La Pentecôte ou Fête des semaines

 

 Blés

par François-Jean MARTIN1

 

 

La fête de la Pentecôte2  est celle qui a connu le plus de changements pour ce qui est de son nom et de sa signification. Ancienne fête israélite d’origine agraire, elle est devenue une célébration juive d’une portée différente, avant d’être une fête chrétienne. En les comparant les unes aux autres, on retrouve une notion commune donnant une perspective de la fête.

 

 

Origines

 

Les différents noms donnés à la fête

 

La fête des Semaines est un des trois pèlerinages que Dieu demandait d’accomplir chaque année à son peuple3 . La Bible en parle peu et aucun traité de la Mischna4  ne lui est spécialement consacré5 .

 

Il s’agit au départ d’une fête agraire6 qui semble avoir gardé pendant toute la période vétérotestamentaire ce caractère. À cet aspect agricole s’ajouteront d’autres sens que nous verrons dans ce chapitre. Fixée au printemps, elle constitue avec les Azymes et la Pâque un ensemble lié aux moissons.

 

Cette fête reste étroitement dépendante de celle de Pâque, par la façon de calculer sa date et par sa signification. Le Lévitique la relie à celle de l’offrande de la première gerbe (ou orner) lors de la fête des Azymes  (23.15). Le judaïsme rabbinique souligne ce fait en la désignant par le terme « aseret », c’est-à-dire « clôture du (cycle) pascal7 »  ; ils l’ont aussi appelée la fête du cinquantième jour après la première fête printanière, en grec « pentecoté », d’où le nom de Pentecôte8 . Cette fête a reçu plusieurs noms qui mettent en évidence ses divers aspects. Le nom traditionnel est celui de la fête des Semaines ou Chavouoth (Ex. 34.22 ; Deut. 16.109) . Le terme vient d’une racine qui a donné l’adjectif numéral sept et le substantif semaine, ainsi que les verbes : prêter serment10  et être complet.

 

Une autre dénomination est la fête des Moissons ou Qasir (Ex. 23.16). Le radical sémitique d’où est issu ce mot évoque le geste de lier les gerbes. On parle encore de la fête des Prémices (Nb. 28.26). Cela est net dans le Lévitique où elle est reliée au rite de l’orner, avec l’offrande du pain levé (Lév. 23.15ss).

 

Tous ces noms soulignent le caractère agraire de la fête, son lien étroit avec la Pâque ainsi que le souvenir des engagements que Dieu attend de ceux qui ont fait alliance avec Lui.

 

 

La fête historique

 

Cette fête agraire, liée aux temps des moissons, prend aux abords de l’ère chrétienne des significations nouvelles rattachées à l’histoire sainte.

 

a) La fête de l’alliance

 

C’est dans le milieu essénien et au travers du livre des Jubilés que l’on voit clairement que la Pentecôte est devenue la fête de l’Alliance, ou fête des Serments11 . Le livre raconte l’histoire de la fête en rattachant ce jour à ceux où Dieu conclut une alliance avec Noé, Abraham, Isaac, Jacob et Moïse12 . La fête y est conçue comme une commémoration de l’alliance. Mais elle n’est pas que souvenir du passé, elle est aussi une fête de renouvellement d’alliance13 .

 

b) La fête de la loi

 

tables-loiAu IIème siècle de l’ère chrétienne14  la tradition rabbinique lie la fête des Semaines au don de la Loi en Israël au Sinaï (ainsi lisait-on ce jour-là le texte d’Exode 19 dans la synagogue).

 

Peut-être faut-il voir dans ce changement de sens une conséquence de la disparition du Temple en 70 après J.-C., qui avait rendu impossibles les rites de la fête.

 

Ces deux aspects, l’alliance et la loi, se réfèrent tous deux aux interventions de Yahvé au Sinaï, à Sa révélation. Celles-ci se font au travers de théophanies accompagnées de signes extraodinaires (éclairs, tonnerre, tremblements de terre, bruits et vent).

 

À l’occasion de la Pentecôte, Israël est ainsi replacé devant la grandeur de Dieu, le peuple doit écouter de nouveau Ses paroles et se consacrer à Lui. Pour Israël, la loi est l’expression même de l’Alliance ; elle confirme la libération pascale, et elle permet au peuple de demeurer dans la liberté.

