Quelques retombées concrètes du Forum 2004
pour l’Evangélisation du Monde
par Jean-Paul REMPP
Organisé par le Comité international de Lausanne, le Forum 2004 pour l’Evangélisation du Monde s’est tenu du 29 septembre au 5 octobre 2004 à Pattaya (Thaïlande). 1530 personnes issues de 130 pays y ont participé.
La devise du Forum était : « Une nouvelle vision, un nouveau coeur, un appel renouvelé ! » Il s’agissait avant tout, à partir des bases théologiques clairement posées en 1974 par la Déclaration de Lausanne1, et en 1989 par le Manifeste de Manille, d’actualiser et de mettre en pratique ce qui avait été exprimé dans ces deux documents-clés du Mouvement de Lausanne.
Les rencontres plénières avaient lieu en début de la matinée, et parfois le soir. Le reste du temps était consacré aux 31 consultations parallèles qui se sont tenues sur les sujets d’actualité les plus brûlants relatifs à l’évangélisation du monde.
Parmi ces groupes, on peut relever par exemple ceux qui ont réfléchi sur le fléau du sida ou sur les questions bioéthiques, sur le terrorisme, sur le phénomène de la globalisation, sur le rôle des médias et de la technologie, sur l’aide aux pauvres, sur la persécution des chrétiens, sur les familles dissociées, sur les nationalismes politiques et religieux, sur la post-modernité, sur l’oppression des enfants, sur l’urbanisation et ses défis, sur la négligence à l’égard des personnes handicapées, etc.
L’objectif commun à chacun de ces groupes de consultation était clair :
Mobiliser l’Eglise :
– pour qu’elle puisse annoncer un message clair et adapté,
– en utilisant des méthodes variées,
– pour atteindre les populations les plus négligées, les plus résistantes ou les plus spécifiques.
J’ai eu le privilège de participer au Forum 2004. J’en suis revenu renouvelé et enrichi. Et j’aimerais partager avec vous trois exemples de défis et d’interpellations qui se sont imposés à moi à Pattaya.
J’aimerais, au préalable, souligner l’importance incontournable du phénomène de la globalisation. En effet, dans le contexte actuel, les évolutions dans une partie du monde affectent inévitablement les autres parties du monde. C’est pourquoi la globalisation ouvre la porte à d’immenses possibilités tout en lançant des défis exceptionnels à l’Eglise, aussi bien à l’échelle mondiale que locale.
Sans des réflexions à l’échelle mondiale sur certaines questions, telles que celles qui ont eu cours à Pattaya, le peuple chrétien serait très certainement dans l’incapacité de saisir les véritables défis auxquels l’Eglise doit répondre. Prétendre pouvoir se passer à l’échelle nationale, voire locale, d’une telle réflexion, c’est nécessairement s’appauvrir ! Puisse donc le Seigneur ouvrir nos coeurs afin que nous comprenions ce qu’il a à nous dire.
a) Le premier défi auquel j’aimerais vous sensibiliser, est CELUI DE LA POPULATION DES HANDICAPES.
Quel choc d’apprendre que celle-ci représente la 3eme population au monde, après la Chine et l’Inde, soit 650 millions de personnes, c’est-à-dire 10 à 11 % de la population mondiale. Or cette population, qui cumule, par ailleurs, les pires vicissitudes (elle concentre, en effet, le plus fort taux de chômage, de divorce, d’exploitation et d’abus, de suicide, etc.) est de surcroît particulièrement négligée par l’annonce de l’Evangile.
De telles informations ne devraient-elles pas désormais susciter en nous une plus grande compassion encore à l’égard de tout handicapé que nous rencontrerons ? Joni Eareckson-Tadda, présente à Pattaya, a su nous faire toucher du doigt, comme jamais auparavant, les souffrances et les misères qui sont le lot commun des handicapés.
N’y aurait-il pas là de la part du Seigneur un vibrant appel à nous investir davantage pour soulager la détresse des handicapés, en les aidant à i reconstruire leur vie tout en leur I apportant le seul message de vraie espérance ? Et comme nous ne pouvons être engagés sur tous les fronts, et que les dons des membres du Corps du Christ sont multiples et variés, ne vaudrait-il pas la peine de soutenir avec un élan renouvelé ceux qui parmi nous exercent déjà un tel ministère ?
