Développer l’Église dans les villes du monde
SIMEON HAVYARIMANA (BURUNDI)
CONSEILLER DE HOPE
INTERNATIONAL POUR L’AFRIQUE
Le but de ce document est :
• d’attirer l’attention sur les difficultés rencontrées dans les villes,
• de les observer d’un point de vue chrétien,
• d’identifier les quatre options de changement possible.
INTRODUCTION
Du point de vue de la densité de population, les villes sont des lieux où se retrouve la majorité de la population mondiale. Quand Jésus dit : Allez dans le monde (Mc 16.15), il veut dire là où sont les gens.
À toute époque, les disciples du Seigneur ont accepté d’accomplir cette noble mission. Si Hudson TAYLOR n’avait pas répondu à l’appel de Dieu lui demandant de se rendre en Chine, des millions de Chinois n’auraient pas eu connaissance de l’Évangile. Si William CAREY, pionnier de l’Évangile au 18e siècle, n’avait pas répondu à l’appel du Saint-Esprit lui demandant d’aller en Inde, de nombreuses Églises n’auraient pas été implantées là-bas.
Si les missionnaires Bwana LEE, Carl JOHNSON et Charles KIRKPATRICK n’avaient pas, avec foi et patience, poursuivi leur travail missionnaire au Burundi pendant mon enfance et mon adolescence – et, cela, au risque de leur vie – pendant que les guerres les plus dures sévissaient dans mon pays, ni mon père, ni ma mère, ni moi n’aurions pu rencontrer le Seigneur. Chacun a joué son rôle. L’un m’a aidé à l’école du dimanche quand j’étais enfant, un autre m’a éduqué quand j’étais petit garçon, un autre a financé mes études dans une bonne école.
Si je mets l’accent sur ces suites d’événements, c’est pour montrer qu’il faut plusieurs personnes pour en aider une autre à se construire. Il nous faut donc oeuvrer ensemble pour évangéliser le monde.
DÉFINITION
Une ville est un lieu habité, important et de grande superficie. La concentration urbaine facilite l’interaction entre les gens et, pour la mission chrétienne, la possibilité de rencontrer un grand nombre de personnes.
Quand nous voyons une ville, nous voyons des bâtiments, des véhicules, des boutiques, des gens. Mais une ville, c’est aussi le Bien et le Mal, les enfants des rues, des mendiants, de nombreux malades ainsi que de nombreuses personnes vivant dans la solitude. C’est le lieu de la prostitution, du meurtre et de la violence. Il y a des riches et des pauvres.
CROISSANCE DES VILLES ET URBANISATION
Dans toutes les parties du monde, nous voyons des villes s’accroître à grande vitesse. Au 17e siècle, moins de 2 % de la population mondiale vivait dans des zones urbaines. Aujourd’hui, un tiers de la population mondiale vit en ville. Notre question est la suivante : « Comment atteindre ces zones de grande concentration de population ? » Chacun en ville est vulnérable, a besoin d’espoir et de paix et d’un but dans sa vie.
OPPORTUNITÉS
Jésus demanda à ses disciples de commencer leur mission à Jérusalem (Ac 1.8) qui était une ville cosmopolite, assez peuplée. À la Pentecôte, l’Esprit-Saint accorda le don des langues aux disciples afin de pouvoir communiquer avec tous ceux qui vivaient dans la ville.
La stratégie de Paul fut d’aller de ville en ville. Il rencontra les déshérités et les puissants. Nous pouvons apprendre quelque chose de l’Église catholique romaine. Dans leurs plans établis à l’échelle mondiale, les catholiques construisent des sanctuaires modernes et adéquats. Afin de répondre aux différents besoins fondamentaux des gens, ils les équipent de services convenant à des citadins : cliniques, hôpitaux et écoles. De même que des centres d’affaires, centres de conseils, petites boutiques, agences de prêt…
Les sectes (Témoins de Jéhovah…) également utilisent de semblables stratégies. Les musulmans font de même. Ils offrent des services sociaux et encouragent leurs membres disposant de faibles revenus à démarrer de petites entreprises grâce à des prêts accordés par la mosquée. Tous ces services permettent de communiquer fréquemment avec les gens.
