Au fil de ma vie : le Christ
Témoignage de Jean PUIG
Je suis né à Casablanca (Maroc) le 15 janvier 1931, de parents espagnols. Je n’avais pas quatre ans lorsque je perdis ma mère et cinq ans quand mon père se suicida. Cela me coûte encore de l’écrire, même à mon âge (70 ans). Un an déjà avant le décès de ma mère malade, je fus confié à ma grand-mère paternelle, puis à un oncle.
Je grandis dans un milieu très catholique, grandement mêlé d’occultisme où l’enfant que j’étais absorbait comme une éponge ce qui était à sa portée. Il y avait longtemps que j’étais séparé de ma seule sœur placée chez une autre tante. Tout cela pour situer dans quel contexte religieux je cherchai, dès ma jeunesse, consciemment ou pas, ce Dieu auquel tout être aspire (Eccl 3.11).
L’instruction religieuse, les communions privée et solennelle ne m’apportèrent rien de vraiment durable sinon une émotion sur le moment.
Après des années de tâtonnements, et alors que je revenais de notre voyage de noces et reprenais mon travail chez Renault où j’étais ouvrier, un client, Monsieur Federsfil (que beaucoup ont connu car il s’est occupé, plus tard, du service des rapatriés à l’ambassade de France à Casablanca) me dit : « Lis ta Bible, tu trouveras toutes les réponses à tes questions ». Je connaissais depuis longtemps cet homme, sans savoir qu’il était le premier messager de Celui dont Pascal dit : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé ».
C’est le plus court message que j’aie jamais entendu. Le jour même ou le lendemain, j’achetai ma première Bible à la Maison de la Bible à Casablanca où Monsieur Frank me remit en même temps son « mode d’emploi » : Prier, avant toute lecture de ce Saint et Merveilleux Livre, les versets 11 et 18 du psaume 119.
Je me mis donc à lire, que dis-je, à dévorer le texte en commençant… par la Genèse jusqu’à l’Apocalypse sans contact avec aucun chrétien pour m’enseigner. L’Esprit travaillait dans mon cœur. Déjà en lisant le Psaume 68.6 je m’écriai « Voilà ! J’ai trouvé mon Père !… » Pour un orphelin, c’était quelque chose ! Ainsi pendant un an, petit à petit, II se révéla à moi.
En 1958 un traité dont le titre était : « Je n’ai pas le temps ! » invitait à une réunion rue Bugeaud. Je m’y rendis, non sans grand combat intérieur avant de franchir le seuil de la salle.
Je n’oublierai jamais la qualité de l’accueil de Jean Padilla. Cela me revient toujours en mémoire lorsqu’un « inconnu » entre dans un local où la seule et Bonne Nouvelle est prêchée. C’était un culte en espagnol et c’était Antoine Padilla qui apportait le message. « Mais d’où me connaît-il ? » me disais-je, car c’était pour moi qu’il parlait… Je donnai mon cœur au Seigneur et souvent je répète : « Je ne sais pas si je suis entré perdu dans ce local de la rue Bugeaud mais ce que je sais c’est que j’en suis sorti sauvé » (Jn 9.25).
La place me manque pour parler de ces frères et sœurs, chers à nos cœurs, qui nous ont tant entourés et qui nous ont donné les rudiments de base pour la marche en avant (Ac 8.31).
Je passe sous silence le combat au sein de la famille qui m’a élevé… Mon baptême le jour de Pâques 1959…
Après un an et quelques combats toujours douloureux quand on les vit, mon épouse se convertit. Pendant ce temps, le choix de Le servir « à plein temps » ou de continuer dans ma profession occupa beaucoup mon esprit ; mais un jour la conviction de continuer à témoigner auprès de tous ces ouvriers de l’automobile m’habita et ne me quitta plus.
C’est en mars 1962 que nous sommes arrivés à Toulouse, rapatriés du Maroc. J’y retrouvai du travail chez Renault.
Au bout de quelques mois, la société me proposa un poste de chef d’atelier à Marmande. Mais nous avions de la famille à Toulouse, nous y revenions souvent et c’est ainsi que nous avons pu voir les débuts de l’assemblée de la rue Lombez.
A Marmande, en attendant des renforts (Jg 6.14), nos rencontres se faisaient à la maison. Joël Freyche, Jean Almodovar, Jacques Buisson, André Borel et d’autres personnes de passage nous encouragèrent. Quelques conversions, trop peu pour qu’une assemblée naisse, furent pour nous un grand sujet de joie et de reconnaissance au Seigneur.
Pendant quelques années, nous nous sommes joints à l’Eglise Libre de Clairac. Depuis une dizaine d’années, date de ma mise à la retraite, nous essayons d’aider l’Eglise de Maubourguet, ainsi que, en Espagne, l’œuvre de Nueva Luz (Nouvelle Lumière) parmi les aveugles. Antoine Padilla, lui-même aveugle depuis plus de 15 ans, en est le responsable.
Si ces quelques mots peuvent être un encouragement pour quelqu’un, je m’en réjouis. Que toute la Gloire en revienne à Dieu seul (1 Jn 1.7 à 10).
J.P.