La Bible parle-t-elle du purgatoire ?

 

 

Par Alan Kitt

 

« La doctrine du purgatoire et les dogmes qui l’accompagnent représentent un domaine crucial de désaccord entre catholiques et protestants. » Voici ce qu’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique : « Ceux qui meurent dans l’amitié et la grâce de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après la mort une purification afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. »

La doctrine du purgatoire ne met donc pas en question le salut éternel, mais annonce une purification préalable à l’entrée dans la joie du ciel. Le purgatoire est un lieu (ou, selon certains théologiens catholiques, un processus) servant à parfaire la sanctification des chrétiens et les rendre aptes à vivre au ciel. Cette purification peut, prétend- on, durer plus ou moins longtemps, selon l’importance des péchés commis, et les prières et les messes offertes par des croyants sur terre en faveur des morts peuvent accélérer le processus.

 

Sur quoi est fondée cette doctrine ? L’évidence biblique citée en sa faveur est mince. Le principal texte auquel le catéchisme fait référence est 2 Maccabées 12.45 : « … [Judas Maccabée] fit faire pour les morts ce sacrifice expiatoire, afin qu’ils fussent absous de leur péché. » 2 Maccabées figure parmi les livres « apocryphes », que leur communauté juive d’origine n’a jamais reconnus comme faisant partie des Écritures inspirées. L’Église catholique ne leur a accordé ce statut qu’en 1546, à l’époque ou le réformateur Martin Luther contestait la doctrine du purgatoire et des prières pour les morts.

 

Aucun des autres textes cités en faveur du purgatoire (Mt 12.32 et 1 Co 3.15, par exemple) n’enseigne clairement une telle doctrine. Mt 12.32 souligne l’impossibilité du pardon – dans ce monde-ci comme dans le monde à venir – pour quiconque se sera rendu coupable de blasphème contre le Saint-Esprit. En 1 Co 3.15, ce sont les oeuvres du croyant qui sont éprouvées par le feu, pas le croyant lui-même.

 

Nous croyons donc que la doctrine du purgatoire manque de fondements bibliques. Elle laisse entendre que le sacrifice du Christ n’est pas tout à fait suffisant. Le Nouveau Testament est clair à ce sujet . La principale consolation qui remplit le coeur du croyant à l’approche de la mort n’est-elle pas l’assurance de la foi ? « Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis », a dit le Seigneur à l’un des brigands crucifiés à côté de lui. Ayons donc cette assurance : le sacrifice de Jésus est pleinement suffisant pour que nos péchés nous soient pardonnés. « Tout est accompli », a-t-il dit avant de mourir. Croyons-le !

 

A.K.

 


NOTES

 

1. Roman Catholics and Evangelicals : agreements and differences, Geisler et Mackenzie, 1995, Baker Books, p. 331.

 

2. Catéchisme de l’Église Catholique, 1992, Mame, articles 1030 et 1031.

 

3. Hé 1.3 ; 1 Co 6.11 ; Rm 8.1