Histoire et actualité des Assemblées d’Allemagne
par Daniel Herm1
Un court résumé historique
Les débuts
La première Assemblée de Frères d’Allemagne fut fondée à Stuttgart, par Georges Müller en 1843.
Très rapidement, l’influence de John Nelson Darby se fit sentir. Il prit de plus en plus de poids au sein des Assemblées, du fait de ses nombreuses visites, de son amitié avec l’un des principaux responsables : Karl Brockhaus à Weppertal et de sa collaboration à la traduction de la Bible (version Elberfelder).
Ceci explique qu’au moment de la division entre ces deux responsables, beaucoup de frères en Allemagne choisirent une pratique « exclusive » dans la vie des Assemblées. Et bien qu’entre 1875 et 1891 Georges Müller soit encore allé plusieurs fois en Allemagne, on estime qu’à la fin du XIXe siècle environ deux tiers des communautés se rattachaient au courant dit « darbyste ».
A l’aube du XXe siècle
A la fin du XIXe siècle, la vie et la pratique des Assemblées dites de « Frères Larges » furent très marquées par le ministère du Dr Friedrich Wilhelm Baedecker qui se convertit à Christ grâce au témoignage de Lord Bedstock en 1866. FW. Baedecker était très engagé au sein de l’Alliance Evangélique, II fut l’un des fondateurs de l’Institut Biblique de Berlin en 1905.
Tandis que les Assemblées de tendance « exclusive » étaient fermement dirigées par Karl Brockhaus, puis par son fils Rudolf, les Assemblées de « Frères Larges » furent influencées par l’Institut Biblique de Berlin, puis plus tard par l’Institut Biblique de Wiedenest, en particulier par deux de ses professeurs renommés: Johannes Warms (1874-1937) et Erich Sauer (1898-1959).
Des années difficiles
En 1937, le gouvernement nazi obligea les Assemblées « exclusives » soit à s’organiser elles-mêmes et à se faire enregistrer par le gouvernement, soit à cesser d’exister. La plupart de ces Assemblées choisirent de se rallier aux communautés plus larges pour constituer « la Communauté des Chrétiens des Eglises Libres ». En 1940, cette association se rattacha à l’Union Baptiste pour former « l’Union des Eglises Evangéliques Libres ». Le but de cette fusion était d’avoir une position plus forte face au gouvernement nazi.
Il faut reconnaître que la plupart des responsables au sein des Assemblées de Frères en Allemagne et des Eglises Libres ont conservé l’attitude allemande traditionnelle d’une obéissance absolue envers le gouvernement et n’ont pas su discerner le mal derrière le gouvernement nazi.
Après la guerre
A la fin de la guerre, au retour de la liberté religieuse, les Assemblées se sont de nouveau séparées en trois groupes représentant trois courants. Beaucoup de frères « étroits » retournèrent à leurs anciennes pratiques, et coupèrent les liens avec les autres communautés. Un deuxième groupe appelé le « Groupe des Frères Libres » quitta l’Union des Eglises Evangéliques Libres, pour fonder son propre mouvement. Ce courant compte environ deux cents assemblées et groupes de maison. Il organise ses propres activités parmi les jeunes, les enfants, et développe une vision missionnaire à l’intérieur du pays, disposant d’environ vingt frères à plein temps.
Dans l’ancienne Allemagne de l’Ouest (RFA), environ 85 assemblées sont restées rattachées à l’Union des Eglises Evangélique Libres. Toutefois, elles restent localement très indépendantes, redoutant une centralisation trop forte et une structure trop rigide.
Actuellement, ces Assemblées se demandent si elles ne devraient tout de même pas quitter l’Union des Eglises Evangéliques Libres. Cette question revient à l’ordre du jour suite à la décision des Eglises Baptistes d’accepter des femmes comme pasteurs.
Dans ce qui était autrefois l’Allemagne de l’Est (RDA), environ 40 Assemblées ont quitté l’Union des Eglises Evangéliques Libres, tandis que 60 y sont restées jusqu’à présent.
Bien entendu, il est très difficile de donner une appréciation sur la situation générale des Assemblées de Frères en Allemagne actuellement. D’un côté il y a celles qui trouvent qu’il est difficile de s’identifier complètement avec le Mouvement des Frères, mais qui ont des liens étroits avec l’Alliance Evangélique. D’un autre côté, il y a celles qui n’ont aucun contact avec d’autres dénominations évangéliques ni avec l’Alliance Evangélique. Beaucoup ressentent le besoin d’un changement dans différents domaines comme la formation biblique, le rôle des anciens, le ministère à plein temps, etc. D’autres sont allergiques à tout changement, ce qui ne facilite pas l’évolution.
Les activités des Assemblées en Allemagne
Les Assemblées, à l’exception de celles dites « exclusives » ont en Allemagne plusieurs activités communes.
Les centres de vacances
Le principal d’entre eux, est celui de Rehe. Il s’est considérablement développé depuis 1946. Après des débuts modestes, il est devenu l’un des centres les plus importants d’Allemagne, avec une capacité de 200 lits. Ce centre organise beaucoup de rencontres pour les jeunes, les enfants, les adultes, les personnes âgées…
Il existe aussi de petits centres à Besenfeld, en Forêt Noire, à Berthelsdorf à l’Est, à Basdahl et Wrist, dans le Nord du pays.
Les maisons d’édition et les grandes conférences
Les Assemblées en Allemagne disposent de trois maisons d’édition : « Brochhaus-Verlag » à Wuppertal, « Christliche Verlagsgeselischaft Dillenburg » et « Christliche Literaturverbreitung » à Bielefeld.
