Le culte personnel
par Alfred Kuen
C’est le privilège de tout croyant, en tant que sacrificateur du Très-Haut, de pouvoir célébrer chaque jour son culte personnel. Le culte en commun sera riche et béni dans la mesure où chaque participant puisera dans son culte personnel ce qu’il partagera avec les autres le dimanche.
Ce culte personnel sera comme un résumé du culte dominical et pourra en contenir les principaux éléments : prières de louange et d’actions de grâces, requêtes et intercessions, lecture de la parole, moments de silence et d’adoration, éventuellement cantiques — sauf le repas du Seigneur. Comme pour tout culte, il sera bon de se faire un « ordre du culte » en grandes lignes pour ne pas en oublier un aspect essentiel.
Reconnaissance
Commencez, par exemple, par des actions de grâces : fixez-vous comme règle de remercier Dieu chaque matin pour au moins dix bénédictions : par exemple cinq permanentes (la santé, la liberté, la sécurité, le pain et gagne-pain quotidiens, le salut…) et cinq différentes. Au bout d’une semaine, vous aurez mentionné une quarantaine de sujets de reconnaissance. Ingéniez-vous à trouver chaque jour une nouvelle raison de remercier Dieu. Cette habitude vous donnera peu à peu une vision du monde différente de celle de la plupart de vos contemporains qui ne cessent de se plaindre du temps, des voisins, de la cherté de la vie, etc.
La Parole de Dieu insiste sur l’action de grâces (Ps 50.14, 23 ; 56.13 ; 107.22 ; 147.7 ; 1 Co 1.4 ; Ep 5.4 ; Ph 4.6 ; Col 2.7 ; 4.2 ; 1Tm2.1), pour toutes choses (Ep 5.20). Si l’on a commencé dès le matin par remercier Dieu, on s’habituera rapidement à repérer les sujets de reconnaissance tout au long de la journée et à les lui apporter immédiatement.
Louange
L’action de grâces nous conduira tout naturellement vers la louange qui dépasse l’aspect personnel pour se concentrer sur Dieu lui-même, ses perfections et son oeuvre. La louange peut s’exprimer de bien des manières dans le culte personnel.
Nous pouvons le faire par la lecture d’un psaume (n’oublions pas que tous les psaumes s’appelaient « louanges » dans la Bible hébraïque), une lecture dans laquelle nous nous approprions immédiatement les prières du psalmiste, où nous les répétons en les reformulant avec nos mots, en les appliquant à nos situations passées, présentes et futures.
Nous pouvons aussi chanter un cantique de louange : à haute voix ou « dans notre coeur » (Col 3.16). Essayons de le faire « par coeur », nous nous apercevrons vite que notre répertoire de chants que nous mémorisons parfaitement est bien restreint: une raison de plus de les apprendre en nous appropriant leur contenu.
La simple lecture de strophes de cantiques peut nourrir et renouveler notre louange, surtout si nous choisissons l’un de ces « vieux recueils » rassemblant des chants des siècles passés bourrés d’un contenu doctrinal solide.
Adoration
La louange débouche sur l’adoration. Souvenons-nous que les termes bibliques désignent sous ce terme l’humble hommage au Dieu souverain symbolisé par le sujet qui s’incline respectueusement devant son supérieur ou se prosterne jusqu’à terre devant son roi. Qu’est-ce qui nous empêcherait d’ailleurs de souligner la parole par le geste correspondant ? Les Juifs et les premiers chrétiens connaissaient la vertu des attitudes et des gestes symboliques et ils ne méprisaient pas l’aide que le corps peut nous apporter pour renforcer une attitude intérieure. Or, l’adoration est essentiellement une attitude devant Dieu. Elle peut fort bien être silencieuse et s’exprimer ainsi de manière non-verbale. Mais nous pouvons aussi accompagner nos gestes d’une prière exprimant nos sentiments profonds : « Je me courbe devant toi, Maître souverain, Créateur du ciel, de la terre et de la mer, et de tout ce qui s’y trouve. Tu es grand, tu es tout-puissant et tu es amour ! En toi, nous avons la vie, le mouvement et l’être… » Dans la communion invisible avec tous vos frères et soeurs répandus à travers le monde, vous souhaiterez peut-être terminer ce moment en chantant :
« Nous t’adorons Toi que notre coeur aime Ô Rabboni
Nous avons soif de ta sainteté même, Maître béni.