 

 

La Pentecôte chrétienne

 

a) Aux trois premiers siècles

 

L’Église, malgré sa rupture avec la synagogue, conserva certains aspects du calendrier juif comme la célébration de Pâques et Pentecôte. Bien entendu ces fêtes furent réinterprétées à la lumière de l’oeuvre de Jésus-Christ. Elles gardèrent leur place et de ce fait la Pentecôte vint au terme de cinquante jours après Pâques. Dans ce sens, il est évident que la fixation de la date de la Pentecôte dépend de celle de Pâques. Nous n’allons pas ici développer les divergences dans l’Église des premiers temps sur le choix pour la commémoration de cette dernière. On se reportera à cette fin à l’article sur Pâques.

 

Dans les témoignages d’Irénée, de Tertullien et d’Origène15  sur Pentecôte, cette fête semble étroitement liée à celle de Pâques et marque le terme d’une période de joie. C’est la clôture du Temps pascal. On célébrait comme une fête ininterrompue ces 50 jours sous le nom de quinquagésime. D’après Irénée, durant ces semaines le jeûne et l’agenouillement pour la prière étaient interdits pour bien souligner le caractère festif et joyeux de ce temps, ce qui était déjà la caractéristique de ces fêtes dans le judaïsme.

 

Ces cinquante jours de joie étaient mis à profit pour des événements marquants ; ainsi, d’après Tertullien16  la cinquantaine était le temps par excellence où l’on administrait le baptême.

 

La principale remarque qu’on peut faire est que le cinquantième jour après Pâques on célébrait une double commémoration : celle de l’Ascension et celle de la Pentecôte. Cela paraît très clairement dans un texte d’Eusèbe de Césarée sur la mort de Constantin : « Tous ces événements s’accomplissaient au cours de la très grande fête, c’est-à-dire la très vénérable et très sainte Pentecôte, qui est honorée de sept semaines et scellée d’une unité durant laquelle ont eu lieu au rapport des livres divins, l’Ascension aux cieux de notre commun Sauveur et la descente du Saint-Esprit sur les hommes. L’empereur reçut la faveur d’atteindre ce terme : le dernier jour de toute la série, celui qu’on ne se tromperait point en l’appelant fête des fêtes, vers l’heure de midi, il faisait son ascension vers Dieu.17 »

 

b) Le IVème siècle : siècle des conciles

 

1. Le concile d’Elvire18

 

Le canon 43 du concile d’Elvire , vers l’an 300, qui rappelle l’obligation de célébrer la Pentecôte, a laissé croire que cette fête avait perdu de son éclat. On sait aujourd’hui que ce texte visait une pratique qui consistait à fêter le quarantième jour après Pâques. Ce jour clôturait une période de 40 jours contrebalançant celle du carême prépascal. Le nombre de quarante semblait exercer alors un prestige démesuré19 , et le concile avait dû déclarer cette pratique mauvaise et hérétique. En outre, cette coutume tendait à clôturer Pâques au quarantième jour et non au cinquantième : à la Pentecôte.

 

Ce quarantième jour ou quadragésime (« tessaracoste » en grec) fut fêté bien avant que la commémoration de l’Ascension fût fixée à cette date. En effet, en 325, date du concile de Nicée, l’Ascension et la Pentecôte n’étaient pas encore disjointes. Ceci semblerait confirmé par un texte plus tardif de Cassien, qui demande qu’on ne sépare pas du quarantième jour les dix qui suivent jusqu’à la Pentecôte et que ces cinquante jours aient un unique caractère de fête20 .

 

2. Le concile de Nicée21

 

concile-NiceeLe concile de Nicée fut réuni en 325 par l’empereur Constantin22 . Celui-ci veut la paix dans son empire et s’appuie sur l’Eglise à cette fin. Il a donc besoin d’une Eglise unie, sans faille, à l’image de son pouvoir. Or, l’Église est divisée par diverses querelles, ce qui nuit à sa politique. Afin de mettre fin à cette situation, l’empereur provoqua cette réunion. Athanase23  écrit : « Le concile de Nicée fut assemblé à propos de l’hérésie arienne et de la Pâque parce que les chrétiens de Syrie, de Cilicie et de Mésopotamie étaient en désaccord avec nous et faisaient la fête au temps où les juifs la célébraient. »

 

En dehors de ces deux questions principales, le concile débattit d’une foule d’autres points parmi lesquels divers aspects concernant la Pentecôte. Ainsi, le 20ème canon de Nicée rappelle que pour manifester extérieurement la joie spirituelle, on ne s’agenouille pas pour la prière durant la cinquantaine pascale24 .

