Marie dans la communauté chrétienne
par Gaston RACINE
Parler de Marie, la Vierge-Mère, ne va pas sans susciter aujourd’hui, même en milieu entièrement catholique, des réactions émotives et contradictoires plus ou moins passionnées, pour ne pas dire violentes. Et cela ne date pas d’hier. Souvenons-nous du Concile œcuménique d’Ephèse en 431 où Marie fut consacrée « Mère de Dieu » du mot grec theotokos, pour souligner la divinité essentielle de son Fils, lors de l’affrontement de Nestorius et de Cyrille d’Alexandrie.
D’autre part, tous ceux qui suivent de près les débats du dialogue œcuménique n’ignorent pas combien il est difficile d’arriver à un consensus au sujet du rôle exceptionnel qu’a joué Marie dans l’économie de la Rédemption.
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Cependant, je ne puis croire que Marie, qui, le jour de la Pentecôte, était « assidue à l’enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières », soit un élément de division dans la communauté chrétienne, en cette année 1988, déclarée année mariale par Jean-Paul II.
1. Souvenons-nous des paroles de Marie le jour de l’Annonciation : « Je suis la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole. »
2. A l’occasion de la Visitation et de son séjour chez Elisabeth, Marie ne prouve-t-elle pas son intense besoin de communion ? Rappelons-nous le Magnificat.
3. A la Nativité de son Fils à Bethléhem, Marie ne vit-elle pas en premier lieu les pauvres de ce monde, les bergers des campagnes se rassembler autour de Jésus ?
4. Un peu plus tard, des Mages d’Orient, hommes riches et sages, ne vinrent-ils pas trouver le petit enfant et sa mère, pour déposer aux pieds de l’Enfant-Roi, et dans l’adoration, l’or, l’encens et la myrrhe ?
5. A la Présentation au Temple de Jérusalem, Marie ne vit-elle pas fondre en un instant ce que nous appelons aujourd’hui « le conflit des générations » ?
Le vieillard Siméon a pris le petit enfant dans ses bras. Devant Marie, il le contemple et s’écrie :
« Maintenant, Seigneur, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix ; car mes yeux ont vu Ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour les nations et gloire de ton peuple Israël ».
Et tandis que Siméon démontrait que le salut n’est pas une idéologie ni quelque chose, mais une Personne, Quelqu’un, Anne, restée veuve, prophétesse âgée de 84 ans, louait Dieu et parlait de l’Enfant à tous ceux qui à Jérusalem vivaient dans l’attente du Libérateur.
6. A l’âge où Jésus n’avait que douze ans, Marie ne le retrouva-t-elle pas dans le Temple de Jérusalem assis au milieu des docteurs ?
Là, Marie faisant taire ses plus doux reproches, accepte que cet adolescent lui rappelle la primauté du spirituel sur les choses temporelles.
Sans comprendre les paroles de Jésus, Marie les repassait dans son cœur. 7. Enfin, aux Noces de Cana, Marie ne prépare-t-elle pas les serviteurs de la maison à faire tout ce que leur dirait Jésus ?
En fait, Marie ne peut être pour nous qu’un élément d’unité. Comme l’écrit l’apôtre Paul : « Nos divisions ne viennent pas de l’Esprit mais de la chair » (Galates 5.17-21). Nos divisions viennent souvent de ce que notre raison orgueilleuse et pourtant faillible n’accepte pas, ou de ce que notre imagination trop émotive et désordonnée ajoute à la Parole en ne faisant pourtant qu’amoindrir la gloire réelle de ceux que l’ont veut honorer.
C’est pourquoi, surmontant les passions violentes suscitées au cours des âges, je refuse de me laisser conditionner par les vues des uns ou des autres. Mon seul désir est de pouvoir parler de Marie, avec humilité, avec sérénité mais aussi avec fidélité, car ces trois caractères : humilité, sérénité, fidélité, vous les retrouvez en Marie,
1. Le jour de l’Annonciation : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ».
2. Le jour de la Visitation : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur ».
3. Le jour de la Crucifixion, où Marie est là près de la Croix, vivant pleinement la prophétie de Siméon : « Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël : il doit être un signe en butte à la contradiction, – et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ! – afin que se révèlent les pensées intimes d’un grand nombre » (Luc 2.33-35).
Fidèle jusqu’au bout, Marie peut voir les soldats romains assis sur le Calvaire et gardant son Fils cloué sur une croix. En contemplant cette scène Marie peut entendre les blasphèmes des passants, les moqueries et les injures des prêtres, des anciens et des scribes, comme les insultes et les outrages des brigands.
