Succès et bénédiction

 

graines

par Pierre Widmer

 

 

 

Dans certains milieux chrétiens — et les mennonites n’y échappent guère — la réussite matérielle est le signe de la bénédiction, la preuve de l’approbation de Dieu. Du Psaume premier, ils ne retiennent que la fin du verset 3 : Tout ce qu’il fait lui réussit1

 

Mais les critères sérieux d’une vie chrétienne, d’une activité de témoignage et de service, pour Dieu et pour le prochain, sont à chercher dans les conditions fixées par le Seigneur, aux versets précédents (Ps 1.1-2). Il en était déjà de même pour Josué (1.7-8). On peut en rapprocher 2 Timothée 3.14-17. Ce qui est capital, primordial, indispensable, ce n’est pas le succès, mais l’attachement, la soumission, l’obéissance à la Parole de Dieu et à Celui qui nous l’a donnée.


bible-en-mainPlusieurs Psaumes soulignent le scandale de la réussite matérielle de l’orgueilleux, de celui qui s’élève et use de tromperie, lorsque le croyant fidèle est « éprouvé », humilié, méprisé. C’est tout le problème, en langue imagée, du « juste » et du « méchant ». Le « juste » est celui qui est « justifié par la foi » et persévère dans sa confiance en Dieu, même au travers de tous les échecs. Le « méchant » est l’homme « au coeur double », ayant « l’apparence de la piété », mais « reniant ce qui en fait la force », c’est-à-dire une humble relation avec le Seigneur. Les Psaumes 37 et 73 exposent le trouble, la souffrance du croyant en échec, face à l’arrogant qui réussit.


Tous les martyrs chrétiens de tous temps peuvent s’inscrire en faux contre la « théologie de la réussite », et avec eux, tant de missionnaires — j’en ai connus et j’en connais — qui ont donné, usé leur vie sans succès apparent dans l’évangélisation en pays hostile, musulman ou autre. Le critère de la bénédiction et du succès est seulement à chercher dans l’attachement humble et persévérant à Celui qui, un jour, jugera l’oeuvre de chacun et dira alors : Cela va bien, bon et fidèle serviteur : tu as été fidèle en peu de chose… entre dans la joie de ton Maître (Mt 25.21-23).


P.W.

 

 

Un exemple


Le témoignage de frères des Iles FEROE, entendu lors de la 2e Consultation Européenne des Assemblées, illustre bien les propos de Pierre Widmer. Ces îles, situées entre l’Ecosse et l’Islande, sont rattachées au Danemark. Au siècle dernier, un frère écossais, recommandé par son assemblée, y partit pour y prêcher l’évangile.


Après des années de témoignage, il mourut sans voir une seule conversion. Ses enfants poursuivirent le travail, et eux, firent une abondante moisson. De nos jours, les communautés évangéliques représentent 1 /5 de la population de l’archipel. Aux yeux des partisans de la réussite comme preuve de la bénédiction de Dieu, le service de l’évangéliste pionnier pouvait être perçu comme un échec à l’époque.


Alors que Dieu ne mesure pas avec nos critères mais avec les siens. La réalité du service nous est rappelée dans la première épître de Paul aux Corinthiens (3.6-15) : Celui qui plante et celui qui arrose ne font qu’un… Que chacun prenne garde à la façon dont il bâtitPuissions-nous nous en souvenir et être fidèles !

 

F.-J. Martin

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


NOTE

 

Ainsi, pour eux, la guérison des maladies est obligatoirement liée à l’évangélisation fidèle, en généralisant
abusivement Actes 10.38 et d’autres textes.