 

Cette pensée est soulignée à la même époque par Eusèbe de Césarée25  qui dit : « Nous ne sommes plus autorisés à nous imposer des privations au cours de cette solennité, et l’on nous enseigne à porter sur nous l’image du repos, objet de notre espérance dans le ciel. Ainsi, ni nous ne fléchissons le genou dans les prières, ni nous ne nous mortifions par l’abstinence. »

 

Un autre point du canon du concile de Nicée aborde de façon indirecte la période de la Pentecôte et met en évidence l’existence d’une fête bien connue de l’Église, au quadragésime. Il s’agit du 5ème canon qui se préoccupe de la question de l’excommunication et de son contrôle26 .

 

Ce dernier doit avoir lieu deux fois par an au cours de deux conciles provinciaux. Les dates de ces deux réunions sont fixées à la quatrième semaine du temps pascal27  et au 15 octobre. Le mot grec « tessaracoste », employé dans le texte du canon pour quatrième semaine du temps pascal, est celui que nous avons déjà rencontré dans le texte du concile d’Elvire. Il désigne le quarantième jour après Pâques et son emploi montre que son sens était évident à l’époque, pour toute l’Église. Il y avait donc bien une fête ce jour-là et le but du texte cité du concile d’Elvire est bien de ne pas clore le temps pascal avec le quadragésime, mais dix jours après, à la Pentecôte.

 

Certains lecteurs pourraient se demander si un tel développement sur ce point, qui apparaît comme un détail, ne relève pas de la quête d’historien ou de théologien en mal de sujet de recherche. En fait nous sommes ici face à un point de doctrine important. Nous sommes en pleine querelle arienne ; or, l’arianisme a mis en cause la divinité et le caractère personnel de l’Esprit.

 

En arrêtant le temps pascal à l’Ascension, non seulement on fait une erreur par rapport au texte biblique, mais encore on minimise la Pentecôte et le rôle de l’Esprit, ce qui est une erreur doctrinale. On comprend alors l’insistance des Pères à garder à la Pentecôte toute sa valeur. La querelle pneumatologique des siècles suivants soulignera encore l’importance de la fidélité au sens scripturaire de la Pentecôte.

 

3. La séparation des deux commémorations

 

Que s’est-il passé et à quel moment, pour qu’on arrive à disjoindre l’Ascension de la Pentecôte ?

 

Nous pouvons dire que vers la fin du IVè siècle, lorsque vers 393 l’abbesse galicienne Éthéria fait son pèlerinage aux lieux saints, on fête toujours le quadragésime. Ce jeudi-là on se rend à Bethléem : la vigile et le culte son célébrés à l’église de la Nativité, mais il n’est point question de l’Ascension. Par contre, on en parle lors de la fête de la Pentecôte qui revêt à Jérusalem une magnificence toute particulière.

 

Ainsi le dimanche de la Pentecôte ont lieu diverses cérémonies et le culte à l’église du Saint-Sépulcre, puis on se rend en procession à l’église du Mont Sion, où on lit le passage du livre des Actes relatif au don du Saint-Esprit et on célèbre l’office de la Pentecôte. L’après-midi a lieu un culte à l’église de l’Ascension sur le mont des Oliviers avec la lecture des passages des Évangiles et des Actes concernant l’Ascension.

 

Plus tard, après un office dans une autre église de ce même mont, la procession reprend et regagne la ville en chantant des hymnes28 . Peut-être faut-il voir dans les commémorations différentes le matin et l’après-midi un début de dissociation des deux fêtes.

 

Entre la date de la Peregrinatio Etheriae vers 393 et celle de la XXIème conférence de Jean Cassien en 428 a dû se placer la séparation des deux fêtes jusque-là conjointes. En effet, comme nous avons déjà vu, Cassien insiste sur le fait qu’on ne doit pas arrêter le temps pascal au quadragésime : jour de l’Ascension, mais qu’il faut aller jusqu’au jour de la Pentecôte. Cependant nous ignorons comment cette séparation s’est faite.

