Zoom sur
la jeunesse
2011
LÉA BARITEAU LUCZAK
24 ANS,
ANIMATRICE RADIO
POUR « PHARE FM » DANS LA
RÉGION LYONNAISE
DEPUIS 4 ANS ½
Ils côtoient les jeunes, semaine après semaine, hors du contexte familial et scolaire et souhaitent avant tout les voir avancer toujours plus avec Dieu. Douze responsables de Groupes de Jeunes (GDJ) ont accepté de répondre à mes questions. Ils dressent un tableau très coloré des adolescents et jeunes adultes de nos Églises.
■ Une jeunesse CONNECTÉE
Toutes les personnes interrogées l’ont évoqué, difficile de passer à côté ! Textos, MSN, Facebook, Twitter… les relations virtuelles font partie du quotidien des jeunes. Une inquiétude pour certains responsables qui évoquent même « une réelle difficulté à vivre le présent », et une progressive perte de « connexion à la réalité ».
■ Une jeunesse OCCUPÉE
Entre « les emplois du temps de ministre » et « la fatigue » évoqués par les leaders jeunesse, il est clairement ressorti que le train de vie des adolescents et jeunes adultes est devenu plus rapide et plus rempli. Les semaines sont chargées et stressantes pour beaucoup, avec les études, les devoirs et les activités extrascolaires… Pour autant, le plaisir de participer au GDJ est évident, même « s’ils doivent faire face à une multitude d’activités au quotidien qui rend plus difficile leur présence le samedi soir ».
■ Une jeunesse confrontée à de nouvelles problématiques… (et aux anciennes aussi !)
L’émergence de l’Islam, l’homosexualité banalisée, l’avortement, les fréquentations avec des non-chrétiens (…), autant de thèmes qui, selon les responsables de GDJ, reviennent de plus en plus souvent dans les questions posées par les jeunes. « Comment vivre une vie en accord avec l’Évangile dans un monde qui est tant à l’inverse de ces valeurs ? » Un combat à mener au quotidien avec une problématique dressée en toile de fond : « La liberté en Christ ; que puis-je et ne puis-je pas faire en tant que chrétien ? »
■ Un positionnement délicat
Même si la plupart des jeunes qui viennent régulièrement au GDJ ont clairement choisi de suivre Jésus et souhaitent persévérer dans leur marche avec lui, rares sont les GDJ composés uniquement de chrétiens convaincus et engagés. Les leaders évoquent une prise de position qui reste floue pour certains, une recherche active de la vérité pour d’autres. Le GDJ les aide cependant dans leur positionnement, à vivre la tension entre le « monde » et « l’Église ».
■ Les grands événements chrétiens, des déclics ?
Là encore, une évidence est ressortie lors de ces interviews : celle de l’importance des événements chrétiens dans la conversion des jeunes. Selon Mathias d’Amiens : « Les jeunes du GDJ qui viennent d’une famille chrétienne évoquent quasiment tous une de ces rencontres dans leur témoignage. » Une source d’encouragement pour eux, ils se sentent moins seuls… Le défi est, par la suite, de les accompagner dans une marche quotidienne avec Dieu, dans la persévérance.
L’importance des événements jeunesse chrétiens dans la vie des jeunes semblait tellement évidente lors de cette interview, que j’ai voulu en savoir plus !
Josiane NGONGANG a 28 ans, elle est membre de l’Église évangélique de l’Oasis à Vénissieux et travaille en tant qu’ingénieur en télécommunications.
■ Josiane, tu as été pendant longtemps responsable de groupe de jeunes à Lille, au sein des GBU et dans la banlieue lyonnaise. Depuis quelques années, tu fais partie de l’équipe de TeenStreet. Peux-tu décrire cet événement ?
TeensStreet est un camp international d’une semaine pour les 13-17 ans qui a lieu tous les étés en Allemagne. La vision est d’équiper les adolescents pour une vie à 100 % avec Dieu, qu’ils le connaissent et vivent pour lui toute l’année. Organisé par Opération Mobilisation depuis un peu plus de 15 ans, TeenStreet réunit entre 3000 et 4000 personnes. Le temps est réparti entre l’étude de la Bible (soit en petit groupe avec un animateur, soit seul), des messages et de la louange en réunion plénière. Il y a aussi pas mal de temps libre pour se détendre.
■ Penses-tu que c’est important pour les jeunes de se retrouver lors de ces événements ?
Oui, je pense que ça peut vraiment être un moment spécial pour eux en termes de relations. Ils passent pas mal de temps avec leur petit groupe et c’est l’occasion d’approfondir des relations avec d’autres jeunes Français qui vivent les mêmes réalités. Nous les encourageons à garder contact dans l’année, et à chercher à se revoir ou prier les uns pour les autres.
