’attendant ». Très rapidement, de tous les coins de France, arrivent à Lyon des encouragements pour ce « trait d’union qui contribuera à rapprocher les assemblées » les unes des autres10.
Marc Ernst en assure la rédaction pendant 19 années, suivi ensuite par Etienne Fréchet jusqu’à son décès en 1987 où une nouvelle équipe prend le relais.
Mais les assemblées françaises sont dispersées et souvent petites. Elles sentent le besoin de développer leur communion fraternelle, de mieux se connaître, de s’édifier ensemble. Dès les années 30, elles vont chercher à se retrouver et organisent une première réunion régionale.
RENCONTRES REGIONALES
Des rencontres régionales regroupent, pour une journée, des chrétiens d’assemblées voisines et parfois très éloignées : on chante ensemble, on prie et l’on écoute un message d’édification, on échange des nouvelles, sans oublier les joyeuses agapes ! La première rencontre régionale semble s’être tenue dans la région lyonnaise en 1934 dans l’orphelinat « Béthel » tenu par M. et Mme Vaugh à Ecully, puis dans les années 40 à Villette d’Anthon et enfin à Ruy. S’y retrouvaient des frères et sœurs venus de Lyon, Bourgoin et Grenoble.
Le traumatisme de la guerre a encore accentué ce besoin d’appui mutuel. Les voyages sont loin d’être aussi aisés qu’aujourd’hui, mais la nécessité de la communion fraternelle et la soif d’entendre la Parole de Dieu expliquée sont les plus forts.
C’est ainsi qu’on se retrouve le lundi de Pâques à Orléat (Auvergne) chez Louis Raynaud dès 1944, puis à Vichy ; à l’Ascension à Bourgoin puis à La Tour-du-Pin, Vienne ou Pont-de-Beauvoisin (Isère) depuis 1956 et pendant plus de 25 ans ; le lundi de Pentecôte à Roanne, à Annecy puis Aix-les-Bains, et plus tard dans le Nord. Sans oublier la convention de Cannes-La Bocca qui depuis 1946 s’étend sur trois journées à la Pentecôte, comme aussi la retraite spirituelle de l’Hermon.
Dans la région parisienne, le lundi de Pentecôte à Hautefeuille (Seine-et-Marne) en 1959, et en mai 1959 aussi, une Convention Parisienne de trois jours, qui se renouvelle plusieurs fois à Melun. Et la journée fraternelle de l’Ascension à Rambouillet, longue tradition qui dure depuis 1970 : la première rencontre fut organisée par Jean-Paul Burgat dans la forêt de St Arnoult-en-Yvelines. Et la liste n’est pas complète…
Il y a aussi dans les années 50, des rencontres régionales de jeunes, près de Mâcon, et surtout à Vichy le lundi de Pâques : il en venait de toutes les assemblées de la région Rhône-Alpes et de tous les coins de France.
CONFERENCES NATIONALES
C’est encore à Lyon que se tient la première « Rencontre de frères » qui, après la guerre11, rassemble des responsables d’assemblées de diverses régions de France. Quelques Français trouvaient une grande bénédiction à participer à celle qui se tenait à Morges pour les Assemblées de Suisse romande : ils décident alors d’en convoquer une à Lyon en 1946, lieu qui semble être le plus central pour celles de France. Le week-end de la Toussaint est retenu.
Le programme n’a rien de révolutionnaire, il répond aux besoins des églises : prière, nouvelles et projets des assemblées, développement d’activités communes : évangélisation sous la tente, revue Servir en L’attendant, jeunesse, littérature. Et une réflexion sur l’évangélisation de la France et l’enseignement dans les églises.
On souhaitait que chaque assemblée soit représentée ! 13 d’entre elles le furent en 1946 (la moitié de celles qui existaient alors). En 1956, Marc Ernst souligne combien ces rencontres sont nécessaires et bénéfiques pour l’ensemble des assemblées. En 1959 à Lyon, 25 assemblées sont présentes par un ou plusieurs de leurs membres.