 

Augustin s’efforce dans un de ses ouvrages29  de concilier le texte biblique sur la Pentecôte, cinquantième jour, avec la mystique du nombre quarante, alors lié au quadragésime de l’Ascension. Les pères de l’Église avaient souvent une interprétation allégorique30  des textes et insistaient sur le symbolisme. Mais cette approche se trouva exacerbée dans le gnosticisme. La lutte contre cette hérésie favorisa peut-être la dissociation des deux fêtes de façon à ce que le quadragésime fut essentiellement lié à l’Ascension31 . Par la suite le sens de la fête de Pentecôte évolua dans la liturgie catholique, s’éloignant de ses liens avec Pâques, mais le concile de Vatican II, tout en conservant certains aspects de la tradition, lui a rendu le sens de clôture du temps pascal.

 

 

Conclusion

 

La fête des Semaines, agricole dans ses origines, a évolué dans sa signification en s’intégrant à l’histoire. Elle est devenue à l’époque post-exilique la fête du renouvellement de l’Alliance. Cet aspect a été particulièrement développé dans le courant essénien. À la faveur de la destruction du Temple en 70 après J.-C. et de la suppression des pèlerinages, la fête de la Pentecôte devint la commémoration du don de la Loi au Sinaï.

 

Entre la fête des Semaines du judaïsme et la fête chrétienne de la Pentecôte apparaît une réelle continuité. On a pu dire que le don de l’Esprit est le don de la Loi intériorisée dans la nouvelle alliance, l’esprit nouveau et le coeur nouveau dont parlent Jérémie et Ézéchiel. Mais ce qui est évident, c’est que la Pentecôte est surtout la fête du don de Dieu. C’est le rappel de Sa souveraineté, de Sa grâce.

 

Tout vient de Dieu, tout existe par Lui : que ce soit le don des produits de la terre au moment de la moisson que l’on reçoit avec reconnaissance, ou le don de l’alliance que Dieu a faite avec Son peuple peu après l’avoir délivré de la servitude, ou le don de Sa Loi, parole vivante et programme de vie pour Son peuple, ou le don de l’Esprit, puissance active de Dieu accordée à tout homme et femme qui accepte dans sa vie le Christ mort et ressuscité. Ainsi ce qui est toujours présent à la Pentecôte, c’est ce que Dieu donne. Mais avec la Pentecôte chrétienne est vraiment clôturée, révélée la totalité du dessein de Dieu.

 

La Pentecôte chrétienne (clôture de Pâques) clôture le temps qui célèbre le sacrifice total et accompli pleinement une fois pour toutes par Jésus-Christ, Parole vivante et incarnée, offerte par Dieu pour arracher les hommes à la servitude et faire une alliance parfaite avec eux. Nous retrouvons manifestés clairement les divers aspects soulignés dans la Pentecôte juive.

 

Cependant, la Pentecôte chrétienne va plus loin, car elle n’est pas seulement dons de Dieu, mais elle est surtout don du Dieu. En effet, la lecture d’Actes 2 mise en rapport avec l’Ancien Testament, montre que nous sommes en présence d’une théophanie, à savoir la manifestation de Dieu aux hommes sous forme matérielle et visible. On peut la rapprocher tout particulièrement32  de celle du Sinaï dans Exode 19 (voir aussi Psaumes 18,29, 68).

 

Ainsi, à la Pentecôte chrétienne, Dieu clôture la réalité du temps pascal en offrant le plus grand don possible : Lui-même, se donnant en offrande pour les hommes en Jésus-Christ et à chaque chrétien (« elles se posèrent sur chacun d’eux ») en l’Esprit. Nous avons là certifiées à la fois l’unité des chrétiens dans un même Esprit et la diversité (car les langues de feu se divisaient et il s’en posa une sur chacun d’eux). Les Pères de l’Église disent « si Dieu s’est fait porteur de la chair, c’est pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit ».

 

Ainsi nous rejoignons l’article sur Noël, le but de l’Incarnation devenant la Pentecôte. Et par ce don de Dieu venant habiter en l’homme, ce dernier trouve sa pleine liberté, car « là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Cor. 3.17).

 

Nous avons pu voir à ce sujet qu’au niveau de l’histoire de l’Église et de la formation du dogme, cette compréhension de la Pentecôte comme Dieu se donnant par l’Esprit, a pu jouer son rôle dans la crise arienne. Ce sont les pères cappadociens et le concile de Constanti-nople en 381 qui ont précisé, suite à cette crise, la nature du Saint-Esprit.