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En vous souvenant de ces trois mots : humilité, sérénité, fidélité, vous retrouverez mes trois grandes pistes de réflexion sur Marie. A une heure où notre jeunesse se passionne de plus en plus pour des vedettes, dont certaines se glorifient, hélas, de ce qui devrait faire leur honte, c’est un honneur pour moi d’évoquer le vrai visage de celle qui nous conduit toujours plus haut qu’elle, à Celui qui fut dans la joie et la souffrance, sa seule raison de vivre, de croire, d’espérer et d’aimer, le Dieu de Jésus-Christ, qu’elle appelait elle-même son Sauveur et son Seigneur.
Croyez-le, Marie n’a que faire de ces « insupportables supporters » qui n’attendent même plus d’envahir les stades, pour se livrer à des actes de violence, qui détruisent dans le monde l’image qu’un homme raisonnable pouvait se faire des sports.
Marie n’a pas besoin de fans, d’admirateurs, d’admiratrices, pour rehausser sa gloire et lui conserver la place unique que le Seigneur Lui a donnée dans la communauté chrétienne.
C’est pourquoi vous me comprendrez si je laisse de côté toutes les épithètes anciennes ou nouvelles qui furent données à Marie au cours des siècles et dans les dernières décennies.
Je ne veux garder que le seul titre par lequel Marie, animée par le Saint-Esprit, s’est définie elle-même : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. »
L’humilité de Marie
Dans cette déclaration à l’ange Gabriel, je vois éclater toute l’humilité de Marie. Ce terme de « servante », elle le reprendra dans le Magnificat. Ainsi, la Mère bénie de notre Seigneur rejoignit à l’avance Celui qui dirait un jour à Ses disciples : « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Marc 10.45).
Soyons sérieux devant Dieu et laissons-nous maintenant interpeller par le message de l’Annonciation.
Si l’ange Gabriel devait venir aujourd’hui faire une telle annonce dans notre pays, vers quelle fiancée devrait-il aller pour la trouver encore vierge ?
Et combien de nos jeunes filles baptisées seraient capables de suivre avec intelligence la conversation angélique et d’y reconnaître des déclarations authentiquement bibliques ?
Marie, remplie de la connaissance des Ecritures, savait que le Messie devait naître d’une jeune fille vierge (Esaïe 7.14), mais ce qu’elle ignorait, c’est que Dieu l’avait choisie, elle, pour devenir la Mère du Rédempteur.
Choisie entre toutes les femmes, c’est à elle que Dieu accorderait la faveur d’être le vase où se formerait le corps humain du Sauveur, corps exempt de tout péché et de toute souillure : « Le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu ». Mais comment cela se fera-t-il, puisque Marie comprend qu’elle ne sera pas enceinte des œuvres de Joseph, son fiancé ?
« Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu » !
Comme à la Création, le Saint-Esprit se mouvait au-dessus du chaos primitif, pour tout restaurer et créer, de même le Saint-Esprit couvrira l’humble servante du Seigneur pour rendre possible l’Incarnation de Dieu afin d’accomplir par Jésus l’œuvre merveilleuse de la Rédemption.
C’est encore le même Esprit qui descendra sous la forme d’une colombe sur l’homme de Nazareth que Jean-Baptiste vient de baptiser dans le Jourdain. Du haut du ciel, la voix du Père le désigne sans équivoque comme Son Fils bien-aimé, qui a toute Sa faveur (Mt 4.13-17).
Enfin, le jour de la Pentecôte, Jésus étant maintenant glorifié, Dieu peut accomplir sa promesse et baptiser dans un seul Esprit, pour former un seul corps, les disciples rassemblés, les abreuvant d’un seul Esprit (Actes 2 et 1 Cor. 12.12-13). Ainsi se trouvera fondée l’Eglise du Seigneur !
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Mais revenons à Marie. L’Envoyé divin attend sa réponse, car Dieu n’est pas un violeur d’âmes. Puissent certains évangélistes des temps modernes comprendre cette vérité.
Marie accepte librement l’appel divin. Mais en disant son « oui » au plan de Dieu, la jeune vierge sait le risque qu’elle court. Qui la croira enceinte du Saint-Esprit ? Selon la Loi, c’est une mort ignominieuse qui l’attend. Devra-t-elle mourir, au moment même où elle accepte de devenir mère du Prince de la vie ?