Les 30 juin et 1er juillet 196l, une « RENCONTRE FRATERNELLE » a lieu à Paris (aux Gobelins) pour la première fois, afin de permettre plus facilement aux responsables travaillant dans la moitié nord de la France de se retrouver et de partager nouvelles et projets (35 assemblées y sont représentées dont une de Bruxelles et une de Lausanne). Cinq ans plus tard, le « centre de gravité » des assemblées françaises semblant s’être déplacé vers le Nord (nouvelles assemblées en Bretagne, Normandie et dans le Nord), il est proposé de convoquer la Conférence Nationale des Assemblées, alternativement à Paris et à Lyon : en 1966, elle a donc lieu à Paris, en 1967 à Lyon… et cela dure jusqu’à aujourd’hui !
En 1980, les participants viennent de 35 assemblées (soit la moitié de celles existant à ce moment-là).
En 1996, 180 participants environ y représentent quatre-vingts assemblées.
LE FONDS GÉNÉRAL
Peut-être en fut-il déjà question lors de la première réunion générale de frères en novembre 1946 ? Il est en tous cas à l’ordre du jour de la rencontre de novembre 1947 : « L’extension de l’Œuvre d’évangélisation, sous ses formes diverses, crée des besoins nouveaux, souvent inconnus. C’est pour y répondre, si possible, qu’il a été institué un «Fonds» susceptible de recevoir tous les dons destinés à l’œuvre, en France particulièrement12. »Cette caisse centrale prend le nom de « Fonds d’évangélisation » et plus tard de « Fonds général13 ». A partir de 1960, le Fonds général se diversifie, avec divers postes : « mission », « camps », « évangélisation », « tentes », etc. Hélas en 1963 déjà, on déplore qu’« en ce qui concerne les « serviteurs », les sommes reçues ne permettent pas d’envisager l’extension à de jeunes ouvriers français d’une oeuvre pionnière pourtant indispensable dans notre pays. Sans compter plusieurs situations difficiles de serviteurs déjà engagés14 ». En 1973, le Fonds général reçoit 93.240 F à répartir entre les divers secteurs d’activité (mission, serviteurs, camps,…). Cette somme ne couvre pas à l’époque, et de loin, tous les besoins. En 1984, le Fonds général est intégré dans les comptes de l’Entraide Evangélique. ASSOCIATIONS 1953 : Sur l’initiative de Paul Bonnefond de Roanne, une Société Civile Immobilière des Assemblées Evangéliques de France est créée.
Quinze ans plus tard, en avril 1968, quelques frères de la région lyonnaise15inaugurent une première association nationale des assemblées de France :
L’Entraide Evangélique (statuts déposés le 8 mai 1968 à Lyon). Son objectif est ainsi décrit : « Créer et aider au développement d’œuvres de bienfaisance telles que camps de jeunesse, colonies de vacances, maisons de retraite, œuvres d’évangélisation et de mission ». Elle prend aussitôt en charge le projet d’une maison pour personnes âgées. C’est ainsi qu’elle achète une grande maison à Montmelas (dans le Beaujolais) qu’elle transforme et agrandit au fil des années. « La Clairière » accueille ses premiers pensionnaires en 1969.
Lors d’une Conférence Nationale à Lyon au début des années 60, des commissions sont créées : le rapport de celle de novembre 1963 en mentionne plusieurs : Commission « serviteurs » (rapporteur : Roger Ernst), Commission pour l’évangélisation (Marcel Tabailloux), Commission pour la mission au Tchad (M. Ernst en donne un écho), Commission sur la jeunesse (Bernard Calmès), Finances (Marcel Avallet), Littérature (Gérald Sanchez).
Lors de la Conférence Nationale de 1977, un nouvel objectif est ajouté à l’association « Entraide Evangélique » : le soutien de jeunes serviteurs de Dieu au moyen des dons qui parviendront des assemblées de France.