 

Ce don total ne peut que nous conduire à la reconnaissance et à la joie. La Pentecôte est par essence une fête joyeuse et elle devrait l’être encore plus pour les chrétiens, car elle rappelle que Dieu s’est donné Lui-même pour nous. Cela était évident pour les disciples qui, le soir de la Pentecôte « prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur, louant Dieu et trouvant grâce auprès de tout le peuple » (Act. 2.46-47). Il paraît de façon évidente que la Pentecôte ne peut laisser le chrétien indifférent. Dieu s’y donne, II ne nous laisse pas orphelins, II reste Emmanuel : Dieu avec nous et cela nous pousse à la joie, à la louange et au témoignage.

 

Une remarque peut aussi être faite sur l’histoire de la fête chrétienne, c’est le désir de l’Église des premiers temps et des Pères de rester fidèles à l’Écriture, malgré l’attrait de doctrines ou de méthodes d’interprétation fort séduisantes à l’époque, fondées sur l’allégorisme et le symbolisme. Nous devrions, nous aussi, nous laisser interpeller dans ce sens et rester prudents et fidèles face à certaines méthodes d’interprétation.

 

On peut noter enfin que l’insistance des Pères pour célébrer la fête de Pentecôte et cela le cinquantième jour après Pâques n’avait pas pour seule raison et pour seul but de préserver une tradition, mais plutôt de garder fidèlement un dépôt doctrinal sur la nature et le rôle de l’Esprit. Cette fidélité nous interpelle toujours et reste un exemple à considérer et à suivre.

 

Que le Dieu Tout-Puissant qui s’est donné pour nous reçoive à la faveur de la fête de la Pentecôte de notre part et de celle de nos communautés entières, le renouvellement du don de nos vies qui Lui sont offertes et cela dans la joie.

 

La Pentecôte s’offre à nous comme une possibilité de se « reconsacrer » à Celui qui nous a aimés et s’est donné pour nous, de nous remémorer notre alliance avec Dieu. Célébrons donc la fête!

 

F-J.M.

 


NOTES

 

1. Responsable de « La Bonne Nouvelle » Strasbourg, Lingolsheim.

 

2. Deuxième article de cette série sur les trois grandes fêtes chrétiennes et la notion de la fête dans l’Église.

 

3. Voir les textes bibliques suivants: Ex. 23.14-17; 34.22-27 ; Deut. 16.9-17.

 

4. La Mischna est l’ensemble des traditions extra-bibliques juives  fixées   par  écrit  vers   l’an 200 (ap. J.-C.) par Rabbi Jehouda Ha-Nâsî. Par la suite on fit des commentaires de la Mischna, appelés Gemaras.   Ces   deux   éléments   composent   le Talmud.

 

5. La Mischna contient cependant des indications sur la fête des Semaines, en particulier dans le traité des Bikkurim, sur la question de l’offrande des prémices.

 

6. Les fêtes d’agriculteurs sont fort répandues et la présentation à la divinité des prémices de la récolte est un usage courant. Ainsi au temps de Ramsès, en Egypte, lors des moissons, on offrait à la déesse-serpent Renoutet différents produits agricoles dont des gerbes de blé. À Siout, chaque métayer offrait au dieu local Oup-ouayt les prémices de sa récolte. Pharaon lui-même, au cours d’une fête, présentait une gerbe de blé à Min, dieu de la fécondité (voir La vie quotidienne en Egypte au temps de Ramsès de Pierre Moutet, 1946, Rééd. 1983, Le Livre de Poche, n’ 5802, p. 163). On retrouve aussi ceci couramment en Canaan (R. de Vaux : Les Institutions de l’Ancien Testament, Éd. du Cerf, 1967, T. II, p. 396).

 

7. Cf. Robert Martin-Achard, Essai biblique sur les jetés d’Israël, Labor et Fides, Genève, 1974.

 

8. La Septante, Philon (De Decal. 160 ; De Spec. Leg. 11,176), Josèphe (Aut. 3.252 ; 13.252; 14.337 ; 17.254 ; Bell. 1.253; 2.42 ; 6. 299) et le Nouveau Testament (Actes 2.1; 20.16; 1 Cor. 16.8) utilisent ce terme. Le texte de Tobie 2.1 montre que le nom n’était pas encore très connu à l’époque « à la fête de Pentecôte qui est la fête des 7 semaines saintes… »

 

9. On trouve encore cette appellation dans Nombres 28.26, 2 Chron. 8.13.

 

10. Ce qui explique peut-être que dans le livre des Jubilés on parle de fête des Serments (Chevouoth) et qu’on la mette en relation avec les serments prononcés à l’occasion de la conclusion d’une alliance (Jub. 6.10-21).

