L’engagement social et l’Eglise locale1
par David Whisker
Lorsqu’on entreprend une réflexion sur un tel sujet, on constate très rapidement qu’il existe une masse de matériel pédagogique ; et que la Bible, l’outil essentiel de réflexion pour tout chrétien, est elle-même remplie d’enseignements à ce sujet. Dans ce cas, par où commencer ?
Une base biblique
Je me propose de commencer par la fin, à la fin des temps, avec les paroles percutantes de notre Seigneur lui-même dans Matthieu 25, versets 31 à 36 : « Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous ses anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez recueilli ; j’étais nu et vous m’avez vêtu ; j’étais malade et vous m’avez visité ; j’étais en prison et vous êtes allés vers moi. »
II n’y a aucun doute que suivre Jésus ne se limite pas seulement à une simple confession de foi verbale, mais cette foi s’exprime dans des actions concrètes auxquelles nous pouvons attacher des étiquettes telles que l’évangélisation ou l’engagement.
Un équilibre à trouver
Pendant de longues années, surtout vers la fin du 19e siècle et au début du 20e existent des tensions dans certains secteurs du christianisme sur la mise en pratique de ces deux aspects de l’Evangile.
Les uns semblaient s’engager avec une telle ardeur pour une action sociale qu’ils avaient tendance à oublier les besoins de l’homme spirituel. Les autres, pour donner le contrepoids à cette libéralisation de l’évangile ont développé une piété telle qu’il n’y avait plus de place pour une action matérielle : tous les besoins de l’homme devraient être satisfaits par l’annonce du salut pour son âme.
Un regard sur le passé nous montre que quelques-uns de nos illustres prédécesseurs ont trouvé un meilleur équilibre entre ces deux tendances. William Booth, John Bost, John Wesley, pour n’en citer que quelques-uns, ont montré que vivre l’évangile et annoncer le salut vont de pair avec le soulagement de la pauvreté et de l’oppression. D’autre part, nous savons que les grandes oeuvres missionnaires essentiellement fondées pour apporter l’évangile dans d’autres pays se sont aussi engagées dans la fondation d’hôpitaux, d’orphelinats et d’écoles.
Jésus et les apôtres
Dès le début de son ministère terrestre, Jésus insistait toujours sur ce double aspect de la tâche que son père lui avait confiée : « II est venu pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, pour proclamer aux captifs la délivrance, aux aveugles le recouvrement de la vue, et pour renvoyer libres les opprimés » (Lc 4.18-19).
La vie de Jésus montre clairement que l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni. Dans ce cas, l’annonce du salut pour ces hommes accompagnait des actions sociales.
Les apôtres continuèrent l’enseignement de Jésus dans leurs épîtres : « Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres, le don qu’il a reçu » (1 P 4.10). « Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (Ep 2.10). « II faut que les nôtres aussi apprennent à pratiquer de bonnes oeuvres, pour subvenir aux besoins pressants, afin qu’ils ne soient pas sans produire des fruits » (Tt 3.14).
L’apôtre Jacques dit même plus nettement dans son épître que « la foi sans les oeuvres est morte » (Jc 2.26).
Une manifestation d’amour
La foi en action est l’expression d’un aspect particulier de la vie chrétienne. C’est l’expression de l’amour. Et ce mot « amour » résume en lui-même tout l’évangile et tout ce qui en découle. C’est l’expression de la sollicitude et de la volonté de Dieu pour ses créatures. C’est la base de notre réponse à notre Dieu dans l’acceptation du salut offert en Jésus-Christ et de tout ce qui, ensuite, devrait être la motivation de nos actions.
Il ne faut pas confondre l’amour avec une sorte de sentimentalisme ou avec un simple soulagement de conscience. Le deuxième commandement de Jésus est :
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lc 10.27). L’apôtre Paul dit : « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne… Quand j’aurais même toute la foi, jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien » (1 Co 13.1-2).