Un autre besoin affecte les églises : dès 1946, la liste des assemblées qui cherchent des locaux est longue16. Les locations sont rares et chères, l’achat est hors de portée des petites églises : éternel problème. Avec l’aide des assemblées britanniques, un « Fonds Prêts » est créé en 1969 : il permet de prêter des sommes importantes à plus de 25 assemblées jusqu’à maintenant. Ce fonds est aussi géré par l’Entraide Evangélique. Le service « Mission intérieure » assume la prise en charge sociale de nombreux serviteurs en France.
PREMIERE REVISION DE L’ENTRAIDE EVANGÉLIQUE
En 1979, l’Entraide Evangélique doit être scindée en deux associations distinctes pour être conforme aux réglementations administratives nouvelles : l’Entraide Evangélique (association loi 1901 et 1905, dite « cultuelle ») et l’A.C.B. Entraide Evangélique (association loi 1901 seulement ; cette dernière ayant pour objet de prendre en charge les actions de « bienfaisance » en particulier la maison de retraite « La Clairière17 »).
SECONDE REVISION
En 1995 : les activités confiées aux deux associations se sont multipliées et diversifiées de sorte qu’elles ne répondent plus aux besoins en respectant la législation en constante évolution : les deux associations existantes deviennent toutes deux des associations loi 1901 (la seconde gardant la caractéristique « de bienfaisance »), et une troisième association cultuelle est créée : l’Entente Evangélique (association loi 1901 et 1905) qui couvre exclusivement les activités et fonds concernant le culte dans les églises.
LA COMMISSION DE SERVICE ET DE REFERENCE
Lors de la conférence Nationale de 1978, Ralph Shallis, se faisant l’interprète de plusieurs, propose la création d’un groupe de « frères jouissant de la confiance générale des assemblées, qui pourraient en diverses circonstances servir de référence, réfléchir sur des projets touchant au développement de l’œuvre de Dieu, conseiller en cas de difficulté18 ». Dix frères sont élus.
CAMPS
Dès la fin de la guerre, en été 1945, le pasteur Collet, de l’église baptiste de Lyon, organise un camp de jeunes à Thoiry, près de Gex (Ain), auquel il invite Marc Ernst. Les nombreux jeunes lyonnais qui y participent en reviennent enthousiastes (parmi eux un jeune couple anglais, Herbert Beattie et son épouse, pour la première fois en France, et qui y reviendront comme missionnaires !), aussi Marc Ernst décide-t-il d’en mettre un sur pied dès l’été suivant pour ceux des assemblées.
Ce premier camp a lieu à Branges en Bresse (Ain) en août 46. L’équipe d’encadrement est solide19. A côté des études, les campeurs font de la pratique : distribution de plusieurs milliers de traités à Louhans et dans la région, vente de Bibles et Nouveaux Testaments, réunions d’évangélisation en plein air… Les chrétiens de Branges et de Sornay qui avaient accueilli le camp disent leur souci de trouver un local pour se réunir régulièrement. Un camp qui a marqué tous les participants !
La même équipe prépare celui de 1947 qui se tient dans la propriété du Bercail à Guebwiller. Mais le site, trop éloigné, oblige les organisateurs à chercher à nouveau un endroit plus central pour les assemblées de l’époque.
Le quatrième a donc lieu à nouveau dans la région lyonnaise en 1948 à La Balme-sur-Cerdon, (Ain) avec Samuel Perret (« Oncle Sam » pour les anciens campeurs !), Pierre Bory et Gaston Racine.
Occasion de plusieurs conversions et décisions de consécration au Seigneur.
Le cinquième, en 1949, est organisé à Crozet (Ain) dans une grange aménagée pour la circonstance, avec les mêmes orateurs. On en profite pour tenir avec les campeurs quelques soirées d’évangélisation dans les villages voisins.
