Précipitation ou préparation

 Prier

 par Esther BUCKENHAM

 



Pour toi, dirige ton coeur vers Dieu,


Etends vers lui tes mains…


Alors, tu lèveras ton front sans tache,


Tu seras ferme et sans crainte…


Tu oublieras tes souffrances…


Tes jours auront plus d’éclat que le soleil à midi


Tes ténèbres seront comme la lumière du matin,


Tu seras plein de confiance…


Tu regarderas autour de toi,


et tu reposeras en sûreté. » Job 11.13-18

 


 

 

Le mot « diriger » est traduit différemment selon les versions. Il contient toujours l’idée d’un mouvement intérieur, en vue d’établir, ou de rendre digne, ou encore de préparer, rendre prêt. Dernièrement, en Irlande, je relisais quelques livres poétiques de la Bible, en anglais. Une des traductions proposée pour les versets ci-dessus a particulièrement retenu mon attention : Et toi, prépare ton coeur devant Dieu, Etends vers lui tes mains.

 


En deux mouvements, dans le coeur, et extérieurement, avec nos mains, nous sommes invités à nous tenir devant Dieu.


coupleLa vie moderne a modifié notre existence (surtout peut-être notre vie de femme). Même pendant ma vie j’ai dû constater qu’en plusieurs domaines l’importance de la préparation semble être de plus en plus oubliée. Je me souviens encore des histoires de mes parents et de leurs amis : le mariage, par exemple, de leurs jours exigeait des mois de préparation.


Aucune jeune fille « sérieuse » ne pouvait envisager un tel changement, sans avoir elle-même, ou avec l’aide de ses parents, choisi et préparé le trousseau, tricoté, cousu, brodé et repassé… Le futur époux de son côté, s’il était habile, préparait le nouveau logis, et avec quelle application, quelle joie !


Quand, plus tard, un bébé venait enrichir la vie du couple, combien impressionnants étaient les préparatifs ! Il fallait acheter du tissu et de la laine. Souvent le futur papa taillait lui-même, dans le bois, un petit berceau, et tous deux passaient des heures, et des jours, voire des mois, à préparer ensemble la naissance.


Il me semble rétrospectivement, que la préparation aidait à apprécier à sa juste valeur l’événement lui-même. La préparation servait aussi de ciment pour le couple, car en travaillant ainsi ensemble on apprend à mieux se connaître, à mieux s’aimer, et à mieux se supporter mutuellement.


Ce n’est pas seulement pour le mariage ou pour une naissance qu’il faut se préparer. Ne faut-il pas se préparer chaque jour pour la vie, et encore plus, pour notre service pour Dieu ?


« Préparez vos coeurs », mais comment ? Nous savons tous que la vie n’est pas facile. Est-ce que vous voyez, comme moi, des jeunes, et des moins jeunes, se tourner vers Dieu ? Sûrement, car c’est un des privilèges de nos jours. Nous les voyons, dans un premier élan, remplis d’un désir de servir… Oui, mais dix, quinze ou vingt ans plus tard, où seront-ils ? Nous-mêmes, en pensant à notre dévouement, notre consécration d’autrefois, pourrions-nous dire que nous avons su préparer nos coeurs devant Dieu afin de le servir dignement ? Hélas, dans bien des cas, nous sommes devenus moins enthousiastes, moins « chauds » Peut-être même notre foi peu à peu semble avoir disparu ?


Notre vie contemporaine ne nous laisse pas beaucoup de temps pour nous occuper de nos coeurs ! Le moment est peut-être arrivé de se demander si le service de Dieu est vraiment important pour nous ? – autant que notre travail ?… que notre foyer ?… que nos loisirs ?… Sommes-nous, au fond, convaincus d’être « sauvés pour servir » ? Avons-nous même entendu cette voix douce qui nous parle à l’intérieur de nous-mêmes ? Cette voix qui interroge nos coeurs et réclame aussi nos mains ?


jeune3Pour préparer nos coeurs, il faut d’abord faire le silence. Nous vivons à l’époque de la musique forte. (Je viens d’assister à un dîner anniversaire, donné pour une vieille amie de 90 ans. À l’hôtel, pendant tout le repas, la musique était si forte que la conversation entre invités était impossible !). Combien le silence dans nos vies est nécessaire si nous voulons vraiment écouter la voix de l’Esprit. Avez-vous prévu dans votre journée d’activité un moment de calme ? Ce moment, pour moi, est toujours très difficile à saisir et à sauvegarder, ma vie comme la vôtre étant si fortement conditionnée par l’activité et par le bruit.


La préparation de nos coeurs ne consiste pas seulement à faire le silence, mais aussi à écouter. « Ecouter » est un verbe actif ! Nous pouvons, il est vrai, écouter seuls, chez nous, la voix de Dieu. Nous devons le faire ! Cependant dans la Bible Dieu parle souvent à son peuple réuni, au peuple juif dans l’Ancien Testament et, dans le Nouveau Testament, à son Église. Est-ce que nous prenons fidèlement notre place parmi ceux qui donnent à Dieu la possibilité de parler collectivement à son peuple ? Est-ce que c’est ainsi que nous préparons nos coeurs et étendons nos mains vers Lui ?


Silence, écoute et acceptation ! Souvent, nous n’avons même pas pris le temps de prier pour celui qui apporte le message de la part de Dieu. Souvent nous n’avons même pas prié pour nous-mêmes avant d’assister aux réunions, et encore moins pour les autres ! Comment osons-nous nous attendre à une bénédiction ? Comment pouvons-nous nous tenir dans la présence d’un Dieu si parfait, si saint, si aimant ? Après avoir attendu dans le silence, après avoir écouté activement sa voix, demandons qu’il nous donne la grâce d’accepter sa parole et d’obéir.


On pourrait parler longuement de l’obéissance. Nous sommes si lents, si hésitants. Peut-être ce qui nous manque le plus dans notre service c’est le sens de l’aventure. Nous envisageons notre service pour Dieu comme un lourd fardeau, comme un devoir douloureux. N’est-ce pas, en réalité, une aventure joyeuse ? Peut-il exister quoi que ce soit de plus beau que de se joindre à Dieu dans le miracle de son oeuvre, oeuvre toujours positive, toujours belle, toujours paisible ? Qu’il nous aide à nous examiner devant Lui, à préparer nos coeurs, et à étendre nos mains vers Lui. Une chose est sûre : nos coeurs et nos mains seront comblés !



E.B.