Temoignage

 

Victoire possible ?

 tentation

par Alain MONCLAIR

 

 

Le Dr Alain Bombard, alors qu’il était jeune interne à l’hôpital de Boulogne s’aperçut qu’un grand nombre de naufragés périssait par manque d’espérance de s’en sortir. « Lorsque son navire sombre, écrit-il, l’homme croit que l’univers sombre avec lui, et parce que deux planches lui manquent sous les pieds, tout courage, toute raison lui manquent en même temps. S’il trouve en cet instant un canot de sauvetage, il n’est pas sauvé pour autant, car il reste sans mouvements, dans la contemplation de sa misère. Il ne vit déjà plus. » Alain Bombard termine l’avant-propos de son livre Naufragé volontaire par cette question : « Comment combattre le désespoir, meurtrier plus efficace et plus rapide que n’importe quel facteur physique ? »

 

Comment réagissons-nous face à l’épreuve ou la tentation ? Nous sentons-nous obligés de sombrer dans le désespoir, ou avons-nous une arme efficace pour le combattre ? La Bible nous affirme : « Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter » (1 Cor 10.13).

 

Vous confondez la tentation et l’épreuve, me direz-vous. Mais non, pas du tout ! Dans la langue grecque utilisée pour écrire le Nouveau Testament, donc dans ce texte de la Première lettre aux Corinthiens que nous évoquons, le même mot grec est utilisé pour tentation et épreuve. La tentation est d’ailleurs une des épreuves les plus désagréables pour celui qui veut sincèrement mener une vie pure.

 

Mais la tentation n’est pas le péché, pas plus que l’épreuve n’est l’échec. L’épreuve peut déboucher sur la guérison et la réussite, et la tentation sur la victoire contre le péché.

 

Pour prouver que l’épreuve du naufrage n’était pas fatale, Alain Bombard s’embarqua sur un frêle canot pneumatique, sans vivres ni moteur, et dériva pendant 65 jours des Canaries aux Antilles. Amaigri de 25 kilos, mais vivant, il prouva que l’épreuve du naufrage n’est pas obligatoirement fatale si nous sommes moralement préparés à y faire face. Après 53 jours de dérive, Bombard fit la rencontre d’un navire. Il monta à bord pour une brève visite et fut tenté d’arrêter là son opération survie largement prouvée. Mais il rejoignit son frêle esquif sans prendre de vivres car, écrit-il, « je vis mes amis, les marins de Boulogne, me dire : « Eh bien, tu ne l’as pas traversé, l’Atlantique !’ Il fallait, pour que mon expérience serve à sauver des vies humaines, que ce soit une réussite parfaite. Quel immense espoir allait s’élever alors dans les milieux maritimes. »

 

Alain Bombard pose cependant les limites de cet immense espoir, puisqu’il signale lui-même que 75 % des naufragés périssent lors du naufrage lui-même ou lorsqu’ils sont jetés à la côte.

 

Jésus-Christ, quant à lui, nous apporte un espoir sans limite. Par amour pour les hommes, il est venu vivre dans ce monde en dérive. Il affronta la corruption sans se laisser corrompre. Dans sa traversée de la souffrance et de la mort, il alla jusqu’à donner sa vie. Mais sa résurrection prouva que la traversée de ce monde vers le Père n’est pas impossible ni même utopique.

 

Jésus vint sur la terre pour triompher du péché, et il le fit. C’est pourquoi, face à l’épreuve ou à la tentation, nous pouvons croire que « Dieu est fidèle à ses promesses et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de votre capacité de résistance, mais, au moment où surviendra la tentation, il vous donnera la force de la supporter et aussi le moyen d’en sortir »(1 Co 10.13).

 

A.M.