« Nos pères t’ont fait confiance, et tu ne les as pas déçus ! »
« Nos pères t’ont fait confiance,
et tu ne les as pas déçus ! »
Psaume 22.6
Depuis longtemps, dans toutes nos librairies évangéliques, nous trouvons et retrouvons avec joie, les livres de Patricia St John. Combien de nos enfants et de nos petits-enfants ont été influencés pour Dieu, par la beauté et la pureté de ses récits ! Mais qui a influencé Patricia elle-même ?
Peu connu en France est le livre qu’elle a écrit au sujet de ses parents, où se trouve retracée leur vie, avec une évocation plus particulière du caractère de son père. Ce livre, publié en 1961 par « Pickerling & Inglis », continue de nous adresser un défi, 30 ans après la mort de Harold St John. Comment cet homme – missionnaire, conférencier, enseignant, écrivain – était-il vraiment ? Comment était-il vu par sa femme et par ses enfants ? C’est à ces questions que Patricia, sa fille, a tenu à répondre, en rendant témoignage à la vie exemplaire de ses parents. Voici traduits, quelques extraits de son livre.
***
« Ce fut après 12 années d’attente patiente que Harold épousa celle qui devait le compléter si parfaitement dans tous les domaines de la vie. Ils décidèrent d’un commun accord, dans la plus grande simplicité, que pendant toute leur vie ensemble, l’oeuvre de Dieu serait prioritaire. Madame St John n’oublia jamais sa promesse : pas une seule fois ne se plaignit-elle des longues absences de son mari.
Son sens pratique fut le parfait complément de l’esprit « mystique » de Harold. Ses qualités de femme d’intérieur se manifestèrent autant dans l’arrière-pays du Brésil qu’en Angleterre, où la vieille maison de briques rouges regorgea d’enfants pendant tant d’années. Partout où ils habitèrent, Madame St John réserva pour son mari un petit havre de paix qu’il retrouvait après les tensions d’un ministère extrêmement varié – ministère dans lequel il donnait le maximum de lui-même.
C’était là qu’il étudiait, dans le calme, la Parole de Vie, sa nourriture. Sa femme lui demandait bien peu de chose, sa nature la conduisant à donner et à se donner constamment. Pendant plus de quarante années de vie commune, l’amour profond qui unissait Harold et sa femme, leur sérénité, l’absence totale d’égoïsme qui les caractérisait, impressionnèrent autant les étrangers de passage dans leur foyer que leurs proches. Aucun de leurs enfants ne peut se souvenir de la moindre parole d’irritation qu’ils auraient échangée. L’atmosphère de la maison – une maison accueillante et toujours grande ouverte – était source d’inspiration stimulante pour les nombreux jeunes qui s’y rendaient. »
« Je veux que mon foyer soit exactement comme le vôtre… » a écrit une jeune mariée. « Votre amour l’un pour l’autre est un puissant témoignage ainsi qu’un exemple pour tous ceux qui vous regardent vivre » a déclaré une autre amie. Un autre visiteur encore a pu affirmer : « Je vous considère comme des modèles de ce que doivent être une femme et un mari : parfaitement un en tout, et rayonnants de la joie d’être ensemble ». Un autre ami évoque sa visite après une période de 20 ans, en ces termes : « L’ambiance était telle que je ne me suis jamais senti aussi près du ciel »
De nos jours où le confort a tellement d’importance, il peut être utile de mentionner que leur premier foyer fut une pièce unique à Buenos-Aires ; les blattes se promenaient librement sur les murs, et Ella (l’épouse de Harold) devait partager la cuisine avec quatre autres familles ! Pour meubler cette pièce ils avaient acquis ce qu’ils décrivaient comme étant « l’essentiel » : deux lits de camp, une table pliante, une chaise…
Patricia St John continue : « Aucun enfant n’a été plus aimé et mieux soigné que chacun des petits St John. Ils savaient intuitivement qu’ils n’étaient pas le centre du foyer, et qu’ils n’étaient pas les seuls propriétaires de l’affection de leur père. Il en résultait pour eux une réelle paix intérieure : se découvrir comme le centre même de la vie des parents, peut être pour un enfant un poids trop lourd à porter. Sans l’avoir entendu explicitement, les enfants savaient bien que les exigences de Dieu et de Son oeuvre, étaient prioritaires pour leurs parents – et qu’il leur fallait respecter certaines limites. Cela peut sembler dur – mais en fait ce n’était nullement le cas ».
