Entre ma mort et ma résurrection
par Henry BRYANT
La résurrection est une des plus belles certitudes que la Parole de Dieu apporte au chrétien. Il sait qu’un jour le Seigneur transformera le corps de (son) humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire (Phil 3.21) et que si son corps est semé corruptible, méprisable et infirme, il ressuscitera incorruptible, glorieux et plein de force – un corps matériel mais gouverné par l’Esprit, et non par l’âme (1 Co 15.42- 44).
Cependant les Ecritures montrent clairement que cette transformation aura lieu, non pas au moment de la mort du croyant, mais au dernier jour (Jn 6.40), lors de l’avènement de Jésus-Christ (1 Co 15.23, 52).
La question se pose alors : quelle est la condition d’un croyant dans la période qui intervient entre sa mort et sa résurrection ? Qu’arrive-t-il à une personne au moment où elle cesse de vivre sur la terre ? Où va-t-elle et que devient-elle ?
La réponse à ces questions varie selon la manière dont nous interprétons certains textes bibliques, et force est de constater que nous ne savons pas grand-chose sur cet « état intermédiaire ». Pourtant, nous savons ce qui est le plus important. Nous reconnaissons avec l’apôtre Paul qu’en demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur ; nous marchons par la foi et non par la vue. Mais nous pouvons aussi dire avec lui que nous sommes pleins de confiance, et aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur (2 Co 5.6-8). Alors le chrétien peut affronter ce dernier grand ennemi qu’est la mort physique avec la certitude que mourir et être avec Christ sont de loin préférable à la vie qu’il a eue sur cette terre (Phil 1.23).
Certaines expressions bibliques peuvent peut-être nous aider à comprendre l’état de ceux qui sont morts et qui attendent leur nouveau corps de résurrection. Paul décrit la mort comme la destruction d’une tente où nous habitons (2 Co 5.1), et la résurrection comme le moment où le corps corruptible revêt l’incorruptibilité (1 Co 15.54). Ailleurs, les Ecritures décrivent la mort comme le moment où l’âme/esprit quitte le corps (Gn 35.18 ; Luc 23.46 ; Eccl 12.9). Jacques écrit que le corps sans l’esprit est mort (Jacques 2.26). Ces textes semblent indiquer qu’à la mort, la partie de notre personne qui est immatérielle quitte notre corps pour aller auprès de Christ. Faut-il alors penser que l’âme qui meurt mène une existence incorporelle jusqu’à sa résurrection ? Quelques textes bibliques peuvent suggérer que même avant la résurrection, les morts en Christ possèdent une sorte de corps. Jean voit dans sa vision du ciel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de leur témoignage, et qui reçoivent chacun une robe blanche en attendant leur résurrection (Ap 6.10-11). Paul, de son côté, considère qu’à la mort, nous ne serons pas dépouillés mais nous nous trouverons vêtus (2 Co 5.1-4). S’agit-il ici du corps de la résurrection où de ce qui se passe au moment de la mort ? On verra un jour !
Que dire de l’expression grecque utilisée pour décrire la mort d’un croyant (et aussi d’un non-croyant dans l’ancienne traduction grecque appelée la LXX1) le mot « dormir » ? Les Ecritures grecques utilisent deux mots pour dormir : katheudô qui signifie uniquement sommeiller, et koimaomai qui suggère mourir dans la grande majorité des cas (1 Co 11.30 ; 15.18, 20, 51, etc.). 15.18, 20, 51, etc.). Faut-il conclure à cause de ce terme que les morts en Christ sont inconscients jusqu’à leur résurrection ? Un examen des passages du NT semble indiquer, au contraire, que les morts sont bien conscients, même s’il est parlé de leur repos.
Dans une vision, Jean voit des martyrs qui crièrent d’une voix forte,… et il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, jusqu’à ce que soit complet le nombre de leurs compagnons… qui devaient être mis à mort comme eux (Ap 6.10-11). Plus tard, il voit une multitude de gens de toutes les nations rassemblés autour du trône de Dieu, revêtus de robes blanches et adorant le Seigneur, et il apprend que ce sont des martyrs qui viennent de la grande tribulation (Ap 7.9-14). De même, dans le récit de Lazare et de l’homme riche, tous semblent bien conscients (Lc 16.19-31). L’expression dormir est probablement un euphémisme que les gens utilisaient à l’époque pour la mort, à cause de la ressemblance entre le sommeil et la mort2. Le terme est particulièrement approprié dans le cas d’un chrétien, car de même que le sommeil est un état passager et de repos, un jour le croyant va aussi se réveiller de la mort. On se rappelle que Jésus s’est ainsi servi de l’ambiguïté de cette expression quand il a fait connaître aux disciples la mort de Lazare (Jn 11.11-14).
Que peut-on dire concernant le lieu où vont les morts en Christ ?
On constate une différence importante entre l’enseignement de l’AT et du NT au sujet de la mort et de l’état des morts. Paul écrit à Timothée que c’est Jésus qui, par sa venue, a réduit la mort à l’impuissance et a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Evangile (2 Tm 1.10). Avant la venue de Christ, les croyants possédaient très peu d’informations sur l’au-delà ; les promesses de Dieu concernaient surtout les vivants. Malgré quelques déclarations prometteuses (ps 16.10-11 ; Job 19.25-27), ils voyaient la mort comme un passage redouté vers le shéol, le séjour des morts, lieu ténébreux pour les justes et les injustes (ps 6.3-7 ; Es 38.10-19).
La venue de Jésus et sa mort ont changé radicalement l’espérance du chrétien, et probablement l’état des défunts croyants. Nous lisons que Christ, par sa mort, a délivré tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude (Hb 2.15). Désormais il n’est plus question de « descendre » dans un lieu sombre et trouble, mais de partir auprès de Christ dans le paradis. Jésus a dit au brigand crucifié à côté de lui, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis (Lc 23.43). Paul décrit l’expérience d’un homme qui fut ravi jusqu’au troisième ciel dans le paradis où il entendit des paroles merveilleuses qu’il n’est pas permis à un homme d’exprimer (2 Co 12.2-4). Ce passage montre que maintenant le paradis est au ciel, là où Christ se trouve, et il trouve sa confirmation dans Apocalypse 7.9-17. Alors certains interprètes pensent que Jésus, à sa mort, est descendu dans le séjour des morts pour annoncer sa victoire sur les rebelles (Actes 2.24-32 ; 1 Pi 3.19-20) et pour libérer et amener au paradis avec lui les âmes de ceux qui croyaient en Dieu avant l’ère chrétienne (Ep 4.8-10). Ils voient une confirmation de cette idée dans la résurrection surprenante de certains corps des saints au moment de la mort de Christ (Mt 27.52-53). On aura tort cependant d’en faire des affirmations dogmatiques, car ces textes sont peu nombreux et ils ne sont pas faciles à comprendre.
Ainsi, le chrétien possède en réalité peu d’informations sur ce qu’il deviendra après sa mort en attendant son nouveau corps de résurrection. Il a pourtant ce qui est l’essentiel, une assurance d’être conscient, en présence du Seigneur ; car comme Paul, il peut dire : Christ est ma vie, et mourir m’est un gain (Phil 1.21).
H.B.
NOTES
1. Traduction de l’Ancien Testament réalisée par des érudits juifs à Alexandrie en Egypte environ un siècle et demi à deux siècles avant Jésus-Christ.
2. Ne dit-on pas encore aujourd’hui par euphémisme « il dort de son dernier sommeil » ? ou sur des avis mortuaires chrétiens : « II s’est endormi dans le Seigneur » ?