Souvent, dans les évangiles, on trouve cette expression d’amour traduite par Jésus dans le mot « compassion ». Qu’est-ce que cela signifie, non seulement à l’égard de Jésus, mais aussi pour nous-mêmes ? Si nous suivons son exemple, la compassion est beaucoup plus que l’expression d’un sentiment (tristesse, émotion…). La compassion implique un partage avec les maux des autres. Elle engage une participation dans les problèmes d’autrui, une action positive dans le but de leur venir en aide, de soulager leur détresse et de les remettre sur le bon chemin.
Pour employer une expression familière : « II faut être prêt à se mouiller ». Chacun d’entre nous, si nous confessons Jésus comme Sauveur et si nous le prenons comme notre modèle, nous sommes appelés à vivre cette compassion, cet amour.
Mais « quand ? », « comment ? », « où ? », et « pour qui ? ». Quatre questions que nous allons examiner.
Rester disponible
Quand exercer la compassion ? A partir de notre conversion, pendant tout le reste de notre vie terrestre et à chaque occasion qui nous est présentée pour manifester cet amour. Parfois, ce sont des occasions isolées dans notre vie quotidienne qui nous permettent d’exprimer notre amour du prochain, cet amour au nom de Jésus-Christ.
Qui ne se souvient de ces moments de joie qui suivent notre conversion et se traduisent par une ouverture, envers un membre de la famille, les collègues de travail ou même un étranger dans la rue ? Peut-être étions-nous plus conscients de partager la bonne nouvelle de notre salut et faire en sorte que notre interlocuteur puisse trouver ce même bonheur.
Sans doute que cette expression de joie fut accompagnée de maints gestes d’affection et de tendresse. Malheureusement, ce premier amour se refroidit parfois, on devient tiède. Les actions qui l’accompagnaient s’évaporent soudain. Gardons-nous de devenir tièdes dans nos actions et dans nos préoccupations pour autrui. N’oublions pas l’avertissement solennel du Seigneur dans Apocalypse 3.15-16, envers ceux dont l’amour est devenu tiède : « Je connais tes oeuvres. Je sais que tu n’es ni froid ni bouillant. Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche ».
Nous devrions donc pratiquer cet amour tout au long de notre vie. Il n’est pas nécessaire d’attendre d’être appelé à travailler dans une oeuvre caritative pour faire de bonnes actions. Nous n’avons qu’à ouvrir nos yeux et nos oreilles pour être conscients de tout ce que nous pouvons faire en tant que chrétiens, même si nous poursuivons parallèlement notre activité professionnelle. Parfois le « quand ? » nous arrive au moment le plus inattendu. C’est là que notre disponibilité pour le Seigneur est mise à l’épreuve.
Si nous sommes sérieux au moment de notre engagement avec le Seigneur, c’est lui qui, désormais, contrôle nos vies. C’est lui le maître et nous ne vivons plus pour nous-mêmes, mais pour lui. Etre chrétien ne signifie pas seulement aller au culte le dimanche matin. C’est plutôt vivre pour le Seigneur 24 h sur 24, en restant disponible pour lui et partager son amour avec d’autres. Si, dans sa grâce, il nous permet aussi d’assister régulièrement au culte le dimanche matin, c’est un bonus supplémentaire.
S’engager sans compter
Comment ? C’est-à-dire avec quels moyens ? Si nous avons déjà touché le domaine délicat de notre temps, nous devrions être capables d’aborder des questions encore plus délicates : celles de notre argent et de nos dons. C’est-à-dire, les dons que Dieu nous a accordés pour ce service. Si notre temps est consacré au Seigneur, il en va de même pour notre argent. Mais la leçon semble toujours difficile à apprendre.
Qu’il est facile de tomber dans ce piège de compter combien nous donnons au Seigneur, Nous savons que tout vient de lui. Mais que l’on veuille ou non, nous faisons le calcul : « Telle partie est à Dieu et le reste est à moi pour faire ce qui me plaît ». Nous entrons dans des questions de règles, de dîmes, de pourcentage, avec l’arrière-pensée que si nous mettons un peu plus que notre participation normale, nous ferons une bonne impression à Dieu. Ici le danger n’est pas la tiédeur, mais le risque de tomber dans une attitude légaliste, ou pire encore, de vouloir remplacer Dieu dans le contrôle de l’utilisation de nos revenus.
