Le Saint-Esprit – Puissance et personne

 

 trinite-3

 

par Alfred KUEN1

 

 

I. Le Saint-Esprit, une personne ?

 

 

Dans son dernier livre, Un Esprit qui rend fort, aimant et réfléchi, Billy Graham dit : « La Bible nous enseigne que le Saint-Esprit est une personne. En parlant de lui, Jésus emploie non pas le pronom neutre, comme l’exigerait la grammaire, mais le masculin. En effet, en grec le mot « esprit » est neutre et devrait de ce fait être suivi du pronom neutre. Or, dans le texte grec de Jean 14-16, le pronom est masculin, pour bien marquer que l’Esprit n’est pas une force, mais une personne.

 

 

Il ressort aussi de l’enseignement biblique que le Saint-Esprit est doué d’intelligence, de sentiments et de volonté. Des actions lui sont attribuées qui ne peuvent être le fait d’une force impersonnelle. Seule une personne peut les accomplir.

 

Il parle : « Que chacun, s’il a des oreilles, écoute bien ce que l’Esprit dit aux Eglises » (Ap 2.7).

 

« Un jour, pendant qu’ils célébraient le culte du Seigneur, le Saint-Esprit leur dit : Mettez à part Barnabas et Saul pour l’oeuvre à laquelle je les ai appelés » (Ac 13.2).

 

Il intercède : « L’Esprit lui-même prie Dieu pour nous avec des gémissements qu’on ne peut pas exprimer par des paroles » (Rm 8.26).

 

Il rend témoignage : « Celui qui doit vous aider viendra : c’est l’Esprit de vérité qui vient du Père. Je vous l’enverrai de la part du Père et il témoignera de moi » Jn 15.25).

 

Il conduit : « Le Saint-Esprit dit à Philippe : Avance et tiens-toi près de ce char » (Ac 8.29).


« Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Rm 8.14).

 

Il donne des directives : « Quand viendra l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité » (Jn 16.13). Il a conduit les apôtres dans leurs missions : « Le Saint-Esprit les empêcha d’annoncer la parole de Dieu dans la province d’Asie, ils essayèrent d’aller en Bithynie, mais l’esprit de Jésus ne le leur permit pas » (Ac 16.6-7) » .2

 

 « Il distribue à chacun ses dons comme il veut »(1 Co 12.11).

 

« L’Esprit connaît et sonde les choses de Dieu » (1 Co 2.10-11).

 

Il est question de la pensée de l’Esprit (Rm 8.27), de son amour (Rm 15.30).

 

D’autre part, on peut lui mentir et le provoquer comme cela apparaît dans l’épisode d’Ananias et de Saphira (Ac 5.3,9), lui résister (Ac 7.51), l’attrister (Ep 4.30), l’outrager (Hé 10.29), blasphémer contre lui (Mt 12,31).

 

Tous ces actes et ces sentiments ne peuvent émaner que d’une personne. Il est, en fait, la troisième personne de la Divinité. L’auteur de l’épître aux Hébreux l’appelle « L’Esprit éternel » (Hé 9.14). Il possède aussi les trois autres marques de la divinité :

 

II est tout puissant : l’ange qui annonce à Marie que le Saint-Esprit viendra sur elle le nomme « la puissance du Dieu Très Haut ».


Il est omniprésent : « Où pourrai-je aller loin de ton Esprit » s’écrie le psalmiste (PS 139.7).

 

Il est omniscient : « L’Esprit connaît tout, même les pensées les plus intimes de Dieu » (1 Co 2.10). 89 fois dans le Nouveau Testament, il est appelé l’Esprit saint, or, l’expression « le Saint » était l’une des circonlocutions pour désigner Dieu. Dans l’Ancien Testament, l’Eternel est le « Dieu de gloire » (PS 29.3), le Dieu de Jésus-Christ est le « Père de gloire » (Ep 1.17), Jésus lui-même est « le Seigneur de gloire » (1 Co 2.8 ; Je 2.1), et le Saint-Esprit est « l’Esprit de gloire » (1 Pi 4.14).

