Editorial du n°5 Septembre-Octobre 2003 

 

Canicule

 

 

par Jean-Pierre Bory

 

 

Août commence tout juste et déjà les forêts de la Drôme ont pris des couleurs automnales ; toute la palette des ocres brunit les feuillus assoiffés… Plus un brin d’herbe verte dans les prairies, les maïs sèchent sur pied, les tournesols baissent piteusement la tête sous un ciel d’acier bleui : pas le moindre nuage porteur d’espoir de pluie. La chaleur écrase les cultures et les hommes. Que ne donnerait-on pas pour une averse rafraîchissante !

 

 On pourrait tout aussi bien se trouver en pleine saison chaude, vers midi, dans un petit village au flanc d’une colline de Galilée ; chacun cherche l’ombre des murs épais des maisons. Cependant, une femme choisit ce moment pour aller au puits. Tiens ! Un homme est assis sur la margelle. Comme elle, il a soif. Il lui demande de l’eau. Surprise, mais pas intimidée, elle répond. Cependant la conversation n’en reste pas à de simples banalités. Le voyageur, d’apparence assez ordinaire, la surprend en lui proposant lui-même une eau vive, une eau régénératrice, intarissable, ayant la propriété de devenir source elle-même ! pas seulement fraîcheur et vie pour la vie quotidienne…

 

L’offre est pour le moins surprenante, comme le fait que ce juif (il en a l’apparence) condescende à s’entretenir avec elle ! Bon, s’il possède de cette eau, de cet élixir de jouvence, j’en veux bien : « Donne-m’en donc, que je n’aie plus à puiser ! »

 

Le soupçon d’ironie et de défi qui effleurait peut-être le regard de la femme, s’efface graduellement au fil de la conversation. Cet étranger semble être plus qu’il ne paraît : il parle comme un maître, il voit clair comme un prophète… Cette offre d’une eau source de vie n’est peut-être pas une fanfaronnade… La conversation se poursuit ; l’assurance blasée de la femme se fissure ; ses pensées se bousculent : et si c’était le Christ, le Messie ?

 

Et, aussi incroyable, impensable que ce soit, ce pourrait bien être lui ! Les villageois accourus en sont convaincus en l’écoutant. Il peut donner la vie ! La vie éternelle !

 

Il est lui-même source de la vie !

 

Puissions-nous dire aujourd’hui avec ces Samaritains : Il est vraiment le Sauveur du monde ! Il est capable de faire reverdir la sécheresse de notre vie (Jn 4.42).

 

J.-P Bory