Et enfin à partir de 1950, commencent les Camps au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire). D’autres frères, George Jones, Cecil Catton, Joël Rousseau (de Belgique) y apportent aussi l’enseignement spirituel. Pour la première fois, vu le nombre grandissant de campeurs, il faut organiser deux camps successifs dans la maison du « Genêt d’Or ». Deux ans plus tard, on loue la maison du « Cellier ». En 1955 enfin, Paul Grand achète une ferme à 4 km du village pour y créer le « Camp de l’Hermon », où se vivent jusqu’à aujourd’hui, depuis juillet 1956, chaque été, plusieurs colonies et camps d’enfants, de jeunes, ou des camps « famille ».
« Dès maintenant, des dispositions sont prises pour améliorer l’installation chaque année et permettre ainsi aux jeunes gens et jeunes filles d’y vivre agréablement quelques semaines de pleine détente et de formation spirituelle » écrivent Marc Ernst et Herbert Beattie en mars 1957. On peut dire que cette vision et ce programme ont été fidèlement mis en œuvre au fil des années. De nouveaux bâtiments sont constants en 1965-1966 : deux dortoirs et un bâtiment pour l’infirmerie et le bureau de la direction. La vieille ferme est entièrement transformée, les abords aménagés… On crée une association pour assurer la pérennité de ce projet et en faire une œuvre commune aux assemblées de France.
Ce ne sont pas seulement les jeunes qui bénéficient de ces installations, mais aussi les églises : on y organise des retraites et des conventions régionales ou nationales.
La première colonie pour enfants fut organisée à l’Hermon par Edmond et Esther Buckenham en 1959. D’autres installations similaires se construisent à Saint-Lunaire (Bretagne), au Fugeret près d’Annot (Alpes Maritimes), au Sattel (Vosges), à Berlats (Tarn).
Dès 1952, Cecil Catton organise des camps de jeunes à St-Brévin (Loire-Atlantique) puis sur l’Ile de Jersey20.
De nombreux camps d’évangélisation, parfois itinérants, sont organisés depuis les années 50-6021.
Les camps de jeunes ont été des pépinières de nouveaux serviteurs, les séries sous la tente des occasions de stage pratique où plusieurs ont reçu une vocation et une vision pour leur futur ministère. Il est impossible de répertorier les bénédictions reçues dans tous ces camps et dont toutes les assemblées ont été enrichies : conversions, pas décisif dans la vie spirituelle, réponses à des appels de Dieu à son service, sans compter tous les campeurs qui ont rencontré là la campeuse de leurs rêves… et vice-versa (la rubrique « Famille de Servir » en témoigne année après année !).
CALENDRIERS EVANGELIQUES
Le calendrier Méditations Quotidiennes paraît pour la première en fois en Suisse en janvier 192322 aux éditions « Vie et Liberté » sous la direction de Samuel Squire, puis dès 1947 de sa fille. En 1971, cette dernière, ne pouvant plus en assumer la charge le propose aux assemblées de France. Ainsi en 1972, l’Entraide Evangélique reprend l’édition du calendrier et charge Pierre Bory de sa préparation. En 1977, un second calendrier est créé, plus spécialement destiné à l’évangélisation : Vivre aujourd’hui, suivi quelques années plus tard de Perles Précieuses (textes bibliques sans commentaires).
Ces calendriers sont encore aujourd’hui une aide efficace pour l’évangélisation.
MAISON DE RETRAITE
En janvier 1967, Marc Ernst écrivait : « Plusieurs en France, en particulier Pierre Bory, ont pensé à une maison où des chrétiens âgés trouveraient un refuge pour leurs vieux jours »’. Effectivement ce dernier avait été interpellé à ce sujet par une dame chrétienne âgée. Il avait même reçu plusieurs mois auparavant un modeste don spécialement destiné à un tel projet qui intéressa rapidement plusieurs frères et sœurs de Villefranche-sur-Saône et de Lyon. Ils en firent un sujet de prière et de réflexion. Ils consultèrent les assemblées, entreprirent des recherches. Ils visitèrent bien des châteaux, de grandes maisons, des restaurants, susceptibles d’être transformés pour accueillir des personnes âgées, avec, en poche, un millième de la somme nécessaire pour la réalisation totale23 !
