Temoignage

 

Recherche table désespérément

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Luc entamera en octobre 1989 sa 4e année d’études à la Faculté de Théologie Evangélique de Vaux-sur-Seine. Depuis août 1982, il est employé comme gardien, par la Direction des Musées de France. C’est un travail de nuit qui lui a permis de poursuivre ses études – d’abord à l’Université de Jussieu, et ensuite à Vaux-sur-Seine.


Luc a accepté de partager avec nous ses expériences à l’Université de Jussieu, où il a tenu un stand G.B.U.1  pendant l’hiver 1988.

 

Cela avait plutôt mal  commencé : problème de contact, problème de matériel.

 

Problème de contact : Je n’avais pas réussi à entrer en relation avec des étudiants chrétiens à Jussieu, mon unique point d’ancrage étant une employée de la bibliothèque. Cela me valut de faire le stand quelques semaines tout seul.


Problème de matériel : Le stand faillit ne pas exister, faute de table ! Après des tentatives infructueuses pour me procurer une table sur place, je revins chez moi très découragé. Je priai, et me souvins d’avoir vu le matin même, près d’un chantier, de grandes planches. Je revins à cet endroit et j’y trouvai effectivement d’anciennes portes provenant d’une maison démolie. J’en pris une dont j’arrachai les clous. Pour que cette table soit transportable je la sciai en deux (avec une scie empruntée) – posai des charnières et recouvris le tout de « vénilia » adhésif. La bibliothécaire s’étant chargée d’acheter des tréteaux, je pus tenir le stand.

 

Ce que je fis tous les lundis de 12h à 13h30 environ. Les résultats s’avérèrent très irréguliers d’un lundi à l’autre. Parfois personne ne s’arrêtait et c’était un peu frustrant. Mon épouse m’encouragea en me disant que ma seule présence était un témoignage.

 

D’autres fois, au contraire, je vendis des Bibles (4 vendues pour toute l’année !) et j’eus des discussions soutenues. Ainsi une fois j’expliquai à un catholique en quoi la « Bible à la Colombe » était semblable aux Bibles catholiques – et en quoi elle en différait – et le convainquis de m’en acheter une.

 

Un autre jour j’expliquai à une Eurasienne en quoi toutes les religions ne se valaient point et pourquoi je ne croyais pas à la réincarnation. Je lui dis aussi que j’étais toujours pécheur, mais toujours justifié. Pour finir, je lui tendis un évangile de Jean. Elle revint quelques jours plus tard pour « essayer de me coincer » (comme elle le dit elle-même) sur un passage de Jean (elle assimilait un peu la résurrection à une réincarnation).

 

Un autre jour j’eus la joie de rencontrer un ancien condisciple (il avait comme moi préparé l’équivalence du Bac à Jussieu deux ans auparavant). Je discutais un peu avec lui, et il promit de revenir m’acheter une Bible, ce qu’il fit effectivement.

 

Heureusement je ne continuai pas longtemps mon stand seul, un jeune étudiant allemand de Jussieu vint bientôt me seconder. Cela me fit grand bien de pouvoir partager ma tâche et mes soucis ! Un troisième étudiant vint bientôt s’agréger à l’équipe du lundi-midi. Je dois dire quelques mots à son sujet : Jacques s’arrêta un jour à notre stand, achetant même une Bible. Etudiant en mathématiques, d’origine catholique, il vivait avec sa mère divorcée, qui s’était tournée vers le bouddhisme.

 

Lui-même avait fait un détour par la méditation transcendantale, puis s’en était écarté de son propre chef. Je ne me souviens pas de la substance de notre première conversation, mais je remarquai, d’emblée, une grande ouverture au message de l’Evangile. A partir de ce moment-là, il revint quasiment chaque lundi, tenir le stand avec Matthieu et moi. Et le plus paradoxal, c’est que tout en se disant non-chrétien, en recherche plutôt qu’ayant trouvé, il fit bloc avec nous dans les débats que nous avions avec les non-chrétiens. Et il se révéla un apologète fort efficace de la foi chrétienne ! Ma conviction est que chercher Dieu ainsi, c’est déjà avoir été trouvé par Dieu.

 

Jacques participa aussi aux réunions du G.B.U. à Jussieu, et Scott – un membre de l’I.F.E.S.2  – poursuivit une série d’études avec lui pour lui donner des bases solides. L’évolution de cet étudiant est pour moi un des grands points positifs de cette année et je dois dire que si je n’ai ouvré que pour une seule conversion, c’est déjà une justification satisfaisante à mon travail. En même temps, je dois dire que je n’y ai été pour rien ! J’ai tout juste servi de relais entre un groupe de chrétiens et quelqu’un qui était déjà convaincu par l’Esprit de Dieu.

 

Au cours de ces stands, il m’arrivait de rencontrer une opposition verbale à l’Evangile. J’en rencontrai cependant, une fois, une plus physique ! La pluie m’avait ce jour-là, contraint à tenir mon étalage à l’abri, dans le hall du restaurant universitaire. J’étais seul, quand un étudiant m’aborda agressivement : « Qu’est-ce que vous faites là ? » Je répondis : « J’annonce Jésus-Christ ». Après avoir examiné mon stand, il mit systématiquement ma littérature par terre, en grommelant quelque chose comme « la religion prend trop de place » et pour finir il s’en alla en renversant ma table.

 

Il nous arriva plusieurs fois d’avoir des contacts avec des musulmans (nous avions des évangiles en arabe). Une fois je profitai d’un contact pour faire une interview sur les croyances de l’Islam, car c’était une des exigences de mon cours d’histoire des religions. Cela se passa fort bien et j’eu l’occasion de revoir ce musulman, de témoigner de façon plus directe de l’Evangile.

 

Il arrivait que je ne sois pas toujours content de ce que je disais ; parfois n’aurait-il pas mieux valu me taire ? En tous cas, ce fut pour moi-même un travail d’approfondissement de ma foi, et non pas seulement d’accumulation d’arguments apologétiques.

 

Au dernier stand que je fis, j’aperçus une marque d’hostilité : quelqu’un, la moue dédaigneuse, fit l’antique geste romain du pouce vers la terre. Mais j’eus aussi deux encouragements ! D’abord, de la part d’un Américain qui avait travaillé pour l’I.EE.S. au Brésil, et ensuite de la part d’une jeune Antillaise, Adventiste du 7e jour – tous deux chaleureux dans leurs encouragements.

 


NOTES

 

1. Groupes Bibliques Universitaires.

 

2. International Fellowship of Evangelical Students.