L’inspiration et l’autorité de la Bible

 

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par Alain KITT

 


 

Toute Ecriture est inspirée de Dieu : cette affirmation de l’apôtre Paul (2 Tm 3.16) devrait être celle de tout chrétien envers la Bible. Paul avait en tête les Ecritures juives, notre Ancien Testament, mais l’apôtre Pierre exprime le même respect pour les écrits de Paul (2 Pi 3.15-16), et l’Eglise a très vite reconnu aux livres qui composent ce que nous appelons la Bible une autorité unique, les mettant dans une catégorie différente de toute autre littérature.

 La citation suivante résume ce que nous croyons au sujet des Ecritures : « L’Eglise, de par sa foi apostolique, juge sacrés et canoniques tous les livres, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l’inspiration de l’Esprit-Saint (cf. Jn 20.31 ; 2 Tm 3.16 ; 2 Pi 1.19-21 ; 3.15-16), ils ont Dieu pour auteur et qu’ils ont été transmis comme tels à ‘Eglise elle-même. Ces livres enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu pour notre salut a voulu voir consignée dans les Lettres Sacrées.»  

 

Il est entendu que ce n’est pas le jugement de l’Eglise qui confère une autorité aux Ecritures : au contraire, c’est l’autorité de celles-ci qui amène l’Eglise à les juger sacrées et canoniques.

 

Mais qu’est-ce qui nous permet de croire que la Bible n’est pas un livre comme les autres, qu’elle n’est pas à mettre sur le même plan que des textes tels que les Vedas indiens ou le Coran ? Sommes-nous vraiment sûrs que la Bible est la Parole de Dieu, et non pas un mélange de pensées divines et de paroles humaines, faillibles ? La question ne date pas d’aujourd’hui : à en croire 2 Pi 3.3-7, il y a toujours eu une certaine incrédulité dans ce domaine. La critique biblique des derniers siècles n’a rien inventé de nouveau, même si elle a été beaucoup plus loin dans son refus de l’authenticité des textes de l’Ecriture Sainte !

 

Nous pouvons aborder la question sous plusieurs aspects.

 

 

Ce que le Seigneur Jésus a enseigné à ce sujet

 

Explicitement, il a déclaré que l’Ecriture ne peut être abolie (Jn 10.35) ; qu’il n’est pas venu pour abolir la loi ou les prophètes, mais pour les accomplir. Pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soit arrivé (Mt 5.17-18).

 

Ce qui nous parle peut-être encore plus, c’est l’utilisation que faisait Jésus des Ecritures dans sa vie de tous les jours. Confronté à la tentation dans le désert, il s’est servi de l’Ecriture pour y résister, en se remémorant et en citant à voix haute trois passages du Deutéronome (Mt 4.1-10). Quand il a voulu définir son ministère, il l’a fait en citant la Parole et en soulignant qu’il était venu accomplir le passage cité (Luc 4.17-21).

 

A ses adversaires qui voulaient le piéger au sujet du divorce ou de la résurrection des morts, il a répondu en les renvoyant encore aux Ecritures : que vous a commandé Moïse ? n’avez-vous pas lu ? (Mc 10.3 ; 12.26). Après sa mort et sa résurrection, il les a encore citées pour consoler (et remettre sur les rails) ses disciples, en leur apprenant que tout ce qui s’était passé était prévu dans l’Ancien Testament, comme il le leur avait déjà dit (Luc 24.27, 44-45). Ce dernier exemple est d’autant plus intéressant que nous y voyons que la totalité des Ecritures juives est concernée : la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes (les trois divisions de l’Ancien Testament).

 

 

L’Enseignement des apôtres

 

Dès avant la Pentecôte, Pierre annonce la couleur : Il fallait que s’accomplisse l’Ecriture dans laquelle le Saint-Esprit, par la bouche de David, a parlé d’avance de Judas, déclaration qu’il justifie en citant les Psaumes 69 et 109 (Ac 1.16-20). Un peu plus tard, suite à la guérison miraculeuse d’un boiteux, Pierre soulignera que ce qui s’était passé à Jérusalem lors de la crucifixion de Jésus avait été annoncé d’avance par les prophètes, qui n’étaient autre que les porte-parole de Dieu (Ac 3.18,21).

 

L’apôtre Paul n’aura pas une attitude différente envers les Ecritures : constamment, dans sa prédication comme dans ses lettres, il étaie son argumentation par des citations de l’Ancien Testament. En écrivant à l’Eglise de Rome, il appelle les Ecritures les oracles de Dieu (Romains 3.2), la parole de Dieu (Romains 9.6), et il n’hésite pas à attribuer une parole du prophète Osée à Dieu lui-même (Romains 9.25).

