Apprendre à pardonner
comme Christ nous a pardonné1
2° partie
par Michel ROCHAT
Le pardon à accorder à autrui a priorité sur l’adoration
(Mat. 5.23-24 et Marc 11.25)
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. La loi royale : si vous saluez seulement vos frères que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens n’agissent-ils pas de même (Mat. 5.47 ; Luc 6.32) ? Tu auras soin de reprendre ton prochain… (Lév. 19.16-19). Un frère offensé est pire qu’une ville forte et les querelles sont comme les verrous d’un donjon (Prov. 18.19).
Le tact donne le contact (Prov. 15.23 et 25.11). À cause des desseins de Satan, nous devons pardonner en Christ (2 Cor. 2.11); nous fermons ainsi tout accès à l’ennemi (Éph. 4.26) ; sinon l’infection gagne d’autres (Héb. 12.15) et l’on finit par former des clans.
Accueillez-vous comme Christ vous a accueillis (Rom. 15.7). Pardonnez-vous comme Christ vous a pardonné (Éph. 4.32). Lorsque Christ nous a accueillis et pardonné nous n’étions pas si fiers que cela… C’est dans cette attitude-là qu’il nous est possible de donner ou de recevoir le pardon.
Alors Pierre s’approcha de lui et dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à 7 fois ? Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à 7 fois, mais jusqu’à 70 fois 7 fois (Mat. 18.21-22). Cela signifierait-il que je doive comptabiliser le pardon ? ne pas dépasser le chiffre de 490 fois ? Cela signifierait-il que sur 16 heures de relations humaines, je devrais pardonner toutes les 2 minutes ? Jésus-Christ nous communique une attitude de pardon.
A relire : la parabole du serviteur impitoyable (Mat. 18.23-25). À la lumière de la conclusion (verset 35), comprenons qu’une vie chrétienne normale, authentique, passe obligatoirement par la pratique du pardon, à demander ou à accorder à autrui. D’après le verset 24, qu’a pu vivre et faire cet homme pour accumuler pareille dette ? Encore vit-il dans l’illusion de pouvoir rembourser ! Or, il est insolvable : cet homme, c’est moi, et toi… (Ps. 49.8).
Seule la compassion de son maître vaut libération pour lui et sa famille. Ce maître est notre Dieu. Mat. 18.28 : le serviteur gracié inverse les rapports, oublie la grâce dont il a été l’objet : « Je dois cent deniers, il me doit dix mille talents ». Il refuse d’attendre d’être remboursé par son débiteur solvable : cent deniers = trois mois de salaire, c’est remboursable ! Ce méchant serviteur est :
a. intransigeant avec autrui
b. propre juste, large avec lui-même
c. légaliste, sans pitié ni compassion ; il est alors livré aux conséquences de son propre choix (v. 34 ; Galates 6.7 ; Prov. 1.30-31).
« Les chrétiens pardonnent quand l’honneur de Dieu est lésé, mais ne pardonnent pas quand leur amour-propre est lésé » (Alexandre Wesphal).
L’Écriture exhorte chaque croyant à pardonner comme Christ lui a pardonné (Rom. 5.8). Sans condition aucune, ni restriction. L’amour fraternel, ainsi concrétisé, est plus qu’un sentiment, c’est une volonté, un choix qui débouche sur des fruits spirituels (Jean 13.35). Le pardon reçu ou accordé procure la joie : Luc 15, v. 6, 7, 9, 10, 23, 32. Le péché procure une jouissance éphémère (Héb. 11.25). Il paraît qu’un visage crispé fait travailler 51 muscles, alors qu’un visage souriant et détendu fait travailler 18 muscles (Ps. 32.3-5 ; Prov. 3.5-8) !
En général, notre propre péché ne nous gêne pas ; en revanche, le péché d’autrui nous dérange ! Un doigt pointé contre autrui laisse trois doigts dirigés contre soi-même (Mat. 7.1-5). Si Jésus-Christ ne nous avait pas si souvent relevés, où serions-nous (Ps. 103.10 et Prov. 24.16) ? Dieu est plus large que bien des croyants, ne soyons pas plus royalistes que le Roi (Job 6.14 ; Ps. 37.23-24 ; 103.10).
