Le Seigneur nous l’avait prêté
par Terry et Heather Smith1
Heather Smith s’est souvent interrogée quant à la meilleure façon d’aider les personnes dans le deuil ; que dire ? que faire ? C’est au travers d’une expérience douloureuse qu’elle a appris à reconnaître ce qui pouvait aider, ce qu’il faudrait éviter de faire ou de dire… par exemple la remarque : « Vous aurez d’autres enfants » était très difficile à accepter, alors que toute sort attention était centrée sur sa petite Laura mourante.
Comme C.S. Lewis, elle fut aidée et soutenue par la présence et l’affection des autres — même s’il ne lui était pas possible de converser. Elle a réalisé aussi, avec son mari, combien il était important pour eux de redire, de réaffirmer, leur amour l’un pour l’autre — ainsi que leur engagement total, ensemble devant Dieu.
Voici ce que je veux repasser en mon cœur, Ce qui me donnera de l’espérance :
Les bontés de l’Eternel ne sont pas épuisées, Ses compassions ne sont pas à leur terme ; Elles se renouvellent chaque matin. On! que ta fidélité est grande ! Lamentations 3.21-23
Le deuil est une épreuve de souffrance que nous avons vécue avec mon mari voilà maintenant presque 3 ans.
Le 1er juin 1986, naissait Laura Meghan, notre 1ère enfant. Avec quelle joie nous avions anticipé l’arrivée de ce petit être. Mais notre joie fut de courte durée. Le lendemain de sa naissance le pédiatre nous apprit que notre petite fille ne vivrait pas longtemps.
Laura était atteinte d’une maladie chromosomique rare et mortelle. Cette nouvelle nous accabla. Nous avions l’impression de faire un cauchemar. Je me souviens d’avoir crié à Dieu de nous montrer sa compassion. Et comme toujours il répondit, comme seul il peut le faire, d’une façon parfaite.
Laura pouvait mourir à chaque instant, mais dans sa bonté Dieu nous la prêta pendant 4 mois — les 4 mois les plus difficiles mais aussi les plus enrichissants de notre vie. Notre cœur fut endeuillé dès l’annonce de l’état désespéré de Laura.
Tous nos rêves et nos espoirs s’écroulaient. Aucune des joies qui entourent l’heureux événement d’une naissance (les visiteurs ébahis, les cadeaux et les félicitations) ne nous était permise.
Nos familles respectives étaient à des milliers de kilomètres (au Canada) et c’est notre famille spirituelle, notre Eglise, qui nous entoura et s’occupa merveilleusement bien de nous. Il nous arrivait souvent de ne même pas pouvoir prier ; mais, de savoir que les autres prenaient le relais nous aidait à tenir bon.
Ce qui nous encourageait beaucoup était de savoir que Dieu souffrait avec nous. Une pensée nous revenait toujours, celle de garder les yeux fixés sur Dieu et non sur les circonstances afin de ne pas sombrer dans l’amertume. Bien sûr, nous avons pleuré ; bien sûr, nous nous sommes demandé : « pourquoi ? » mais nous avons compris que nous avions le choix entre nous remettre à Dieu et à sa souveraineté ou nous laisser aller à nos sentiments d’impuissance et de désespoir. « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » (Jn 11.40). Amy Carmichael, qui fut missionnaire en Inde et qui connut bien la souffrance, a dit : « Lorsque nous acceptons de nous reposer sur ce que nous connaissons avec certitude : la victoire finale du Bien, et d’abandonner l’inconnu à l’amour de Dieu qui guide notre vie, la paix de Dieu nous pénètre et fait sa demeure en nous. »
Nous avions besoin de la compassion de Dieu instant après instant, car nous avions peur d’envisager l’avenir. En fait, il nous fallait chaque matin exercer à nouveau notre foi, croire que Dieu nous donnerait la force nécessaire pour vivre cette nouvelle journée et pour faire face au départ de Laura quand il se présenterait. Et jour après jour Dieu fut fidèle.
Nous croyons que Dieu a utilisé cette épreuve pour nous changer. La douleur s’est atténuée et le souvenir de la souffrance a pâli ; mais les leçons que nous avons apprises à travers cette épreuve sont encore fraîches à nos cœurs. Notre vœu le plus cher est que cette épreuve produise en nous une plus grande connaissance de Dieu et de sa nature et qu’elle soit aussi un témoignage parlant de sa grâce et de sa compassion.
T. et H. Smith
Note
1. : Terry et Heather Smith, originaires du Canada travaillent au Service du Seigneur à Paris, dans le cadre d’une assemblée naissante (11ème arrt.) Ils sont mariés depuis sept ans et viennent d’avoir une seconde petite fille, Meghan.