CONNAITRE NOTRE MONDE
Il nous faut connaître notre monde et notre public pour développer des stratégies appropriées.
Souvent nous prêchons notre message sans savoir à qui nous nous adressons… alors quelle peut être l’efficacité de notre prédication ?
Pour réussir cette mission dans la ville, nous pourrions changer certaines de nos traditions et changer notre méthode tout en gardant notre message.
STRATÉGIES
Voici quelques suggestions de stratégies dans différents domaines sur lesquelles réfléchir :
Stratégie spirituelle
Dans chaque ville et dans chaque Église, la stratégie sera différente. Cependant, la seule stratégie qui doit prévaloir, c’est qu’en toute chose le Seigneur doit avoir la prééminence (Col 1.18).
Stratégie sociale
Lorsque nous lisons la vie de Jésus, nous voyons qu’il a répondu aux besoins physiques, sociaux et religieux de l’homme. Son approche était globale (holistique). Les activités sociales permettent le dialogue, mais montrent aussi à la communauté que l’Église a sa place dans la société.
Comment pouvons-nous parler à des personnes dont les croyances sont si différentes ? Il n’est pas toujours aisé d’établir un dialogue, mais, lorsque nous sommes impliqués dans des activités, les barrières se brisent. Les activités sociales instaurent le dialogue. Les activités communes nous rassemblent. Ainsi, à Bujumbura, nous avons un dispensaire, une école pour les sourds et, dans une autre ville, une école pour les aveugles. Elles nous permettent de proclamer l’Évangile.
Le travail social caritatif correspond aux besoins des gens.
Une grande partie de la population africaine vit avec moins d’un dollar par jour. Nous ne pouvons pas nous contenter d’apporter un message qui ne correspond pas aux problèmes que les gens doivent affronter chaque jour.
Évangélisation individuelle
Nous savons que les campagnes d’évangélisation de masse sont importantes et Jésus parlait aux foules, mais il utilisait aussi d’autres méthodes.
À Bethsaïda, par exemple, quand il vit de nombreuses personnes sauter dans l’eau, son regard se porta sur un homme. Il lui parla, seul à seul, comme à un ami et il le mena à la vie. Quand il entra à Jéricho, il leva les yeux et vit parmi la foule un homme juché sur un arbre, qui était dans le besoin. Il ne se contenta pas de lui parler, il alla converser plus avant chez lui.
Il y a des moments où il faut oublier la foule et entamer un dialogue avec une seule personne à la fois.
Communauté solidaire
Dans les villes, de nombreuses personnes vivent dans le désespoir et la solitude. La proximité des gens en ville est une illusion. Les liens communautaires dans les églises et les événements festifs peuvent apporter une réponse aux citadins. Jésus est allé à Cana pour des noces et nul n’attendait de lui qu’il conduisît le culte.
La communauté rapproche des individus éloignés. C’est également un moyen pour les jeunes de participer à des associations saines et de rencontrer de possibles partenaires pour leur vie future.
Jeunesse
Si nos Églises doivent évangéliser la ville de façon efficace, l’une de nos priorités est de viser la jeunesse.
La jeunesse représente 70 à 75 % de la population mondiale. Nous savons que notre jeune génération est indépendante, créative, cherche à atteindre ses buts, aime la compétition et le travail. Cette génération cherche à réussir et à marquer sa différence. Les jeunes d’aujourd’hui sont courageux, savent travailler en équipe et apprécient la diversité, l’action. Ils utilisent les moyens de communication modernes et préfèrent souvent l’interaction par le biais des réseaux en tant que membres d’une communauté mondiale. Les études montrent que 77 % de ceux qui viennent à Christ le font vers 21 ans, ils sont donc les plus ouverts à l’Évangile. Ceci nous amène à nous adresser à la nouvelle génération, à guider la jeunesse vers les charges de responsables.