 

Le Père et le Fils donnent la vie (Jn 5.21,26 ; 6.33) mais dans Jn 6.63, Jésus dit : « C’est l’Esprit qui donne la vie » et l’apôtre Paul parle de « la loi de l’Esprit qui donne la vie » (Rm 8.2; cf. 2 Co 3.6).

 

Notons qu’il ne s’agit pas de trois Personnes divines distinctes, mais d’un Dieu « tripersonnel », le Fils et le Saint-Esprit étant identifiés à l’Eternel, le Dieu Un de l’Ancien Testament. La Trinité reste pour nous un mystère qui sera peut-être élucidé lorsque « nous connaîtrons comme nous avons été connus ».

 

L’important, pour nous, est de savoir que le Saint-Esprit est une Personne divine. R. Pache tire de la personnalité du Saint-Esprit la conclusion suivante : « Si l’Esprit n’était qu’une puissance venue d’En Haut, II serait à ma disposition et je pourrais en user à mon gré. Mais si l’Esprit est une personne, et plus que cela, s’il est Dieu lui-même, c’est moi qui dois être à sa disposition, l’aimer et lui obéir en toutes choses. En outre, recevoir dans son coeur, non pas seulement une bénédiction, mais la présence du Dieu tout puissant, c’est avoir en soi la source de toutes les grâces et de toutes les possibilités ».3

 

Si le Saint-Esprit est une personne, bien des expressions bibliques prennent un sens différent de ce qu’elles suggèrent à première vue :

 

Recevoir le Saint-Esprit ce n’est pas recevoir une puissance supplémentaire, une sorte de potion magique spirituelle, mais c’est recevoir comme nouveau régent de sa vie la Personne du Saint-Esprit, selon la promesse de Jésus : « Je vous enverrai le Défenseur (ou Consolateur)… afin qu’il reste pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité… il demeure auprès de vous et il sera en vous » (Jn 16.7 ; 14.16-17).

 

A partir du moment où il nous fait naître de nouveau, l’Esprit vient habiter en nous comme l’apôtre Paul et l’apôtre Jean l’affirment à maintes reprises (Rm 8.9,11 ; 1 Co 3.16 ; 6.19 ; 1 Jn 2.27 ; 3.9,24 ; 4.4,12-13,15).

 

D’ailleurs, l’Esprit ne vient pas seul. Jésus a dit : « Si quelqu’un m’aime, il mettra en pratique ce que j’ai dit. Mon Père aussi l’aimera : nous (c’est-à-dire le Père et moi) viendrons tous deux à lui et nous établirons notre demeure chez lui » (Jn 14.23).

 

C’est la glorieuse vérité que les apôtres s’efforcent de répéter dans leurs lettres : être chrétien, c’est être habité par Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit : « Dieu demeure en nous » (1 Jn .4.12). « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2.20). « Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils » (Ga 4.6). « L’Esprit de Dieu habite en vous » (Rm 8.9,11).

 

Etre rempli de l’Esprit, ce n’est pas en premier lieu être rempli de force, d’amour et de joie – ce ne sont là que des résultantes du fait que la personne de l’Esprit a pleine liberté de contrôler et de régir tous les aspects de notre personnalité. Ce n’est pas nous qui possédons l’Esprit en plénitude, c’est lui qui nous possède tout entier et qui peut nous diriger selon sa volonté.

 

Etre baptisé du Saint-Esprit, ce n’est pas être favorisé d’une seconde expérience après la conversion, mais c’est être plongé par le Saint-Esprit dans la mort et la résurrection avec Christ, afin de naître à la vie nouvelle en Christ au moment de notre conversion.