Combien d’oeuvres ont besoin de notre soutien financier ainsi que de notre soutien dans la prière ! Donc, deux demandes : celle de notre temps et celle de notre argent. Combien ces soutiens sont précieux pour ceux qui oeuvrent, même si, pour une raison ou une autre, nous n’avons pas la possibilité d’y travailler nous-mêmes.
Sommes-nous toujours conscients des dons que Dieu nous a accordés ? Les utilisons-nous pleinement ? Si nous reconnaissons en nous un don de Dieu, faisons-nous de notre mieux pour l’exercer ?
Vraiment prêt à tout ?
Une petite anecdote à ce sujet. Elle s’est passée, il y a quelques années en Angleterre, dans une oeuvre avec laquelle nous collaborons. Cette oeuvre avait fait une exposition dans un grand rassemblement chrétien. Sur les panneaux de l’exposition figuraient des exhortations à s’engager pour le Seigneur, Un jeune homme s’approcha des responsables du stand pour un entretien : « J’ai l’impression que le Seigneur m’appelle à plein temps à son service. Pouvez-vous me conseiller et m’engager ? » Réponse : « Dites-nous vos capacités ». Le jeune homme répondit : « Je suis accordeur de pianos ». Ils lui répondirent que Dieu ne leur avait pas mis à coeur d’engager des accordeurs de pianos.
Mais, après prière, cette oeuvre reçut, quelques mois plus tard, un appel d’une école de jeunes aveugles à Beyrouth. Ils demandèrent donc au candidat s’il était prêt à partir pour cette destination. Il répondit « Oui ». Il y est toujours, depuis 7 ans. Il a vécu toute la période de la guerre civile, dans une école où il enseigne la musique et l’art d’accorder les pianos ; dans l’espoir qu’il y aura un jour au Liban des pianos à accorder. Il a rendu témoignage de sa foi chrétienne au milieu de toutes les difficultés qu’on peut imaginer à Beyrouth. C’est une histoire extraordinaire. Il est convaincu que le Seigneur l’a appelé à ce travail.
Comprendre que Dieu nous a accordé des dons nous permet de discerner comment il nous a équipés pour certaines tâches. En même temps, cela nous permet aussi de reconnaître quand certaines actions dépassent nos capacités. Il vaut mieux alors, les laisser à ceux qui ont une formation spécialisée.
Une affaire d’équipe
Supposons que votre église décide d’ouvrir un centre d’accueil pour jeunes victimes de la drogue. Il est évident qu’une formation est nécessaire pour ceux qui s’occuperont de ces jeunes sur le plan médical. Mais celui qui s’occupera de toute la partie administrative, qui va essayer de leur trouver du travail pour leur réinsertion sociale n’est pas un médical, c’est un administrateur. Et ceux ou celles qui s’occupent de la cuisine dans ce centre d’accueil ont des capacités autres que les infirmiers ou les administrateurs. Et les équipiers les plus importants, prêts à venir écouter, parler, encourager, entourer ces jeunes avec leurs problèmes, sont peut-être des personnes qui n’ont pas de qualifications particulières sauf celle que Dieu leur a donnée d’être disponibles, prêts à consacrer leur temps, leur énergie et leurs efforts pour le bien des autres.
Ne soyez pas trompés par notre société d’aujourd’hui qui est devenue tellement spécialisée qu’on a parfois l’impression de ne pouvoir rien faire, même pas de la plonge si l’on n’a pas passé son bac avec mention.
Une oeuvre de l’église sur le plan local ou un soutien donné à une action menée dans un autre pays est de la responsabilité de tous, et demande l’engagement de tous, chacun faisant son travail d’une manière complémentaire aux autres. Une seule personne ne peut pas tout faire. Même le meneur de jeux a besoin de toutes les équipes de soutien. Nos assemblées ont, certes, besoin de prédicateurs et d’administrateurs, mais elles ont besoin également de ceux qui s’occupent de l’accueil et de ceux qui veillent aux personnes dans le besoin. On peut trouver un bon précédent biblique à ce genre de répartition des tâches dans le 6e chapitre des Actes.