Mais ils comptaient sur la fidélité de Dieu, et deux années plus tard, le 10 octobre 1969, « La Clairière » recevait ses premiers pensionnaires. Le bâtiment était un ancien restaurant de Montmelas, petit village dans les vignes, à 7 km au-dessus de Villefranche-sur-Saône. Lors de son inauguration, la capacité d’accueil de la maison était de 18 pensionnaires. Aujourd’hui elle en accueille 6524. Depuis 1992, une nouvelle structure, la « Résidence du verger » dans le village de Cogny à quelques kilomètres de Montmelas, offre de petits appartements avec toute l’aide nécessaire à des personnes âgées encore valides.
Voilà quelques-unes des premières oeuvres réalisées en commun par les assemblées françaises.
Pour terminer, il faut aussi mentionner une excellente pratique dont les assemblées ont bénéficié longtemps et qui a été aussi un facteur d’unité entre elles : les visites et l’enseignement de nombreux serviteurs de Dieu itinérants.
MINISTERE DE VISITES D’EGLISES
Dès 1946, les assemblées de France furent visitées et enseignées par plusieurs frères qui avaient un ministère itinérant très apprécié ; il est impossible d’en faire une liste exhaustive25. Plusieurs missionnaires effectuèrent de longues tournées dans les assemblées de France, informant sur l’œuvre de Dieu au loin, mais aussi édifiant les églises visitées26. (Servir cite plusieurs personnes ayant trouvé le Seigneur lors d’une de leurs visites).
Plusieurs frères venus d’Afrique du Nord, eurent aussi à cœur de visiter les assemblées27. Servir d’avril 1947 rappelle la grande valeur de ces visites, qui encouragent et enrichissent les assemblées, et il exhorte les responsables des assemblées à se déplacer plus volontiers ! A bon entendeur salut ! Les besoins des assemblées plus petites et isolées sont les mêmes aujourd’hui qu’il y a 50 ans !
A la fin des années 50, Ralph Shallis (1912-1986) quitta l’Algérie où il avait eu spécialement à cœur de toucher les jeunes, puis de les entraîner et les former pour le ministère. Plusieurs d’entre eux eurent ou ont encore un ministère fructueux en France. Ralph Shallis s’installa en France dans le Gard en 1973, d’où il eut un ministère d’écriture, de visites d’édification dans les assemblées, d’évangélisation dans les camps de jeunes, de conférences. Il entretenait un courrier considérable, et par ses livres et ses entretiens, a touché un grand nombre de personnes. Il savait communiquer la réalité de la vie en Christ28.
J.-P. B. (à suivre)
NOTES
1. Servir, janvier 63, p. 1730.
2. Servir, février 1947, p.8.
3. Les prédicateurs se relayaient série après série tout au long de l’été : outre W. Richard, on peut rappeler les noms de Pierre Bory et Idalgo Arnera sollicités plusieurs fois chaque été, et plus occasionnellement Abel Félix, Samuel Perret, Conrad Vez, le frère Dormoy, René Zinder.
4. En 1947, parmi les jeunes collaborateurs de cette année-là, on note Abel Félix, Hermann Christen candidat missionnaire pour le Laos. En 1948, Stanley Wilday y fait ses premières expériences françaises, Pierre Wheeler en 1952.
5. Servir, n° 10 d’octobre 1948, p.7.
6. Cette assemblée était née suite au témoignage de quelques frères suisses agriculteurs émigrés en France juste derrière la frontière. Elle se réunit régulièrement pendant toute la guerre et après. Actuellement, ses derniers membres ont rejoint l’assemblée de Meyrin toute proche mais sur territoire genevois ou l’assemblée mennonite du pays de Gex.
7. C’est Pierre Bory qui la prit en charge.
8. Sous la responsabilité des frères Catton et Eyraud.
9. Voir Servir n°1/96, janvier-février, qui rappelle le lancement de la revue à l’occasion de son 50ème anniversaire.
10. Servir, juillet 1946.
11. Une toute première rencontre, rassemblant des frères de diverses assemblées, se serait tenue en 1928.
12. Servir, décembre 1947, p.7.
13. II fonctionna sous ce dernier titre jusqu’à cette année où il vient d’être remplacé par le compte de l’Entente Evangélique. René Eyraud en fut le caissier pendant 3 ans, puis Paul Bonnefond de Roanne et Marcel Avallet (décédé en 1981) pendant de nombreuses années.