 

Dans Keep in step with the Spirit4 , James Packer dit : « Nous demandons : Connaissez-vous le Saint-Esprit ? Nous devrions plutôt demander : Connaissez-vous Jésus-Christ. […] Nous demandons : Avez-vous le Saint-Esprit ? Cette question ne devrait jamais être posée à un chrétien car tout chrétien a le Saint-Esprit à partir du moment où il a cru. « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas. » (Rm 8.9) […] C’est en recevant le Christ que l’on reçoit l’Esprit, c’est la seule manière de le recevoir. […]

 

La question que nous devrions poser est au contraire : Est-ce que le Saint-Esprit vous possède ? Est-ce qu’il possède tout de vous ou seulement certains aspects ? L’attristez-vous (Ep 4.30) ou êtes-vous conduits par lui (Rm 8.12-14 ; Ga 5.18-24) ? Vous appuyez-vous sur lui pour qu’il vous rende capables de donner au Christ toutes les réponses que l’Esprit vous incite à lui faire ? Reconnaissez-vous le fait que « votre corps est un temple du Saint-Esprit qui demeure en vous et que vous avez reçu de Dieu » (1 Co 6.19). Révérez-vous l’oeuvre qu’il fait en vous et coopérez-vous avec elle ou bien lui faites-vous obstacle par inconscience ou par négligence, par indiscipline ou par égoïsme ? »

 

D’où provient donc la confusion entre l’Esprit comme personne ou comme puissance ? Je pense qu’une part de la responsabilité repose sur la traduction à équivalence formelle de la promesse de Jésus dans Actes 1.8 : « Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous ». Cette traduction se calque directement sur la structure de la phrase grecque : « survenant » étant un participe aoriste en grec, on l’a traduit par un participe présent en français, sans penser au contresens que cette forme de phrase pouvait suggérer : Vous recevrez une puissance : le Saint-Esprit survenant sur vous, donc le Saint-Esprit survenant sur vous est une puissance.

 

Pourtant, Calvin avait déjà averti dans son Commentaire : « On peut lire cette promesse en deux sortes : ou, vous recevrez la vertu de l’Esprit venant sur vous ; ou, la vertu quand l’Esprit sera venu sur vous ». Et il précise : « La seconde lecture toutefois convient mieux, car elle exprime mieux leur défaut (c’est-à-dire ce qui leur manque) jusqu’à ce que le Saint-Esprit vienne sur eux ».

 

La version de La Colombe et la TOB ont levé partiellement l’équivoque en traduisant : « Vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous ».

 

La Bible en français courant est encore plus claire en disant : « Quand le Saint-Esprit descendra sur vous ». La Bible du Semeur a rétabli l’ordre chronologique des deux promesses : « Le Saint-Esprit descendra sur vous : vous recevrez sa puissance et vous serez mes témoins ».


Ce verset était également à l’origine de la doctrine du « baptême de puissance » prônée par Finney, Asa Mahan, Upham et le Mouvement de sanctification. Cette expression évoque pour moi la brochure de Finney et d’Asa Mahan intitulée « Baptême de l’Esprit, baptême de puissance » que nous a prêtée, il y a plus de 50 ans, le pasteur de l’Eglise réformée de Gap et qui nous a lancés pendant des années dans le labyrinthe des différentes doctrines au sujet du Saint-Esprit.

 

Pour Finney, comme pour toute l’école d’Oberlin, le baptême du Saint-Esprit ou baptême de puissance est une expérience qui fait suite à la conversion et qui équipe le chrétien pour le service de Dieu. Ce baptême, dit Finney, « est indispensable au succès d’un serviteur de Dieu.  […] pour avoir la puissance de convertir les âmes  »5. Ce baptême qui, selon Asa Mahan, « n’a lieu généralement qu’un temps plus ou moins long après la conversion », nous assure le courage et l’efficacité dans le témoignage, l’assurance du salut, la paix, la joie, la maîtrise de soi et la présence d’esprit .6

 

Notez que, pour ces auteurs, le baptême de puissance n’était pas une expérience unique. Finney prétend l’avoir vécu trois fois dans sa vie. Torrey aussi, qui voit dans le baptême de l’Esprit un revêtement de puissance en vue du service, dit que « nous avons besoin d’un nouveau baptême chaque fois qu’un besoin urgent se présente dans notre service »7 . Le pentecôtisme, né au début de ce siècle, n’a modifié la doctrine du Holiness Movement que sur deux points :

 

– il en a fait une expérience unique ;

 

– il a ajouté à l’expérience le signe du parler en langues.