De combien de doigts ai-je besoin pour identifier ceux et celles qui m’ont offensé ? En général, 2 ou 3 doigts suffisent. De combien de doigts ai-je besoin pour identifier ceux et celles que j’ai offensés ? Les doigts de pieds et de mains ne suffisent pas…
Notre besoin d’être pardonné est plus grand que celui de pardonner
Nous sommes souvent incohérents avec nous-mêmes ; en certaines occasions, nous reconnaissons que nous ne sommes pas capables, que nous ne valons rien ! Si par malheur une tierce personne nous le dit, les choses commencent à se gâter…
Les exhortations suivantes :
– ne pas avoir une trop haute opinion de nous-mêmes (Rom. 12.3) ;
– estimer les autres comme supérieurs à soi-même (Phil. 2.3) ;
– ne pas se comparer à autrui (2 Cor. 10.12 ; Gai. 6.4);
– se glorifier dans le Seigneur (2 Cor. 10.17 ;Jér. 9.23-24) ; nous évitent de nous comparer à ceux qui, à nos yeux, sont plus « faibles », plus « coupables ». Il est curieux de constater que, tout naturellement, nous ne nous comparons pas aux meilleurs, aux plus spirituels… Seul, Jésus-Christ est la norme, la référence (Jean 14.6), c’est le Seigneur qui recommande (2 Cor. 10.18).
L’Écriture nous invite à :
Recevoir ou à accorder le pardon en tête à tête (Mat. 18.15). Va et… non pas « dis-le à tous ! » comme, hélas, beaucoup le pratiquent (Prov. 17.9). Un ou deux témoins, en cas d’échec (Mat. 18.16-17).
Je ne me pardonnerai jamais… (1 Cor. 15.9-10 ; Tim. 1.13-16 ; Col 1.20). C’est l’oeuvre de l’ennemi de nous garder culpabilisés, liés, courbés (Rom. 8.1). Satan est l’accusateur des frères (Apoc. 12.10); il se sert de nous pour accuser les autres, mais il se sert de moi pour m’accuser, moi, m’enfoncer, me décourager. La bonne réaction : 2 Tim. 2.1. La confession de nos péchés est source de guérison (Jacq. 5.16).
Je pardonne… mais je n’oublie pas ! Sous-entendu « j’en tiens compte dans le futur ». Il est certain que nous n’avons pas la faculté d’oublier ce que nous voulons, et nous oublions ce que nous ne devrions quelquefois pas oublier ! L’important est ceci : est-ce que je veux oublier ? L’amour n’est pas un sentiment évanescent, une émotion, mais une volonté. Si mon coeur et ma volonté sont engagés dans cette démarche, le Saint-Esprit me libère de tout ressentiment. Je fais « la croix dessus »…, non, il faut aller à la Croix, déposer tout fardeau.
Doute du pardon accordé, à cause d’une longue pratique du mensonge et des « combines » (Gen. 45.1-14 ; 50.15-21).
Que faire si ma requête pour obtenir ou accorder le pardon m’est refusée (Ps. 120.7) ?
On se heurte quelquefois à de la mauvaise volonté, à un mauvais esprit (Rom. 12.17-21 ; Mat. 5.9). Lorsqu’on a fait sa part, et plus quelquefois, sans succès, nous devons nous en remettre à Celui qui juge justement (1 Pie. 2.20-24 ; 4.19 ; 5.7). Je Lui remets ma cause, c’est désormais Sa responsabilité.
Les croyants les plus efficaces dans la main de Satan sont ceux qui ne pardonnent pas :
1. ils ont un mauvais témoignage intérieur, extérieur ;
2. ils paralysent l’église ;
3. ils paralysent l’évangélisation.
Pardonnez-vous réciproquement.
(Col. 3.13).
M.R.
II veut de moi, je ne le comprends pas !
Que puis-je dire Seigneur, ta grandeur me confond ! Tu parles et cela est. Tu ordonnes et cela existe. Ton verbe a parsemé cet univers de toutes les beautés : une pluie de planètes, des milliards de soleils, ces feux annonciateurs de Ta grâce infinie, et même… devant moi, dans le pâle matin, la lumière qui joue de ses mille reflets aux innombrables larmes sur l’herbe accrochées. Le Dieu Tout-Puissant est ce potier faisant et défaisant l’argile qu’il a créée, qui me dit et me demande : « Viens m’aider ! voilà notre travail. »
Que puis-je dire Seigneur, ta bonté me confond. La main qui a créé ce soleil dévorant, qui a calmé la tempête et arrêté le vent, s’est posée sur moi, ton enfant, et a recherché ma main.
Que puis-je dire Seigneur, ton amour me confond.
François Jean MARTIN |