Des besoins au près, au loin
Où allons-nous nous engager ? Comme pour notre accordeur de piano, il se peut que le Seigneur nous appelle à travailler à l’étranger. Soyons honnêtes, partir dans un autre pays nous donne toujours un plus grand sens d’ouverture, l’accomplissement d’un plus grand dessein, davantage que de rester simplement chez soi. Mais ceux qui ont des qualifications techniques pour répondre à un besoin précis d’un pays en voie de développement se font de plus en plus rares. Heureusement, ces pays commencent à être capables de subvenir à leurs propres besoins en médecins, techniciens, agronomes, etc.
Parfois, si on ne peut pas vivre cette aventure soi-même, il semble plus noble de soutenir ceux qui partent à l’étranger ou ceux qui sont dans le besoin outre-mer, que de s’occuper de ceux qui sont autour de nous. Mais nous ne devrions pas devenir indifférents aux besoins autour de nous. Parfois, c’est la solution de facilité que nous choisissons : c’est-à-dire, mettre la main dans notre poche pour une oeuvre ou une mission à l’étranger, mais face aux besoins de nos voisins ou de ceux que nous côtoyons dans les rues de Strasbourg ou de Paris, nous restons indifférents.
Vous connaissez peut-être l’histoire de Pollyana, cette petite fille élevée par sa tante, au début du siècle, aux Etats-Unis. Sa tante faisait partie d’un groupe de dames où l’on tricotait, cousait et ramassait de l’argent pour envoyer aux enfants pauvres aux Indes. Un jour, Pollyana rencontra un jeune garçon de son village qui n’avait rien à manger et tout naturellement, elle l’amena chez sa tante. Ils arrivèrent à la maison en plein milieu d’une réunion de ces dames qui furent outrées lorsque Pollyana présenta son petit camarade noir. Il est souvent plus facile de voir les besoins situés à 10000km de chez nous et de fermer les yeux sur ce qui se passe à moins de 100 mètres.
Justice et immoralité
Un autre domaine où nous, chrétiens en France, devrions nous engager c’est contre l’injustice, l’intolérance, la discrimination raciale, la dégradation morale qui malheureusement sont de plus en plus flagrants aujourd’hui. Ce n’est pas toujours facile de trouver le courage pour dénoncer de tels abus, pas facile non plus de se faire entendre. Toute action de notre part risque de susciter une étiquette politique, ce qui n’est pas toujours notre désir. On risque aussi la moquerie de nos auditeurs, ou la pression pour nous réduire au silence, car le point de vue chrétien sur certains problèmes n’a pas toujours bonne presse. Et les intérêts financiers de la presse sont très importants.
Profitons-nous du fait que nous vivons dans un pays où la liberté d’expression est encore tolérée ? En sera-t-il toujours ainsi ? La voix chrétienne en France n’est pas très forte, mais là encore, si nous agissons ensemble, il y a une plus grande chance d’être entendus.
Qui est mon prochain ?
En faveur de qui doit être notre engagement social ? « Qui est mon prochain ? » demanda le docteur de la loi qui voulait mettre Jésus à l’épreuve. Pour qui devrais-je agir ? Ce qui dérangeait encore plus son interlocuteur, c’est que la leçon de compassion donnée par Jésus avait comme exemple un misérable samaritain plutôt qu’un juif pieux qui servait strictement la loi de Moïse.
Parfois, nous, chrétiens, avons tendance à réserver nos bonnes actions pour les frères et soeurs de notre assemblée et à oublier le monde qui ne fréquente pas nos églises. S’il est vrai que Jésus a dit à ses disciples : « Aimez-vous les uns les autres. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13.34-35), il a aussi dit : « Faites du bien à ceux qui vous haïssent… Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ?… Si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? » (Mt 5.44-47).
Un début à tout
Ceci dit, si une église décide pour la première fois une action diaconale, il va de soi qu’une période de rodage à l’intérieur de la maison peut nous donner de bonnes expériences, avant de nous lancer dans une aide orientée vers le monde extérieur.
Un exemple dans mon église à Paris : nous avons récemment créé une commission d’entraide qui a pour but d’aider ceux qui viennent à l’église et qui ont des problèmes administratifs, de logement, de travail, etc. Nous apprenons lentement comment diriger ces personnes vers les services spécialisés de la ville (Sécurité Sociale et autres). Mais nous sommes loin de pouvoir agrandir ce service vers l’extérieur, car nous n’avons ni l’expérience, ni le personnel nécessaire.