 

11. Pour le Deutéronome, il existe une équivalence entre « observer l’alliance » et « garder le serment» (Deut. 7.8). De plus, le mot hébreu signifiant : les semaines (Chavouoth) est très proche du mot signifiant : les serments (Chevouoth).

 

12. Voir Jubilés 6.17-18; 14.20; 15.1; 16.13; 22.1; 44.4.

 

13. II semble que déjà 2 Cor. 15.10ss  rattache cet aspect à la fête des Semaines ; il pourrait donc avoir une origine plus ancienne.

 

14. La plus ancienne mention de la Pentecôte comme célébration du don de la Torah est de Rabbi José ben Shalaphta vers 150 ap. J.-C.

 

15. Irénée,évêque de Lyon en!77-178 ap. J.-C., Tertullien, né à Carthage vers 155, mort vers 230, premier écrivain chrétien latin, Origène (185-254) né à Alexandrie, père grec de l’exégèse et de la théologie systématique.

 

16. DebaptismoXIX, 2.

 

17. Eusèbe de Césarée (267-340) dans De Vita Cons-tantini 1. IV, C, LXIV. Il parle d’un événement du début du IVe siècle, mais correspondant à une réalité des siècles antérieurs. Même position chez Ambroise.

 

18. Elvire en Espagne. Ce concile s’est occupé de la réorganisation de l’Église et a promulgué une série de canons pénitentiels, la prescription de la continence pour le clergé et l’interdiction des peintures dans les églises.

 

19. Un texte d’Eusèbe de Césarée montre bien ce goût immodéré pour le symbolisme du nombre quarante. Il s’agit d’un chapitre de « De sollemnitate paschali ».

 

20. Jean Cassien, mort en 433, moine latin ascétique, fondateur du monastère St-Victor à Marseille, adversaire d’Augustin dans la controverse semi-pélagienne.

 

21. Ville d’Asie Mineure.

 

22. Constantin (272-337) fut proclamé empereur par ses soldats, après la mort de son père Constance Chlore (396) ; il devint maître de l’Occident après sa victoire sur  Maxence (312), puis de tout l’Empire.

 

23. Athanase (296-373), Père de l’Église grecque, patriarche d’Alexandrie, lutta contre les hérésies de son époque (l’arianisme en particulier).

 

24. Jérôme dans Dialogus contra Luciferianos P.L., t. XXIII, col. 164, insiste sur la longue tradition de ne pas fléchir les genoux et de ne pas jeûner le dimanche et durant toute la Pentecôte. Même position pour Basile dans De Spiritu Sancto P.G., t. XXXII, col. 192.

 

25. Eusèbe de Césarée, dans De sollemnitate paschali P.G., t. XXV, col. 697-700 composée vers 332.

 

26. Ce contrôle par l’assemblée de tous les évêques de la province avait pour but d’éviter les sentences d’excommunication portées trop rapidement par des évêques par « étroitesse d’esprit, par esprit de contradiction ou par quelque sentiment de haine » (d’après le texte du canon). C’est donc un contrôle du service de l’évêque par ses pairs.

 

27. Le 20e canon du concile d’Antioche en 341 fixe la première assemblée « après la troisième semaine de la fête de Pâques, de manière à s’accomplir dans la quatrième semaine de la Pentecôte. » On trouve la même chose dans le 38e canon apostolique.

 

28. On a parfois pensé que ce lien entre l’Ascension et la Pentecôte provenait de l’interprétation de textes du Nouveau Testament, tel qu’Eph. 4.8.

 

29. Augustin (354-430), Ad inquisitiones Januarii, livre II, LV, c. XV.

 

30. Allégorie : c’est un mode d’expression où le véritable sens du discours doit être deviné sous le sens littéral, les termes employés ayant souvent valeur de symbole.

 

31. Cela reste une hypothèse de travail à démontrer.

 

32. Mais aussi celles faites à Élie au Mont Horeb (1 Rois 19), à Ésaïe (Es. 6), à Ézéchiel (Éz. 1), à Habakuk (Hab. 3).