Depuis Marie, la grâce de Dieu est apparue et est proclamée à tous les hommes, mais le « oui » que nous disons à cette grâce, nous amène à la mort du « moi », qui nous est signifiée dans le baptême qui nous identifie au Christ dans sa mort, pour que nous vivions désormais de la vie du Christ ressuscité.
Ainsi, dans la communauté chrétienne, Marie manifeste que la foi n’est pas une aventure, mais une obéissance à une parole qui nous a été adressée.
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Comme le soulignait déjà Calvin :
« C’est par Marie que les Evangélistes ont connu les vérités de l’Annonciation. Luc ne peut nous rapporter que la doctrine qui est procédée de son témoignage. C’est elle qui a reçu de Dieu le trésor inestimable de l’Annonciation, dans lequel est contenu toute la somme de notre salut. Toute la communauté chrétienne croit le témoignage de Marie que nous ont transmis les apôtres. »
Et je voudrais souligner ici, pour le bien des communautés, que selon l’enseignement de Marie, être la « servante » ou le « serviteur » du Seigneur, ce n’est pas d’abord « faire des choses pour Dieu », mais « nous laisser faire par Lui »:
Oui, « qu’il nous soit fait selon Sa Parole ». Quand nous sommes disponibles et dociles pour accomplir Sa volonté, « Dieu par Sa puissance agissant en nous est capable de faire bien au delà, infiniment au delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir » (Eph. 3.20).
La sérénité de Marie
Si jusqu’à présent je vous ai parlé de Marie en soulignant son humilité, j’aimerais vous la présenter un instant avec sa propre sérénité. J’ai à cœur que Dieu renouvelle pour nous le tressaillement ressenti par Elisabeth à la situation de Marie, le jour de la Visitation.
Elisabeth, femme du sacrificateur Zacharie, était de la tribu de Lévi, alors que Marie descendait de la tribu de Juda.
Ces deux femmes n’étaient que cousines et pourtant, ce ne sont pas de simples cousines qui se rencontrent dans les montagnes de Judée, mais deux femmes en qui l’Esprit de Dieu opère d’une façon extraordinaire : La stérile enfante dans sa vieillesse…
Une jeune fille vierge porte dans son sein un fils qui n’a pas été conçu des suites d’une relation sexuelle avec un homme, mais par l’action souveraine du Saint-Esprit.
Hélas ! pendant des siècles, dans l’Eglise du Christ, les membres des diverses confessions n’ont pas même eu des relations de cousinage, ni un frémissement de joie en se rencontrant.
Si aujourd’hui, il y a quelque progrès, il n’est pas rare d’entendre encore les uns et les autres s’appeler « des frères séparés ».
Cependant, le miracle de Dieu dans les âmes régénérées par la Parole de Dieu et l’action vivifiante du Saint-Esprit, c’est de leur faire ressentir au plus profond de leurs entrailles, que tous sont enfants de Dieu, fils et filles d’un même Père, parce que, par le « OUI » de Marie, un Sauveur nous est né, et que par Lui et avec elle, nous sommes sauvés du péché, pour devenir avec tous ceux qui croient, « une louange de gloire » dans la communauté chrétienne.
Voilà pourquoi, avec Marie, nous pouvons chanter, non comme une vaine redite, le Magnificat.
Et croyez-le, mes frères, si bien des chrétiens ne répètent pas des « Ave Maria », beaucoup méditent profondément et chaque jour sur la salutation unique de l’ange Gabriel à Marie, salutation qui n’est pas une prière, alors que « le Pater » est le modèle que nous a donné Jésus pour inspirer notre prière.
Cette sérénité de Marie, cette femme que Joseph n’eut pas peur de prendre auprès de lui, je la vois encore aux Noces de Cana, où à mon sens, Marie donna en sept mots, tout le message dont la communauté chrétienne de nos jours a besoin : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jean 2.5):
Si les baptisés prenaient Marie à la lettre, l’unité authentique et visible des enfants de Dieu dispersés ne tarderait pas à se manifester, parmi tous ceux dans le cœur desquels brûle une vive flamme d’amour pour le Christ.
Si nous prenions les paroles de Marie au sérieux, nous pourrions-nous aussi, en ces temps où tout vient à manquer, non seulement le vin, goûter à toute la plénitude des richesses insondables du Christ.
La fidélité de Marie
Je souhaite vous parler encore un court moment de Marie avec fidélité, car de Nazareth à Bethléhem, de Bethléhem à Jérusalem, d’Israël en Egypte et d’Egypte en Galilée, comme de Galilée à Golgotha, la vierge Marie nous donne un exemple d’abnégation, de renoncement et de fidélité absolus.
