La forêt

 marais

 

par Georges Ertz1

 

 

La nature a fourni à notre Seigneur maint thème pour enseigner ses disciples. Beaucoup de ses paraboles se réfèrent à leur environnement naturel. Lorsqu’on se promène dans nos belles forêts et qu’on prend le temps de réfléchir et de se renseigner, on y découvre une mine d’enseignements que le Créateur a voulu y cacher.

 

Le promeneur pressé est rarement conscient de la somme de travail nécessaire pour obtenir une belle futaie aux troncs élancés. Savons-nous qu’il faut entre 80 et 150 ans, selon les variétés d’arbres, pour qu’un arbre soit adulte, « rentable »? Pour en arriver là, il a fallu que des générations de forestiers plantent, débroussaillent, coupent les arbres secs ou malades, veillent à ce qu’aucune maladie, aucun parasite, aucune négligence humaine n’endommagent ou ne détruisent ce capital précieux, mais fragile.

 

La valeur d’une forêt dépend de la qualité et du volume de bois produit. La longueur et le diamètre du tronc déterminent la valeur de chaque arbre. La forêt est le milieu propice qui permet aux arbres de développer un tronc élancé dont on fera du bois d’oeuvre, le bois de chauffage n’étant qu’un sous-produit de la forêt. A cause des similitudes qui existent entre la forêt et l’Eglise, nous pouvons affirmer : l’Eglise de Jésus-Christ est semblable à une forêt…


La croissance rapide est obtenue en plantant la forêt serrée. Les arbustes ont besoin de lumière et poussent donc en hauteur. Ils se stimulent mutuellement dans leur quête vers la lumière. De même, la communion fraternelle est un puissant encouragement, pour les chrétiens, à marcher dans la lumière, avec Jésus, lumière du monde (Ps 4.7 ; 27.1 ; 36.10 ; Jn 1.9 ; 8.12 ; 12.46 ; 1 Th 5.5 ; 1 Jn 1.7).

 

L’élimination des branches basses se fait progressivement ; à mesure que l’arbre grandit, celles-ci ne reçoivent plus de lumière, elles se dessèchent et tombent. Sans cette action, produite par l’ombre des autres arbres, il n’y aurait pas de beaux troncs. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer ces arbres solitaires dans les champs. Ils ont un magnifique feuillage, mais leur tronc est court et ne peut être utilisé comme bois de construction. L’oeuvre de la sanctification dans la vie de chaque chrétien se fait avec l’aide des autres.

 

Le renoncement aux oeuvres mortes, la mort à notre vieille nature, se font « à l’ombre » des autres, des membres de la famille, des frères et soeurs, collègues de travail, etc. Sans eux, pas de croissance dans la vie chrétienne. Dans ses épîtres, les exhortations de l’apôtre Paul, relatives à la mise en pratique de son enseignement, sont toujours adressées à des communautés (à l’exception des épîtres pastorales), et concernent les relations avec les autres (Rm 12.3,10,17-20 ; Ga 5.24-26 ; Ep 4.20-32 ; Ph 2.1-4 ; Col 3.5-14 ; 1 Th 4.3-7).

 

Parvenu à l’âge adulte, l’arbre sera abattu et débité en planches et en poutres, et deviendra charpente ou meuble. Quelle patience, quelle peine n’a-t-il pas fallu pour produire ce matériau noble que l’artisan utilise à son gré pour en faire un objet utile et beau ! Les acteurs humains qui sont intervenus pour arriver à ce résultat, malgré leur savoir et leur dévouement, ne sont qu’un pâle reflet de la sollicitude et de la patience de notre Père céleste qui travaille inlassablement pour que ses enfants parviennent à une pleine maturité, à la stature parfaite de Christ (Ep 2.20-22 ; 3.14-19 ; 4.11-16 ; Ph 1.9-11 ; Col 1.9-11 ; 1 Th 3.12-13).

 

Les arbres qui poussent en bordure de la forêt ont la particularité d’avoir de grosses branches sur toute la partie du tronc qui regarde vers l’extérieur, alors que la partie qui est tournée vers la forêt ressemble aux autres arbres : sans branches basses. Aussi grands et beaux qu’ils soient, on ne pourra les utiliser comme bois d’oeuvre ; branches et tronc deviendront du bois de chauffage.

 

Le chrétien qui vit « en bordure » de sa communauté, c’est-à-dire qui, tout en faisant partie de la famille de Dieu, veut encore jouir des avantages du monde, ressemble à ces arbres-là. Il a les apparences de la piété, mais il est inapte au service dans la construction de la maison de Dieu (Ps 1 ; 1 Jn 2.15-17).

 

La forêt et l’Eglise de Jésus-Christ ont ceci de commun, que les éléments qui les composent ont besoin des autres pour se réaliser : chacun est stimulé par les autres à tendre vers le haut, à monter vers la lumière, mais en même temps, ils freinent son extension horizontale, l’empêchant de dépenser son énergie dans ce qui nuit à sa croissance.

 

Le Seigneur voudrait « … que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ ;… en professant la vérité dans l’amour, nous croîtrons à tous égards en celui qui est le chef, Christ » (Ep 4.13, 15).

 

G.E.


Note

 

1. : Georges Ertz, instituteur et missionnaire au Tchad est secrétaire du Comité de Mission de nos assemblées (ASMAF). Il est responsable de la Communauté Evangélique d’Ingwiller.