« Et le culte ?… Certes, les petits St John n’étaient pas des anges ! N’importe quoi les amusait, et parfois, il faut le dire, le culte leur semblait long. Comment percevaient-ils leur père à ce moment ? Il les avait complètement oubliés – il était loin devant eux, absorbé dans la contemplation de réalités encore cachées aux yeux de ses enfants. Aucun d’eux, en regardant ce visage rayonnant, transfiguré, ou en écoutant cette voix qui tremblait d’amour et d’adoration pour son Sauveur, ne pouvait dire que le culte était ennuyeux !
Au contraire, ils étaient envahis d’un sentiment de tristesse et d’attente. Tristesse, parce qu’ils étaient trop petits, trop méchants, ou peut-être trop gais, trop irresponsables, et parce qu’ils ne voyaient rien. Attente – l’espoir leur venait de grandir, de comprendre, de voir ce que Papa voyait, de voir cette assemblée transformée, comme pour lui, en antichambre du ciel ! »
« …Ils ont grandi : leur père les observait, et attendait. Il n’essaya jamais de leur infliger les richesses spirituelles qu’il préparait pour eux, avant qu’ils ne soient prêts à les recevoir. Aucun d’entre eux n’était un enfant prodige ; de ce fait, ce ne fut qu’en atteignant l’âge de l’adolescence qu’ils réalisèrent la qualité du ministère de leur père – et la qualité particulière du culte lorsqu’il était présent. Ce fut pourtant lui qui les baptisa, tous les cinq, au cours de leur adolescence ; il commença aussi à ce moment-là, sa méthode d’étude biblique, accordant à chacun de nombreuses heures d’enseignement individuel. Chacun de ses enfants atteste que les richesses de la Parole leur furent ainsi dévoilée mieux qu’à toute autre école. »
II résulta de son ministère une très riche moisson. Harold St John sut se montrer compréhensif à l’égard de tous ceux qui bénéficiaient de ses conseils et de son enseignement. Quel était le secret de son comportement, de sa personnalité ? « C’était peut-être » nous dit sa fille, « l’absolu de ses principes, la grandeur de ses exigences, ou l’humour de ses propos, son humilité profonde… »
Après quarante-trois années de vie de famille (de 1914 à 1957), alors que s’approchait la fin, Harold pouvait écrire à un ami : « Le crépuscule de ma vie constitue une expérience intensément sacrée, une période de très grande joie. Le Livre que j’aime tant, guide de toute ma vie, me livre de plus en plus ses secrets et le visage de mon Seigneur est plus que jamais éclatant de beauté. La présence de ma chère femme, de mes fils et de mes filles, ainsi que votre précieuse amitié, me font affirmer que vers le soir la lumière paraîtra ».
Patricia termine son livre avec une parole d’encouragement : « Merci Seigneur, parce que la lumière brille encore. Le chemin est toujours ouvert pour ceux qui veulent suivre. Par les sentiers abrupts de l’obéissance et du renoncement, en se soumettant quotidiennement à la discipline du travail et de la prière, on peut entrer, comme Harold St John, dans la présence même de Dieu. Il est entré dans cette présence, non comme un étranger, mais comme un habitué vivant depuis longtemps tout près de la porte du ciel, contemplant la face du Rédempteur… »
Que Dieu nous aide à construire des mariages et des vies de famille sur un modèle de ce type – sachant qu’aujourd’hui comme hier :
« La force de l’Eternel est dans le foyer des justes »
(Psaume 118.15).
Nous aimerions que nos enfants puissent dire avec le sage : « Ecoute ton père, lui qui t’a engendré, et ne méprise pas ta mère, quand elle est devenue vieille… Le père du juste est vraiment dans l’allégresse, celui qui engendre un sage en a de la joie ». (Proverbes 23.22,24).
Extraits traduits et présentés par Esther Buckenham..