Editorial du n°1 Janvier-Février 1999
« Une lecture renouvelée de la Bible »
Par Annick WAECHTER
« Mange ta soupe, si tu veux devenir grand ! » Voilà une phrase que l’on entend encore parfois. Et si l’enfant finit son bol, c’est sûrement davantage par obéissance à l’ordre donné, que parce qu’il croit grandir. Quelques années plus tard, sauf exception ou maladie, il mangera avec plaisir et grandira sans y penser !
« Lis ta Bible et prie chaque jour, prie chaque jour, prie chaque jour ; lis ta Bible et prie chaque jour, si tu veux grandir. Si tu veux grandir… » Certains se souviennent peut-être encore de ce petit chant qui les faisait se hausser sur la pointe des pieds, les bras tendus vers le ciel pour dépasser le voisin. Comme l’enfant devant sa soupe, lisons-nous la Bible par obéissance, simplement parce qu’on sait qu’il le faut, que c’est bien, qu’on nous a répété la nécessité de lire la Parole chaque jour ?
Alors, le matin, entre le bol de céréales et la tasse à café, on parcourt quelques versets, se promettant de prier pendant le trajet en voiture pour aller au travail ; à moitié rassuré parce qu’on a quand même lu sa Bible, à moitié mal à l’aise parce qu’on a le sentiment d’avoir bâclé et bouclé avec légèreté ce rendez-vous avec Dieu. Mais on se rassure en se disant que demain sera différent, c’est certain. Quoi qu’il en soit, on se retrouve perdant sur toute la ligne, si l’on fait un bilan honnête de l’opération. En apparence, la mission est remplie ; en réalité, on s’est nourri d’une miette, on a pensé à ce à quoi on pense chaque matin pendant ce moment, par habitude. Non seulement on n’est pas rassasié, mais on perd l’envie de l’être. On cesse de grandir, on rapetisse, on a oublié ce qu’est un festin en présence de notre Seigneur.
Inutile de regarder de travers les « héros de la foi » qui avaient les pantalons usés aux genoux à force de passer du temps avec Dieu dès avant l’aube. Ils ont eu une vie à la hauteur de leur taille spirituelle. Ils ont lutté, le Seigneur les a bénis.
Et si on se mesurait ? Pas pour se comparer les uns aux autres, non, mais pour évaluer avec le Seigneur notre courbe de croissance. Le culte dimanche matin, éventuellement l’étude biblique en semaine ne suffisent pas pour faire grandir.
Peut-être est-il temps de devenir adulte, et de vivre ce que l’on a chanté si souvent. Une différence majeure entre la naissance et la nouvelle naissance est qu’après cette dernière, grandir est une lutte de chaque jour, une victoire qui s’arrache et qui en vaut la peine :
« Lis ta Bible et prie chaque jour… si tu veux grandir »
Annick WAECHTER