Je pense, par exemple à notre soeur Gabrielle Geffé, précisément missionnaire de nos Assemblées parmi les handicapés au Pérou. Cela pourrait être, en tout cas, l’une des façons de répondre aux besoins de la population handicapée que le Seigneur veut que nous atteignions aussi avec l’Evangile.
b) Le second défi est CELUI DES ILLETTRÉS.
Savez-vous que 67 % de la population mondiale est constituée soit d’illettrés, soit de personnes qui fonctionnent comme des illettrés ? Et ne pensez surtout pas que cela ne concerne que le Tiers-Monde : les statistiques les plus rigoureuses révèlent que 48 à 51 % des adultes américains sont illettrés ou fonctionnent comme tels… Les pays d’Europe, France comprise, n’échappent pas non plus à ce phénomène désastreux.
Je me souviendrai longtemps de ce jeune couple tsigane, venu nous visiter à la « Bonne Nouvelle » de Lyon. Ayant remarqué mon étonnement lorsqu’ils refusèrent le recueil de cantiques que je leur proposais, la jeune femme me répondit d’une façon très digne : « Monsieur, je ne sais pas lire ! » Chacun de vous pourrait assez facilement se souvenir de telle ou telle personne dans son entourage, parmi ses voisins, ou dans son quartier, avec laquelle la communication écrite était difficile, voire impossible.
Le drame de l’illettrisme, c’est qu’il favorise le développement de multiples maux. Dans le Sélection du Reader’s Digest de novembre 2004, Robert Badinter écrit : « La misère sociale est certaine et se retrouve ensuite dans les prisons. Un seul exemple : quand 5 % de la population française souffre d’illettrisme2, plus de 20 % des détenus ne savent pas lire ! »
Mais le plus grand drame, c’est que ceux-là mêmes qui sont déjà tant défavorisés, sont aussi ceux qui sont le plus négligés par l’annonce de l’Evangile. En effet, 90 % des efforts pour communiquer l’Evangile s’adresse, à ce jour, à des lettrés… La tâche est donc immense ! Si l’Eglise veut atteindre toutes les catégories de personnes avec l’Evangile, il lui faudra plus que jamais développer des formes de communication orale de l’Evangile.
c) Le troisième défi que j’aimerais vous présenter est CELUI DES ENFANTS ET DES JEUNES.
Vous êtes certainement de ceux qui avez depuis longtemps compris l’importance stratégique d’atteindre les enfants et les jeunes avec l’Evangile. Et peut-être, vous dites-vous : « Quoi de nouveau sous le soleil, en ce domaine ? »
Les deux groupes chargés de ce secteur ont montré à Pattaya que, dans le contexte mondial actuel, c’est de façon indiscutable, le seul moyen d’atteindre le monde, et en particulier toutes les catégories de personnes, encore aujourd’hui, peu ou pas atteintes par l’Evangile. De fait, l’interpellation des responsables de ce secteur a eu un impact certain sur l’ensemble des participants, en particulier par la présentation des éléments de réflexion ci-dessous : II n’y a jamais eu autant d’enfants dans le monde. Jamais autant d’enfants n’ont été en danger.
– II y a 2 milliards d’enfants de moins de 15 ans.
– 88 % des enfants vivent dans les pays en voie de développement.
– 1 million d’enfants entrent dans la prostitution chaque année.
– 180 millions d’enfants travaillent.
– 200 millions d’enfants vivent ou travaillent dans la rue.
– 121 millions d’enfants n’ont pas accès à l’école primaire.
– La plupart des enfants vivent là où l’Eglise connaît la plus grande croissance.
– 85 % des chrétiens ont pris leur décision de suivre Jésus, en tant qu’enfant.
– Les enfants sont d’excellents ambassadeurs pour en amener d’autres à Christ.
Aujourd’hui, l’évangélisation des enfants représente la meilleure façon d’accomplir la Mission que le Christ nous a laissée.
Ces statistiques, et bien d’autres réflexions se trouvent sur le DVD « Les enfants – La grande OMISSION ? » ainsi que sur la plaquette qui l’accompagne. Elles ont été traduites en français par le Forum francophone européen pour l’évangélisation des enfants. Le DVD, version française, a pu ainsi être projeté en première, lors de la soi-rée d’ouverture de la Consultation Nationale sur l’Evangélisation, qui s’est tenue, début mars, à Lyon (voir l’article précédent). Ce matériel est désormais disponible auprès du Forum francophone des Ministères parmi les Enfants.3 Je vous le recommande chaleureusement.
