A propos du sang

 

 

par Brad Dickson

 

 

Chère Christine,

 

 

Merci pour ta lettre qui m’apprend ton nouvel intérêt pour la Bible à travers tes études avec des Témoins de Jéhovah. Tu m’as demandé ce que je pensais de leurs idées concernant le sang. J’espère que les réflexions suivantes te seront utiles.

 

En Lévitique 17.10-11, Dieu interdit à son peuple de consommer du sang (une utilisation banale), parce qu’il avait désigné le sang comme un moyen de pardon, d’expiation (une utilisation sainte). Autrement dit, il voulait que le sang soit quelque chose d’important, qu’il ne serve qu’aux sacrifices et pas à la nourriture. Jusque-là, tous sont d’accord.

 

On pourrait facilement dire que tout cela appartient à l’époque de l’Ancien Testament, et que cela ne nous concerne pas. Mais la question est plus compliquée que cela!

 

Dans le Nouveau Testament, un débat important a opposé certains Juifs convertis à Jésus-Christ, aux non-juifs convertis à Jésus également. Ces derniers mangeaient facilement la viande sacrifiés aux idoles, ainsi que le sang. Ils refusaient aussi la circoncision. Tout cela était dur à accepter pour les Juifs.

 

Actes 15 nous raconte que les apôtres se sont rencontrés pour discuter de ce problème. Ils décidèrent qu’il ne fallait pas imposer aux chrétiens non-juifs de se faire circoncire mais qu’il valait mieux qu’ils évitent la viande sacrifiée aux idoles et le sang.

 

Au vu de cela, je comprends pourquoi les Témoins de Jéhovah disent qu’il faut éviter les viandes sacrifiées aux idoles et le sang, même aujourd’hui.

 

Néanmoins, je soupçonne que cette recommandation des apôtres était surtout dans le but de faciliter l’entente fraternelle entre Juifs et Grecs. Ce n’était pas une loi perpétuelle « gravée dans de la pierre » !

 

J’arrive à cette conclusion en lisant les écrits de Paul qui ajoutent des observations qui nous donnent beaucoup de liberté à l’égard de la nourriture. Regarde :

 

« Que personne ne vous juge à propos de ce que vous mangez ; ou pour une question de fête, tout cela n’est que l’ombre des choses à venir, mais la réalité est celle du Christ » (Col 2.16-17).

 

« Je sais, et je suis persuadé dans le Seigneur, que rien n’est impur en soi » (Rm14.14).

 

« Ce n’est pas un aliment qui nous rapprochera de Dieu ; si nous n’en mangeons pas nous n’avons rien de moins ; si nous en mangeons, nous n’avons rien de plus » (1 Co8.8).

« Tout ce que Dieu a créé est bon, et rien n’est à rejeter, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces » (1 Tm 4.4).

 

Autrement dit, les apôtres, dans Actes 15, décourageaient la consommation de viandes sacrifiées aux idoles et du sang pour ne pas offenser les Juifs, mais Paul (aussi un apôtre) dit que nous avons la liberté de tout manger, aussi longtemps que nous ne créons pas ainsi une offense pour un autre chrétien qui a la conscience un peu plus fragile à cet égard. Il faudrait que tu lises tous les chapitres desquels j’ai tiré ces versets pour vérifier que je ne les ai pas sortis de leur contexte.

 

Maintenant, les Témoins de Jéhovah vont beaucoup plus loin que de bannir le sang de l’alimentation, comme tu le sais, Christine. Ils proscrivent aussi les transfusions sanguines. Ceci sans enseignement clair à cet égard (puisque ça n’existait pas au moment où la Bible a été écrite).

 

C’est ici un exemple frappant de légalisme, c’est-à-dire, d’observer la lettre de la loi plutôt que de chercher l’esprit de la loi. La lettre de la loi est dans les mots que Dieu a utilisés pour traduire sa pensée. L’esprit de la loi est l’intention des mots, l’idée à l’origine, son cour.

 

La lettre de la loi : tu ne mangeras pas de sang (Lévitique).

 

L’esprit de toute la loi : l’amour du prochain (voir les versets ci-dessous).

 

« Portez les fardeaux les uns des autres, vous accomplirez ainsi la loi de Christ » (Ga 6.2).

« Celui qui aime les autres a accompli la loi… En effet, les commandements… se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait pas de mal au prochain : l’amour est donc l’accomplissement de la loi » (Rm 13.8-10)

 

Par cette extrapolation de la loi Lévitique aux transfusions sanguines, par souci de la lettre de la loi, ils font du mal, au point que certains ont vu mourir leurs propres enfants. Ce faisant, ils n’accomplissent pas l’esprit de la loi qui se résume par l’amour.

 

Jésus lui-même a enfreint les lois du sabbat afin de faire des guérisons. Il a été repris par les Juifs mais leur a répondu que le sabbat était au service de l’homme et non l’homme au service du sabbat. Ne répondrait-il pas quelque chose dans le même genre par rapport aux interdictions des Témoins de Jéhovah concernant le sang ?

 

La technique des transfusions comporte des risques, certes, mais a quand même sauvé des milliers de vies, dont la mienne, à la naissance. Je remercie Dieu de ce que mes parents n’étaient pas Témoins de Jéhovah !

 

Enfin, si la vie est dans le sang, comme ils l’affirment, on peut se laisser interpeller par ces paroles de Jésus : « II n’y a pour personne de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ! » (Jn 15.3).

 

Merci d’avoir écrit, tu fais bien de chercher deux sons de cloches. Surtout, ne te décourage pas ! La Bible est un livre passionnant qui te récompensera bien. Quand est-ce qu’on se voit pour en discuter davantage ?

 

Affectueusement,

 

Ton cousin Brad