A lire sur le sujet de la Création –
Comment penser l’évolution ?
par Philip E.Johnson1
Depuis quelques années, dans les milieux scientifiques anglo-saxons, émerge un courant appelé « Intelligent Design » (Dessein ou modèle Intelligent) prôné par des évangéliques comme Michael Denton, Bill Dembski, Phil Johnson, le catholique Michael Behe (John Lennox, des Assemblées de Frères britanniques, est proche de ce mouvement). Ce courant ne s’identifie pas au néo-créationnisme (« terre-jeune ») mais remet pourtant sérieusement en question la théorie de l’évolution comme explication des origines, ou de la diversité, de la vie.2
Comment penser l’évolution se place directement dans cette ligne. Cependant le titre anglais, paru aux célèbres éditions évangéliques InterVarsity Press en 1997, donnerait en traduction littérale : « Un guide facile à comprendre pour renverser le Darwinisme dans un état d’esprit ouvert ». Le titre français est moins agressif, plus évasif !
L’auteur fait partie de l’élite intellectuelle nord-américaine. En effet, il a enseigné pendant trente ans l’argumentation juridique à la prestigieuse université de Berkeley en Californie. La lecture de ce livre est d’ailleurs un exemple d’argumentation construite avec finesse et pertinence. Le public visé est « les grands adolescents, les étudiants… ainsi que les parents et professeurs » (p. 9).
En se référant à la définition de l’association nationale américaine des enseignants de biologie, l’auteur indique le sens donné généralement au mot « évolution » : « La diversité de la vie sur terre est l’aboutissement de l’évolution : un processus naturel, imprévisible, impersonnel, non dirigé, de reproduction dans le temps, comportant des modifications génétiques, résultant de la sélection naturelle, du hasard, des circonstances historiques et des changements de l’environnement » (p.16). Il appuie cette description en montrant que la «philosophie évolutionniste» est, par définition, sans finalité et sans Dieu (p.17) même si la micro-évolution est parfaitement attestée.
L’auteur relève certaines inconsistances de la théorie de l’évolution, de plus en plus fragilisée selon lui. L’absence de fossiles chaînons-manquants, et l’impossibilité de constater autre chose qu’une micro-évolution en sont la preuve. Les rares découvertes servant à appuyer la macro-évolution comme l’Archœoptéryx, la baleine à pattes, les thérapsides ou les australopithèques sont à son avis très insuffisantes (p. 58-60). Il cite en particulier l’un des plus éminents spécialistes de fossiles invertébrés, Eldredge, pour souligner la fragilité de la théorie.
Pour l’auteur, la philosophie « naturaliste » (évacuant le Créateur) domine avec une arrogance démesurée ; il cite plusieurs auteurs dans ce sens, comme le fondateur de l’Unesco, Julian Huxley (petit-fils de Thomas) : « Dans le modèle de pensée évolutionniste, il n’est pas besoin de surnaturel, il n’y a pas de place pour lui. La terre ne fut pas créée, mais elle a évolué, il en fut de même pour toutes les plantes et tous les animaux qui l’habitent, y compris nous-mêmes les hommes… Il en fut de même pour la religion… » (p. 109).
La lecture de cet ouvrage est aisée et apportera des éléments intéressants dans la quête des origines.
Reynald Kozycki
NOTES
1. Editions LLB, 2003, 152 pages, 9,90 €.
2. Voir par exemple les articles sur les sites suivants : www.samizdat.qc.ca/cosmos/origines/creation.htm