Je crois au retour de Jésus-Christ
par François-Jean MARTIN
Presque deux mille ans déjà, peut-on encore croire en ce début de troisième millénaire en la réalité du retour du Seigneur Jésus-Christ ? Oui ! Je crois, comme nous avons écrit dans la confession de foi de nos églises que : « Nous attendons son retour personnel, visible et prochain, pour chercher son Eglise, au moment fixé par le Père et connu de lui seul. Alors le règne et la gloire de Dieu seront pleinement manifestés. »
Si la chronologie des temps de la fin, donne lieu à des approches différentes suivant l’interprétation choisie1 , tout théologien qui croit en l’inspiration plénière des Ecritures par Dieu, en son inerrance et en son autorité souveraine, confesse le retour de Jésus-Christ.2
Nous aborderons les aspects bibliques qui font pour nous autorité, mais nous ne reviendrons pas sur les signes précurseurs que la prophétie biblique annonce et qui se sont accomplis ou doivent l’être.3 Ces signes confirment notre foi, ils sont conséquences, jalons vers son accomplissement mais ils n’en sont pas la cause.
Les textes bibliques
Dans l’Ancien Testament, la venue du Messie est présentée sous deux formes qui paraissent contradictoires dans leur accomplissement unique. Le Christ y est présenté comme « le serviteur souffrant » (voir les cantiques en Esaïe, ex : Es. 53 : 1-5) ou « le roi humble monté sur un âne » (Za. 9:9). Mais il est aussi désigné comme « Dieu puissant » (Es. 9 : 5) et « le roi de gloire » (Ps. 24: 7-10).
Cette apparente contradiction est levée dans le Nouveau Testament où le premier aspect s’accomplit dans la première venue du Christ dans son incarnation et le deuxième dans la seconde venue : le retour de Jésus-Christ (on parle de Parousie).
Le Nouveau Testament contient plus de trois cents mentions de ce retour4 , il n’est donc pas question de les retracer toutes, mais si une seule mention claire dans la Bible suffit pour nous, à combien plus grande raison devons-nous prêter attention à une telle insistance.
Nous citerons rapidement :
1. Les Evangiles où :
Jésus lui-même parle à plusieurs reprises de son retour
Mt. 16 : 27 ; Mc 13 : 24-27 ;
Lc 21:27; Jn 14:3.
2. Les Actes où :
Des anges le proclament (1 : 11)
Pierre l’annonce (3 : 20-21)
Paul le publie (17 : 31)
3. Les Epîtres de :
Paul : 1 Th. 4:15-16 ; 2 Th. 1: 7-8
Pierre : 1 Pi. 1 : 13 ; 2 Pi. 3 : 10.
4. L’Apocalypse de Jean : 1: 7-8 ; 22 : 12.
Les aspects du retour et les dérives
II est écrit que « tout œil le verra » (Ap. 1: 7) et les anges ont déclaré qu’il reviendrait de la même manière qu’on l’avait vu monter au ciel, aussi nous proclamons notre foi en un retour personnel, visible et physique du Christ.
Ceci nous fait rejeter la conception des Témoins de Jéhovah selon laquelle la parousie ne serait qu’une présence invisible, ou celle des adeptes de la Science Chrétienne qui l’assimilent à l’apparition de cette « science ».
L’incarnation se poursuit, même dans un corps transformé et nous n’avons pas à dissoudre l’événement en le spiritualisant ou en le transférant. Ceci traduit l’historicité de ce retour quand bien même, il ne nous est pas donné d’en connaître la date (Ac. 1: 6-7).
Justement deux dangers guettent le chrétien : c’est de négliger cette vérité ou d’y porter un intérêt exagéré, pensant toute la doctrine au travers de cet article de la confession de foi. Un des avatars de cette dérive est la recherche compulsive de la date de la parousie alors que la Bible nous invite à ne pas nous en préoccuper mais plutôt de veiller.
Conséquences dans notre vie
Nous ne devons pas nous laisser aller au désespoir. En effet, nous avons une espérance vivante : le Seigneur revient, tous les morts ressusciteront et ceux qui sont vivants les suivront (1 Th. 4:16-17 ; 1 Co. 15 :51-52) les uns pour une vie éternelle avec le Christ, les autres pour la damnation éternelle loin du Christ (Ap. 20:12, 15).
Cette réalité nous entraîne à ne pas nous attrister pour nos frères et sœurs dans la foi qui nous ont devancés dans la mort, car nous savons qu’ils sont avec le Seigneur et que nous les retrouverons (1 Th. 4 : 13-18). Mais cela aussi nous pousse au témoignage envers ceux qui ne se sont pas encore convertis au Christ.
L’assurance de son prochain retour a aussi des conséquences sur nos vies. Si j’étais sûr que le Seigneur revenait aujourd’hui, ou demain, ou dans une semaine, que ne ferais-je pas ? Que mettrais-je en ordre, quelles repentances ne vivrais-je pas ? Je suis sûr qu’alors je prendrais des décisions et j’agirais pour des pardons, des réconciliations, du témoignage, pour me concentrer sur l’essentiel, sur ma vie spirituelle, sur ma vie familiale, sur ma vie d’Eglise. J’essaierais de ne plus être derrière des masques, de ne plus me cacher mes problèmes en les projetant sur les autres.
Et pourtant, je ne rentre pas dans cette démarche aussi dois-je me demander si sur ce point ma confession de foi a un sens. Ma confession de foi que vais-je en faire ?
La mettre :
– à la poubelle
– dans un tiroir
– dans ma bibliothèque
– dans un coffre-fort
OU :
– l’apprendre par cœur
– la réciter
– l’habiter et la vivre
Ce n’est que parce que nous ferons vraiment nôtre, à la lecture de la Bible ce que nous croyons, que notre foi s’incarnera, que nous en ferons notre vie, et qu’alors cette confession ne deviendra pas un texte inutile, texte stérile voire stérilisant, lettre morte ou tuée ou tuante mais plutôt parole de vie, parole vivifiante. Ainsi comme le père de la parabole face à l’essentiel, la vie de son enfant, écrions-nous : « Je crois, viens au secours de mon incrédulité » (Mc 9 : 24).
F-J.M
NOTES
1. Voir les différentes approches dans les articles suivants
2. Voir le fond d’accord de la déclaration sur l’eschatologie des chrétiens évangéliques
3. Voir article sur le sujet
4. On trouve dans les anciens ouvrages de doctrine le nombre de 318 ou de 319 pour le N.T. et de 1 527 pour l’A.T. (voir Le Retour de Jésus-Christ de René Pache, Ed. Emmaüs)