■ Qu’est-ce qui ressort de leur temps passé là-bas, et pourquoi conseillerais-tu aux jeunes de participer à un événement tel que Pâques à l’IBG, Mad in France, TeenStreet, Pentecôte, CFB, Défi-toi, etc. ?
Les résultats sont super ! Suite à TeenStreet, ils décident de se faire baptiser, demandent pardon à Dieu pour leur péché et veulent vivre pour lui. D’autres s’engagent dans le service au sein de leur Église locale ou comme volontaires pour encadrer les jeunes. Nous souhaitons vraiment que TS soit plus qu’une semaine dans l’année ! Nous voulons voir ces jeunes briller pour Dieu toute l’année, le louer, le servir, l’aimer et aimer les autres partout où ils sont.
Aurore REDIGER travaille de l’autre côté du miroir, elle côtoie et accompagne les jeunes que vos enfants fréquentent à l’école ou à l’université. L’occasion pour nous d’en savoir plus sur ce que vit cette « nouvelle génération ».
■Après 4 ans de formation à l’IBG et une année à l’étranger, peux-tu décrire en quelques mots en quoi consistent les deux mi-temps que tu occupes ?
Embauchée au lycée agricole de Valdoie, 2 jours par semaine, je « surveille » 74 filles âgées de 15 à 22 ans. Je les aide pour leurs devoirs, je les accompagne à la cantine, je suis présente pour leurs moments de détente et surtout pour les écouter. J’exerce aussi comme pasteur des jeunes pour les deux églises mennonites d’Altkirch et du Birkenhof.
■ J’imagine que les jeunes filles de l’internat t’ouvrent souvent leur coeur. Comment vis-tu ce rôle de confidente et conseillère auprès d’elles ? As-tu le droit de leur partager ta foi ?
Je suis éducatrice spécialisée de formation, cela m’aide pour mieux entourer ces filles et tout le monde sait que je suis pasteur des jeunes dans une église. Je n’ai pas le droit de partager ma foi de moi-même, mais répondre aux questions que les filles posent sur ma foi : oui ! J’ai vraiment le privilège d’avoir la confiance des filles et souvent le soir, avant d’aller se coucher, l’une ou l’autre vient s’asseoir sur mon lit pour me parler. Je suis reconnaissante que Dieu m’ait placée là pour pouvoir parler de son amour à ces jeunes filles déjà terriblement blessées par la vie.
■ Selon toi, à quoi ressemble le quotidien de ces jeunes ? Quelles sont pour toi les difficultés qu’elles rencontrent, leurs combats ?
Mis à part l’envoi de SMS derrière le dos du prof, c’est l’échec scolaire et l’absence de but dans la vie. Le « matage » ou la « collection » des garçons (ou des filles), avec ce besoin d’être aimé. Dépasser les limites sans se faire prendre (alcool, drogue, destruction, vol…), l’omniprésence de l’écran ou du babyfoot durant le temps libre. Rares sont celles qui passent un coup de fil à la maison, car, « les parents, ça sert à quoi au fait ? »
■ Quelle est la question qui revient le plus souvent ?
Leurs questions profondes tournent autour de l’avenir qui à leurs yeux parait si noir. Suite au suicide d’une jeune fille de 16 ans, j’ai eu des discussions plus profondes avec les jeunes de l’internat qu’avec les jeunes du GDJ qui sont dans le lycée. Plusieurs filles m’ont posé la même question récurrente : « c’est quoi, le sens de la vie ? » Les filles font des crises d’angoisse, pleurent, dépriment à cause de relations brisées, tant sentimentales que familiales.
■ À quoi aspirent ces jeunes ?
Je crois qu’ils ne veulent pas se l’avouer, mais ils aspirent à trouver un sens profond à leurs vies. Ils aspirent à la liberté, « Fais tout ce qui te plaira », et à l’indépendance : « Ce que je veux, quand et comme je veux ». Les filles plus âgées me disent qu’elles aspirent à s’installer enfin avec leur copain et à trouver du travail, ce qui signifie pour elles la réussite.
■ En quoi ce travail de surveillante t’aide-t-il dans ton ministère auprès des jeunes de l’Église ?
Cela m’aide à réellement comprendre dans quel univers les jeunes de l’Église passent la majorité de leur temps. L’autre jour, un garçon du GDJ m’a dit : « Dis-moi comment ne pas céder et sortir avec une non-chrétienne alors que je les côtoie 6 jours sur 7 ? » Je peux mieux comprendre leurs luttes et leurs combats au quotidien.
L.B-L.