Avocat, découverte d’un métier
Par Anne Lombet
AVOCAT AUPRÈS
DU BARREAU DE
PARIS,
MEMBRE DE
L’EGLISE BAPTISTE
DE L’AVENUE DU
MAINE À PARIS
« Je jure, comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ! » Tel est le serment que j’ai formulé il y a quelques semaines déjà. Il y a derrière ces mots des siècles de tradition et d’histoire et, également, je le perçois particulièrement, une vocation presque ecclésiastique et le poids – et la joie – d’une mission de cet ordre. Je viens d’entrer dans cette profession d’avocat avec tout l’enthousiasme de la jeunesse et la joie de la fin de mes études.
J’ai commencé mes études de droit avec l’envie de devenir magistrat. J’ai gravi les échelons, obtenu les diplômes successifs, choisi de m’orienter vers les carrières judiciaires, avec cette même envie, et me suis alors heurtée à la douleur de l’échec. J’ai appris que les voies de Dieu pouvaient être différentes de celles que je m’étais tracées. La porte m’a été fermée pour être magistrat. Elle s’est cependant largement ouverte pour être avocat. J’ai changé de voie, sans aucun regret à ce jour, convaincue que cette place ne pouvait que me convenir puisque si clairement choisie pour moi.
Au cours de ma formation pour être avocat et de mes différents stages, j’ai découvert un métier extraordinaire. Je l’ai appris, et je l’apprends encore, au sein de cabinets de petite taille, qui exercent notamment en droit de la famille, matière qui, déjà au cours de mes études à la fac, m’attirait particulièrement. J’aime cette liberté que j’ai dans l’exercice de mon métier ; de recevoir des clients, de gérer leur dossier en toute indépendance, d’écouter, de chercher des solutions, des rapprochements, et de plaider aussi.
Il y a tellement d’avocats, et tellement de manières d’exercer cette profession. Certains s’orientent vers les affaires, vers le conseil, côtoient plutôt des sociétés, des dirigeants, des professionnels, et rejoignent de grands cabinets, souvent anglo-saxons. D’autres choisissent des cabinets « à taille humaine », reçoivent des particuliers, s’exercent à des matières comme le droit de la famille, le droit social, et veulent, au quotidien, aller plaider. Ce schéma, un peu caricatural, reflète les deux grandes tendances de cette profession.
J’ai choisi pour ma part d’exercer en tant que collaboratrice d’un cabinet de petite taille. J’y ai découvert tout ce que je sais aujourd’hui, tant dans mes relations avec les clients, que sur le fond et la forme du droit que je pratique.
Je suis entrée dans un ordre porteur d’histoire et de tradition, porteur de valeurs et de grandes missions. Quelle que soit la forme d’exercice choisie, il s’agit de défendre les droits de son client, et d’oeuvrer au mieux de ses intérêts. L’avocat n’est pas si loin de l’ecclésiastique, qu’il était historiquement. Il ne s’agit plus seulement de défendre la veuve et l’orphelin, mais cette mission d’aide, de soutien, perdure de façon incontestable. La robe noire des avocats en est le rappel.
En entrant dans ce métier, j’ai découvert un cadre très particulier, un code à respecter, des usages à conserver. Le langage du droit sonne déjà comme une langue étrangère pour ceux qui ne le connaissent pas. L’introduction dans le milieu judiciaire ajoute à ce sentiment d’étrangeté. Tout un rituel est mis en place, une manière de parler, une façon de se comporter… J’aime énormément ce cadre, ce cérémonial, ce rappel de nos responsabilités et du soin que nous devons porter à la défense de nos clients.
La lucidité veut cependant que j’aborde également les difficultés de ce métier. C’est un métier qui exige disponibilité et travail. Qui exige de donner de son temps, de son énergie, et de son argent également. Rejetez l’idée de l’avocat qui s’enrichit comme il respire, elle est loin d’être vraie.
Et cependant, cela n’ôte pas ce sentiment si précieux d’être utile, de savoir que les compétences acquises au cours de tant d’années d’études ne sont pas vaines, mais peuvent prendre du relief en servant autrui.
En ce début d’exercice professionnel, j’espère pouvoir exercer mon métier avec la droiture et la rigueur qui m’ont été enseignées, dans mes études de droit, mais également dans ma famille, dans mon cadre de vie. J’ai la joie de pouvoir travailler dans un cabinet dans lequel ma foi n’est pas un secret. J’en retire beaucoup de paix et de force.
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Certains diront sans doute que je n’en suis qu’au début de mon activité professionnelle, et que cela se sent. Que mes idéaux envers cette profession seront certainement mis à mal au cours de mes années d’exercice. Sans doute, peut-être. Mais je sais aujourd’hui que ce métier n’est pas le mien pour rien. J’ai la joie de m’épanouir dans ce que je fais, de ressentir tant de joie et de reconnaissance pour la place qui est la mienne aujourd’hui.
J’ai toujours voulu pouvoir dire, avec conviction, un jour dans ma vie : « Je sais en qui j’ai cru », à l’image de l’apôtre Paul (2 Tm 1.12). Aujourd’hui, je sais en qui je crois.
Cette entrée dans le métier d’avocat a été pour moi une révélation de la grandeur de Dieu et de la confiance qu’il mérite en toute circonstance.
A.L.