Des hommes qui souffrent
Je crois que nous sommes tous familiarisés avec la parabole du bon samaritain. Beaucoup d’encre a coulé concernant les caractères des personnages principaux du récit, mais on parle peu de celui qui, pour nous, est le plus important : l’homme qui fut victime de l’agression. Nous ne savons pas grand-chose à son sujet, s’il fut noir ou blanc, juif ou païen. Mais nous savons deux choses.
Premièrement, il a souffert de la main d’autrui. Il fut victime de la violence, de la méchanceté, de la malhonnêteté, du péché des autres. Il représente pour nous, des milliers et des milliers dans notre monde qui sont victimes de l’agression, de la persécution et de l’injustice. Il était à demi-mort comme le sont des milliers dans notre monde qui souffrent de la famine, ou de la violence. Il fut bafoué, abandonné dans sa misère et ignoré par ceux qui auraient pu l’aider, mais qui choisirent délibérément de passer outre.
La deuxième chose que nous savons, c’est qu’il était un homme créé à l’image de Dieu. Aujourd’hui, des milliers d’hommes crient pour être secourus, des milliers d’hommes créés à l’image de Dieu.
En face de la souffrance dans ce monde, des immenses besoins que nous voyons tous les jours, nous avons en tant que chrétiens la vocation et le devoir, de par les commandements de Dieu, de ne pas rester indifférents, mais d’agir en faveur des pauvres, des malades, des étrangers, des enfants et des veuves.
Le prix de l’engagement
Le samaritain a su montrer de la compassion. Il est allé jusqu’au point de se priver de ses biens pour aider l’autre. Il lui donna sa place sur son âne, tandis que lui continuait son chemin à pied. Il utilisa sa « trousse de secours » en donnant de son huile, de son vin et ses bandes. C’est lui qui paya la chambre d’hôtel et s’engagea à payer les frais supplémentaires. Il fut prêt à faire le sacrifice nécessaire pour une aide efficace.
Sommes-nous prêts à aller jusque-là ? Ne nous faisons pas d’illusions : pour qu’une aide à ceux qui souffrent soit efficace, il faut aller jusqu’au sacrifice. Nous devrions ressentir cet amour, qui est à la base de toute compassion, sinon nous ne sommes pas meilleurs que le sacrificateur ou le lévite.
Parabole
II était une fois une poule et un porc. Ils virent un mendiant traverser la cour de la ferme. Emus par son piteux état et désireux de lui venir en aide, ils discutèrent pour trouver la meilleure manière. Après un moment de réflexion, la poule dit : « Nous allons lui offrir une omelette au jambon ». Un silence lourd de la part du porc, qui reprit : « Toi, ce que tu proposes de lui donner n’est pas plus qu’une de tes actions quotidiennes, tandis que pour moi, cela représente un sacrifice énorme ».
Dans Jean 15.13 nous lisons : « II n’y pas plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Nous ne sommes peut-être pas appelés au sacrifice suprême, mais il est nécessaire que nous regardions autour de nous, non seulement pour voir les besoins, mais pour agir.
Va, et toi, fais de même
Dans le sacrifice de Jésus pour nous, nous avons connu un amour extraordinaire, celui de Dieu pour nous ses créatures. Nous n’avons jamais connu un plus grand amour, un amour qui engendre la compassion et une compassion qui mène à l’action.
« Qui est donc le prochain de celui qui est tombé aux mains des brigands ? » demande Jésus. La seule réponse pour ses interlocuteurs ainsi que pour nous-mêmes est : « Celui qui exerce la miséricorde ». Jésus fait suivre cette réponse d’une phrase cruciale ; une phrase qui a dû rester longtemps dans l’esprit de ses auditeurs et qui à travers les siècles nous interpelle aujourd’hui : « Va, et toi, fais de même ».
D.W.
NOTE
1. : Conférence donnée à la Bonne Nouvelle de Stras-bourg le 21 septembre 1988.