14. Servir, août-sept 63. p.1813.
15. Pierre Bory, Roger Ernst, Georges Juanico, Paul Martin et Michel Perrot.
16. En 1946, Annecy, Bordeaux, Marseille, Chambéry, Strasbourg, Louhans, Nantes, Nice… En 1954, le même problème se pose toujours à Paris sud, Lyon, Nîmes, Aix-les-Bains, Bordeaux, Cannes, Annecy, Chambéry, Condrieu…
17. Servir de novembre 1982, p.I à IV.
18. Servir de janvier 1979, p.405.
19. Marc Ernst, Pierre Bory, Alfred Orner et plusieurs frères venus de Suisse : Pierre Gadina, les frères Samuel et Paul Perret ainsi que Samuel Squire (frère d’Edmond) qui devait décéder peu après. Monsieur et Madame Pradier de l’assemblée de Lyon étaient chargés de la cuisine.
20. D’autres se déroulent à Quévert (près de Dinan), dans le Nord, à Fécamp (Seine-Maritime), St Jacut-de-la-Mer, en Grande-Bretagne…
21. Dans la région de Nantes, dans le Sud-Ouest, le Nord, à Villefranche-sur-Saône, Vichy, Fécamp, en Corse…
22. Semailles et Moisson, n°10, octobre 1922.
23. Paul Martin se souvient qu’un autre groupe d’acheteurs bien nantis souhaitait acquérir cette auberge pour la transformer en dancing. Mais dans ce village pourtant entièrement catholique, les propriétaires optèrent pour le projet « maison de retraite » des solliciteurs « évangélistes » sans le sou… Quand Dieu le veut…
24. Après Pierre Bory, Luis Vidal en assura la direction de 1977 à 1983, puis Olivier Dugand jusqu’à ce jour.
25. Parmi beaucoup, retenons les noms d’Hector († 1972) et Idalgo Arnera († 1979) (Servir publia à plusieurs reprises des rapports très intéressants sur leurs visites de Marseille jusqu’en Bretagne et en Alsace), Samuel Squire († 1946) et son frère Edmond Squire, Max Anger et René Bloch de Marseille, et d’autres venus de Suisse : James Hunter, Pierre Gadina († 1976), Samuel Dufour († 1964), Charles Steiner († 1975), Samuel Perret († 1988), William Richard (qui s’installa à Annecy déjà avant la guerre, † 1989), René Pache (ce dernier passa quelques années à Paris juste après la guerre), Conrad Vez de Genève. Joël Rousseau († 1974) venait de Belgique, d’autres de Grande-Bretagne : Arthur Charters, obligé de quitter l’Algérie, travailla 10 ans à Chambéry et Malo-les-Bains († 1982), Howard Hitchcock († 1983), durant 20 années, visita régulièrement des assemblées de France, etc. Plusieurs frères étrangers s’établirent en France pour y exercer un ministère à plein temps et furent de grands voyageurs à travers toute la France ; George Jones(† 1967), et Cecil Catton († 1994) de Grande-Bretagne, Pierre Bory († 1995), originaire de Genève, Gaston Racine aussi de Suisse, Jean-Raymond Couleru. Puis Herbert Beattie († 1978) de Grande-Bretagne et surtout un Français Marc Ernst († 1979) qui consacrait une bonne partie de ses vacances d’instituteur à parcourir les assemblées, région après région.
26. Les Brugger du Laos, les Aboud d’Egypte († 1954), et plus tard Marcel Barbezat († 1996) et Jean Metz du Tchad.
27. Jean Padilla pendant plusieurs années, Jean Almodovar († 1993) tant que sa vue le lui permit.
28. Servir de juillet 1986, p.274.