 

En fait, l’expérience n’est unique que depuis 1908 dans les branches principales du pentecôtisme. Auparavant, le mouvement issu du Réveil d’Azuza Street, le « Apostolic Faith Movement », voyait l’oeuvre de Dieu sur l’homme en trois étapes. Dans sa confession de foi, il est dit : « Première oeuvre : la justification. Deuxième oeuvre : la sanctification, l’acte de la libre grâce de Dieu qui nous rend saints, (puis) le baptême du Saint-Esprit (qui) est un don de puissance accordé à la vie sanctifiée ».

 

En 1908, Durham a combiné la « seconde bénédiction » du mouvement de sanctification avec le baptême de puissance caractérisé par le parler en langues pour en faire l’expérience du « baptême de l’Esprit » telle qu’elle est enseignée dans les Assemblées de Dieu. Les « Eglises de Dieu » par contre, continuent à enseigner le parcours chrétien en 3 étapes : conversion, sanctification et baptême du Saint-Esprit, répartissant leurs membres en 3 catégories : tant de sauvés, tant de sanctifiés et tant de baptisés de l’Esprit (le baptême de l’Esprit étant vu uniquement comme un revêtement de puissance pour le témoignage et le service, d’après Ac 1.8).

 

Mais ce n’est pas seulement ce verset et sa traduction littérale qui sont causes de la confusion entre l’Esprit-Personne et l’Esprit-puissance.

 

Dans toute la Bible, les notions de Dieu et de puissance, plus particulièrement d’Esprit et de puissance, sont très voisines et souvent liées. Ce qui nous amène à une deuxième point :

 

 

II. Le Saint-Esprit, une puissance

 

Nous savons que les Juifs évitaient de prononcer le nom de Dieu. L’une des expressions par lesquelles ils le remplaçaient était précisément : la Puissance. Elle nous est attestée dans les écrits rabbiniques. Dans son cantique de louange (le Magnificat), Marie appelle Dieu « le Puissant » (ho dynatos, Luc 1.49).

 

colombeLa puissance de Dieu s’est manifestée dans tous les aspects de la vie et du ministère de Jésus dès sa conception. L’ange a annoncé à Marie : « L’Esprit Saint descendra sur toi, et la puissance (dynamis) du Dieu Très Haut te couvrira de son ombre » (Lc 1.35). Les deux expressions : « L’Esprit Saint » et « la puissance du Très Haut » étant mises en parallèles, selon le procédé poétique hébraïque, sont donc à considérer comme équivalentes. Après la tentation, Jésus retourna en Galilée « rempli de la puissance de l’Esprit » (Lc 4.14). Il accomplit son ministère « avec autorité et puissance » (Lc 4.36). Il fit des œuvres puissantes (dynameis) (Mt 11.20-23). Les deux disciples d’Emmaüs résument leur opinion sur lui en disant que c’était un prophète puissant (dynatos) en actions et en paroles (Lc 24.19; cf. Ac 7.22).

 

Cette puissance, il l’a déléguée aux apôtres lorsqu’il les a envoyés en mission. Il leur donna « autorité et puissance pour chasser les démons et guérir les malades » (Lc 9.1). Ils n’ont donc pas été surpris comme de quelque chose d’inédit lorsqu’avant de partir, il leur a promis qu’ils seraient « revêtus de la puissance d’En Haut » (Lc 24.49) et qu‘ils recevraient une puissance lorsque le Saint-Esprit viendrait sur eux.

 

Cette puissance que les apôtres ont reçue par l’Esprit leur permit d’accomplir « beaucoup de miracles et de signes miraculeux » (Ac 2.43). « Avec une grande puissance », les apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus et la grâce de Dieu agissait avec force en eux tous (4.33).

 

Ils ont toujours tenu à éviter que l’on attribue cette puissance à un pouvoir qui serait en eux. Après la guérison de l’impotent de la Belle-Porte, Pierre demande à la foule :

 

– « Pourquoi nous fixez-vous avec tant d’insistance comme si c’était nous qui, par notre propre puissance (dynamis) ou notre piété, avions fait marcher cet homme…? C’est parce que nous croyons dans le nom de Jésus, que la puissance de ce nom a rendu à cet homme… la force de se tenir debout »(Ac 3.12,16).


