Les yeux rivés au but – (2° partie)
par Pierre COLEMAN
La pratique des objectifs dans la vie personnelle
et dans la vie de l’église
Dans notre premier article (voir Servir, n° 1, janvier 1988), nous avons vu comment non seulement le bon sens mais aussi la Parole de Dieu nous incitent à nous fixer des objectifs précis pour notre vie et notre service.
L’exemple de l’apôtre Paul fut souligné par la mention de plusieurs textes dont celui-ci :
« …je tends de tout mon être et de toute mon énergie vers ce qui est devant moi. Les yeux rivés au but, je m’élance… » (Phil. 3.13,14).
Paul élaborait des projets à partir de ses objectifs. Nous trouvons une illustration merveilleuse dans deux textes de l’épître aux Romains: 1.8-15 et 15.20-32.
Dix caractéristiques des projets de Paul :
1. Ils sont reliés aux objectifs de sa vie : évangéliser les perdus, édifier les églises, promouvoir l’entraide entre les croyants. L’objectif global de sa vie (« Tout faire pour la gloire de Dieu ») se concrétise dans des objectifs précis. Quels sont nos objectifs majeurs ?
2. Ils sont ambitieux. Paul veut évangéliser de l’est à l’ouest de l’Empire romain en visitant de façon prioritaire les non-atteints. Visons-nous assez haut pour le Seigneur ? Mieux vaut manquer de peu une cible élevée que d’en atteindre une trop basse !
3. Ils sont réalistes néanmoins. Paul vise l’Espagne mais non la Chine et l’Inde. Des objectifs totalement irréalisables dans un avenir prévisible seraient décourageants. Marcher par la foi n’interdit pas de garder les pieds sur terre !
4. Ils sont décomposés en phases successives : la Grèce, Jérusalem, Rome, Espagne. Le fractionnement d’un projet ambitieux en sous-objectifs le rend moins intimidant. Pour évangéliser tous les quartiers d’une ville ou tout notre département, découpons-le en secteurs à visiter l’un après l’autre (cf. la campagne d’OM, « Espérance pour les années 80 », qui a couvert toute la France au cours de plusieurs années).
5. Ils sont coordonnés et forment un ensemble cohérent. Porter aux croyants juifs les dons des croyants non-juifs stimulera les prières des premiers pour la mission. S’arrêter à Rome en route pour l’Espagne permettra à Paul à la fois d’évangéliser les savants de Rome, d’édifier les chrétiens, mais aussi de jouir de la communion fraternelle et d’un repos bien nécessaire avant de repartir en situation pionnière soutenue par l’église de Rome. Chaque phase prolonge la précédente et prépare la suivante.
6. Ils sont précis et détaillés. Paul essaye de prévoir avec précision les lieux, les personnes, les moyens et les moments. L’expérience prouve (hélas !) qu’un projet important peut échouer par l’omission d’un détail… important. On ne pense jamais à tout, mais il est sage d’essayer !
7. Ils sont trempés dans la prière. Les projets selon Dieu naissent dans la prière (cf. Néhémie 1 ). La prière accompagne également leur exécution : « Recommande à l’Éternel tes oeuvres et tes projets réussiront » (Prov. 16.3). N’opposons pas la planification à la prière : les deux vont de pair.
8. Ils sont soumis à la volonté souveraine de Dieu. « II y a dans le coeur de l’homme beaucoup de projets, mais c’est le dessein de Dieu qui s’accomplit » (Prov. 19.21). Paul en est convaincu. « Vous devriez dire : Si Dieu le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela » (Jacques 4.15).
9. Ils sont revus en permanence. Paul garde ses objectifs constamment à l’esprit et il ne les abandonne pas face aux obstacles rencontrés. Cependant il adapte ses plans au fur et à mesure car il sait que Dieu peut réaliser ses objectifs de manière imprévue. Nous pouvons garder nos objectifs quotidiennement présents à l’esprit en les affichant dans un lieu visible ou en les écrivant sur une carte de prière glissée dans notre Bible. Nous pouvons inscrire dans notre agenda des moments pour contrôler l’avancement de nos projets et pour les réviser à la lumière de la Parole de Dieu, des événements imprévus ou de l’expérience acquise.
10. Ils sont partagés avec autrui en vue de la prière et de la collaboration. Une bonne communication (cf. aussi 1 Cor. 16) permet d’éviter des malentendus (source de conflits nuisibles), d’harmoniser les aspirations, de motiver l’intérêt et l’effort. Associer d’autres à l’élaboration des projets y contribue encore mieux : « Les projets échouent faute de délibérations, mais ils réussissent quand il y a de nombreux conseillers » (Prov. 15.22).
Suivons l’exemple de Paul dans ce domaine comme dans d’autres, avec l’aide de Dieu (1 Cor. 11.1 ; 2 Tim. 3.10). C’est ainsi que nous remplirons bien le ministère que nous avons reçu dans le Seigneur (Col. 4.17), dans notre vie personnelle et dans l’église.
A Celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l’Église et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles ! Amen ! (Éph. 3.20-21).
P.C.