Verse en nos coeurs, ô Christ, ta charité Et mets sur nous ta sublime beauté1 »
Ou, si vous préférez les mélodies du JEM :
« Nous t’adorons Nous t’aimons, tendre Maître Glorifie ton nom sur la terre, Glorifie ton nom dans nos vies2 »
Intercession
Puis ce sera le moment des requêtes — à moins que vous ne désiriez attendre que la lecture de la Parole vous en inspire d’autres. Le « carnet de prière » n’est pas seulement utile dans l’intercession. Il peut servir également à noter les sujets de prière habituels et exceptionnels que nous risquerions d’oublier.
L’intercession comprendra également une liste constante et une liste variable de personnes. Dans la première catégorie, nous trouverons évidemment nos plus proches, ceux que nous côtoyons journellement et ceux dont le Seigneur nous a mis particulièrement à coeur le salut ou le progrès spirituel, l’apôtre Paul est en cela un modèle inoubliable : combien d’heures il a dû passer chaque jour à intercéder pour ses amis d’Ephèse (Ep 1.15-23 ? 3.1-21 ), de Philippes (Ph 1.3-6), de Thessalonique (1 Th 3.10 ; 2 Th 1.11 ) et pour les chrétiens qu’il ne connaissait pas encore à Rome (Rm 1.8), à Colosses (Col 1.3-11 ), à Laodicée (Col 2.1-3) et ailleurs ! Nous aborderons certainement nos collaborateurs habituels d’une manière différente après avoir prié pour eux.
Si nous voulons être fidèles à notre vocation de « sacrificateurs » (Ap 1.6) et à nos promesses d’intercession, nous n’éviterons probablement pas l’utilisation d’une liste de prière pour tous les amis plus ou moins lointains pour lesquels nous aimerions intercéder régulièrement — à moins d’avoir une mémoire extraordinaire ou d’être convaincus que Dieu nous mettra à coeur, au moment voulu, ceux qu’il aimerait nous voir présenter devant Lui.
Ces mêmes règles peuvent être appliquées mutatis mutandis à la prière au culte dominical.
N’oublions pas la catégorie de prières que l’apôtre appelle « supplications » (Ep 6.18 ; Ph 4.6 ; 1 Tm 2.1 ; 5.5), c’est-à-dire des requêtes instantes dans lesquelles nous mettons tout notre coeur et toute notre âme, où le temps ne compte plus et où nous insistons auprès de Dieu comme la veuve importune (Lc 18.1 s.) jusqu’à l’exaucement.
Rien ne nous oblige d’ailleurs à limiter notre intercession au moment de culte quotidien. Si nous voulons obéir à l’ordre « Priez sans cesse », nous trouverons tout au long de la journée, des occasions de prier pour un certain nombre de personnes : pendant un travail machinal, à un feu rouge, en marchant, dans le bus ou le train…
La prière secrète (Mt 6.5-6) est le meilleur stimulant et la meilleure préparation pour la prière à haute voix au culte. Après avoir prié dans le « lieu secret », on sera plus à l’aise pour apporter ses sujets de louange ou d’intercession dans « la grande assemblée ». Autrement, on se fait toujours un peu l’impression d’être un hypocrite.
Lecture de la Bible
La lecture de la Bible dans son culte personnel est un privilège très récent dont nos ancêtres osaient à peine rêver et que nous envient bien des chrétiens dans les pays où le christianisme reste hors-la-loi. Suivre un plan de lecture offre plus de garantie de régularité que de lire au hasard.
Les « Notes bibliques » publiées par la « Ligue pour la lecture de la Bible » sont souvent une aide pour la compréhension des passages difficiles et un stimulant pour la méditation. Il ne faudrait pas qu’elles deviennent un oreiller de paresse dispensant de la réflexion personnelle sur le texte biblique. Cette lecture nous fournira de nouveaux sujets de prière, de louange, d’actions de grâce, ou d’intercession par lesquelles nous pourrons terminer notre culte. qu’elles deviennent un oreiller de paresse dispensant de la réflexion personnelle sur le texte biblique. Cette lecture nous fournira de nouveaux sujets de prière, de louange, d’actions de grâce, ou d’intercession par lesquelles nous pourrons terminer notre culte. .
NOTES
1. Sur les Ailes de la foi, n°183.
2. JEM, n° 329.