– « Par quel pouvoir (ou puissance : dynamis) ou au nom de qui avez-vous fait cela ? » leur demandent les prêtres (4.7).

 

– C’est au nom de Jésus (et, sous-entendu : par sa puissance, v. 10).


« Etienne, rempli de la grâce et de la puissance divine, accomplissait de grands prodiges et des signes miraculeux au milieu du peuple » (Ac 6.8). Ces miracles sont « les marques qui caractérisent un apôtre » dit Paul (2 Co 12.12). « La puissance de Dieu, écrit-il aux Romains, s’est manifestée dans les miracles et les prodiges réalisés par la puissance de l’esprit de Dieu » (Rm 15.19).

 

Aux Corinthiens, il donne, parmi les signes par lesquels lui et les vrais apôtres se recommandent comme serviteurs de Dieu : « la persévérance dans les détresses, les privations… la pureté, la connaissance… l’Esprit Saint, l’amour sans feinte, la Parole de vérité et la puissance de Dieu » (2 Co 6.4-7). Etre serviteur de la Bonne Nouvelle « tel est le don que Dieu m’a accordé dans sa grâce, par l’action de sa puissance » écrit-il aux Ephésiens (3.7). Aussi a-t-il pu apporter cette Bonne Nouvelle « non en paroles seulement, mais aussi avec la puissance et la pleine conviction que donne le Saint-Esprit » (1 Th 1.5). « Mon enseignement et ma prédication reposaient sur une action manifeste de la puissance de l’Esprit » (I Co 2.4). Oui, la prédication de la mort du Christ sur une croix, pour nous qui sommes sauvés, est « la puissance même de Dieu » (1 Co 1.18), « la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1.16).

 

Cette même puissance est à la disposition de tous les croyants. Paul prie pour les Ephésiens afin que Dieu illumine leur intelligence pour qu’ils comprennent quelle est… « l’extraordinaire grandeur de la puissance qu’il met en œuvre en notre faveur, à nous qui plaçons notre confiance en lui. Cette puissance en effet, il l’a déployée dans toute sa force en la faisant agir dans le Christ lorsqu’il l’a ressuscité des morts » (Ep 1.19-20).


Un peu plus loin, il demande à Dieu qu’il leur « accorde d’être fortifiés avec puissance par son Esprit dans leur être intérieur » (3.16). Car « par la puissance qui agit en nous, il peut réaliser infiniment au-delà de ce que nous demandons ou même pensons » (v. 20).

 

« Ainsi, écrit-il aux Romains, votre cœur débordera d’espérance par la puissance du Saint-Esprit » (Rm 15.13).

 

Aux Colossiens : « Dieu vous fortifiera pleinement à la mesure de sa puissance glorieuse pour que vous puissiez tout supporter et persévérer jusqu’au bout » (Col 1.11).

 

C’est en effet « par la force que Dieu donne » qu’il nous est possible, comme l’apôtre, de « souffrir pour l’Evangile » (2 Tm 1.8).


« Par sa puissance, écrit l’apôtre Pierre, Dieu nous a donné tout ce qu’il faut pour vivre dans l’attachement au Seigneur » (2 P 1.3).

 

C’est pourquoi Paul exhorte les Ephésiens à « puiser leur force dans le Seigneur et dans sa grande puissance » (6.10). « Dieu nous a donné un Esprit de puissance, d’amour et de maîtrise de soi » (2 Tm 1.7).

 

« Dans la combinaison de dynamis et de pneuma (puissance et Esprit) écrit Herbert Grundmann, est exprimée la puissance avec laquelle le Seigneur ressuscité est présent parmi son peuple en tant qu’Esprit… Dans l’Église, Christ est présent pour les apôtres comme dispensateur de la puissance… Dans la proclamation de Paul, Christ est présent comme pneuma (Esprit) et se démontre comme la puissance de Dieu sur qui la vie nouvelle est fondée par la foi dans cette proclamation. »

 

Nous constatons donc que la connexion entre Esprit et puissance n’est pas sans fondement biblique.