 

Nous poumons multiplier les exemples pris chez l’apôtre Paul, mais c’est peut-être Pierre qui donne l’idée la plus complète de l’inspiration : ce n’est nullement par une volonté humaine qu’une prophétie a jamais été présentée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu (2 Pi 1.21). Ici la réalité de l’inspiration est clairement établie, bien que ses modalités ne soient pas révélées : en fait, nous n’avons pas besoin de savoir comment Dieu s’y est pris pour inspirer ceux qui ont écrit les livres de la Bible. Celle-ci est à la fois humaine et divine : à chaque page, nous découvrons la personnalité de chacun des écrivains, mais en même temps c’est Dieu qui parle. C’est cette combinaison miraculeuse et mystérieuse qui fait la richesse de la Bible : pour l’écrire, Dieu s’est servi de toutes sortes d’hommes afin de parler à des hommes de toute condition et en toute situation.

 

 

La Véracité des Ecritures

 

Beaucoup ont voulu démontrer que la Bible contient des contradictions : dans les livres cités en bibliographie nos lecteurs trouveront bien des exemples où la contradiction apparente ne résiste pas à un examen approfondi : il s’agit bien souvent de points de vue différents, plutôt que de contradictions – entre les auteurs des Evangiles, par exemple. D’autres prétendent que la Bible ne tient pas la route face à la science moderne. Or la Bible ne prétend pas du tout être un livre scientifique, et nous ne pouvons pas exiger d’elle une précision détaillée qui n’était pas à la portée de ses auteurs à leur époque. Cela dit, nous sommes convaincus que même si elle emploie un langage poétique pour décrire des phénomènes naturels, elle n’avance rien qui soit faux.

 

De nos jours les plus grands hommes de science disent « le soleil se lève » comme si cet astre tournait autour de la terre, sans qu’on les accuse d’être inexacts dans leur façon de parler ! Nous connaissons suffisamment de savants, compétents et respectés par la communauté scientifique, et qui gardent une entière confiance dans la véracité des Ecritures, pour que cette question ne soit pas un vrai problème.

 

La véracité des Ecritures ne dépend pas seulement de l’exactitude des faits : ces écrits « sonnent vrai ». C’est peut-être un critère subjectif, mais nous croyons qu’il a sa valeur. Quel historien aurait raconté la vie du roi David avec tous les détails que nous trouvons dans les livres de Samuel et 1 Rois, en rappelant non seulement ses réussites militaires et politiques, mais aussi ses déboires moraux et familiaux ? Dans quel manuel d’histoire lirait-on ce résumé du règne le plus long et le plus prospère de tous les rois du royaume d’Israël, celui de Jéroboam II : II régna 41 ans. Il fit ce qui est mal aux yeux de l’Eternel ? Si nous avions voulu, nous, rédiger la généalogie de Jésus, aurions-nous inclus les noms de Thamar, de Rahab et de la femme d’Urie, comme Matthieu l’a fait ?

 

 

Ce que l’Inspiration n’est pas

 

Les traductions de la Bible dans nos langues modernes ne sont pas inspirées, cela va sans dire. L’inspiration ne concerne que les manuscrits originaux. Puisque ceux-ci n’existent plus, pouvons-nous encore parler d’inspiration ? Oui, car nous savons que les copistes, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, avaient un grand respect pour les textes qu’ils ont recopiés ; ils ont travaillé avec une si grande attention au moindre détail, que les erreurs qui ont pu s’y glisser représentent une proportion infime du texte.

 

Quant aux traductions des textes hébreux, araméens et grecs dans les langues d’aujourd’hui, bien qu’aucune d’entre elles ne soit parfaite, et bien que toute traduction d’une langue dans une autre perde quelque chose de l’original, nous pouvons rester confiants : les connaissances linguistiques et l’intégrité de tout traducteur compétent, qu’il soit chrétien ou non, rendent ces traductions tout à fait fiables. La multiplicité des traductions aujourd’hui, en français notamment, représente en plus une sauvegarde, nous mettant à l’abri des erreurs éventuelles d’une traduction unique. D’ailleurs, comme l’a souligné Louis Gaussen dans son livre La pleine Inspiration des Saintes Ecritures, le véritable miracle de l’inspiration se situe en amont, c’est-à-dire auprès de Dieu, qui par son Esprit a poussé des hommes à écrire, dans leurs mots à eux mais en même temps les mots qu’il a choisis, tout ce que nous avons besoin de savoir pour la vie éternelle.

 

Nous n’avons fait qu’effleurer la surface de la question de l’inspiration de la Bible.

 

Le lecteur fera bien de consulter la bibliographie page 20 (de ce numéro) et surtout de revenir sans cesse à cette Parole de Dieu qui seule peut nous donner la sagesse en vue du salut, par la foi en Jésus-Christ (2 Tm 3.15).

 

A.K.