William BOOTH et l’Armée du Salut
Par Pierre Wheeler
Un exemple pertinent d’engagement social évangélique, qui nous vient du passé et qui est toujours d’actualité, est celui de l’Armée du Salut. Cette « Armée », née en 1865 du Méthodisme anglais (mouvement dû à l’évangélisation zélée de John et de Charles WESLEY, et de George WHITEFIELD au 18ème siècle) a été fondée par William booth (1829-1912), pasteur méthodiste, de Nottingham, GB.
Débuts
Dans les quartiers miséreux de l’Est londonien, Boom et son épouse évangélisent d’abord sous le nom de « Mission Chrétienne ». Ils annoncent l’Evangile en appliquant le slogan : « Soupe, Savon, Salut ». Les BOOTH se rendent compte qu’avant d’évangéliser ils doivent pourvoir aux besoins matériels de leurs pauvres auditeurs. Ainsi l’œuvre sociale commence.
Développements
William Booth
BOOTH un jour parle de sa Mission comme d’une « armée de salut ». Le nom colle. Du coup, BOOTH devient « le Général » ; les responsables, des officiers et officières ; les postes d’évangélisation, des citadelles ; les membres, des soldats. Tout salutiste engagé revêt son uniforme. Le drapeau, portant les mots « Sang et Feu »1 révèle la motivation spirituelle de cette armée « de rue ». Leur musique de fanfare joue un rôle indéniable, attirant des foules d’auditeurs en plein air, car les salutistes saisissent les mélodies mondaines en y mettant des mots chrétiens. « Pourquoi le Diable aurait-il les meilleures mélodies ? » s’amuse BOOTH.
Extension à l’étranger
L’Armée progresse rapidement en Angleterre. Des postes s’ouvrent un peu partout. Le zèle des officiers et des soldats est contagieux. On parle de « soldâtes alléluia » et de « réunions hosanna » !! Et des œuvres sociales de suivre de près cette évangélisation exubérante ! Centres de soins, maisons pour handicapés, centres pour clochards voient le jour.
En 1880, l’Armée du Salut s’exporte. D’abord en Amérique du Nord, puis en Inde, etc.
En France
La cité Refuge
En 1881, la fille de William BOOTH, Catherine, appelée plus tard la « Maréchale », arrive à Paris. Travail pionnier, s’il en est ! L’oeuvre, peu appréciée par les Eglises protestantes alors existantes, reçoit l’estime de l’Eglise libre qui fait état du « zèle superbe » du mouvement et de son « héroïque dévouement pour le salut des âmes ». Des salles sont ouvertes, toujours plus grandes, et les œuvres suivent : La Cité-Refuge, le Palais de la Femme, la Maison du Jeune Homme, etc.
Dans d’autres villes : Valence, Nîmes, Lyon, Le Havre, Lille, Toulouse, Bordeaux, … des centres prennent racine. Deux organismes composent le témoignage salutiste aujourd’hui : la Fondation, possédant une cinquantaine d’établissements sociaux en Métropole et employant 2000 salariés. Sa devise : « Secourir, Accompagner, Reconstruire ». Ensuite, la Congrégation avec ses 25 postes d’évangélisation et une aumônerie. Sa devise : « Avec Dieu, avec l’autre, avec soi ».
Dans le monde entier, l’Armée du Salut est présente dans 113 pays et on compte un total de 2 millions et demi d’engagés. Les œuvres sont financées principalement par des dons et des legs.
Influence dans notre pays
Catherine Booth
Lune des victoires frappantes de l’Armée du Salut a été la suppression du bagne suite au reportage d’Albert LONDRES en 1923 concernant les cruautés affreuses que les bagnards subissaient en Guyane. En 1936 l’Enseigne Péan, représentant l’Armée du Salut, (après déjà 3 ans de présence salutiste en Guyane française) était en présence du Garde des Sceaux et d’autres hauts fonctionnaires d’Etat, pour établir le projet de loi sur la suppression du bagne en Guyane. L’Armée s’est alors engagée à s’occuper de la réinsertion des bagnards rapatriés en Métropole. Ce qu’elle fit.
Conclusion
Pour terminer, une citation pertinente de William BOOTH : « Certains aiment vivre près d’un temple ou d’une salle évangélique, moi, je veux ouvrir un centre de secours tout près des portes de l’enfer. »
P.W.
NOTES
1. Sang de Jésus-Christ et Feu du St-Esprit