 

Dire : « le Saint-Esprit : personne et puissance » n’est pas faux. Avoir le Saint- Esprit, c’est aussi avoir à sa disposition la puissance, la puissance de Dieu lui-même, celle qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, « les puissances du monde à venir » comme l’appelle l’auteur de l’épître aux Hébreux (6.5), celles du monde de Dieu à l’oeuvre ici et maintenant.

 

Cette puissance, les apôtres l’ont manifestée par des signes et des miracles, des guérisons et même des résurrections de morts. Elle est à la disposition de chaque croyant pour fortifier son être intérieur, le rendre capable d’accomplir toute bonne œuvre (2 Th 1.11), d’être un témoin du Christ, capable de tout supporter avec persévérance et joie et même de souffrir pour Christ.

 

Cette puissance vient en nous avec le Saint-Esprit lors de notre nouvelle naissance, nous n’avons pas besoin d’attendre une « seconde bénédiction », un « baptême de puissance », il nous suffit de saisir par la foi le don de Dieu et d’accomplir « par la foi en la puissance de Dieu » (Col 2.12) toutes les bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance pour nous. […]

 

La formulation : « Le Saint-Esprit puissance et personne » peut être comprise comme un programme, un itinéraire spirituel : après avoir éprouvé la puissance de l’Esprit, nous sommes appelés à le connaître de plus en plus comme personne, à lui faire confiance pour la conduite de notre vie, à lui remettre les rênes du gouvernement, à écouter ses conseils au travers de la Parole qu’il a inspirée et des frères et sœurs en qui il demeure et à le laisser glorifier Jésus à travers tout ce que nous pensons, tout ce que nous disons et faisons.

 

« Puisque l’Esprit est la source de notre vie, laissons-le aussi diriger notre conduite » écrit l’apôtre Paul aux Galates, et laissons-le produire en nous ses fruits : l’amour, la joie, la paix, la patience, l’amabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi » (Ga 5.22,25) qui ne sont rien d’autre que les divers aspects du caractère de Jésus selon ce qu’il a lui-même dit : « il puisera dans ce qui est à moi et il vous le communiquera » (Jn 16.15).

 

C’est ainsi que Jésus sera glorifié en nous. Telle est bien la fonction principale de l’Esprit : glorifier Jésus (Jn 16.14). Le Saint-Esprit puissance ou personne ? La Bible répond clairement : une Personne, mais une Personne puissante, « la puissance du Dieu Très Haut », qui veut nous communiquer sa puissance.

 

C’est « un Esprit qui rend fort, aimant et réfléchi ». N’est-ce pas ce dont nous avons le plus besoin ?

 

A.K.


 

NOTES

 

1. Alfred KUEN, ancien professeur à l’Institut Biblique Emmaüs, en Suisse, est bien connu par ses nombreux ouvrages théologiques (Cet article a paru dans La Revue Réformée, n° 182, 1984/4 septembre).

 

2. Bâle : EBV, p. 14.

 

3. R. Pache, La Personne et l’oeuvre du Saint-Esprit (Vevey : Emmaüs, 1947), p. 16.

 

4.  Keep in step with the Spirit (Leicester : IVP, 1984), p.92-93.

 

5. Memoirs (New-York : Réveil, 1903), p.55. Baptême de l’Esprit, baptême de puissance (Saint-Bénézet, 1925), p.8-10. Ce que la Bible enseigne (Bruxelles, s.d.), p.281.

 

6. Baptême de l’Esprit, baptême de puissance (Saint-Bénezet, 1925), p.8-10.

 

7. Ce que la Bible enseigne (Bruxelles, s.d.), p.281.

 

 

La doctrine de l’Esprit dans sa relation avec le croyant a été, au cours des cinquante dernières années, enveloppée dans un brouillard comme une montagne dans la tempête. Un monde de confusion a voilé cette vérité. On a enseigné aux enfants de Dieu des doctrines contradictoires à partir de mêmes textes ; on les a tellement avertis, menacés, intimidés, qu’ils reculent instinctivement devant toute mention de l’enseignement sur le Saint-Esprit.

(TOZER,  » La vie plus profonde », dans les carnets de Croire et Servir, 1793, p.48).