Combien de personnes ont moins de 21 ans dans votre église ? Combien d’entre elles font partie des responsables ? Il nous faut donner des responsabilités aux jeunes et les mêler aux ministères de l’Église à différents niveaux. Ils sont actifs et innovent plus que leurs aînés. Plus nous nous éloignons de notre jeunesse, plus ils s’éloignent de l’Église.
Comment utilisez-vous les jeunes dans un ministère s’exerçant en dehors de l’Église ?
Stratégie architecturale
Cela doit commencer avec le lieu de culte. Notre église doit être propre et agréable à voir. Je suis choqué de voir que certaines de nos églises dans notre ville sont des bâtiments de mauvaise qualité. Notre congrégation a des moyens limités, mais il est important que nous construisions des églises modernes. Le minimum que nous puissions faire pour le Seigneur est d’avoir un lieu convenable pour l’honorer.
Stratégie technologique
Nous vivons au coeur d’une révolution technologique. Dans ma petite Église à Bwiza, la génération « pointcom » nous pousse à acheter un grand écran et à utiliser la technologie moderne pour adresser notre message. Nos jeunes ont maintenant créé un orchestre et une chorale.
Stratégie d’implication globale de l’Église
Dieu a accordé un don à chaque membre de l’Église. Il appartient aux anciens et aux responsables d’aider les membres de l’Église, hommes ou femmes, à découvrir et utiliser leurs dons spirituels.
Dans la reconstruction des murs de Jérusalem, Néhémie a mobilisé tout son peuple. Le roi Salomon, ainsi que le roi David ont fait appel à tous les gens de talent pour qu’ils utilisent leurs dons afin de construire le temple de Dieu. Chacun était chargé d’une tâche différente. Dieu est glorifié lorsque chaque personne de talent est impliquée de façon organisée dans la construction de son Église.
Travailler en réseaux
Nous ne pouvons pas réussir tout seuls. Nous devons tous travailler dans le même sens dans un esprit coopératif. Si vous travaillez bien tout seul, vous obtiendrez un meilleur résultat à plusieurs. Travailler en réseau est la clé de la réussite pour notre mission.
En ville, les pasteurs doivent travailler ensemble. Travailler en réseau est un signe de maturité et un témoignage auprès de nos voisins.
Stratégie de groupes de travail
Il est crucial de mettre en place un comité de travail. Nous faisons travailler ensemble des gens spécialisés, pour un temps donné, sur une tâche spécifique. Étant donné la rapidité de la croissance de la ville et la complexité de ses besoins, si nous ne décidons pas de constituer des comités pour aider à planifier nos stratégies, nos messages pourraient ne pas atteindre notre public.
CONCLUSION
Permettez-moi de résumer : nous devons connaître les besoins de notre « public » et développer des stratégies pour les satisfaire. Ce n’est pas le Message qu’il faut changer, mais notre approche.
Selon Billy HALL, frère chrétien de Jamaïque, nous devons choisir entre 4 options :
• Adopter une position réactionnaire qui consiste à exclure tout changement.
• Changer à dose homéopathique.
• Accepter de sérieux changements de façon progressive.
• Adopter de significatifs changements structurels.
Dans Actes 13.36, il est dit de David qu’il avait servi dans sa génération comme Dieu en avait décidé. Servons notre génération dans nos villes, chacun en suivant des stratégies que demandent nos réalités culturelles.
Que Dieu nous aide à nous entraider à accomplir sa mission dans les villes du monde.
TEXTE TRADUIT ET CONDENSÉ PAR FRANÇOISE LOMBET
IMPRESSIONS
« J’ai été impressionnée par le nombre de
ANNIE DESWAERTE, GRENOBLE |