Quelle Foi, quelle Espérance et quel Amour, Marie nous incite à avoir (1 Cor. 13) !
1. Pour accomplir ce qui est écrit dans la Loi du Seigneur, Marie vint au Temple de Jérusalem au jour de sa purification pour y présenter fidèlement l’offrande des pauvres : un couple de tourterelles (Luc 2.22-24).
Dans nos communautés, l’offrande des plus démunis reste sans prix aux yeux du Seigneur (Luc 21.1-4).
2. Pour sauver son Fils du massacre des Innocents, Marie, entièrement soumise aux directions de Joseph son mari, accepta le voyage et l’exil en Egypte (Mt 2.13-23).
Dans nos communautés, le fait d’avoir reçu des grâces excellentes ne nous dispense pas d’être soumis à celui qui nous a accueillis sur l’ordre du Seigneur pour nous guider et nous protéger dans les premiers pas de notre vie avec Jésus.
3. Puis, à Nazareth, quand Marie voit les années passer sans que se réalise tout ce qu’elle sait de son Fils, la mère de Celui qu’on appelle « le charpentier » reste dans la patience et le silence, repassant dans son cœur tout ce qu’elle apprenait de Lui. Pour elle, les jours de sa présence près d’elle allaient avoir un prix infini.
Dans nos communautés, savons-nous apprécier la présence secrète du Bien-aimé ou souhaitons-nous avant tout des activités extérieures qui ne seraient pas le reflet de notre vie intérieure ?
4. Et maintenant, à Cana, qui ne comprendrait pas le désir de Marie de voir son Fils manifester enfin sa puissance et sa gloire ? Aux paroles de son Fils, Marie sait « rentrer en elle-même » sans « se replier sur elle-même ». Elle fait confiance à la sagesse de Jésus et prépare les âmes à Lui obéir (Jean 2.1-12).
Quel exemple pour notre vie communautaire ! Sommes-nous soumis à l’heure de Dieu, ou voulons-nous devancer charnellement Son heure ? La meilleure influence humaine ni la nécessité présente ne doivent conduire notre action spirituelle, mais notre seule dépendance de la volonté de notre Père des deux.
5. De jour en jour, le ministère de Jésus accapare le Serviteur de l’Eternel. Certaines fois, il est si entouré par ses disciples et par les foules, que Marie et les siens ne peuvent plus l’aborder. Quelqu’un transmet pourtant à Jésus que sa mère et ses frères l’appellent. Et de loin, Marie devra entendre la voix aimée s’écrier : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Et après un silence qui permet à Jésus de promener les regards sur ceux qui étaient assis autour de Lui, Marie l’entend dire : « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère » (Marc 3.31-35).
Vivons-nous cela dans nos communautés, loin de toute partialité et de tout « élitisme » ?
6. Dans une autre occasion, alors qu’une femme subjuguée par le message et les œuvres de Jésus s’écrie : « Heureux le sein qui t’a porté et les mamelles qui t’ont allaité ! », Marie peut percevoir une fois de plus la sagesse de Jésus dans sa réponse : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent » (Luc 11.27-28).
Est-ce cette sagesse, cette sobriété, cette maîtrise de soi qui fleurissent dans nos communautés ?
7. Durant toute sa vie, rien dans les paroles et l’attitude de Jésus ne rebuta l’amour de Marie pour Jésus. Aussi, quand, à Golgotha, l’épée annoncée par Siméon et qui avait déjà bien des fois transpercé l’âme de Marie, fouilla jusqu’au fond de son être et pénétra dans ses os, Marie se tint là debout, ayant près d’elle deux autres femmes et le disciple que Jésus aimait (Jean 19.25-26).
Le voyez-vous, chers amis ? Avez-vous contemplé par les yeux de l’Esprit Marie à l’ombre de la croix ?
Ce n’est pas « le petit Jésus » qu’elle regarde, mais « son grand Jésus », le Saint de Dieu, qui est fait « péché pour nous », qui donne Sa vie pour racheter la nôtre afin que notre salut ne repose pas sur un simple acte de miséricorde de Dieu passant un coup d’épongé sur nos péchés, mais sur les droits d’une justice pleinement satisfaite, qui base notre pardon sur un acte de justification (2 Cor. 5.16-21).