En conclusion, j’aimerais insister sur le fait que les informations et les réflexions des 31 consultations parallèles qui se sont tenues lors du Forum 2004 à Pattaya représentent une véritable mine de richesses. De nombreux textes et documents devraient prochainement être publiés.
II m’apparaît indispensable d’examiner attentivement ces différents documents afin d’y puiser ce qui pourrait contribuer à aider le peuple de Dieu de France, voire de Francophonie, à mieux atteindre toutes les catégories de personnes avec l’Evangile.
Jean-Paul REMPP
mandaté par les CAEF au Forum 2004
Voici un extrait de la Déclaration de Lausanne à laquelle fait allusion J.-P. REMPP dans l’article précédent. Cette Déclaration (rédigée en 1974) fait référence encore aujourd’hui pour les évangéliques du monde entier.
Le Christ unique et universel
Nous affirmons qu’il n’y a qu’un seul Sauveur et un seul Evangile 1, bien qu’il y ait diverses manières d’évangéliser. Nous pensons que tous les hommes ont une certaine connaissance de Dieu, car ils peuvent le reconnaître dans ses oeuvres. Mais cette révélation naturelle ne peut les sauver car, par leur injustice, ils retiennent la vérité captive2.
Nous rejetons aussi toute espèce de syncrétisme et de dialogue qui sous-entend que le Christ parle de façon équivalente au travers de toutes les religions et idéologies, car cela ne donne pas au Christ ni à son Evangile la place qui leur revient3. Jésus-Christ, qui est le seul Dieu-homme et qui s’est livré comme unique rançon pour les pécheurs, est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. Il n’y a pas d’autre nom par lequel nous devions être sauvés4. Tous les hommes périssent à cause du péché, mais Dieu les aime tous5, il désire qu’aucun ne périsse mais que tous se repentent6.
Ceux qui rejettent le Christ refusent la joie du salut et se condamnent eux-mêmes à la séparation éternelle d’avec Dieu7. Proclamer Jésus comme «Sauveur du monde»8 ne veut pas dire que tous les hommes sont automatiquement sauvés ou qu’ils le seront tous en fin de compte. Cela signifie encore moins que toutes les religions offrent le salut en Christ. Cela consiste plutôt à proclamer l’amour de Dieu pour un monde pécheur, à inviter tous les hommes à se tourner vers lui comme vers leur Sauveur et Seigneur et à se donner à lui9, chacun personnellement, et de tout leur coeur dans un acte de repentance et de foi.
Jésus-Christ a été élevé au-dessus de tout autre nom10 ; nous attendons ardemment le jour où tout genou fléchira devant lui et où toute langue le confessera comme Seigneur11.
Versets 1. Ga 1.6-9 2. Rm 1.18-32 3. 1 Tm 2.5-6 4. Ac 4.12 5. Jn 3.16-19 6. 2 Pi 3.9 7. 2 Th 1.7-9 8. Jn 4.42 9. Mt 11.28 10. Ep 1.20-21 11. Ph 2.9-11 |
NOTES
1. Rappelons que La Déclaration de Lausanne et Le Manifeste de Manille sont deux documents fondamentalement évangéliques, diffusés et reconnus dans le monde entier. Chacun de nos groupes d’anciens devrait en avoir une copie ! Vous pouvez les obtenir à l’adresse suivante : Jean-Paul Rempp, 105 chemin du Grand Revoyet, 69600 Oullins, Tél. : 04 78 86 00 69. E-Mail : jpnremppbn@wanadoo.fr (Le coût de la brochure est de 4 Euros + les frais de port). Ou gratuitement dans les ressources CEIE pour nos Eglises sur le site http://www.caef.net.
2. Ce chiffre ne tient pas compte de l’important pourcentage de ceux qui fonctionnent comme des illettrés.
3. Vous pouvez obtenir ce matériel à l’adresse suivante : L’Association Les Semailles 13 rue Emile Bident, 93150 Le Blanc-Mesnil. Tél. 01 48 67 34 15. E-mail : semailles.paris@ wanadoo.fr