Elles organisent plusieurs conférences en Allemagne à Dillenburg, Mettmann, Wermelskirchen, Heilbronn, Vielau, etc. Il n’y a pas d’orateur principal, mais chacun est libre de prendre la parole. Dans d’autres conférences comme à Berlin, Wuppertal-Elberfeld, Nuremberg et Wiedenest, on invite des orateurs tout en laissant une participation libre.
Les revues et les magazines
II existe plusieurs publications :
– Die Botschaft, publié par Brockhaus à Wuppertal.
– Die Wegweisong publié par « Christliche Verlagsgeselischaft » à Dillenburg.
– Offene Türen, le magazine missionnaire de Wiedenest.
– Wir, un magazine pour jeunes.
– un bulletin trimestriel pour les animateurs d’école du dimanche publié par « Christliche Verlagsgeselischaft » à Dillenburg.
Les maisons de retraite
Les Assemblées ont quatre maisons de retraite avec des capacités différentes : à Lützein, 100 places ; à Wuppertal-Ronsdorf : 40 places ; à Crivitz : 45 places ; à Eschelbach : 25 places. Des projets d’extension sont prévus à Lützlen et Crivitz.
Les efforts communs d’évangélisation
Les Assemblées organisent en commun différents efforts d’évangélisation. Il y a par exemple des missions sous tente. Six d’entre elles parcourent le pays pendant les mois d’été en particulier.
Trente nouvelles églises sont en train d’être implantées (postes pionniers) par des frères à plein temps ou à temps partiel.
Plusieurs campagnes d’évangélisation se déroulent en outre pendant les mois d’hiver.
L’oeuvre missionnaire hors frontières
Les Assemblées développent aussi une vision missionnaire mondiale, qui comprend trois aspects principaux :
– Les Assemblées du groupe libre soutiennent environ 10 missionnaires au Japon, au Zaïre, au Brésil, au Portugal et en Europe de l’Est.
– La « Zentral-Africa-Mission » (mission de l’Afrique Centrale) a été fondée par Martin Wedder à Wahibröl, Cette mission diffuse des cours par correspondance Emmaüs et de la littérature chrétienne, en Afrique Francophone. Dans ces pays, il n’y a pas de missionnaires allemands, mais des collaborateurs nationaux qui sont soutenus par l’Allemagne.
– L’oeuvre missionnaire la plus ancienne est l’Institut Biblique de Berlin, installé plus tard à Wiedenest, fondé par Friedrich Wilhelm Baedecker.
L’Institut Biblique
Son histoire
L’Institut Biblique a été fondé en 1905 par des membres de l’Alliance Evangélique Allemande. Cette école permet aux jeunes russes de suivre un enseignement biblique. Il faut rappeler qu’à l’époque du gouvernement du tsar, toute activité en dehors de l’Eglise Orthodoxe russe était interdite.
En 1919, l’Institut Biblique fut transféré à Wiedenest dans la région de Cologne. Ses activités s’orientèrent vers le sud-est de l’Europe, le Zaïre, le Portugal et l’Amérique latine.
Dès le début, l’Institut Biblique servit de « canal »pour le soutien des missionnaires dans différents pays. Le gouvernement nazi obligea la plupart de ceux-ci à retourner en Allemagne, mais l’Institut Biblique obtint l’autorisation de continuer son ministère de façon réduite pendant la deuxième guerre mondiale.
En 1952, de nouvelles possibilités se présentèrent pour un travail missionnaire à l’étranger. A partir de ce moment, l’Institut Biblique devint de nouveau le siège des activités missionnaires au sein des Assemblées de Frères. Il est maintenant connu sous le nom de « Missionshaus Bibeischule Wiedenest ».
Sa situation
Actuellement, environ 130 missionnaires sont envoyés et soutenus par la plupart des Assemblées, en liaison avec « Wiedenest » : au Japon, en Corée, au Népal, au Pakistan, en Afghanistan, en Tanzanie, au Brésil, en Autriche, en Italie, en France et maintenant en Russie.
L’une des particularités de Wiedenest est sa coopération avec d’autres églises évangéliques pour soutenir des missionnaires, et sa collaboration avec d’autres unions évangéliques sur le terrain. Elle collabore par exemple avec « International Népal Fellowship » ou « International Assistance Mission » en Afghanistan.
La « Missionshaus Bibeischule Wiedenest» est membre de l’Association des Eglises Évangéliques en Allemagne. Elle collabore avec le « Freie Hochschule fur Mission » à Korntal et l’association évangélique « Hilfe fur Brüder » qui soutient des activités évangéliques et d’évangélisation, d’implantation d’église et de formation théologique dans le monde entier.
D.H.
Nous remercions notre frère Daniel Herm, pour ce point sur l’histoire et l’actualité des Assemblées en Allemagne. Nos lecteurs peuvent aussi intercéder auprès du Seigneur pour le travail de ces églises-soeurs.
Nous essayerons, au cours de cette année 93, année de l’Europe, de présen-ter des Assemblées d’autres pays de notre continent.
NOTE
1. : Extrait d’une conférence donnée à Londres lors de la rencontre européenne des responsables missionnaires des Assemblées de Frères en août 1992. Daniel Herm est directeur du comité missionnaire de Wiedenest (Allemagne). Le style oral a été conservé. Traduit de l’anglais et adapté par H. et J. Schrumpf et F-J. Martin