Et Marie est là, si frêle et si petite, que Jésus la voyant du haut de son gibet, l’enveloppe de son regard d’amour et la confie à Jean, son disciple bien-aimé dans ces paroles ineffables : « Femme, voici ton fils ». Puis II dit au disciple : « Voici ta mère ». « Et dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui ».
Amis, restez encore un instant sur le Calvaire et regardez !
Non, Marie n’a rien d’une statue de plâtre, et ne porte pas une couronne de fleurs alors que Jésus est couronné d’épines. Marie n’a rien de commun avec ces couleurs mièvres dont on la revêt, et son visage n’est pas celui qui la représente avec une peau sans ride, lisse, comme si la Mère du Seigneur était sortie d’une clinique de chirurgie esthétique.
Dans son film sur « L’Evangile de Matthieu », Pasolini a su donner à Marie un visage vraiment humain, marqué par des années de fatigues et de souffrances. Non ! A la croix, Marie n’a rien d’une reine, mais est identifiée pleinement à Son Fils devenu « l’homme de douleur » de la vision prophétique (Esaïe 53).
Combien différente est l’image de Marie qu’une piété sincère mais mal éclairée a trop montrée au monde, au point que certains en ont eu la nausée.
Ne continuons pas de donner aux ennemis de l’Evangile, des verges pour nous faire battre ou pour ridiculiser Marie. Mais retrouvons la Vierge où Jésus l’a placée, la fille du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, de ce Dieu qui n’est pas Celui des philosophes et des savants, ni celui des morts, mais des vivants, car pour Lui, tous vivent (Luc 20.37-38).
Et s’ils vivent, oublions les statues d’or, d’argent, de bois et de plâtre, œuvres de la main des hommes, et devenons des chrétiens adultes, car comme le dit le Psalmiste au sujet des représentations que nous donne toute une industrie humaine : « Elles ont une bouche et ne parlent pas, elles ont des yeux et ne voient pas, elles ont des oreilles et n’entendent pas, elles ont un nez et ne sentent pas, elles ont leurs mains et ne touchent pas, elles ont leurs pieds et ne marchent pas, elles ne produisent aucun son de leur gosier, ils leur ressemblent, ceux qui les fabriquent, tous ceux qui se confient en elles » (Psaume 115.4-8).
Conclusion
Oublions certaines de nos habitudes qui ne nous donnent qu’une piété extérieure. Dans la communauté des saints et de l’Eglise universelle « tous unis en Jésus Sauveur », redécouvrons ensemble en esprit la Mère bénie de notre Seigneur, qui, après les souffrances du Vendredi Saint et les splendeurs du matin de Pâques, se tint au Cénacle avec les frères de Jésus et les apôtres.
Là, avec Marie, les Apôtres et les frères de Jésus, soyons assidus dans la prière pour retrouver la doctrine apostolique, pour persévérer dans la communion fraternelle afin de pouvoir un jour célébrer à une seule et même Table et non plus à celle de « systèmes » qui refusent la communion à ceux que Jésus reconnaît pourtant pour Ses frères.
Oui, que le Père Lui-même nous révèle que Marie a mis au monde son Fils, non pour qu’on parle d’elle, mais toujours de Lui, non pour qu’on regarde à elle, mais toujours à Lui, non pour qu’on l’aime elle, mais toujours Lui, qui de Sa plénitude nous donne « grâce sur grâce » (Jean 1.16).
C’est là un test infaillible de l’œuvre du Saint-Esprit, qui ne dit rien de lui-même, mais qui prend de ce qui est au Christ pour nous l’annoncer (Jean 16.12-16).
Voilà Marie, Marie à l’ombre de la Croix, Marie dans la communauté chrétienne, Marie vraiment humaine, priant au milieu de ses frères et avec eux,
– Celui qui est le seul Médiateur entre Dieu et les hommes,
– Celui qui seul possède l’immortalité,
– Celui qui seul a détruit la mort et a fait luire l’incorruptibilité par l’Evangile.
Celui qui seul dit : « Je viens bientôt ! – Maranatha ! Viens Seigneur Jésus ! » – C’est Lui qui nous demande à tous qu’à l’exemple de Marie, la Servante du Seigneur, nous sachions Le montrer Lui, Jésus Sauveur, au monde qui l’ignore.
Alors, quand Lui, qui est notre vie, sera manifesté, II nous manifestera avec Lui en gloire.
C’est Lui, Jésus, qui en ce jour, présentera Marie glorifiée, avec tous ceux qui comme elle, n’auront eu de regard et d’amour que pour Lui, tous ceux que le Seigneur n’aura pas honte d’appeler « ses frères ».
G.R..